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La récession économique menace l'Europe

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  • La récession économique menace l'Europe

    Crise financière, crise immobilière, choc pétrolier, inflation record... Mois après mois, les difficultés s'accumulent sur l'économie mondiale. Elles s'alimentent les unes les autres. Et le Fonds monétaire international (FMI) qui s'était hasardé à dire que le pire de la crise était peut-être passé, met désormais en garde contre le risque d'éclatement de crises financières.

    Les marchés sont donc de plus en plus nerveux. Mardi 8 juillet, le CAC 40 a plongé en séance à un plus bas niveau depuis trois ans, terrorisé de devoir affronter de nouvelles dégradations du secteur financier. Depuis le début de la crise, à l'été 2007, la Bourse de Paris a reculé de plus de 30 % et celle de New York de 15 %. "Sur les marchés, certains parlent de krach rampant, indique Jean-Louis Mourier analyste chez Aurel, après un krach brutal, le marché rebondit. Ici non."

    De fait, rien ne semble à même de redonner durablement confiance au marché. L'effondrement du marché des subprimes, ces crédits hypothécaires à risque américains au coeur de la crise, n'est qu'une partie des difficultés du secteur financier.

    "Un symptôme", estime Bruno Biais, directeur de recherche au CNRS. "Cette crise est une crise de la titrisation, (la transformation de tous types de crédits en produits financiers ). En termes de montants en jeu pour le secteur financier, il s'agit de 15 000 milliards de dollars", ajoute Olivier Pastré, économiste et professeur à Paris-VIII. Les encours de subprimes, eux, sont estimés à 1 300 milliards de dollars.

    Les analystes de Lehman Brothers ont d'ailleurs évoqué, mardi, le risque que les spécialistes américains du refinancement obligataire, Freddie Mac et Fannie Mae, soient contraints de lever 75 milliards de dollars. En déclarant qu'il "s'engageait fortement à soutenir la stabilité et le fonctionnement du système financier", Ben Bernanke, le président de la Réserve fédérale, a évité de justesse la panique sur les marchés. Le répit pourrait être de courte durée car les banques ne semblent pas sorties d'affaires et ne sont plus la seule inquiétude.


    CERCLE VICIEUX


    Comment en est-on arrivé là ? La crise financière a d'abord dégénéré. Aux Etats-Unis, les ménages ayant contracté des crédits subprimes font aussi défaut sur leurs crédits à la consommation, leurs crédits automobiles... Sur le marché, l'ensemble des produits titrisés est ainsi déserté et les banques, qui détiennent ces titres dans leurs bilans, révisent sans cesse le prix de leurs actifs à la baisse. En difficulté, elles renchérissent le coût du crédit. La dette des ménages s'alourdit, ils consomment moins, ce qui affecte alors le chiffre d'affaires des entreprises. La crise financière se transmet ainsi à l'industrie.

    En Europe, ce cercle vicieux s'est reproduit dans les pays où la bulle immobilière était similaire à celle des Etats-Unis et où les ménages étaient très endettés : l'Irlande, la Grande-Bretagne ou l'Espagne. Les choses se sont envenimées avec l'arrivée du troisième choc pétrolier et la flambée des matières premières.

    Les pays européens, jusqu'ici relativement épargnés comme l'Allemagne ou la France, ont été touchés. "Ce choc est sans doute ce qui inquiète le plus les marchés car le phénomène est mondial et on ne voit pas comment les prix du pétrole pourraient baisser", constate Gilles Moëc, économiste chez Bank of America.

    Pour les entreprises, la situation est complexe. Elles sont coincées, incapables de répercuter l'intégralité des hausses de prix des matières premières sur leurs tarifs, pénalisées par le renchérissement du crédit et affectées par la baisse de la consommation des ménages démoralisés par une inflation qui rogne leur pouvoir d'achat.

    Les entreprises multiplient ainsi les "profit warning" (alerte sur leurs résultats). Pour réduire les coûts, elles ajustent leurs effectifs, et le chômage menace. Mardi, l'allemand Siemens a ainsi annoncé la suppression de 16 75H>0 postes. Seules les exportations vers les pays émergents sauvent la mise. "Nous vivons les mêmes problématiques que dans les années 1970", constate M. Moëc.

    Pour la plupart des économistes, la flambée du pétrole, bien qu'elle coïncide avec la crise financière et la baisse du dollar, est un facteur exogène. Mais une chose est sûre, elle rend la résolution de la crise très compliquée.

    Claire Gatinois (Le Monde)
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