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Reflexion sur le Pouvoir, la séduction et le fait religieux

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  • Reflexion sur le Pouvoir, la séduction et le fait religieux

    La quête du pouvoir

    Nous avons vu que ce que nous appelons liberté est notre capacité à pouvoir contenter nos besoins de quelque ordre qu’ils soient. Notre nature sensible au stress et au bien-être nous indique de facto l’ensemble des besoins qu’il nous faut satisfaire.

    Nous les classerons en deux catégories bien distinctes :
    a) les besoins de survie, liés au stress : s’alimenter, se prémunir des ,s’abriter des intempéries, échapper aux prédateurs, se défendre de toutes agressions.
    b) les besoins de vie, liés au bien-être : jouir, prendre du plaisir sous toutes ses formes : se détendre, s’amuser, s’aimer, consommer, commander, diriger, s’enivrer…

    Libres de satisfaire nos besoins, nous cherchons à optimiser notre satisfaction dans les deux sens : réduire notre stress et élever notre bien-être, autant que possible.

    Si nos besoins de survie sont prioritaires car vitaux, leur satisfaction est relativement vite atteinte (on ne cherche plus à manger lorsque est repu, le ventre plein). Nous dirons que le seuil de satisfaction des besoins de survie, que nous désignerons par « seuil de survie » est bas.

    A l’inverse, si nos besoins de vie sont secondaires, leur satisfaction est difficilement atteinte, rarement en totalité, et jamais tout le temps. Nous dirons que le seuil de satisfaction des besoins de vie, que nous désignerons par « seuil de vie » est haut. En effet, lorsque nous avons du plaisir, nous cherchons à prolonger cette sensation. Lorsque cette sensation de plaisir vient à disparaître, elle nous manque jusqu’à provoquer un début de stress. Du coup, nous cherchons à la reproduire pour deux raisons : évacuer le stress que son manque procure et vouloir la retrouver à nouveau du seul fait de sa mémorisation.

    Ce processus de balancement entre stress et plaisir va progressivement s’accentuer en raison du caractère même du plaisir : le plaisir est une drogue, douce peut-être, naturelle sûrement, mais une drogue quand même, avec un vrai pouvoir d’accoutumance. Non seulement nous allons vouloir avoir notre dose de plaisir de plus en plus fréquemment, en plus nous allons vouloir que ces doses soient de plus en plus fortes, plus intenses ; et ce sans répit. De sorte que le seuil de vie, non content d’être haut, est, par nature, en augmentation constante.

    La différence nette et profonde, au coeur de notre identité, entre un seuil de survie, bas et limité, et un seuil de vie, haut et sans limites, va orienter le parcours de chacun, et expliquer, à elle seule, toute l’histoire sociale, culturelle, économique et politique de l’humanité entière.

    Le seuil de survie étant vital, donc prioritaire, les hommes vont initialement unir leurs forces pour y répondre à moindre coût (alimentation et défense). Ce coût de survie est l’effort consenti, la charge de travail, pour rester vivant : c’est la pénibilité de l’existence. La survie assurée, la vie commence et avec elle la course au plaisir : une course qu’il faudra interrompre pour subvenir -en principe, en groupe- à l’épuisement des ressources alimentaires. Or, chacun voudra, dans son for intérieur, être dispensé de peine, de travail, sans toutefois être privé de consommation. Le problème est que tous en rêvent en même temps, en raison justement de la différentiation naturelle des seuils de survie et de vie. La source du conflit en puissance est là. Il sera résolu par la force dans sa version la plus brutale. Le plus fort du groupe va parvenir, sans en être dispensé totalement, du moins dans un premier temps, à réduire sa pénibilité. Prenant conscience de son avantage, il le met à profit pour accroître son plaisir en bousculant ses semblables pour réduire sa charge de travail et consommer plus de plaisirs. Les plaisirs n’offrant pas la même qualité, il va délaisser ceux qui lui paraissent mièvres pour focaliser son attention sur les plus intenses et notamment sur le plaisir sexuel. Sa force, devenue pilier de son aptitude à satisfaire son bien-être, va même l’amener à passer outre le supposé consentement du partenaire. La dictature est née.

    Cette première forme de dictature, isolée et personnelle, ne durera que peu de temps, car le champion du moment se verra constamment « destitué » par un alter ego, avant d’être à son tour remplacé. A terme et immanquablement, elle laissera la place à une seconde forme de dictature, bien plus élaborée, dont l’expression dessinera un nouvel ordre social relativement stable. Cet ordre est organisé en cercles concentriques :

    Pour asseoir son pouvoir et lui imprimer un caractère durable voire irréversible, le postulant au rôle de chef constitue des alliés dont la mission est d’optimiser son seuil de satisfaction. En retour, le chef leur assure des avantages conséquents qui, on l’aura compris, sont intimement solidaires de leur aptitude à pouvoir remplir la mission qui leur est confiée. Pour y parvenir, les alliés (2ème cercle) vont à leur tour créer une force de soutien (des troupes) à même d’assurer le maintien d’une organisation socioéconomique garante du respect d’un double-objectif : optimiser le seuil de satisfaction du chef et le leur. Les troupes de maintien de l’ordre, à qui on a fait miroiter quelques avantages substantiels, constituent le 3ème cercle. Sa taille est flexible : impérativement suffisante, elle est indexée sur le seuil de résistance du reste de la société (le 4ème cercle) dans son acceptation de l’autorité du clan dominant : le chef et ses alliés.

    Cet ordre dessiné par la force va considérablement augmenter la charge de travail du 4ème cercle, d’abord dans une proportion à peu près tolérable pour pallier l’allégement voire la dispense totale de la pénibilité des autres membres du groupe, puis de manière autrement plus importante pour satisfaire les exigences et lubies diverses de l’ambition insatiable du clan au pouvoir (construction d’édifices, rêves de grandeur, festins grandioses, etc.)

    Le complexe révolutionnaire

    Si la présence de quatre zones différentiées est inhérente à toute structure de société,le second cercle est capital dans le schéma d’organisation : c’est lui et lui seul qui marque la rigidité et la stabilité de la structure.

    En effet, bien que ce soit le chef qui crée le second cercle pour asseoir son pouvoir sur le groupe, il se retrouve, à terme et dès la création du 3ème cercle, otage de ses alliés. Il ne peut pas et ne peut plus, si tant est qu’il le veuille ou qu’il l’ait voulu, réformer l’ordre social dans le sens d’un allégement de la pénibilité croissante du 4ème cercle, d’une meilleure justice sociale en quelque sorte, qui passerait fatalement par une réduction des avantages du 2ème cercle. Les membres de ce dernier ne manqueraient pas de l’en dissuader par tous les moyens, allant jusqu’à l’éliminer pour le remplacer au pied levé par un des leurs : le plus apte à préserver leurs privilèges. Privilèges dont la constante augmentation a pour conséquence d’accroître la taille du 3ème cercle et d’enfermer le 4ème dans un état d’esclavage. Prisonnier du 2ème cercle dont le clergé est un des piliers, le chef n’est plus qu’une icône : sans autre pouvoir que de donner libre cours à ses frasques.

    C’est la nature du second cercle qui imprime la trajectoire de tout processus révolutionnaire (dans le sens de modification de l’ordre social) car tôt ou tard, et plutôt tôt que tard, l’esprit de la révolution, se trouve prisonnier de l’élément stabilisateur de la structure en cercles concentriques, résultante du strict rapport des forces en présence.

    Le paradoxe du processus révolutionnaire est que, d’une part, la formation du second cercle est une nécessité incontournable pour pouvoir inscrire la réforme initiale dans la réalité, et d’autre part, que l’existence même du second cercle, conservateur par nécessité et non par nature (pour préserver son seuil de vie), est mortel pour la poursuite de la réforme dans l’esprit de la révolution.

    Toute société, de la plus primitive à la plus contemporaine, obéit à ce schéma marqué par le différentiel naturel entre les seuils de survie et de vie des identités qui la composent. Seule la capacité du peuple (4ème cercle) à se résigner ou à se rebeller contre l’ordre établi, parvient à imprimer à l’ensemble de la structure son caractère, allant de la dictature la plus absolue où la violence de la force brute est le critère normatif de fonctionnement et de régulation, à l’état de droit le plus accompli où le seul critère d’arbitrage des conflits est le vote universel et où la séduction dans son affirmation la plus étendue (aptitude à convaincre) est l’unique outil autorisé de libre compétition.

    Que l’on fasse usage de violence ou de séduction la plus exquise, cela participe d’une même volonté : accéder au pouvoir, être en capacité de, à seule fin d’optimiser la satisfaction de ses seuils de survie et de vie. Ainsi, parce que nous sommes tous des dictateurs en puissance, le recours à la séduction apparaît pour ce qu’elle est : une stratégie par défaut, produit de la culture.

  • #2
    La stratégie de séduction

    Lorsque l’usage de la violence est banni (ou confisqué) à l’intérieur d’un groupe, d’une société, la régulation des conflits entre identités engagées dans une course à l’optimisation de la satisfaction personnelle, se fait nécessairement par le biais d’une libre compétition entre individus. Une compétition qui s’apparente à un jeu ouvert à tous, et où, sans surprise, ce sont les joueurs les plus talentueux qui parviennent à obtenir le meilleur seuil de vie.

    Toutefois, ce jeu, a ceci de très particulier que la plus grande partie de ses règles ne sont écrites nulle part. De plus, elles ne font jamais l’objet de communication entre les joueurs. En effet, les lois qui régissent l'ordre social ne sont qu’une petite partie des règles du jeu de la compétition entre individus : elles se contentent de fixer et d’énumérer les interdits, elles délimitent le terrain de jeu en quelque sorte. Les lois ne parlent pas de ce qu’il convient de faire pour gagner la partie. De sorte que chacun est sensé imaginer, inventer et appliquer des procédés, des stratégies, qui lui permettent de tirer avantage sur les autres dans un espace hautement concurrentiel par définition.

    Plus ces stratégies sont respectueuses des règles non écrites, et plus elles sont gagnantes. De sorte que pour dessiner une stratégie correcte, il convient de découvrir ces règles non écrites et de les associer aux lois en vigueur, pour en faire un tout cohérent : passage obligé vers un possible succès, car comment voulez-vous être performant si vous ne connaissez pas toutes les règles du jeu ?

    Très vite chacun comprend que la condition sine qua non pour améliorer son seuil de vie, c’est de réduire autant que possible son seuil de survie, c’est-à-dire en clair sa charge de production, de travail, sa pénibilité d’existence. Une seule solution : transférer une partie de sa charge voire la totalité sur les autres. Ne pouvant les contraindre, il ne lui reste qu’une seule possibilité : les convaincre, c’est-à-dire les séduire. Comment le faire autrement sans convoquer et développer son savoir, dans le sens le plus large qui soit ?

    Parmi la panoplie très variée des armes de la séduction usitées dans l’exercice de quête de pouvoir (la connaissance, la compétence, le savoir-faire, l’expression, le discours, l’argumentation, le charme, l’apparence, l’attitude, la prestance, le charisme), il en est une qui revêt, pour ce qui nous concerne, une importance de premier ordre : le mensonge.

    Le mensonge est bien souvent une stratégie par défaut : c’est faute d’arguments porteurs que nous y recourons. Procédé probablement le plus communément utilisé sous toutes les latitudes en vertu d’une curiosité qui lui est propre : un mensonge est considéré comme étant la vérité aussi longtemps qu’il n’aura pas été contredit, infirmé. De sorte que la vérité peut, dans bien des cas, n’être qu’un mensonge parfait, un mensonge que nul n’a contesté et ne conteste.

    Si la définition du mensonge est la falsification consciente du compte-rendu de la réalité, de sa représentation, il est utile de distinguer ses différents modes d’expression et important de préciser qu’il existe plusieurs types de mensonge, recouvrant des réalités différentes et qui, de ce fait, ne méritent pas d’être logés à la même enseigne.

    Nous évoquerons ici les principaux types de mensonge :
    Le mensonge sécuritaire
    Falsifier la réalité pour se prémunir de l’agression.
    Nécessité impérative de survie.
    Le mensonge courtois
    Falsifier l’expression de sa pensée, de son sentiment, de son appréciation, de son opinion, à seule fin d’éviter de gêner, de choquer, de blesser ou d’humilier l’autre. Nécessité du mieux vivre ensemble. Politesse et civisme.
    Se pratique par tous, souvent et au quotidien. Ne porte aucun tord à autrui.
    Le mensonge pédagogique
    Falsification temporaire de la réalité, avec volonté de la corriger à terme, aussitôt que l’on jugera le vis-à-vis en aptitude de comprendre la vérité ou de la recevoir sans traumatisme.
    Il suppose une relation de confiance et apparaît comme une nécessité au service d’une stratégie de transmission du savoir dans le cadre d’un apprentissage correct.
    Parents/enfants, enseignants/élèves, maîtres/apprentis.
    Le mensonge manipulateur
    Falsifier la réalité à seul but de tromper l’autre, de l’induire en erreur, pour en tirer profit, avantage, et/ou de lui porter préjudice, de lui nuire.

    Il est clair que la falsification délibérée de la réalité, à fin sécuritaire, courtoise ou pédagogique, ne peut être qualifiée de mensonge car elle apparaît de fait, dans ces trois cas, vertueusement utile, voire nécessaire, donc moralement non condamnable.

    A l’inverse il y a véritablement mensonge lorsqu’il revêt le caractère manipulateur. Condamnable et condamné par la morale la plus commune, il est d’autant plus amoral lorsqu’il intervient dans le cadre d’une relation de confiance supposée et tacite : entre amis, parents, alliés.
    Ainsi, seul ce dernier type d’acte qui sous-tend une tentative de manipulation, est un mensonge, un vrai mensonge, au seul sens où il convient de l’entendre.
    Dernière modification par jawzia, 10 juillet 2008, 13h32.

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    • #3
      Le fait religieux

      Il est certain que dès l’apparition sur terre de l’espèce humaine, cet animal doué de raison, l’homme, effrayé par une nature hostile, inconnue et dangereuse, a été contraint d’attribuer des volontés et des desseins à chacun des éléments qui lui sont apparus menaçants pour sa survie : pour le soleil, pour la nuit, pour le vent, pour la pluie, pour la foudre, pour les nuages, pour les arbres, pour les fauves, pour les ténèbres…et pour les autres menaces, toutes les autres et pour chacune d’entre elles, il a dû imaginer une plus grande force que la sienne, un maître tout puissant, un dieu, des dieux. Le fait religieux était né.

      Un répertoire des dieux qu’il a fallu imaginer, compléter, modifier, remplacer, réinventer au gré de l’évolution de l’espèce humaine, à mesure que l’homme gagnait en savoir et en habileté de survie. Pierres, totems, statues, monuments et édifices furent érigés aux dieux, en y consacrant pour leur plaire, les amadouer et se prémunir de leur puissance, de leur violence et de leur cruauté, des rites faits d’offrandes, de prières et de sacrifices. Comment aurait-il pu en être autrement ?

      La chose religieuse est donc apparue très tôt comme une nécessité de survie et répondait à un besoin d’équilibre de santé mentale de premier ordre. Notre besoin de compréhension du monde a placé la religion au coeur de la vie de chacun.

      L’observance assidue des rites religieux, a eu pour conséquence d’élever notre représentation du monde, notre croyance, au rang de vérité absolue, lui conférant un caractère sacré, inviolable. C’est parce que la religion est un pacte conclu entre les hommes et les dieux qu’il revêt le caractère sacré. Un pacte qui doit pouvoir garantir la clémence des dieux, leur soutient lors des épreuves, et leur bénédiction pour assurer paix et prospérité. Si la violation des rites religieux et des règles de conduite dictées par la foi, expose automatiquement le contrevenant, à une punition, c’est parce que le non-respect du pacte entraînerait la colère des dieux et menacerait la paix de l’ensemble du groupe s’il devait rester impuni ; aussi, le châtiment, sera-t-il administré au transgresseur, au blasphémateur, avec l’approbation tacite du groupe, et devra-t-il être suffisamment significatif et réparateur, pouvant aller jusqu’à la mort, afin que le pacte avec les dieux soit restauré dans son intégrité.

      En même temps, la quête permanente du pouvoir, du pouvoir le plus grand, étant inhérente à la nature humaine, la différentiation des savoirs et des capacités entre individus à l’intérieur d’un groupe a tôt fait de designer un leader, un guide, un chef dont le rôle essentiel, au regard du temps considérable consacré aux rites religieux, fut initialement et forcément celui de prêtre.

      Prêtre souvent autoproclamé, se confiant la tâche d’intercéder entre les hommes et les dieux : un pouvoir immense dont l’exercice confine à la griserie par l’octroi des honneurs, des privilèges et de l’immunité qui va avec. Comme tout détenteur d’un pouvoir - pas plus qu’un autre mais autant que quiconque - il va vouloir le garder, le perdurer, l’étendre sans limite et le défendre bec et ongles, meurtres compris. Mieux, il va le complexifier à volonté pour le rendre inaccessible à tous ceux qui le convoitent : toute la panoplie des attributs du pouvoir va naître : symboles, costumes, protocoles, représentations et discours, participent de cette théâtralisation qui n’a de but que la mise à distance des semblables devenus obligés, asservis.

      Si le respect de règles communes à l’intérieur d’un groupe a pour effet de le rassembler, de l’unir et de le fortifier, le caractère sacré des rites va le cristalliser, le cimenter, et le pouvoir politique va le rigidifier davantage à travers une stricte hiérarchisation sociale, avec d’autant plus de force qu’il sera détenteur aussi du pouvoir religieux, garant du respect du pacte divin et seul habilité à l’interpréter, à le moduler.

      Le pouvoir politique va s’emparer du fait religieux et s’en servir avec d’autant plus de réussite qu’il s’arrogera le monopole de dire la religion. Clé du pouvoir absolu, le tandem politique et religion apparaît être, sans surprise, un mariage à l’épreuve du temps : il va façonner le monde des hommes, pour le meilleur et pour le pire.

      C’est ainsi que le prêtre-guide, se mua en prêtre-chef, puis en prêtre-roi, puis le prêtre devint demi-dieu, roi demi-dieu, roi des rois demi-dieu, puis pharaon dieu-vivant.

      Il apparaît clair que réformer socialement, politiquement (le plus souvent de manière favorable aux intérêts du clan dominant, du détenteur du pouvoir), c’est faire parler la religion pour l’interpréter dans le sens recherché.
      Toute réforme sociale passe par la convocation du religieux. Il faut impérativement invoquer les dieux et leur prêter la volonté de réformer le pacte sacré, pour induire une quelconque modification de l’ordre social. La réforme sera d’autant plus acceptée et respectée qu’elle apparaîtra dictée par les dieux.

      La permanence du pacte divin et sa longévité au cours du temps va modifier la perception des éléments du groupe sur ceux d’entre-deux qui, par leur statut, leur fonction, sont supposés être au contact des dieux. Le chef-prêtre jouit donc d’une réelle et puissante autorité morale, renforcée par la croyance des hommes que les dieux lui ont manifestement accordé une protection spéciale, elle-même illustrée par la liberté de ton que semble prendre le chef dans son dialogue avec les dieux. Une liberté hors de portée du reste du groupe, emmuré dans ses peurs, prisonnier de la peur du divin.

      La tentation des prêtres de passer du statut d’interprète des dieux à celui de porte parole voire même d’associé est si grande que le pas sera franchi sans difficulté par les plus audacieux d’entre eux. De sorte que le chef-prêtre a tôt fait de revêtir la marque du lien divin. Pour le reste du groupe, il n’y a pas de doute : c’est parce que la nature du chef est différente de la leur, un peu divine en somme, qu’il est le chef ! Ce sont même les dieux qui lui attribuent autorité, force et courage. Le chef tient son invincibilité par la volonté et la protection des dieux.

      Le fait que le chef soit souvent tué au combat ou éliminé par un rival, ne change rien à la croyance populaire : si leur chef a perdu c’est que les dieux lui ont retiré leur protection pour l’accorder à un autre (le vainqueur, forcément). Croyance confirmée par le fait que son remplaçant ne manque pas de revêtir dans l’instant l’habit divin de son prédécesseur, proclamant que les dieux lui ont donné la victoire en exigeant de lui, en retour, une réforme du pacte divin, allant souvent dans le sens d’une pratique renforcée qui n’a de but que d’enchaîner davantage le reste du groupe à sa condition.

      De cela, nous soulignerons que les réformes ne peuvent être avancées, réussies, qu’à la faveur d’une modification à la tête du groupe. Autrement dit, la réforme passe par l’élimination du pouvoir en place ! C’est même un passage obligé. Or, la modification de l’ordre établi, de l’intérieur du groupe, est extrêmement difficile et périlleuse en raison de l’existence du second cercle qui veille à ce que cela ne se produise pas. Aussi, est-ce souvent à la faveur d’un fait extérieur (guerre contre un autre groupe, tribu ou communauté) que la réforme du groupe est possible, selon la logique que le vainqueur a toujours raison.

      C’est dans ce contexte historique, marqué par la prééminence absolue du fait religieux, du complexe religieux, qu’apparaîtront les prophètes. C’est-à-dire ceux qui proclameront être investis de la mission de réformer le pacte divin. A posteriori, ne seront considérés prophètes et reconnus comme tels que ceux qui auront réussi à réformer le pacte divin.

      Il est fort probable et même certain que le nombre des prophètes « potentiels » est en réalité considérable, sinon qu’ils ont à l’évidence échoué dans leur tentative de réforme et que l’Histoire (écrite toujours par les vainqueurs) ne les a pas retenus. De sorte que l’histoire elle-même nous commande de considérer que le signe de reconnaissance extérieure d’un prophète (si je puis dire) est qu’il ait réussi à inscrire sa réforme dans la réalité. La réforme marquera d’autant plus l’Histoire qu’elle apparaîtra révolutionnaire, porteuse d’un nouveau paradigme.

      ....
      Dernière modification par jawzia, 10 juillet 2008, 13h33.

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      • #4
        @ Jawsia

        simple question:
        pourquoi tu as choisi Islam et hum poster ces reflexions ?
        2.7. et Dieu a scellé leur cœur et leur entendement. De même qu’un voile leur barre la vue, et ils sont voués à un terrible châtiment. (Al Baqâra)

        Commentaire


        • #5
          Salut Karim

          Disons que c'est plutôt "humanité" que "Islam".

          Tu auras remarqué qu'aucune religion n'est explicitement évoquée.

          Commentaire


          • #6
            Salut Jawzia,
            C'est intéressant...

            Pour mieux comprendre ton raisonnement, j'ai beaucoup de questions. Commençons par ces deux là.


            La première:
            Les plaisirs n’offrant pas la même qualité, il va délaisser ceux qui lui paraissent mièvres pour focaliser son attention sur les plus intenses et notamment sur le plaisir sexuel. Sa force, devenue pilier de son aptitude à satisfaire son bien-être, va même l’amener à passer outre le supposé consentement du partenaire. La dictature est née.
            Tu dis cela comme si le passage à se passer du consentement ( donc viol, à moins que je n'ai pas compris) est naturel. De plus, y a-t-il plaisir dans cette forme de dictature pour tous ?


            Seconde question
            Cette première forme de dictature, isolée et personnelle, ne durera que peu de temps, car le champion du moment se verra constamment « destitué » par un alter ego, avant d’être à son tour remplacé. A terme et immanquablement, elle laissera la place à une seconde forme de dictature, bien plus élaborée, dont l’expression dessinera un nouvel ordre social relativement stable. Cet ordre est organisé en cercles concentriques :
            Quel alter égo ?
            Quelle autre dictature ( dans le cas où la dictature du plaisir-sexe est bien réelle à l'extrême que tu lui donnes ) le supplantera ?
            J'avoue que je suis plutôt largué ici.

            Commentaire


            • #7
              Jawzia

              Tu auras remarqué qu'aucune religion n'est explicitement évoquée.
              peut être, mais c'est toute les religions sans exception qui sont visées par la "reflexion".
              2.7. et Dieu a scellé leur cœur et leur entendement. De même qu’un voile leur barre la vue, et ils sont voués à un terrible châtiment. (Al Baqâra)

              Commentaire


              • #8
                bonjour jawzia
                qui est l'auteur de l'article???
                effectivement c'est le processus qui s'est deroulé et se deroule depuis des lustres.....

                j'ai toujours consideré les pyramides non comme un monument archeologique ou que sais je un monument denotant de l'avancée de l'egypte phraonique mais tout simplement de l'exemple extreme des relations que puevent avoir le premier cercles a l'aide du 2 eme et du 3eme avec le quatrieme cercle..il faut rappeller qu'elles furent construitent avec des pierre ramenées d'ailleurs et surtout avant l'invention de la roue!!!

                mais le plus important est le regard qu'on doit avoir sur ce schema seculier:envieux des cercles premiers et deuxieme??? suivre les pas du diogene d'alexandre le grand??? "ou vivre comme un homme de passage" comme le preconise un ali abi talib???

                A chacun sa reponse!!
                « Puis-je rendre ma vie
                Semblable à une flûte de roseau
                Simple et droite
                Et toute remplie de musique »

                Commentaire


                • #9
                  Salut Bachi

                  Le passage que tu évoques fait suite à la catégorisation des besoins fondamentaux de l'homme. Ceux de survie et ceux du bien-être et des plaisirs.

                  La maximisation des seconds ainsi que la minimisation des premiers, puisque partagé par tout un chacun, est source principale de conflits. Dans les sociétés primitives et quelques fois bien au delà, ces conflits sont régis par la loi du "plus fort". C'est une "dictature", dans sa forme primaire, qui perdurera jusqu'à ce qu'un "téméraire" osera contester l'hégémonie de celui qui use de son dictat.
                  Cette première forme de dictature, isolée et personnelle, ne durera que peu de temps, car le champion du moment se verra constamment « destitué » par un alter ego.
                  Le "chef" dans les sociétés primitives, les rois et souverrains, …. ne laissent que peu de place au consentement à "l'autre" lorsqu'il s'agit d'assouvir un "besoin de vie" allant de l'expropriation au viol. Les "harems" exemplifiant le peu de consentement laissé au partenaire lorsqu'il s'agira à celui qui "dicte" d'assouvir un besoin de vie lié au plaisir sexuel.

                  Quelques paragraphes plus bas, tu aurais lu ce passage qui, répondant quelque peu à tes interrogations, explicite le schéma exposé dans la première partie :
                  Toute société, de la plus primitive à la plus contemporaine, obéit à ce schéma marqué par le différentiel naturel entre les seuils de survie et de vie des identités qui la composent. Seule la capacité du peuple (4ème cercle) à se résigner ou à se rebeller contre l’ordre établi, parvient à imprimer à l’ensemble de la structure son caractère, allant de la dictature la plus absolue où la violence de la force brute est le critère normatif de fonctionnement et de régulation, à l’état de droit le plus accompli où le seul critère d’arbitrage des conflits est le vote universel et où la séduction dans son affirmation la plus étendue (aptitude à convaincre) est l’unique outil autorisé de libre compétition.
                  ----------------------------------------------------------------------
                  bonjour jawzia
                  qui est l'auteur de l'article???
                  C'est extrait d'un magnifique manuscrit dont j'ai eu un exemplaire de la part d'un auteur injustement anonyme.
                  Dernière modification par jawzia, 11 juillet 2008, 18h21.

                  Commentaire


                  • #10
                    Disons que c'est plutôt "humanité" que "Islam".

                    Tu auras remarqué qu'aucune religion n'est explicitement évoquée.

                    jawzia, tu ferais mieux d'apprendre d'abord, à ces esprits sclérosés par une "vérité" archaique et lobotomisés par Khradaoui et autres bédouins ignares et crasseux, la définition du mot humanité et ses corrollaires.

                    Conseil d'ami.
                    J'ai appris que le courage n 'est pas l'absence de peur, mais la capacité de la vaincre. Nelson Mandela

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                    • #11
                      Nadjib2006

                      jawzia, tu ferais mieux d'apprendre d'abord, à ces esprits sclérosés par une "vérité" archaique et lobotomisés par Khradaoui et autres bédouins ignares et crasseux, la définition du mot humanité et ses corrollaires
                      c'est curieux de voir des athées qui se prennent aux croyants, les insultent de tous les noms, et il se mêlent même si on s'adresse pas à eux !
                      cela confirme ce que dit Mohammad Al Ghazali (Rahimahou lah), ils vivent un paradoxe grave dans leurs esprits, du coup, ça pourrait les soulager un peu, si il font recours à la grossièreté à l'égard des croyants !

                      Khradaoui
                      c'est Quaradaoui par khradaoui !
                      comment peux-tu critiquer quelqu'un si tu ne sais pas prononcer son prénom ?!


                      Ps: enfin ce n'est pas le cas de tous les athées quand même,
                      il ya parmi eux, de ceux qui fréquentent ce forum, qui sont affables.
                      Dernière modification par karimbarbu, 13 juillet 2008, 20h47.
                      2.7. et Dieu a scellé leur cœur et leur entendement. De même qu’un voile leur barre la vue, et ils sont voués à un terrible châtiment. (Al Baqâra)

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                      • #12
                        Nous avons vu que ce que nous appelons liberté est notre capacité à pouvoir contenter nos besoins de quelque ordre qu’ils soient.
                        Moi, j'ai rien vu de tel.
                        Mais, au fait, d'où, ce monsieur, tire cette assertion ?
                        S'il l'a démontré avant cet article, tu aurais dû nous la présenter aussi, quastion d'enchainement dans les idées.
                        Ainsi va le monde

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                        • #13
                          S'il l'a démontré avant cet article, tu aurais dû nous la présenter aussi, quastion d'enchainement dans les idées.
                          Désolé Houmaiz de n'avoir pu posté la centaine de page du manuscrit. C'est effectivement abordé dans le chapitre précedent la partie postée.

                          Néanmoins, à part ce détail, il y a (je pense) largement matière à discussion (qui ne s'amorce toujours pas).
                          Dernière modification par jawzia, 13 juillet 2008, 23h22.

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                          • #14
                            Désolé Houmaiz de n'avoir pu posté la centaine de page du manuscrit. C'est effectivement abordé dans le chapitre précedent la partie postée.
                            Oui c'est vrai t'as raison, mais un petit résumé aurait-pu être utile mais bon.
                            Néanmoins, à part ce détail, il y a (je pense) largement matière à discussion (qui ne s'amorce toujours pas).
                            Eh, oui tu aurais dû le poster dans Café du Village la bas il y a du monde
                            Ainsi va le monde

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                            • #15
                              Eh, oui tu aurais dû le poster dans Café du Village la bas il y a du monde
                              Peut être. Je ne desepère néanmoins pas en les "locataires" de cette rubrique.

                              Je vais même créer topic à partir d'un autre extrait du même auteur. On verra après.

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