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Total gèle ses projets gaziers en Iran : Frappe imminente ??

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  • Total gèle ses projets gaziers en Iran : Frappe imminente ??

    Les tensions autour du programme nucléaire iranien autant que les incertitudes financières ont eu raison – pour l'instant du moins – des projets d'investissements de Total en République islamique. Christophe de Margerie, directeur général de la compagnie pétrolière, a indiqué au Financial Times, jeudi 10 juillet, qu'il est actuellement trop risqué de développer Pars LNG, le projet d'extraction et de liquéfaction du gaz (GNL) de plus de 10 milliards de dollars qu'il préparait avec le malaisien Petronas et la compagnie nationale iranienne (NIOC). Après le "containement" politique, l'Iran subit un boycottage industriel de plus en plus sévère qui compromet la mise en valeur de ses énormes réserves d'hydrocarbures.

    "TROP DE RISQUES POLITIQUES"

    "Aujourd'hui nous prendrions beaucoup trop de risques politiques en investissant en Iran, car les gens diraient: Total est prêt à tout pour faire de l'argent", a déclaré M.de Margerie. Depuis un protocole d'accord signé en 2006, qui devait se traduire par des contrats précis (prix et volumes de gaz, etc.), les négociations sont au point mort. Les dirigeants de Total n'ont pas coupé les ponts avec les Iraniens, mais la volonté de Téhéran d'enrichir lui-même son uranium à des fins civiles – et militaires, selon les Occidentaux – rend toute finalisation de l'accord impossible. M.de Margerie précise toutefois au Monde que "Total entend bien conserver ses relations avec la NIOC".

    Ses propos interviennent alors que la tension est montée d'un cran, ces derniers jours, entre Téhéran et les pays occidentaux. Mercredi, la République islamique a annoncé avoir testé le lancement de missiles de moyenne et longue portée, dont un missile Shahab3 capable d'atteindre Israël. Quelques jours plus tôt, le chef d'état-major de l'armée avait prévenu que si ses intérêts étaient en jeu, son pays n'hésiterait pas à fermer le détroit d'Ormuz, à l'entrée du Golfe, par lequel transite plus du tiers du pétrole mondial. Puis l'Iran avait menacé de "mettre le feu" à Tel Aviv et à la Ve flotte américaine basée à Bahrein si Israël ou les Etats-Unis attaquaient ses sites nucléaires.

    Les pressions américaines ont-elles jouédans la décision de Total? Ses dirigeants répètent qu'ils ne prennent pas leurs ordres à Washington, mais qu'ils sont respectueux des décisions des Nations Unies, de l'Union européenne ou de la France. Sans donner de consignes formelles, Paris a fait comprendre au groupe qu'il serait malvenu de s'impliquer davantage en Iran, où Total exploite du pétrole depuis 1997.

    UNE FORME DE SCHIZOPHRÉNIE

    Pourtant, les Américains se félicitent ouvertement que la plupart des grandes compagnies occidentales aient renoncé à leurs projets d'exploitation de Pars Sud, le plus grand gisement gazier du monde que l'Iran partage avec le Qatar.

    "Au cours de l'année écoulée, quelques majors de l'énergie – Total, Shell, Eni, Repsol – se sont retirés d'opérations importantes dans le champ gazier de Pars Sud", a récemment déclaré le secrétaire d'Etat adjoint américain devant le Congrès. En revanche, Nicholas Burns a prévenu que l'administration mènerait un "examen sérieux" pour voir si le norvégien StatoilHydro n'avait pas violé la loi américaine en investissant en Iran plus que les maigres montants autorisés.La décision des compagnies internationales est un revers pour Téhéran, qui prend du retard sur le Qatar. Sur la rive opposée du Golfe, le petit émirat est devenu le premier exportateur mondial de gaz naturel liquéfié, alors que l'Iran tarde à mettre en service sont premier train de GNL.

    Mais c'est aussi une mauvaise nouvelle pour l'approvisionnement pétrolier et gazier, alors que le baril de brut vaut quelque 140dollars.Pour M.de Margerie, les gouvernements occidentaux sont frappés d'une forme de schizophrénieentre leurs desseins géopolitiques et leurs exigences économiques. Ils perturbent l'activité des grands pays pétroliers – l'Iran et l'Irak réunis détiennent 20 % des réserves mondiales de pétrole et 17% de réserves de gaz – tout en réclamant une hausse de la production, notamment des pays de l'OPEP.

    "Qu'ils ne viennent pas ensuite se plaindre qu'il n'y a pas assez d'offre sur le marché et que les prix montent", confie, agacé, le patron de Total.
    Toutes les majors gardent un fer au feu en Iran pour être en position de boucler des projets si le dossier nucléaire finissait par être réglé. L'enjeu est particulièrement important pour l'Europe, qui souhaite réduire sa dépendance croissante au gaz russe. Le gaz iranien serait alors une alternative. Notamment pour alimenter le gazoduc Nabucco, qui doit théoriquement acheminer du gaz d'Asie centrale vers le Vieux Continent à partir de 2013.



    Jean-Michel Bezat (Le Monde)
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