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De part et d'autre de la mer, une négociation âpre et à rebondissements

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    De part et d'autre de la mer, une négociation âpre et à rebondissements

    De part et d'autre de la mer, une négociation âpre et à rebondissements
    LE MONDE | 12.07.08 | 13h42 • Mis à jour le 12.07.08 | 19h48

    Il y aura eu deux temps, dans la genèse du nouveau processus euro-méditerranéen qui doit être lancé, dimanche 13 juillet, à Paris. Avec comme moment-clé, le changement de nom auquel Paris a dû consentir : de "l'Union méditerranéenne" proposée par Nicolas Sarkozy lors de sa campagne présidentielle, on est passé, le 13 mars, à l'issue d'un sommet européen à Bruxelles, au libellé "Processus de Barcelone : Union pour la Méditerranée".

    Ce rappel du dialogue "Euromed" lancé en 1995 à Barcelone, a été voulu par l'Allemagne, par des pays du nord et de l'est de l'Europe, et par la Commission européenne. Il a résulté d'une sourde bataille. En 2007, dit une source à Bruxelles, "on avait le sentiment que les gens de l'Elysée ignoraient ce qui avait été réalisé depuis douze ans par l'Europe, en direction du Sud".

    C'est à l'automne 2007, après le discours de Nicolas Sarkozy exposant à Tanger, le 23 octobre, son projet d'une "Union" limitée aux seuls pays riverains, que les premiers signaux d'alarme ont retenti. Des officiels allemands font passer le message aux Français qu'il n'est pas question d'accepter cette scission de l'Europe qu'entraînerait, à leurs yeux, une utilisation de fonds communautaires pour un projet qui n'impliquerait pas l'ensemble des vingt-sept pays membres. Mais Paris fait la sourde oreille.


    "COMPLÉTER" BARCELONE


    C'est alors que la chancelière allemande Angela Merkel se met à dépêcher dans les capitales du Maghreb des émissaires chargés d'expliquer que le projet, tel qu'il est présenté par les Français, sera bloqué. "Chaque fois que j'arrivais dans un pays arabe, on me disait que les Allemands étaient déjà passés", relate un négociateur français.

    Le 6 décembre 2007, Mme Merkel enfonce le clou en déclarant au cours d'une conférence de presse avec M. Sarkozy : "Si les Etats riverains de la Méditerranée devaient constituer une deuxième union totalement différente, cela risquerait de constituer une épreuve difficile pour l'Europe."

    Deux semaines plus tard, à l'occasion d'une réunion autour de "l'Appel de Rome pour la Méditerranée", M. Sarkozy est poussé par Romano Prodi et José Luis Zapatero à accepter que son projet méditerranéen "n'a pas vocation à se substituer" aux acquis du Processus de Barcelone, "mais à les compléter".

    L'Elysée, où le conseiller spécial Henri Guaino veut garder la main sur ce dossier qu'il a lancé, ne désarme pas pour autant, ce qui fait monter des protestations en Europe, notamment du côté de l'Est, où on a l'oeil sur les flux financiers de la politique de voisinage. Paris tente de désamorcer ces craintes en offrant des "partenariats stratégiques" bilatéraux aux pays d'Europe orientale et en prônant une relation renforcée avec l'Ukraine. Cela ne suffit pas.

    Le 30 janvier, dans une lettre adressée à M. Sarkozy, le ministre des affaires étrangères, Bernard Kouchner, et le secrétaire d'Etat aux affaires européennes, Jean-Pierre Jouyet, sonnent l'alerte : le projet d'"Union" n'a aucune chance de se réaliser "sans accord clair avec l'Allemagne", et sans "l'implication des institutions européennes". Ce message, écrivent-ils, doit être celui d'Henri Guaino lorsqu'il se rendra à Berlin. Le 14 février, M. Guaino est reçu avec rudesse dans la capitale allemande, où sa vision des choses est rejetée. "Le problème avec Guaino", commente aujourd'hui une source française, "c'est qu'il méconnaît les mécanismes européens". Le 3 mars à Hanovre, Mme Merkel et M. Sarkozy passent un compromis : la Commission aura la haute main sur le dossier euro-méditerranéen. "On a tout cédé", regrettent des diplomates français spécialistes du monde arabe.

    M. Guaino est écarté de la gestion du dossier, au profit du conseiller diplomatique Jean-David Levitte et de l'ambassadeur Alain Le Roy qui n'a cessé de faire des navettes avec le Maghreb. L'entourage de Mme Merkel confiera à des Britanniques qu'il s'agissait de "donner une leçon" à M. Sarkozy sur le respect nécessaire des procédures communautaires, avant qu'il ne prenne la présidence de l'Union européenne.


    Henri de Bresson, Natalie Nougayrède et Philippe Ricard
    Dernière modification par Sioux foughali, 12 juillet 2008, 21h28.
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