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Ibn Tumart, guide spirituel éclairé des Almohades

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  • Ibn Tumart, guide spirituel éclairé des Almohades

    A cette époque, la dynastie berbèro-musulmane des Almoravides régnait sur la plus grande partie de l’Algérie, la Mauritanie, le Maroc et sur la partie méridionale de l’Espagne. Seules leur échappaient la Tunisie et la Libye. Après ses heures de gloire, cette remarquable dynastie d’origine targuie, ayant vécu près d’un siècle et demi, allait s’éteindre, pour plusieurs raisons économiques, politiques, militaires, sociales, et sous les coups de boutoir de nouveaux conquérants : les Almohades. Cette autre dynastie amazighe était emmenée par deux authentiques chefs à la personnalité exceptionnelle que sont Muhammad Ibn Tumart et Abdelmoumène Ibn Ali el Koumi.

    Une jeunesse entièrement consacrée aux études

    De son vrai nom, Abou Abdellah Muhammad Ibn Abdallah, Ibn Tumart est né dans un petit village appelé Igilli, situé dans les montagnes du Haut Atlas marocain, entre les années 1078 et 1081. Dès son jeune âge, il se distingua par son amour de la religion, sa piété et son zèle à l’égard de l’Islam. Il aimait par-dessus tout l’étude et recherchait la science. Après avoir épuisé tous les livres de la mosquée du village, il entreprend le voyage de tout étudiant de l’époque, vers l’Orient. Mais avant cela, il s’arrêta à Marrakech puis à Cordoue. Là, il se serait initié aux écrits du théologien et grand savant cordouan, Ibn Hazm (mort en 1064) et de là-bas, il embarqua vers Alexandrie le grand port égyptien. Il accomplit, ensuite, le pèlerinage à La Mecque et à Médine où il s’y attarda pour acquérir davantage de savoir. Ensuite, direction la Syrie puis l’Irak. Dans la grande capitale de l’Islam et ville intellectuelle de premier ordre qu’est Baghdad, il se mit à étudier les sources du droit ou (fiqh), et il est fort probable qu’il ait rencontré le célèbre penseur du soufisme et renommé philosophe musulman Al Ghazali (mort en 1111). Dans l’atmosphère intellectuelle de la brillante métropole abbasside, il en profita pour s’imprégner de la théologie d’ Al Acha’ri, autre grand philosophe soufi.

    Vers l’instauration d’une réforme rigoureuse

    Plus tard, probablement vers 1116, Ibn Tumart entreprit de retourner au Maghreb, plein d’un projet de réforme de la société et, joignant le geste à la parole, tout au long de son long périple, il se distingua par une rigueur extrème dans ses interventions quotidiennes pour changer l’état des choses, provoquant des incidents continuels et s’attirant l’inimité des gouverneurs des contrées qu’il devait traverser en direction du Maroc.

    Muhammed Ibn Tumert se faisait souvent remarquer par sa fougue et son éloquence. Partout où il passait, il recommandait le bien et luttait contre le mal. C’était le fondement de sa doctrine, mais elle lui causera beaucoup de problèmes. Il était à chaque fois menacé et chassé des villes où il passait, accusé de troubler l’ordre public. Lui, se concevait comme un théologien, un homme de religion, donc un prédicateur. Et c’est dans le but de réformer les mœurs et de changer l’ordre établi qu’il prônait sa nouvelle doctrine.

    Arrivé au Maghreb central (dans les limites de l’Algérie actuelle), aux environs de la capitale hammadite, Béjaïa, il fit la rencontre d’un jeune homme vigoureux et plein d’enthousiasme et qui se dirigeait, lui aussi, vers l’Orient musulman pour suivre ses études. Ce jeune étudiant n’était autre que le futur fondateur (avec Ibn Tumart) de la dynastie almohade, Abdelmoumène Ibn Ali el Koumi, originaire de la région de Nedromah (Tlemcen).

    Les deux compagnons se lièrent d’une amitié forte et durable qui ne se démentit jamais. Ibn Tumart parvint à convaincre son jeune ami de rebrousser chemin vers le Maroc lui promettant de lui transmettre toutes ses connaissances sans avoir à effectuer le long déplacement vers les centres culturels de la péninsule Arabique.

    La morale rigoriste d’Ibn Tumart, qui consistait à condamner énergiquement toutes les distractions de la vie terrestre, comme la danse et la musique, plut énormément au futur sultan almohade.

    Cette morale, tout en réaffirmant le principe de l’unicité de Dieu – tawhid — refusait les anthropomorphismes – ou tajssim—et Ibn Tumart suivait une méthode originale pour répandre ses idées et sa doctrine au milieu des populations berbères incultes, en prêchant dans leur langue, justement, et en rédigeant de petits opuscules en langue amazighe pour qu’ils soient parfaitement compris par ses disciples, Et-tawhid, El-aquida, El-mourchida sont écrits en berbère et en arabe à la fois, ce qui était très lucide de la part de leur auteur.

    Premières confrontations avec les Almoravides

    En 1120 – Ibn umart devait avoir environ une quarantaine d’années —, il parvint dans la belle capitale almoravide, Marrakech, où il ne tarda pas à se heurter aux notables locaux auxquels déplaisaient ses attaques en règle contre leur façon de vivre et leurs mœurs. On sait que le but des Almoravides, quand ils fondirent leur royaume, au siècle précédent, était de «purger» le Maghreb et ensuite l’Andalousie, des hérésies qui les affectaient et de reconstituer l’unité des pays de l’Islam. Le puritanisme des premiers fondateurs de la dynastie almoravide disparaîtra au cours du règne de leurs successeurs. Ceux-ci vont rapidement être coupés de leurs sujets, occupés à profiter des délices de Cordoue et de Marrakech. Ils iront même jusqu’à s’entourer d’une milice chrétienne pour lever des impôts non musulmans.
    Ayant rencontré une opposition farouche, Ibn Tumart résolut de se réfugier, en 1121, dans les hautes et imprenables montagnes de la région du Sous, dans l’Atlas marocain, parmi les tribus frustes et crédules mais à l’esprit pur et à l’âme naive et prêts à accepter ses idées,d’autant plus que ces habitants avaient beaucoup de ressentiments et de reproches à formuler contre les gouverneurs almoravides indolents et oppresseurs

    Le mouvement et son action réformatrice en marche

    Dans ces hautes terres au milieu des hommes libres et frustes, Ibn Tumart reprit une tradition chiite en professant qu’il était le «mahdi» que tout le monde attendait et qu’il n’était autre que ce célèbre imam venu pour purifier la société en combattant le mal et toutes les formes de déviations que la religion islamque interdisait formellement.

    Cette autoproclamation s’est faite dans son village natal, Igilli, où sa tribu et ses compagnons lui prêtèrent serment de fidélité très vite suivis par celui des tribus voisines. Ibn Tumart réussit à unir les habitants de ces contrées sous son autorité en mettant en place une organisation solide sous forme d’assemblées pyramidales. Elle se basait sur une assemblée restreinte réunissant une dizaine de proches appelés «ahl ad’dar» ou gens de la maison. Lui succédent un conseil, le conseil des dix, ensuite le conseil des cinquante, représentatif des principales tribus, le tout calqué sur le modèle des assemblées locales de notables des tribus amazighes que tout le monde connaissait bien.

    A tous, Ibn Tumart imposa une application rigoureuse des pratiques religieuses et des rites islamiques sans concession aucune, en joignant l’exemple. Il mit en place un système économique solide, et encouragea l’enseignement. Il disait que la science de Dieu ne devait pas être réservée aux seuls savants, mais qu’elle devait être offerte à tout le monde.

    Il était incontestable que l’autorité qu’Ibn T umart exercait était réelle et reconnue de tous. Son statut de «mahdi», infaillible et juste, lui permettait de se faire obéir sans aucune difficulté, sachant qu’il jouissait d’une vaste et solide culture.

    Il constitua une armée, résolu à en finir avec les Almoravides et à ériger un Etat nouveau et solide, mais sentant le danger, ses ennemis attaquèrent le village de Tinmel où il se trouvait. Il furent battus et durent se replier dans les fortifications de leur capitale, Marrakech, qui fut assiégée mais qui résista longtemps .

    Quatre mois après ces événements, Ibn Tumart mourut (1130) et Abdelmoumène,qui était un étranger chez ces montagnards du Sous, cacha sa mort pendant deux ans jusqu’à ce qu’il parvienne à obtenir le ralliement de toutes les tribus et que son influence personnelle soit établie.

    Vers la fondation d’un grand royaume

    L’état almohade n’était pas encore véritablement constitué, il le sera une vingtaine d’années plus tard et englobera tout le Maghreb et l’Andalousie pendant près d’un siècle et demi. Mais, l’action principale d’Ibn Tumert au Maghreb, aura incontestablement été de réveiller la pensée musulmane de sa léthargie de l’époque.

    Abdul Moumen succéda à Ibn Tumert et jeta les bases du nouvel Etat. Il organisa le pays et le dota de moyens militaires dont une flotte considérable. Ainsi, les Almohades (Al Mouahidoun) succédèrent aux Almoravides de 1147 à 1269 et ils furentt aussi des défenseurs de la pure tradition islamique. Cependant, les luttes de succession vont provoquer l’effondrement de l’empire almohade dans le siècle suivant.

    Les chrétiens d’Espagne, toujours à l’affût, n’attendaient, comme on s’en doutait, que la première occasion pour fondre sur les musulmans afin de reprendre leurs terres. Dès le déclin des successeurs du grand sultan, les chrétiens relancèrent les attaques contres les territoires musulmans de l’Andalousie. Leurs victoires se succèdèrent face à des princes versés dans la dépravation, le jeu, les plaisirs de cour et dans l’insouciance totale, oubliant le danger extérieur sans cesse menaçant et dressé juste devant leurs portes.
    Quoi qu’il en soit, les Almohades firent face avec beaucoup de succès à la Reconquista déclenchée par les rois chrétiens et la papauté en retardant la chute de l’Espagne musulmane de plusieurs dizaines d’années encore.

    Par Mihoubi Rachid, La nouvelle République

  • #2
    Exceptionnelle trajectoire d'Ibn Tumart parti de rien, juste sa foi et un projet de société, pour arriver à lancer par la suite, grâce à Abdelmoumen Lkoumi (de la tribu berbère koumia de la région de Nédroma) une dynastie qui a rayonné sur toute l'Afrique du nord et l'Andalousie.

    Je suis allé par deux fois à Tinmel, là où la conquête de Marrakech avait commencé. C'est une mosquée située dans le Haut-Atlas marocain. Impressionnat endroit et, surtout, une architecture d'une simplicité et d'une beauté à faire revenir sur terre le Mahdi...
    Bon, je ne suis pas adepte de la doctrine rigide des almohades mais c'est l'une des plus grandes dynasties berbères en Afrique du nord qui a légué des architectures typiques telle la merveilleuse mosquée Koutoubia, commencée par les almoravides et achevée par Abdelmoumen.
    L'un des signes distinctifs de l'architecture almohade: la conque visible dans les moindres recoins.
    Cette partie de l'histoire médiévale de nos contrées m'a toujours fasciné de par sa richesse aussi bien culturelle que philosophique et sociale.
    Et que toujours mon nom de bronze/puisse toucher ses mille doigts/qu'enfin je sois fixé comme une galaxie/et ma mémoire gardée/dans ses cieux secrets et fragiles(Léonard Cohen)

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    • #3
      A cette époque, la dynastie berbèro-musulmane
      je me suis arrete la. Quel non-sens.. melanger ethnie et religion..
      je veux plus lire la suite.

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      • #4
        En quoi est-ce génant Maverick? Cette dynastie était bien autochtone, non? À l'instar des dynasties Almoravide, Ziride, Hammadite, Mérinide...
        Et que toujours mon nom de bronze/puisse toucher ses mille doigts/qu'enfin je sois fixé comme une galaxie/et ma mémoire gardée/dans ses cieux secrets et fragiles(Léonard Cohen)

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        • #5
          En quoi est-ce génant Maverick? Cette dynastie était bien autochtone, non? À l'instar des dynasties Almoravide, Ziride, Hammadite, Mérinide...
          rien de genant... simple contre pied. Excusez moi.
          C'est qu'on voit tellement de choses bizares ... qu'on reagit vite parfois.

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          • #6
            L'auteur semble faire l'eloge de Ibn Toumert meme pour l'histoire du Mahdi .. qu'il fait passer le plus normalement du monde.
            ..
            mais ce qui me fait sauter le plus c'est :

            Les chrétiens d’Espagne, toujours à l’affût, n’attendaient, comme on s’en doutait, que la première occasion pour fondre sur les musulmans afin de reprendre leurs terres.
            Les musulmans qui etaient en espagne, etaient ...des "espagnols",c'etait leurs terre. Sans parler des musulmans venus d'ailleurs, les espagnols etaient islamises et avaient des terres.
            La liquidation ethnique apres la reconquista a ete faite par les gens de la meme 'race'.
            C'est un fait historique extremement important.

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