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Le luxe anglais prend place en Italie

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  • Le luxe anglais prend place en Italie

    Plusieurs célèbres marques de confection britanniques ont décidé d'abandonner leurs productions en Inde et en Chine. Elles ont choisi de s'installer dans la Mecque de la coupe et de la confection des vêtements, l'Italie. La nouvelle est à peine croyable, habitués que nous sommes à pleurer sur notre sort – certes avec d'excellentes raisons –, à critiquer le "Système Italie" qui ne fonctionne pas et à organiser des congrès sur le thème de l'irrémédiable déclin qui nous attend. Mais quelque chose, quelque part, doit être en train de bouger, puisque Aquascutum, Pringle, Paul Smith et Burberry cherchent à ouvrir des ateliers de production en Italie. Peut-être même dans ces locaux que nos industriels du luxe ont abandonnés pour des productions moins coûteuses en Roumanie, en Bulgarie, en Inde ou en Chine.

    De plus en plus d'entreprises de haut de gamme prennent conscience de ce que chacun apprend lors de son premier achat : faire des économies n'est pas toujours avantageux. Le problème ne vient pas seulement de la qualité des produits confectionnés dans les pays émergents, très souvent inférieure à celle des pays européens, mais aussi de l'exploitation du travail des enfants, qui porte atteinte de façon irréparable à l'image des marques, et provoque presque toujours une chute sensible du chiffre d'affaires. La chaîne Primark n'est pas présente dans le secteur du luxe, mais ses vicissitudes sont un avertissement pour tous. Elle a perdu de très nombreux clients après la diffusion d'un documentaire de la BBC montrant comment les vêtements qu'elle commercialisait à prix très bas étaient confectionnés en Inde par des enfants tenus en esclavage. Dans une économie à faibles marges, perdre 5 % de sa clientèle est mortel.

    Ce n'est pas le seul aspect du problème. Selon le quotidien britannique The Independent, qui a consacré un reportage au regain d'intérêt des producteurs de vêtements de luxe pour l'Italie, acheter des produits qui coûtent très cher n'a pas beaucoup de sens pour le client s'il trouve dans la doublure une étiquette "made in China." Il a l'impression d'avoir été trompé et pense que les tee-shirts et les casquettes qu'il vient d'acquérir sont tout aussi ordinaires que ceux qui se vendent sur les trottoirs d'Oxford Street à Londres. Une étiquette "made in Italy", par contre, ajoute de la valeur au produit, le situe entre les créations d'Armani et de Valentino, laisse rêver qu'on le porte à bord d'une Ferrari, dans ce pays qui est encore la référence mondiale du style, du goût et de la qualité.

    Voilà pourquoi Pringle a décidé de renoncer à ses nouveaux ateliers dans les Scottish Borders et de faire confectionner ses cachemires en Italie. Et Burberry va y amplifier sa présence, qui remonte à 1990. Paul Smith va chercher de bons ateliers de coupe, peut-être à Naples, tandis qu'Aquascutum va transférer chez nous ses fabrications les plus complexes, qui requièrent une qualité irréprochable. Le coût du travail, nettement plus élevé qu'en Chine et en Inde, et le risque de conflits sociaux ne semblent pas effrayer les grandes marques du luxe britannique. Bons ou mauvais, les salaires italiens sont tout de même inférieurs d'un tiers aux salaires britanniques, et la nouvelle étiquette "made in Italy" permettra de revoir légèrement les prix.

    Les produits qui viennent d'Italie sont également très appréciés sur les marchés asiatiques, et l'alliance de marques très emblématiques comme Burberry et Pringle avec la griffe du style italien peut vraiment faire des miracles. Paul Smith pense transférer en Italie 42 % de sa production et n'en garder que 5 % en Grande-Bretagne. Alors que nos entreprises délocalisent leurs productions dans l'espoir d'être plus compétitives, et alors que nous nous demandons tous que faire pour remettre le pays en marche, certains se préparent déjà à profiter des seuls mots qui pourraient véritablement nous sauver : "made in Italy".


    Par Vittorio Sabadin, La Stampa, Courrier International
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