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Effacement de dettes de certains journaux privés en Algérie

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  • Effacement de dettes de certains journaux privés en Algérie

    En Algérie, qui s’endette s’enrichit

    Voilà qui siérait comme une maxime bien pensée à la décision gouvernementale d’éponger les dettes de certains éditeurs privés. D’où vient que l’Etat déborde ainsi de générosité et pourquoi seulement à l’endroit de certains éditeurs privés ?

    Le ministre de la Communication, Abderrachid Boukerzaza, qui a annoncé cette mesure mercredi soir, s’est bien gardé de révéler le nombre des bénéficiaires et les critères qui ont prévalu ou qui prévaudront à leur choix. Il a juste donné à savoir que le montant de ces dettes s’élève à 2,5 milliards de dinars.

    L’Etat, donc, puisera directement dans les deniers publics pas moins de 250 milliards de centimes pour payer les dettes de certaines entreprises de droit privé. Le ministre de la Communication intitule ce procédé «assainissement des dettes, selon les règles de la commercialité».

    Mais les règles de la commercialité sont-elles véritablement respectées dans pareille intervention de l’Etat ? La première question qui se pose est d’abord de savoir si l’argent public pouvait ainsi être dépensé dans une opération de sauvetage ou de secours d’une entreprise de droit privé, quand bien même elle serait une entreprise de presse.

    Car la décision gouvernementale d’éponger les dettes de certains journaux privés traduit une aide directe de l’Etat à des entreprises privées. Les aides indirectes à la presse, qui ont cours un peu partout dans le monde, interviennent selon des mécanismes bien établis, transparents et qui profitent à l’ensemble du secteur. Ce n’est évidemment pas le cas avec cette mesure gouvernementale. Celle-ci profitera, directement, à seulement certains éditeurs privés.

    Elle défie, ce faisant, la plus élémentaire des règles de la commercialité. En effet, en intervenant ainsi, l’Etat, censé jouer un rôle régulateur, écorne gravement les règles de la concurrence. C’est carrément l’équivalent du dumping que l’Etat opère dans le secteur de la communication, puisque sa décision exonère certaines entreprises des charges que d’autres doivent supporter. On en vient logiquement à la question de savoir à qui bénéficiera cette inédite générosité de l’Etat.

    Le ministre de la Communication n’a soufflé mot. Une opacité qui, normalement, ne devrait pas être de mise d’autant qu’elle accompagne une aussi lourde décision. Boukerzaza aurait été mieux inspiré dans son effort de communication de souligner le nombre et les identités des titres éligibles à cette commisération de l’Etat. Mais aussi d’indiquer clairement qui doit quoi, combien et à qui. S’il connaît le montant global des dettes cumulées par certains éditeurs privés, le ministre de la Communication devra nécessairement en connaître le détail. De surcroît un audit et une expertise financière et économique ont été réalisés par Saïd Messahli. Mais, visiblement, l’affichage d’une situation telle que celle liée à la dette des journaux relève de la décision politique. Une décision que le ministre de la Communication n’a pas osé prendre mercredi lorsqu’il a annoncé l’épongement des dettes de certains journaux.

    Mais si le département de la Communication se retient de livrer une information l’intéressant en premier chef, d’autres, peut-être, entreprendront de le faire à sa place. Il y a nécessité à le faire, puisque, en grande partie, cette situation d’extrême confusion est l’œuvre des pouvoirs publics, qui ont échafaudé ce système où les éditeurs de journaux sont tenus entre les deux mâchoires d’une tenaille : l’Anep et les imprimeurs. L’Anep ne paie pas les journaux qu’elle gratifie d’encarts publicitaires et les journaux ne paient pas, à leur tour, les imprimeurs. On le sait.

    Mais ce qui ne se comprend pas, c’est comment les imprimeurs, qui par le passé, ont suspendu l’impression de journaux pour des impayés à échéance, se sont tus et ont laissé les créances de certains de leurs clients s’élever à un montant de 250 milliards de centimes. Il y a certainement dans cela plutôt du politique que du commercial. Cela aussi tout le monde le sait. Le pourquoi aussi.

    Serait-on dans ce même «pourquoi» avec cet épongement de dettes décidé ? Possible, à moins que le ministre de la Communication s’est précipité de mettre le nouveau chef du gouvernement devant le fait accompli en annonçant l’accomplissement de ce qui a été retenu du temps de Belkhadem. Mais alors, pourquoi ?

    Par Le Soir
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