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Moines Tibehrine : Question qu’on ne saurait éluder ?!

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  • Moines Tibehrine : Question qu’on ne saurait éluder ?!

    Qui a tué qui ? – Question qu’on ne saurait éluder



    Armand Veilleux - 13 juillet 2008

    À partir de l’année 1992 l’Algérie a été emportée par une terrible vague de violence. Il s’agissait bel et bien d’une guerre civile, même si les autorités algériennes s’énervaient dès qu’on utilisait ce mot. Il y avait, d’un côté, l’ensemble des groupes assez divers appelés globalement les « islamistes » et, de l’autre, l’armée. Les violences atroces commises par les islamistes sont indéniables et bien connues.
    Mais très vite des voix de plus en plus nombreuses d’Algériens et d’autres observateurs attentifs se sont fait entendre rendant la Sécurité Militaire algérienne responsable de certaines des violences attribuées globalement aux islamistes. À cela vinrent s’ajouter, surtout à partir de l’année 2000 des récits d’anciens militaires algériens.
    Ces témoignages ont été assez nombreux et assez sérieux pour que plusieurs organismes internationaux de défense des droits de la personne, à commencer par /Amnisty International/, aient demandé à plusieurs reprises – mais toujours sans résultats – une enquête internationale impartiale sur cette violence. Chaque fois, la réaction orchestrée d’Alger – par le biais d’articles de presse virulents - a été non seulement de ridiculiser ceux qui soulevaient cette question, mais de considérer qu’ils voulaient exonérer les islamistes de toute responsabilité. Le service de propagande du DRS (la /Sécurité Militaire/) inventa alors le slogan du « Qui tue qui ? » — question qualifiée par eux d’/obscène/. Depuis lors, quiconque soulève l’une des questions restées sans réponse est ridiculisé et rejeté du revers de la main comme faisant partie de la clique du « Qui tue qui ? ».
    Et pourtant la question « Qui a tué qui ? » reste une question légitime et nécessaire tant qu’une réponse pour le moins crédible n’aura pas été donnée. Cela vaut pour des dizaines de milliers d’Algériens disparus, très souvent après enlèvement par les forces de l’ordre. Cela vaut pour le chanteur kabyle Lounès Matoub[1] <#_ftn1> et pour Mgr. Pierre Claverie. Cela vaut aussi, évidemment, pour les sept moines de Tibhirine.
    Dans le cas des moines de Tibhirine, plusieurs questions ont été posées depuis longtemps : 1) qui les a enlevés ? — 2) sur ordre de qui ? — 3) où et dans quelles conditions ont-ils été détenus durant deux mois ? — 4) quelles mesures furent prises par les autorités algériennes et par les services secrets français (DST et DGSE) pour les libérer ? — 5) qui les a tués et dans quelles circonstances ? — 6) qu’est-il advenu de leurs corps après leur mort ?
    La réponse « officielle » à chacune de ces questions – réponse d’ailleurs jamais officiellement formulée par aucune autorité civile, algérienne ou française – est bien connue : c’est le GIA. Compte tenu de révélations crédibles qui se sont multipliées au cours des douze dernières années, cette version officielle fait eau de toutes parts, et donc, ces questions sont, plus que jamais, légitimes, et ce n’est pas la stupide rengaine du « qui tue qui ? » qui nous empêchera de continuer à les poser.
    Un article paru récemment dans le journal italien /La Stampa/, sous la plume de Valerio Pellizzari[2] <#_ftn2> répond à l’une des nombreuses questions mentionnées : « qui les a tués et dans quelles circonstances ? ». Il s’agit de l’interview (en quelque sorte une « déposition ») d’un
    haut fonctionnaire d’un gouvernement européen qui était en fonction à Alger au moment du drame et qui connaît bien cette affaire. Cet article est à prendre très au sérieux.
    Disons tout d’abord que Valerio Pellizzari n’est pas le dernier des scribouillards à la recherche d’un sujet pour gonfler son ego. C’est un grand journaliste de réputation internationale, qui a couvert toutes les grandes guerres des dernières décennies depuis le Cambodge jusqu’à
    l’Irak en passant par l’Iran et l’Afghanistan. Il n’a pas sauté sur le premier scoop rencontré. Il enquête depuis plus de dix ans sur le drame de Tibhirine et il n’avait encore rien publié, attendant d’avoir quelque chose qui apportait vraiment du neuf. /La Stampa/ est un grand journal dont la direction n’aurait pas accepté de mettre en première page cet
    article sans vérifier le sérieux de ses sources. La personne interviewée démontre dans son témoignage une grande retenue et une grande cohérence. Sa façon de parler est celle d’un véritable professionnel. Elle a sans doute voulu, après un très long silence, soulager sa conscience et faire en sorte que la vérité soit connue. Sachant ce qui peut arriver aux témoins et à leurs familles, on comprend que cette personne ait voulu garder l’anonymat. Son témoignage demeure très important, d’autant plus que d’importants témoins qui n’ont pas encore été entendus par les juges d’instruction Marc Trévidic et Philippe Coirre (qui ont remplacé le juge Jean-Louis Bruguière sur ce dossier depuis les élections législatives françaises de 2007) pourront sans doute corroborer ses dires.
    Évidemment, plusieurs éléments de ce témoignage étaient déjà connus de ceux qui ont suivi de près cette question. Dès les semaines qui ont suivi l’inhumation des frères à Tibhirine des informations circulaient en Algérie, en particulier à Blida, voulant que les moines n’aient pas été décapités mais tués dans une intervention de l’armée. Il n’était pas clair s’il s’agissait ou non d’une bavure. J’ai moi-même entendu cette rumeur de diverses sources à l’époque de la mort de Mgr. Claverie, en 1996, quelques mois après celle des moines. J’ai communiqué alors cette information à Henri Tincq, de passage à Rome, et il l’a mentionnée dans un article du journal /Le Monde / (7-8 juin 1998), qui a fortement déplu à Alger. Je l’ai également transmise plus tard à John Kiser, de passage à Rome, et il a pu la corroborer en Algérie en 1999 et y ajouter quelques détails, qu’il a publiés dans son excellent livre sur les moines de Tibhirine en 2003. Selon certains la source de cette information aurait été l’interception faite par l’ambassade française d’un message radio de l’armée algérienne. C’est ce que rapporte Kiser dans son livre. Personnellement, j’avais entendu une autre version ; l’information aurait eu comme source une « confidence » du commandant de la base d’hélicoptères de Blida à un confrère occidental. La traduction française du livre de Kiser, parue en 2006, ajoute sur ce point quelques petits détails mineurs, tels que la phrase du pilote de l’hélicoptère « Zut ! nous avons tué les moines ».
    Certains ont dit que l’article de Pellizzari n’apportait rien de neuf. C’est faux. Le premier élément nouveau de ce témoignage, c’est la /cohérence/. Jusqu’ici tous ceux qui ont enquêté sur ces faits étaient arrivés à se faire une idée assez claire de ce qui s’était passé, en recoupant des témoignages divers et en mettant ensemble des informations complémentaires. Ici nous avons une description cohérente de ce qui s’est passé, faite par quelqu’un qui a eu, au moment des faits, accès aux sources d’information algériennes, sans doute et probablement aussi
    françaises.
    Mais la /grande nouveauté/ qui ressort de ce témoignage, c’est que non seulement les autorités algériennes ont élaboré un montage macabre pour cacher leur bavure – ce qui pouvait déjà se déduire de ce qu’on savait – mais que les autorités françaises, qui n’ont pu l’ignorer, participèrent à ce /cover up/, le médecin légal de l’ambassade de France ayant participé à l’examen des corps – et cela, une semaine avant l’annonce de a mort des moines par un faux message du GIA. Il semble même, à entendre ce témoignage, que ce macabre montage ait été décidé d’un commun accord par les autorités algériennes et françaises. Cela peut expliquer la demande faite alors aux familles de ne pas venir à Alger pour les funérailles (une d’entre elles n’a pas obtempéré à l’ordre) et l’intention d’enterrer sept cercueils plombés sans que personne ne voie ce qui se trouvait à l’intérieur.
    On comprend dès lors le silence embarrassé de la presse française — sauf /Ouest-France/, le /Figaro International/ et /Rue 89/ et des sites Internet à portée internationale à savoir /Algeria Watch[3] <#_ftn3> / et /Tahia Bladi/ /[4]/ <#_ftn4> — après la publication de /La Stampa. / La conspiration du silence des autres, y compris /Le Monde/ et /La Croix/, a-t-elle été spontanée ou recommandée d’en haut ? On comprend qu’à l’approche des grandes manifestations autour de /l’Union pour la Méditerranée/, on ne voulait pas indisposer le président Bouteflika, alors qu’il avait fallu le pèlerinage à Alger d’une grande quantité de ministres et d’émissaires français pour le convaincre de venir à Paris pour cette occasion.
    Mais cela aurait pu être une occasion en or. Lors d’un passage en France au cours de la dernière campagne présidentielle on avait interrogé Monsieur Bouteflika sur cette affaire des moines de Tibhirine et il avait répondu mystérieusement que « toute vérité n’est pas bonne à dire », ajoutant « lorsque j’aurai toutes les informations je les dirai ». Si on lui avait posé la même question aujourd’hui, peut-être aurait-il trouvé que le moment était venu de dire la vérité. Mais peut-être, la France n’a-t-elle pas intérêt à entendre cette vérité.
    En tout cas, tout ce qu’on sait maintenant enlève évidemment toute crédibilité aux conclusions de la mission rogatoire en Algérie confiée par le juge Jean-Louis Bruguière aux autorités algériennes elles-mêmes. D’autant plus qu’on ne peut exclure que la « bavure » décrite par le
    témoin interrogé par Pellizzari ait pu ne pas être totalement accidentelle.
    Les juges Trévidic et Coirre devront reprendre à leur propre compte et sur d’autres bases cette partie algérienne de leur enquête.


    Armand Veilleux - 13 juillet 2008
    Dernière modification par absent, 24 juillet 2008, 18h25.

  • #2
    OUFFFFFFFFFFF encore cette histoire..
    je vois bien un pilote d'helicoptere algerien dire
    "
    « Zut ! nous avons tué les moines »....j"allais mettre un smileys qui rigole puis je me suis dit non..si eux ils respectent pas les morts en les manipulant nous on doit le faire
    « Puis-je rendre ma vie
    Semblable à une flûte de roseau
    Simple et droite
    Et toute remplie de musique »

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    • #3
      Ils sont morts victimes de la tourmente!
      Que la main qui les a égorgé soit celle des islamistes ou du DRS, ce sont tous qu'une bande d'assassins!
      "La chose la plus importante qu'on doit emporter au combat, c'est la raison d'y aller."

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      • #4
        sans doute victimes d'une libération qui a mal tourné.....des martyrs allah yarhmahoum

        ils les ont kidnappés pour se protéger... il faut dire la vérité, les moiines sont des gens bien et n'ont jamais abandonné l'Algérie

        « Great minds discuss ideas; average minds, events; small minds, people. » Eleanor ROOSEVELT

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