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L’USAF, Cuba et les F-22( la riposte russe)

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  • L’USAF, Cuba et les F-22( la riposte russe)

    Les événements sont parfois bien à propos. Il y a deux jours, le 21 juillet, les Russes font dire plus ou moins discrètement qu’ils pourraient déployer, disons selon des assignations temporaires ou lors de missions en aller-retour, des bombardiers à Cuba. Il s’agit notamment de Tu-95 subsoniques et de Tu-160 supersoniques. Explication? Un retour ironique de la crise des anti-missiles en Europe («“While they are stationing missile-defense shields in Poland and the Czech Republic, our jets of far-distance strategic aviation land in Cuba,” a high-ranked source said in the interview with Izvestia.»)

    Donc, événement à propos, avec le passage du nouveau chef d’état-major de l’USAF, le général Norton Schwartz, devant le Congrès pour ses auditions de confirmation dans son nouveau poste. Schwartz remplace Moseley, l’un des deux hommes liquidés par Gates le 5 juin. Il se trouve bien un sénateur pour lui poser une question sur cette affaire de bombardiers russes. Le Daily Report de Air Force Association nous en fait rapport aujourd’hui même, dans ces termes :

    «Sen. Bill Nelson (D-Fla.) asked Gen. Norton Schwartz […] what he thought of news reports that indicated Russia might base nuclear capable bombers in Cuba if the US persists in installing a missile defense system in Eastern Europe. Schwartz said, “I would offer best military advice that we should engage the Russians not to pursue that approach.” He continued, “And if they did, I think we should stand strong and indicate that that is something that crosses a threshold, crosses a red line for the United States of America.”»

    Cette affaire de “menace” russe de déployer des bombardiers à capacité nucléaire à Cuba, c’est un problème pour Gates dans sa querelle avec l’USAF. Gates pilonne l’USAF depuis des mois parce qu’elle ne fournit pas assez d’effort en Afghanistan et qu’elle pense trop aux guerres conventionnelles et aux scénarios de guerres conventionnelles du futur. Cette affaire de déploiement possible de bombardiers russes est un rappel tonitruant, avec souvenir de la crise de Cuba de 1962 à la clef, de l’existence de “menaces” de type conventionnel pour la forme de la guerre. Pas étonnant que Schwartz dise toute son inquiétude qui va dans le sens des préoccupations de l’USAF.

    Au reste, ce Schwartz n’est-il pas un faux-frère? Il a été choisi par Gates pour démarquer l’USAF de la ligne Moseley, lequel appuyait trop sur la guerre conventionnelle pour mieux plaider en faveur du F-22. (Ce fut la cause principale du limogeage de Moseley : l’ancien CEM de l’USAF en prenait un peu trop à son aise pour aller plaider au Congrès en faveur de plus de F-22 pour l’USAF.) Cette affaire cubaine ne viendrait-elle pas comme un argument pour ceux qui veulent plus de F-22 pour l’USAF? La dramatisation de l’affaire russo-cubaine par Schwartz pourrait le faire penser.

    …Elle pourrait d’autant plus le faire penser que, par ailleurs dans son audition, Schwartz en vient à recommander plus de F-22 que les 183 actuellement produits (chiffre que Gates juge tout à fait suffisant). Certes, Schwartz ne juge pas qu’il en faille 381 (chiffre voulu par Moseley) mais il lui semble qu’il faut garder la chaine ouverte en attendant que lui-même détermine combien de F-22 supplémentaires il juge nécessaire pour la bonne santé de l’USAF. (En plus, il demande plus d’argent pour acheter plus vite des JSF, pour combler les trous dans l’effectif des forces de combat de l’USAF… Cette fois, peut-être fait-il plaisir à Gates pour l’avion, puisque le F-35 est assez bien goûté par le secrétaire à la défense, mais moins pour le budget, qu’on chercherait plutôt à baisser qu’à augmenter par les temps qui courent.)

    «Gen. Norton Schwartz, [...] said that he thinks the F-22 should be kept in production … for now. Offering his “personal opinion” to Senate Armed Services Committee chairman Sen. Carl Levin (D-Mich.), Schwartz said that the Pentagon’s preferred number of 183 F-22s should not be “the ceiling,” but added that he believes the long-held Air Force requirement for 381 Raptors is “too high.” Schwartz said he will “delve deeply into the analysis” of F-22 requirements if he is confirmed, and “come back with my best recommendation” to the committee as to the appropriate overall production level for the fighter. He said the aircraft is “essential” to the Air Force’s ability to penetrate and defeat enemy integrated air defenses and to achieve mastery of the air over modern foreign fighters. Schwartz also said the Air Force needs to pump up production of the F-35 from a budgeted 48 per year to 110 or more to offset the rapid aging of the fighter force.»
    Dernière modification par nacer-eddine06, 24 juillet 2008, 00h46.
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

  • #2
    Comme au bon vieux temps…

    24 juillet 2008 — Est-ce qu’on fleure le parfum enivrant de la crise stratégique, la vraie de vraie? L’affaire des bombardiers russes (à capacité nucléaire) effectuant éventuellement des déploiements temporaires à Cuba provoque quelque agitation à Washington. On a vu hier une première réaction officielle, celle du nouveau chef d’état-major de l’USAF. Hier encore, Martin Sieff, de UPI, évoque cette réaction et, d’une façon plus générale, le climat à Washington devant cette possibilité. Il résume de cette façon les tenants et aboutissants de cette affaire, et la mesure où elle pourrait être pris avec sérieux par Washington.

    «Nevertheless, the very possibility that Russia would deploy first-line strategic weapons systems capable of delivering nuclear weapons to the U.S. homeland from bases in Cuba, only 90 miles from the coast of Florida, would throw the entire strategic calculus of successive U.S. governments – Republican and Democrat alike – into complete disarray.

    »Such a possibility has never been seriously threatened in the 46 years since the world came closer than ever before or since in its history to all-out thermonuclear war in the 1962 Cuban Missile Crisis.

    »Then U.S. President John F. Kennedy and Soviet Premier Nikita Khrushchev reached a deal whereby the successive U.S. administrations left communist Cuba alone and in return the Soviets refrained from basing any offensive nuclear weapons systems or offensive weapons capable of delivering nuclear warheads to the U.S. mainland on the island.

    »But all of a sudden this cornerstone agreement of Cold War and post-Cold War stability and security looks as if it might disappear overnight.»

    Comme d’habitude, l’hystérie n’est pas loin. On sait que c’est une marque de fabrique de l’américanisme, donc cette proximité ne peut surprendre. Il faut en effet une dose d’hystérie, par ailleurs assez courante, pour voir s’esquisser une mobilisation pour une “menace” de la sorte, – une hypothèse officieuse retransmise d’une façon anonyme et démentie par les voies officielles russes. Qu’on juge de la consistance, pour le moment, du projet russe de déploiement des bombardiers:

    « The story broke Monday this week when the Russian newspaper Izvestia, citing what it described as “a high placed source” in the Russian government… […] It should be noted the Russian government has carefully sought to avoid making any open threat or incendiary comments about the potential threat and it has carefully avoided being drawn out on the issue. The Defense Ministry in Moscow issued a statement saying the Izvestia story was palpably false and that it was even written under a pseudonym and quoted a non-existent organization among its sources.»

    Au reste, les Russes semblent avoir compris comment fonctionnent les Américains. Ils en rajoutent une couche avec des nouvelles concernant une autre idée, – celle d’installer, ou plutôt de réinstaller une station d’écoute à Cuba, – par le biais d’un expert sans la moindre responsabilité gouvernementale. Des démentis concernant les bombardiers continuent à être diffusés, mais dont on ne sait pas sur quoi ils portent exactement. On ignore si tout cela fait partie d’une “offensive” concertée, — “offensive” typique de communication, à une époque où la communication constitue la force principale, sinon des armées dans tous les cas des nations. (Son efficacité est telle qu’il y a de bonnes chances pour que, justement, la chose n’ait pas été concertée… C’est en général de cette façon que les meilleures choses se font.)

    Quoi qu’il en soit, l’ensemble de cette “offensive”, concertée ou pas, et plutôt “contre-offensive” dans ce cas, devrait servir comme modèle de ce type d’action pour les Russes face aux pressions des USA sur leurs propres frontières (anti-missiles). Il y a longtemps qu’on observe l’évidence d’une dissymétrie géopolitique majeure entre les USA et la Russie, notamment dans l’affaire des anti-missiles (si l’on veut bien faire abstraction des billevesées concernant la menace balistique de l’Iran ). L’argument est connu: que diraient les USA si les Russes déployaient des anti-missiles au Mexique? Eh bien, on pourrait avoir un début de réponse, dans l’esprit de la chose dans tous les cas.


    Incursion stratégique
    La façon dont Martin Sieff présente les réflexions en cours à Washington devant un possible déploiement de bombardiers à Cuba rend bien compte de la question fondamentale qu’on trouve derrière cette hypothèse. Il est vrai que ce serait une rupture de l’accord informel entre Kennedy et Krouchtchev de 1962 (pas d’armes russes offensives à Cuba en échange de l’engagement US de ne pas attaquer l’île.) Même le déploiement d’une base d’écoute électronique alors que les Russes avaient conservé cette base jusqu’en 2001, constituerait une rupture de l’“esprit” de l’accord, – malgré qu’il ne soit pas question d’armements.

    Mais cette critique ne ferait que mettre plus en évidence combien les USA sont les premiers responsables de cette rupture de l’“esprit” de l’entente d’un certain équilibre de la Guerre froide. La première des ruptures à cet égard est celle de la promesse faite à Gorbatchev, en 1991, en échange de la réunification allemande, de ne pas élargir l’OTAN aux pays de l’ancien Pacte de Varsovie. On sait ce qu’il reste de cette promesse. D’autre part, il y a la dénonciation unilatérale, par les USA, du traité stratégique sur les ABM, qui est aussi une rupture de l’“esprit” de la Guerre froide. De ce point de vue, une présence russe à nouveau à Cuba ne ferait que confirmer la désintégration des structures d’équilibre stratégique de la Guerre froide.

    Mais il s’agit surtout d’un choc psychologique pour Washington, effectivement la rupture d’une structure de sécurité qui garantissait une sorte d’isolationnisme stratégique des USA. La rapidité des parlementaires US, essentiellement le sénateur démocrate Levin, président de la Commission des Forces armées, à mettre cette affaire officiellement sur la table, à l’occasion d’une audition du nouveau chef d’état-major de l’USAF, alors que la nouvelle sur les bombardiers est si incertaine, témoigne de l’extraordinaire sensibilité du monde washingtonien à cet égard.

    Le choc psychologique d’une mise en évidence de la possibilité d’un conflit stratégique, ou dans tous les cas d’une tension stratégique autour de Cuba tient essentiellement au fait du souvenir de la crise de Cuba de 1962. Cette crise fut la seule incursion d’une menace stratégique majeure et directe, géopolitiquement affirmée, dans la sphère la plus ultime de la sécurité stratégique des USA. Aucune autre crise stratégique majeure dans l’espace géographique US, engageant directement une puissance de la capacité de la Russie (de l’URSS) n’a eu lieu dans l’histoire des USA. Dans la certitude d’hyper-puissance où se trouvent (encore) les USA aujourd’hui, la chose a une portée symbolique évidente. Il n’est nullement assuré que cette affaire des bombardiers russes débouche sur une tension quelconque, sur une situation conflictuelle ni quoi que ce soit de cette sorte. Mais l’“incident” est un rappel convainquant de certaines fragilités stratégiques US. Il est possible que la Russie prenne conscience de cet atout inattendu, d’autant plus sérieux qu’il est appuyé sur un cas évident pour Moscou, à cause de son lien avec l'affaire des anti-missiles, qui rend presque légitime une riposte dans la zone stratégique vitale pour la sécurité US.

    Si les USA poursuivent aveuglément leur poussée pour le déploiement du BMDE, les Russes peuvent effectivement se saisir de cet atout cubain, s’ils en réalisent toute la valeur. Les Cubains devraient normalement coopérer avec enthousiasme, puisqu’ils acquéraient ainsi une valeur stratégique évidente. Tout cela n’implique nullement des aménagements militaires et stratégiques de grande importance. La communication, c’est-à-dire l’information, suffit à fournir une “représentation” de la crise, impliquant toutes les alarmes et les tensions qu’on a décrites.
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

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    • #3
      Plutôt que des bombardiers russe à Cuba, pourquoi pas une station d’écoute?

      Sans doute les Russes s’amusent-ils, en s’étonnant de la vélocité avec laquelle les Américains s’emparent de toutes les suggestions concernant l’un ou l’autre déploiement de quincaillerie russe à Cuba. Il y a déjà l’affaire des bombardiers (avec un zeste de F-22). Bien que les “sources” annonçant la possibilité d’un tel déploiement soient bien imprécises et indécises, et qu’elles soient régulièrement démenties par le gouvernement russe, la chose a fait beaucoup de bruit à Washington.

      Les Russes semblant goûter au jeu. On apprend, le 23 juillet, par Novosti, qu’une autre suggestion pourrait être : pourquoi pas une station d’écoute et de surveillance à Cuba, lieu idéal pour surveiller et écouter le continent?

      «La Russie doit rétablir son radar à Cuba en réponse au déploiement d'éléments du bouclier antimissile américain en Europe de l'Est, a estimé mercredi Alexandre Pikaïev, chef du département pour le désarmement de l'Institut russe de l'Économie mondiale et des relations internationales.

      »“Cuba est un pays unique où l'on peut effectuer un contrôle radio-électronique des États-Unis. A mon avis, on peut et doit remettre en exploitation ce radar pour faire face à la menace que les Américains font peser sur la Russie”, a indiqué M.Pikaëv lors d'une conférence de presse à RIA Novosti.

      »“La Russie a droit à des mesures de rétorsion”, a-t-il ajouté.

      »La Russie a décidé de fermer sa station de surveillance électronique de Lourdes, à Cuba, en octobre 2001.»

      L’idée d’un radar de surveillance à Cuba est une autre bonne idée de “riposte” (au déploiement des anti-missiles en Europe) du point de vue de la Russie. En fait, toute hypothèse impliquant Cuba est une bonne tactique pour la Russie, dans la mesure de la sensibilité extrême des USA à la position de l’île, à son rôle ces cinquante dernières années, – d’une façon générale, à la mesure de l’obsession US vis-à-vis de Cuba. En mettant Cuba dans le jeu de la crise des anti-missiles en Europe, c’est-à-dire en élargissant le débat géopolitique de manière à impliquer les USA directement, la Russie utilise une tactique extrêmement efficace.

      L’efficacité est d’autant plus grande, bien sûr, que les nouvelles concernant ces hypothèses sont officieuses et n’impliquent pas le gouvernement russe dans une querelle formelle. De ce point de vue, la déclaration du nouveau chef d’état-major de l’USAF, suscitée par des questions de parlementaires au Sénat, constitue une maladresse tactique. Elle met en évidence la sensibilité US à cette question cubaine, donc met en évidence une faiblesse psychologique, alors qu’elle n’engage en rien le gouvernement russe.

      Il est manifeste que les Russes, s’ils veulent poursuivre la querelle sur le déploiement du système BMDE, ont trouvé le talon d’Achille de Washington. Les USA étaient assez indifférents aux possibles “ripostes” russes contre les pays qui devraient abriter le système BMDE; ils sont beaucoup plus nerveux si cette riposte est évoquée du côté de Cuba.




      Mis en ligne le 24 juillet 2008 à 14H36
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      • #4
        http://www.algerie-dz.com/forums/showthread.php?t=88985

        c sur que cuba ne sera plus vu du meme oeil
        et je pense que fidel saura faire payer aux russes leur pereistroika et glassnot
        en gros nous ne sommes plus le pion de l echiquier
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