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Ronde de nuit avec les policiers de Bouira

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  • Ronde de nuit avec les policiers de Bouira

    Il était environ 20h lorsque nous sommes arrivés au commissariat central de la ville de Bouira. A l’intérieur, le visiteur est aussitôt saisi par l’état de conservation des lieux. Des bâtiments flambant neufs, des espaces verts et de la verdure partout.

    Une grande allée bitumée donne sur la cour du commissariat central. Au milieu de la cour où se trouvent stationnés de nombreux véhicules bleus, une quarantaine de policiers en uniformes sont rassemblés. “La discipline est le point fort de ce commissariat”, nous explique un policier en faction, posté juste devant le portail de l’entrée. Quelques minutes se sont écoulées depuis notre arrivée et les confrères de la presse arabophone et francophone commencent à arriver par groupe de deux parfois à trois. Les journalistes étaient invités, en cette soirée de jeudi, à prendre part à une virée nocturne avec les unités mobiles de police. Un rituel qui revient chaque année à la veille de la fête de la Police. A peine réunis, un officier nous conduit dans un bureau situé au premier étage. Après avoir fait connaissance et échangé quelques mots, il nous convie au messe des officiers où des boissons fraîches ont été servies. Pendant ce temps, les policiers s’activent dehors en prévision du départ de la mission. A notre sortie, les équipes de patrouille sont déjà mis en place et attendent que nous montions à bord des 4x4 et autres véhicules requisionnés pour la mission. Et c’est l’officier qui nous accompagne qui installe chacun de nous dans un véhicule de patrouille. 20h50 : le coup de départ de la mission est donné et c’est deux véhicules tout terrain de la PJ qui quittent en premier le commissariat. Ensuite c’est autour des autres véhicules de partir. L’équipe que nous accompagnons, ce soir, est composée de deux véhicules : Un véhicule utilitaire ainsi qu’une Golf à bord de laquelle ont pris place avec nous, trois policiers. Nous quittons le commissariat à 20h54 et nous nous dirigeons vers le centre-ville. Nous arpentons une ruelle qui donne sur le boulevard Zighout-Youcef. Dehors, la rue était plutôt animée. Beaucoup de familles sortent se promener le soir. Ce jour-là, il faisait frais et toutes les ruelles et rues de Bouira étaient éclairées. La patrouille venait juste d’aborder le boulevard quand le talkie walkie de l’officier commença à grésiller. Un appel de la Centrale signale un incident du côté de quartier de Gouizi Said. “Jet de pierre sur la maison de la culture du côté du quartier Gouizi”, signale la radio. L’officier Brahim demande au chauffeur de se diriger sur les lieux de l’incident. C’est parti pour la première intervention de la soirée. La patrouille qui jusque là roulait à allure réduite accélère tout d’un coup. Il a fallu 5 minutes aux policiers pour atteindre le quartier. Ce dernier est constitué d’un bidonville géant situé au milieu de la ville, ghettos que le nouveau wali vient tout récemment de raser. Sur place, des dizaines d’habitants du quartier sont attroupés. Les policiers descendent alors de leur véhicule. L’officier et son adjoint demandent aux policiers de se positionner pour bien quadriller les lieux. Un homme se trouve adossé au mur de la maison de la culture. Le coin était sombre. Trois policiers s’approchent alors de lui. Il criait à haute voix : “ardhi, ardhi”, expression qui veut “ma terre“ en français. L’homme est vraisemblablement ivre mort. L’officier nous invite à se rapprocher un peu plus. Les policiers tentent de ramener l’homme qui était en compagnie de son frère à la raison. Mais il ne voulait rien savoir et commence à crier et à injurier les policiers.

    Les policiers face à des situations délicates

    Après quelques minutes, les policiers lui passent les menottes et le conduisent dans le fourgon cellulaire. L’homme tente, tant bien que mal, de résister à son arrestation. Les véhicules se dirigent vers le commissariat. “Suspect arrêté, intervention terminée”, communique par radio l’officier Brahim. Arrivés au siège de la Sûreté, l’ivrogne est directement conduit dans une grande salle située au rez-de-chaussée. Les policiers l’assoit sur une chaise et discutent gentiment avec lui. Le gars, lui, continue à pousser des cris stridents en proférant au passage toutes sorte d’injures et des menaces. “Enlève ta main, je vais t’égorger”, lançait-il à l’adresse des policiers. Ces derniers essayent calemement de le raisonner. L’homme se calme un petit instant, il veut qu’on lui ôte ses menottes. “Cette situation peut durer des heures et des heures et ce, jusqu’au matin. Nous essayons de les traiter de la meilleure des façons” dira un policier.

    Selon les officiers présents, cet individu en état d’ivresse, en plus de la dégradation des biens de l’Etat, faisait du tapage nocturne. “Il faut d’abord le calmer avant de l’emmener à l’hôpital pour un examen médical et ce suivant la procédure habituelle”, nous explique l’officier Brahim. Après s’être un tout petit peu calmé, l’homme commence à nouveau à s’irriter au moment de son transfert vers l’hôpital. Et c’est à cet instant que l’officier intervient en intimant au prévenu de se calmer et de monter à bord du fourgon. Première fois depuis le début de la soirée que les policiers ont agi de la sorte en haussant le ton. “Il faut parfois lui montrer qu’on est présents et que c’est nous qui contrôlons la situation”, explique l’officier. Quelques minutes de route et nous voila à l’intérieur de l’hôpital Mohamed-Boudiaf. La personne est directement conduite au service des urgences où attendaient déjà plusieurs patients. Aidés par un infirmier, les policiers l’installent sur un brancard pour que le médecin puisse l’examiner après lui avoir ôter les menottes. Mais dès que ce dernier s’approche de la personne, il commence à gesticuler et à se débattre. Au moment où le médecin commence à l’ausculter, un tonnerre d’injures retentit dans la salle de soin. La visite médicale terminée, le médecin délivre à la police un certificat médical et paraphe certains documents et ce, suivant la procédure légale. L’agitateur est reconduit à l’intérieur du fourgon sous les regards du personnel hospitalier et des patients intrigués. Arrivé au commissariat, il sera mis en cellule pour dégrisement.

    Ivresse publique manifeste, disputes familiales : des cas fréquents

    Dans la cour du commissariat, nous entamons une longue discussion avec l’officier chargé de la permanence. Ce dernier nous dira que des cas comme celui auquel nous venons d’assister sont fréquents notamment en été. “Les cas d’Ivresse publique manifeste (IPM) et les disputes familiales sont très fréquentes et plus nombreux que les accidents, vols et agressions”, expliquera-t-il. S’agissant du cas de la personne arrêtée en début de soirée, il nous fera comprendre que “sa garde à vue ressemble plutôt à une mise en cellule de dégrisement”. “Le lendemain après la dissipation de l’état d’ivresse, ajoute l’officier, la personne sera entendu et sa déposition enregistré sur un PV officiel et son cas sera examiné par la justice.” Après ce court moment de répit, la patrouille, accompagnée, cette fois, par l’officier de permanence et des services scientifiques, reprend la route en se dirigeant vers les lieux de l’incident. Sur place, les hommes en bleu inspectent minutieusement l’endroit en quête du moindre détail. A l’intérieur de la maison de la culture, beaucoup de débris de verre se trouvent par terre. Après avoir constaté les dégâts de près, des mesures des vitres cassées ont été ensuite prises par la police en attendant bien évidemment la levée du jour pour la prise des photo. Il était environ 23h05 quand nous quittons le quartier Gouizi pour aller au commissariat central. 23h10, nous montons à bord du véhicule de la police qui a repris la patrouille.

    Cette fois-ci, les véhicules contournent la ville par l’Ouest. Des appels reçus sur la fréquence radio demandent le changement des batteries. La patrouille décide alors de faire le tour des postes de police de la station SNTV, du cabinet du wali, du jardin de la ville et enfin du siège du Trésor public. A chaque halte effectuée par la patrouille, des policiers s’approchent pour recevoir des batteries neuves. Un autre saut via le siège de la sûreté et la patrouille reprend le chemin vers 00h29. La ville commençait à se vider quand nous commençons à sillonner les artères de la cité des 1100 Logements. 00h40, un appel de la Centrale annonce un incident à la Cité Ouest. Il s’agirait d’un jeune ivre qui a eu une dispute chez lui. La patrouille se dirige alors vers le quartier en question. Arrivé au niveau du bâtiment indiqué, une personne s’approche du véhicule de la police et rassure les policiers que le garçon a été maîtrisé. “Tout va bien, on vous remercie“, lance le monsieur à l’adresse des policiers.

  • #2
    Prévention prime sur la répression

    La police quitte le quartier peu après que l’officier Brahim ait confirmé l’information par radio. Une halte au barrage fixe de la police situé à la sortie ouest de la ville pour prendre des nouvelles des éléments postés au niveau du rond-point, puis un saut par l’hôpital Boudiaf et c’est reparti pour plus d’une heure de patrouille à travers les quatre coins de la ville. A ce moment de la nuit, il n’ y a pas un chat en ville exception faite de cette femme que nous avons croisée pas loin du siège de l’APC de Bouira. Les policiers semblent la connaître. Ils ralentissent pour lui demander si elle allait bien. “Elle passe la nuit dehors depuis plusieurs années. Elle refuse d’être placé en foyer d’accueil”, dira un policier.

    A 2h00 du matin, la patrouille nous raccompagne enfin au commissariat central ou quelques confrères rentrés attendaient déjà. En compagnie de deux officiers, nous discutons pendant longtemps du travail qu’effectue la police, des interventions et des risques encourus mais surtout des contraintes liées à la profession. Les missions nocturnes sont éreintantes pour les policiers, mais ce qui marque le plus c’est cette solidarité entre eux dont font preuve les hommes chargés de la voie publique. En plus de veiller au bien-être des citoyens, et assurer la sécurité de leurs biens, ils n’hésitent pas à s’investir dans les relations amicales et sociales pour éviter que des incidents n’émaillent les paisibles nuits de la ville de Bouira.

    Par La Dépêche de Kabylie

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