Chaleureux et accueillants, les Algérois ont une haute opinion du Maroc.
Cadres dans l’administration, commerçant à la Casbah, chauffeur de taxi, intellectuels...Une plongée dans le quotidien des Algérois.
La Casbah, mémoire vivante de la ville et du pays, pourtant classée patrimoine mondial par l’UNESCO, est en ruine.
«Il faut, assurément, être bien blasé pour pouvoir efficacement réprimer le lyrisme immédiat que provoque la lente entrée en rade d’Alger, l’offrande de tant de présents et l’éblouissement suspendu qu’éprouve celui qui vient à la rencontre frontale d’Alger-la-Blanche», avait noté, en 2001, l’écrivain algérien Malek Alloula.
Nous, nous venons à la rencontre de cet Alger attrayant, en ce début de saison estivale, par le nouvel aéroport Houari Boumediene. Premier constat : dans le hall réservé au contrôle de police, il n’y a ni bousculade ni tohu-bohu habituels aux grands aéroports. A peine une dizaine de queues de passagers qui attendent tranquillement leur tour. C’est qu’Alger n’est pas Dubaï, Mexico, ou même Casablanca ou Tunis.
Les touristes ne se bousculent pas au portillon du deuxième pays le plus grand d’Afrique, où, pourtant, les paysages, les monuments historiques, les plages et le désert ne sont pas moins féeriques que dans d’autres pays. Pas plus de 200 000 étrangers visitent annuellement, en effet, l’Algérie. Depuis toujours, les pouvoirs publics de ce pays accordent peu d’intérêt au tourisme.
Dédain à l’égard des étrangers ? Ou est-ce la manne des hydrocarbures qui les dispense de faire la promotion touristique du pays ? Ou, encore, serait-ce le terrorisme qui a frappé de plein fouet pendant dix ans qui n’encouragerait guère les touristes? «Tout cela à la fois», répond, sur un ton laconique, le chauffeur qui nous transportait de l’aéroport à l’hôtel Elbyar, situé dans un quartier résidentiel du même nom.
Mais il n’y a pas que cela. En termes d’infrastructures hôtelières et de service, et même si les pouvoirs publics ouvrent de plus en plus le pays aux investisseurs arabes pour développer ces infrastructures et promouvoir le tourisme, le pays a beaucoup de retard à rattraper. Hamid, le chauffeur qui vient nous accueillir, est un douanier de son état.
Il est pour un temps au service de la Confédération des cadres de la finance et de la comptabilité (CCFC) qui organise en ce mois de juin sa Xe université d’été, et qui profite de l’occasion pour décerner le prix du Docteur Ahmed Francis(*) à trois journaux du Maghreb, dont La Vie éco (voir encadré). 28 ans, niveau bac, Hamid est marié et a deux enfants. Il habite encore avec ses parents. Comme au Maroc, pour les jeunes qui travaillent avec un salaire modeste, il est difficile de se permettre la location d’une maison. Autant habiter avec la famille en attendant des jours meilleurs.
Il touche 11 500 dinars (115 euros) mensuels, soit le Smig en Algérie. Or, le loyer d’un appartement de 100 m2 à Alger est de l’ordre de 2 500 dinars (250 euros.) «Lamgharba nass mlah» (les Marocains sont des gens sympathiques) nous glisse-t-il, en guise de bienvenue. «Le Roi Mohammed VI est un bosseur, il est en train de bâtir son pays.
Ce Roi voit loin.» Hamid aime capter par satellite les deux chaînes marocaines, 2M et RTM, et il est fasciné par «les déplacements fréquents du Roi dans des régions reculées du Royaume, les petites villes marginalisées, là où son père n’a jamais mis les pieds durant son long règne.»
Avant de nous déposer à l’hôtel, il bifurque vers une route qui mène au quartier Borj El Kiffan, dans la banlieue algéroise, où se trouve l’Institut supérieur de gestion et de planification (ISGP), où siège la CCFC. Sur notre route, défilent des milliers d’habitations HLM, avec, sur les terrasses, des antennes paraboliques.
Les Algériens, à l’instar de beaucoup de Marocains, boudent leurs chaînes nationales contrôlées par l’Etat. Un autre constat frappe le visiteur : le nombre impressionnant des forces de l’ordre, de l’aéroport jusqu’au centre d’Alger.
On sent qu’il y a un malaise : le terrorisme peut frapper à tout moment. On avance le chiffre d’un million d’hommes et de femmes engagés dans les différents corps militaires (soit 3% de la population).
Dans l’amphithéâtre de l’institut, le débat bat son plein autour du thème «Stratégie de développement de la PME en Algérie». D’éminents chercheurs sont conviés pour exposer devant un parterre d’étudiants et de cadres.
Au centre, Karim Mahmoudi, le président de la CCFC, un homme chaleureux, attentionné, réputé dans le monde des finances et de l’économie pour son franc-parler et ses sorties médiatiques acerbes à l’égard du système financier algérien, éclaboussé ces dernières années par des affaires de détournement de fonds impliquant de hauts responsables de la banque et de la finance.
90% des enseignants du supérieur se sont expatriés pendant la période noire du terrorisme
L’affaire Rafik Khalifa, l’ex-golden boy algérien condamné à perpétuité par contumace en 2007 par les tribunaux algériens, n’en n’est qu’une parmi d’autres. Pour M. Mahmoudi, tant que le système financier n’est pas transparent, «il faudra s’attendre à davantage d’escroquerie et de banqueroute de tout genre.» Et de critiquer vivement l’Etat algérien, qui, selon lui, au lieu d’investir dans les PME, est en train de placer ses réserves dans les banques américaines. Des fonds estimés par l’Institut Peterson à quelque 50 milliards de dollars, sous forme de Bons du trésor. Rappelons que l’excédent de la balance commerciale de l’Algérie est estimée en 2007 à 32 milliards de dollars.
Parmi l’assistance, Karim, un jeune de 24 ans, membre aussi de la CCFC et diplômé de l’Institut international de management (IIM), une école supérieure privée qui délocalise des formations d’universités étrangères. 6 000 étudiants y poursuivent leurs études, soit l’équivalent de l’effectif de toutes les écoles supérieures privées marocaines.
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Cadres dans l’administration, commerçant à la Casbah, chauffeur de taxi, intellectuels...Une plongée dans le quotidien des Algérois.
La Casbah, mémoire vivante de la ville et du pays, pourtant classée patrimoine mondial par l’UNESCO, est en ruine.
«Il faut, assurément, être bien blasé pour pouvoir efficacement réprimer le lyrisme immédiat que provoque la lente entrée en rade d’Alger, l’offrande de tant de présents et l’éblouissement suspendu qu’éprouve celui qui vient à la rencontre frontale d’Alger-la-Blanche», avait noté, en 2001, l’écrivain algérien Malek Alloula.
Nous, nous venons à la rencontre de cet Alger attrayant, en ce début de saison estivale, par le nouvel aéroport Houari Boumediene. Premier constat : dans le hall réservé au contrôle de police, il n’y a ni bousculade ni tohu-bohu habituels aux grands aéroports. A peine une dizaine de queues de passagers qui attendent tranquillement leur tour. C’est qu’Alger n’est pas Dubaï, Mexico, ou même Casablanca ou Tunis.
Les touristes ne se bousculent pas au portillon du deuxième pays le plus grand d’Afrique, où, pourtant, les paysages, les monuments historiques, les plages et le désert ne sont pas moins féeriques que dans d’autres pays. Pas plus de 200 000 étrangers visitent annuellement, en effet, l’Algérie. Depuis toujours, les pouvoirs publics de ce pays accordent peu d’intérêt au tourisme.
Dédain à l’égard des étrangers ? Ou est-ce la manne des hydrocarbures qui les dispense de faire la promotion touristique du pays ? Ou, encore, serait-ce le terrorisme qui a frappé de plein fouet pendant dix ans qui n’encouragerait guère les touristes? «Tout cela à la fois», répond, sur un ton laconique, le chauffeur qui nous transportait de l’aéroport à l’hôtel Elbyar, situé dans un quartier résidentiel du même nom.
Mais il n’y a pas que cela. En termes d’infrastructures hôtelières et de service, et même si les pouvoirs publics ouvrent de plus en plus le pays aux investisseurs arabes pour développer ces infrastructures et promouvoir le tourisme, le pays a beaucoup de retard à rattraper. Hamid, le chauffeur qui vient nous accueillir, est un douanier de son état.
Il est pour un temps au service de la Confédération des cadres de la finance et de la comptabilité (CCFC) qui organise en ce mois de juin sa Xe université d’été, et qui profite de l’occasion pour décerner le prix du Docteur Ahmed Francis(*) à trois journaux du Maghreb, dont La Vie éco (voir encadré). 28 ans, niveau bac, Hamid est marié et a deux enfants. Il habite encore avec ses parents. Comme au Maroc, pour les jeunes qui travaillent avec un salaire modeste, il est difficile de se permettre la location d’une maison. Autant habiter avec la famille en attendant des jours meilleurs.
Il touche 11 500 dinars (115 euros) mensuels, soit le Smig en Algérie. Or, le loyer d’un appartement de 100 m2 à Alger est de l’ordre de 2 500 dinars (250 euros.) «Lamgharba nass mlah» (les Marocains sont des gens sympathiques) nous glisse-t-il, en guise de bienvenue. «Le Roi Mohammed VI est un bosseur, il est en train de bâtir son pays.
Ce Roi voit loin.» Hamid aime capter par satellite les deux chaînes marocaines, 2M et RTM, et il est fasciné par «les déplacements fréquents du Roi dans des régions reculées du Royaume, les petites villes marginalisées, là où son père n’a jamais mis les pieds durant son long règne.»
Avant de nous déposer à l’hôtel, il bifurque vers une route qui mène au quartier Borj El Kiffan, dans la banlieue algéroise, où se trouve l’Institut supérieur de gestion et de planification (ISGP), où siège la CCFC. Sur notre route, défilent des milliers d’habitations HLM, avec, sur les terrasses, des antennes paraboliques.
Les Algériens, à l’instar de beaucoup de Marocains, boudent leurs chaînes nationales contrôlées par l’Etat. Un autre constat frappe le visiteur : le nombre impressionnant des forces de l’ordre, de l’aéroport jusqu’au centre d’Alger.
On sent qu’il y a un malaise : le terrorisme peut frapper à tout moment. On avance le chiffre d’un million d’hommes et de femmes engagés dans les différents corps militaires (soit 3% de la population).
Dans l’amphithéâtre de l’institut, le débat bat son plein autour du thème «Stratégie de développement de la PME en Algérie». D’éminents chercheurs sont conviés pour exposer devant un parterre d’étudiants et de cadres.
Au centre, Karim Mahmoudi, le président de la CCFC, un homme chaleureux, attentionné, réputé dans le monde des finances et de l’économie pour son franc-parler et ses sorties médiatiques acerbes à l’égard du système financier algérien, éclaboussé ces dernières années par des affaires de détournement de fonds impliquant de hauts responsables de la banque et de la finance.
90% des enseignants du supérieur se sont expatriés pendant la période noire du terrorisme
L’affaire Rafik Khalifa, l’ex-golden boy algérien condamné à perpétuité par contumace en 2007 par les tribunaux algériens, n’en n’est qu’une parmi d’autres. Pour M. Mahmoudi, tant que le système financier n’est pas transparent, «il faudra s’attendre à davantage d’escroquerie et de banqueroute de tout genre.» Et de critiquer vivement l’Etat algérien, qui, selon lui, au lieu d’investir dans les PME, est en train de placer ses réserves dans les banques américaines. Des fonds estimés par l’Institut Peterson à quelque 50 milliards de dollars, sous forme de Bons du trésor. Rappelons que l’excédent de la balance commerciale de l’Algérie est estimée en 2007 à 32 milliards de dollars.
Parmi l’assistance, Karim, un jeune de 24 ans, membre aussi de la CCFC et diplômé de l’Institut international de management (IIM), une école supérieure privée qui délocalise des formations d’universités étrangères. 6 000 étudiants y poursuivent leurs études, soit l’équivalent de l’effectif de toutes les écoles supérieures privées marocaines.
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