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Le credit crunch gagne la France

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    Le credit crunch, raréfaction soudaine du crédit, gagne la France. Pour la première fois depuis l'éclatement de la crise des subprimes, à l'été 2007, une étude statistique fait état d'une baisse marquée du volume de prêts immobiliers accordés par les banques à la suite d'une politique plus restrictive. Les crédits immobiliers ont décru de 11 % au cours des six premiers mois de l'année, selon l'Observatoire du financement des marchés résidentiels-Crédit logement. Cet institut, qui fait autorité, s'attend à une production de crédits de 153,8 milliards d'euros sur l'année, au lieu de 170 milliards en 2007.

    Le nombre de crédits immobiliers a décru de 11 % sur les six premiers mois de l'année 2008. A la suite de la crise des "subprimes", les banques se montrent plus sélectives dans leur politique de crédit. Avez-vous eu, récemment, des difficultés à obtenir un prêt immobilier, et éventuellement senti un durcissement par rapport à une précédente demande ? Racontez-nous votre expérience.

    Si les années 2001-2007 ont été caractérisées par une envolée des crédits à l'habitat (+ 100 milliards d'euros de prêts nouveaux en sept ans), le premier semestre de 2007 avait déjà été marqué par une stabilisation par rapport à 2006. Celle-ci était liée à l'attentisme des ménages avant l'élection présidentielle. La comparaison n'est donc pas faussée. Le recul au premier semestre n'en est que plus significatif.

    Pour Michel Mouillart, directeur scientifique de l'Observatoire du financement, le constat est indiscutable : la baisse du crédit au premier semestre est liée à un problème d'offre - en clair, au crédit plus rare - et non pas de demande, de la part de ménages devenus insolvables, du fait de la crise et d'une baisse de leur pouvoir d'achat. Les ménages qui empruntent pour acheter un logement sont plutôt aisés, relève l'économiste, avec un revenu annuel moyen de 54 000 euros par personne, très supérieur à la moyenne française (32 935 euros, selon l'Insee).

    En outre, les conditions de crédit ne se sont pas détériorées au premier semestre. Même si le taux moyen des prêts a dépassé 5 % en juin, il n'a que faiblement progressé sur la période. Il était de 4,67 % au premier trimestre puis de 4,68 % au deuxième trimestre, contre 4,62 % au quatrième trimestre 2007.

    Par ailleurs, la possibilité de déduire les intérêts d'emprunts de l'impôt, mise en place par le gouvernement, a plutôt amélioré la situation des emprunteurs. "Le problème n'est pas celui d'une désolvabilisation de la demande", observe M.Mouillart.

    "QUELQUE CHOSE DE NOUVEAU"

    Le scénario redouté par les économistes, inquiets pour la croissance et le finanement de l'économie, tend à se mettre en place. Fragilisées par une crise financière qui a dévoré leur capital, les banques se montrent plus sélectives dans leur politique de crédit. Des ménages pourtant solvables, qui n'auraient auparavant eu aucune difficulté pour emprunter, se voient désormais exclus du crédit.

    Comme d'autres économistes, dont Olivier Pastré, professeur à Paris-VIII, qui s'attend à "un "credit crunch" sévère", M. Mouillart s'estime d'autant plus préoccupé que la situation est inédite. " Nous sommes face à quelque chose de très nouveau, explique-t-il. D'habitude, les conditions de crédit se détérioraient et la demande fléchissait. Là, l'offre se réduit avant que la demande fléchisse. Attention à l'"effet de second tour" : lorsque la demande sera à son tour touchée, le ralentissement va s'accentuer fortement."

    Deux événements devraient contribuer, mécaniquement, à désolvabiliser une frange importante de la population. D'abord, le relèvement des taux d'emprunt, attendu à mi-août, dans la foulée de la hausse des taux de la Banque centrale européenne. Ensuite, le raccourcissement des durées d'emprunts. Leur allongement avait permis à de nombreux ménages d'emprunter au cours des dix dernières années. Selon certaines estimations, une moindre demande pourrait entraîner une baisse de 125 000 à 130 000 transactions sur un an, avec de grandes disparités d'une région à l'autre.

    Le constat dressé par l'observatoire est corroboré par les experts. David Pluchon, le président de Label Crédit, conseil en crédit, observe "que les banques exigent désormais 20 % d'apport personnel et des taux d'endettement inférieur à la norme de 33 %. La raréfaction du crédit montre que les banques anticipent une baisse des prix de l'immobilier".

    Ce constat contredit le discours des banques dont aucune ne veut dire publiquement qu'elle a sinon fermé les robinets du crédit du moins durci les conditions d'emprunt. "La production se tasse mais les volumes de crédit restent élevés, affirme une grande banque mutualiste, où les volumes de crédit ont baissé de 3 % au premier semestre. On ne parle pas de credit crunch, mais de tassement." Dans une grande banque commerciale, on assure "qu'il n'y a ni politique de resserrement de vis ni consigne générale donnée aux réseaux de freiner les crédits, dans un marché qui reste très sain". Mais on admet que "les conditions deviennent plus difficiles pour les banques, confrontées à un renchérissement du coût de leurs ressources".

    De fait, plusieurs réseaux font état d'une baisse "importante" de leur production de crédits en juin, une tendance qui se confirmerait en juillet.

    Par le Monde
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