Le retour des immigrés algériens a été relaté dans un article du Monde que je vous invite à lire . Est ce ainsi que cela se déroule, le récit est il conforme à la réalité et aux attentes qui y sont exprimés?
ls sont 250 000, chaque été, à faire la traversée Marseille-Alger, et presque autant à rejoindre Oran à partir d'Alicante, en Espagne. De ce voyage, ils se sont fait une joie toute l'année. Et puis, au fur et à mesure que le jour du départ a approché, la tension a monté. Il y a eu les courses à faire. La tradition, c'est de rentrer au bled avec des cadeaux pour tout le monde. Ensuite, il a fallu charger la voiture. A craquer. Le toit surtout. Puis faire la descente sur Marseille. Interminable, dans un espace réduit au minimum.
(...) Mais le pire est à venir. Avoir réservé des couchettes, des mois auparavant, n'est pas une garantie. Le bateau est surbooké. Beaucoup se retrouvent avec un simple fauteuil et s'en aperçoivent en recevant leur carte d'embarquement. Dur, pour une traversée qui dure une après-midi et une nuit entières. "Chaque année c'est pareil : un "bifton" suffit souvent à arranger les choses, comme par miracle", disent-ils, furieux.
(...) A bord, le personnel tente de contrôler la situation. Dans la chaleur pesante de ce samedi d'été, ils sont 1 200 passagers sur le Tariq , ferry en service depuis une dizaine d'années. La plupart sont des binationaux. Tous sont des habitués de ce bateau. "On s'arrange chaque année pour prendre le Tariq . On l'aime bien, on s'y sent chez nous", disent-ils, unanimes.
Ceux qui sont venus sans voiture ont l'impression de faire une croisière. Les autres ont un souci en tête : l'arrivée à Alger, les contrôles de police et de douane.
Le choc des cultures commence là, dans ce que les immigrés appellent la "désorganisation" algérienne. Eux ont pris la mentalité française. Ils savent ce qu'est la discipline. Sur le bateau, puis en Algérie, ils découvrent tout autre chose et ça crée quelques tensions", explique en souriant le responsable de la classe économique.
Abdel, 26 ans, cheveux longs bouclés, bermuda et tongs, rentre d'un stage en Australie. En août, il se rendra à Saint-Barthélemy, aux Antilles. Pour l'heure, tout l'énerve, et d'abord les toilettes du bateau. "Elles se transforment en pataugeoires avant même le départ à cause des ablutions [lors des prières] des passagers" , déplore-t-il
Si c'était lui * il est étudiant en management en France *, il organiserait les choses autrement. "Il suffirait de faire passer des femmes de ménage avec une serpillière toutes les demi-heures ! Il faudrait surtout qu'on impose des règles à tout le monde et qu'elles soient respectées. Sous prétexte qu'ils se connaissent, les Algériens veulent toujours s'arranger entre eux. Ce n'est pas la solution ! Regardez les Tunisiens : ils sont capables de faire la queue. Les Algériens, jamais !"
(...) D'une année sur l'autre, la jeune femme remarque des changements en Algérie. Les mentalités évoluent, dit-elle. "A moins que ce soit moi qui me sente plus à l'aise là-bas, ce que je n'étais pas pendant mon adolescence" , précise-t-elle, pensive. Il lui semble, par exemple, que, sur la plage, "les types regardent un peu moins les filles comme des bêtes !" . Seul, son jeune frère de 19 ans a refusé, cette année, de faire le déplacement. "Il n'aime pas les gars de là-bas. Il ne supporte pas leur mentalité. Il n'aime pas non plus les filles [d'Algérie]. Il dit qu'elles "s'accrochent" ! ", raconte-t-elle en riant.
(...) Cela fait vingt-sept ans que ce binational habite Liège. Et vingt-sept ans que Tipaza lui manque. Il reviendra y vivre quand il sera à la retraite. Pourtant, il s'exaspère, lui aussi, de l'"inorganisation" en Algérie. Mais en Belgique, on le regarde comme un étranger, pendant les repas par exemple. "Je ne bois pas d'alcool et je ne mange pas de porc. Quand mes collègues s'en aperçoivent à table, je sais ce qu'ils pensent : "Comment ? Tu es chez nous et tu ne manges pas comme nous ?"."
Sa réussite, dit-il, est d'avoir habitué ses enfants aux deux cultures. "Ils sont belges en Belgique et algériens en Algérie !" , affirme-t-il fièrement. L'un de ses fils intervient alors doucement : "Non, papa, ce n'est pas tout à fait cela. Moi, je me sens belge en Algérie et algérien en Belgique !"
Sur le ferry des vacances, joie et peurs accompagnent les immigrés algériens
(...) Mais le pire est à venir. Avoir réservé des couchettes, des mois auparavant, n'est pas une garantie. Le bateau est surbooké. Beaucoup se retrouvent avec un simple fauteuil et s'en aperçoivent en recevant leur carte d'embarquement. Dur, pour une traversée qui dure une après-midi et une nuit entières. "Chaque année c'est pareil : un "bifton" suffit souvent à arranger les choses, comme par miracle", disent-ils, furieux.
(...) A bord, le personnel tente de contrôler la situation. Dans la chaleur pesante de ce samedi d'été, ils sont 1 200 passagers sur le Tariq , ferry en service depuis une dizaine d'années. La plupart sont des binationaux. Tous sont des habitués de ce bateau. "On s'arrange chaque année pour prendre le Tariq . On l'aime bien, on s'y sent chez nous", disent-ils, unanimes.
Ceux qui sont venus sans voiture ont l'impression de faire une croisière. Les autres ont un souci en tête : l'arrivée à Alger, les contrôles de police et de douane.
Le choc des cultures commence là, dans ce que les immigrés appellent la "désorganisation" algérienne. Eux ont pris la mentalité française. Ils savent ce qu'est la discipline. Sur le bateau, puis en Algérie, ils découvrent tout autre chose et ça crée quelques tensions", explique en souriant le responsable de la classe économique.
Abdel, 26 ans, cheveux longs bouclés, bermuda et tongs, rentre d'un stage en Australie. En août, il se rendra à Saint-Barthélemy, aux Antilles. Pour l'heure, tout l'énerve, et d'abord les toilettes du bateau. "Elles se transforment en pataugeoires avant même le départ à cause des ablutions [lors des prières] des passagers" , déplore-t-il
Si c'était lui * il est étudiant en management en France *, il organiserait les choses autrement. "Il suffirait de faire passer des femmes de ménage avec une serpillière toutes les demi-heures ! Il faudrait surtout qu'on impose des règles à tout le monde et qu'elles soient respectées. Sous prétexte qu'ils se connaissent, les Algériens veulent toujours s'arranger entre eux. Ce n'est pas la solution ! Regardez les Tunisiens : ils sont capables de faire la queue. Les Algériens, jamais !"
(...) D'une année sur l'autre, la jeune femme remarque des changements en Algérie. Les mentalités évoluent, dit-elle. "A moins que ce soit moi qui me sente plus à l'aise là-bas, ce que je n'étais pas pendant mon adolescence" , précise-t-elle, pensive. Il lui semble, par exemple, que, sur la plage, "les types regardent un peu moins les filles comme des bêtes !" . Seul, son jeune frère de 19 ans a refusé, cette année, de faire le déplacement. "Il n'aime pas les gars de là-bas. Il ne supporte pas leur mentalité. Il n'aime pas non plus les filles [d'Algérie]. Il dit qu'elles "s'accrochent" ! ", raconte-t-elle en riant.
(...) Cela fait vingt-sept ans que ce binational habite Liège. Et vingt-sept ans que Tipaza lui manque. Il reviendra y vivre quand il sera à la retraite. Pourtant, il s'exaspère, lui aussi, de l'"inorganisation" en Algérie. Mais en Belgique, on le regarde comme un étranger, pendant les repas par exemple. "Je ne bois pas d'alcool et je ne mange pas de porc. Quand mes collègues s'en aperçoivent à table, je sais ce qu'ils pensent : "Comment ? Tu es chez nous et tu ne manges pas comme nous ?"."
Sa réussite, dit-il, est d'avoir habitué ses enfants aux deux cultures. "Ils sont belges en Belgique et algériens en Algérie !" , affirme-t-il fièrement. L'un de ses fils intervient alors doucement : "Non, papa, ce n'est pas tout à fait cela. Moi, je me sens belge en Algérie et algérien en Belgique !"
Sur le ferry des vacances, joie et peurs accompagnent les immigrés algériens
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