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Les narcotrafiquants implantés en Afrique de l'Ouest

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  • Les narcotrafiquants implantés en Afrique de l'Ouest

    Le monde doit agir rapidement pour empêcher que l'Afrique ne devienne la plaque tournante du trafic de drogue vers l'Europe, estime le directeur exécutif de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), Antonio Maria Costa. S'efforçant d'avoir toujours une longueur d'avance sur les agences de lutte contre le trafic de stupéfiants, les puissants cartels latino-américains ont d'ores et déjà infiltré l'Afrique de l'Ouest et le Sahel pour perpétuer leur juteuse activité vers l'Europe.

    Ils ont jeté leur dévolu sur les Etats les plus fragiles du golfe de Guinée et cherchent à pousser leur avantage vers les vastes étendues sahélo-sahariennes, difficilement contrôlables et traditionnellement propices aux trafics.

    "Toute la région est très vulnérable. C'est ce que les trafiquants ont compris: ils peuvent se mouvoir aisément d'un pays à l'autre", souligne Costa dans une interview accordée à Reuters mercredi soir lors d'une escale à Dakar.

    Ce diplomate italien qui a fait une brillante carrière au sein de diverses organisations internationales - ONU, OCDE, Commission européenne, BERD - préconise "une sorte de frappe préventive" de la communauté internationale contre le trafic, en liaison avec les gouvernements locaux.

    QUATRE JOURS POUR ATTEINDRE LE TCHAD

    Voyant leurs routes traditionnelles d'accès direct vers les Etats-Unis et l'Europe progressivement entravées par l'action des agences de lutte contre les narcotiques, les cartels colombiens ont commencé à prendre pied en Afrique de l'Ouest au début de la décennie.

    L'ONUDC a lancé une première contre-attaque - réussie selon Costa - en 2004 dans l'archipel du Cap Vert. Puis l'agence onusienne a fait porter son effort sur la Guinée-Bissau, autre ex-colonie portugaise démunie, un moment devenue le point de transit du narcotrafic.

    "Maintenant que des anticorps ont été développés en Guinée-Bissau, d'autres pays de la région sont contaminés", explique Costa, attendu à Conakry, nouvelle plaque tournante du trafic de drogue, selon les polices européennes, mais aussi de celui des migrants clandestins vers le Nord.

    Costa se rendra ensuite au Mali, un Etat sahélien dont la stabilité est menacée non seulement par les trafiquants d'armes, de drogue et de clandestins mais aussi par une rébellion des Touaregs et les activités d'Al Qaïda dans la partie nord de son territoire.

    Des chargements de cocaïne ont été découverts à la frontière guinéo-malienne dissimulés dans des véhicules qui venaient de Conakry et dont la destination finale était vraisemblablement l'Europe, via le Sahara.

    "Certains chargements continuent à être livrés par voie maritime, dissimulés parfois dans des cargaisons comme peut-être des crevettes congelées, mais beaucoup transitent par le Sahel", relève Costa, qui évoque de gros et puissants 4x4 chargés de drogue.

    "C'est surprenant comme ils peuvent à partir de l'Afrique de l'Ouest atteindre en quatre jours le Tchad, peut-être même le Darfour et au-delà. Ainsi les narcotrafiquants ont-ils pris possession des routes caravanières, historiquement si bénéfiques à l'humanité pour le commerce, la culture et la civilisation."

    "AVEC VEHICULES, ARMES, ARGENT ET FILLES"

    Selon le diplomate italien, ceux-ci ont réutilisé certains parcours du rallye-raid Paris-Dakar, que les organisateurs ont renoncé en janvier 2008 à faire traverser l'Afrique de l'Ouest à la suite de menaces "terroristes" en Mauritanie.

    Costa déclaré que les agences anti-narcotiques n'arrivent qu'avec peine à s'adapter à la menace. Il rappelle que la communauté internationale a mis deux ans à réagir lorsque le problème a été détecté pour la première fois en Afrique de l'Ouest, en 2004. Deux ans mis à profit par les cartels s'enraciner sur le continent.

    "Le prix de cette inaction est très clair: on observe aujourd'hui des colonies très voyantes de groupes organisés dans un certain nombre de pays de la région."

    Ce sont, décrit-il, des "groupes venus avec leurs propres armes, leurs propres véhicules noirs, leurs propres richesses, leurs propres devises, leurs propres filles, et se placent au-dessus des lois".

    Le directeur de l'Office onusien de lutte contre la drogue précise que cette implantation des narcotrafiquants en Afrique de l'Ouest a été "grandement facilitée" par la corruption des autorités locales.

    source : Reuters
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