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la cavale tranquille du bon Dr Dabic alias Karadzic Radovan Karadzic

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  • la cavale tranquille du bon Dr Dabic alias Karadzic Radovan Karadzic

    A Belgrade, la cavale tranquille du bon Dr Dabic alias KaradzicRadovan Karadzic (Reuters).

    Après avoir sans doute usurpé l’identité de l’un de ses soldats mort à la guerre, l’ex-dirigeant serbe, reconverti dans le charlatanisme médical, vivait incognito à Belgrade.


    Radovan Karadzic, alias le docteur Dragan David Dabic - il vivait caché sous cette identité -, attend son transfert pour La Haye dans une cellule avec salle de bains, au sein de l’unité pénitentiaire du tribunal spécial pour les crimes de guerre de Belgrade. Comment l’ancien chef politique des Serbes de Bosnie, inculpé en 1995 pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, a-t-il pu à ce point duper son monde ? Et qui est le vrai Dragan Dabic, dont l’identité a été dérobée ? En fait, il en existe deux. L’un, volontaire dans l’armée des Serbes de Bosnie, aurait été tué en 1993 par un sniper bosniaque sur la ligne de front, à Grbavica, dans les faubourgs de Sarajevo. Karadzic aurait donc usurpé l’identité d’un de ses anciens soldats.
    Le deuxième Dragan Dabic est, lui, bien vivant. C’est un agriculteur retraité de la petite ville de Ruma, en Voïvodine, qui se serait bien passé de sa nouvelle popularité auprès des médias. Radovan Karadzic aurait obtenu une vraie fausse carte d’identité au nom de Dragan Dabic à la préfecture de Ruma en 1998, avec l’appui - selon les tabloïds - de Ratko Mladic. L’ancien chef militaire des Serbes bosniaques, lui aussi frappé d’un mandat d’arrêt par la justice internationale, vivait très officiellement, à l’époque, à Belgrade, de sa pension de général à la retraite.
    Bioénergie. Karadzic-Dabic vivait également dans la capitale, au moins depuis l’automne dernier, mais plus vraisemblablement depuis au moins trois ans. Praticien en médecines douces, spécialiste autoproclamé de la bioénergie, le faux docteur donnait régulièrement des conférences sur les vertus thérapeutiques de cette méthode de soins alternative. Il préférait les petites villes, plus discrètes, mais a aussi discouru au moins une fois à Belgrade à l’automne. Ses articles sur les bienfaits de la bioénergie, publiés dans la revue alternative La Vie saine étaient très appréciés. «Je ne suis pas le seul à avoir été dupé. Il nous avait fait à tous l’impression d’un homme bien, modéré et éloquent», explique Goran Kojic, le rédacteur en chef du journal.
    Praticien privé avisé, le faux Dragan Dabic avait ouvert une boutique en ligne, psy-help-energy.com, où il proposait des talismans métalliques, concentrateurs de «l’énergie quantique humaine», pour lutter, entre autres, contre l’impuissance, la stérilité, l’asthme infantile ou encore pour rajeunir le corps.
    Poésie épique. Pour 350 euros mensuels, l’imposteur louait un modeste deux-pièces à une femme de la diaspora serbe de Londres, dans le quartier de Novi Beograd, une immense zone d’immeubles et de barres de béton sur la rive gauche de la Save. «C’était un homme aimable, qui disait toujours bonjour», répète inlassablement une voisine aux innombrables journalistes de passage. Il aimait se rendre dans un café voisin, la Luda Kuca (Maison folle), lieu de réunion d’amateurs de guzla, viole à une corde servant d’accompagnement à des poésies épiques sur les héros serbes. «Un jour est venu un drôle de type à grosse barbe blanche et cheveux longs. A l’évidence il aimait vraiment la guzla. Ce soir-là, il y avait un joueur connu qui a chanté une ode à Karadzic, sans savoir qu’il était assis à côté de lui. Karadzic a ensuite demandé la guzla et a continué à jouer», raconte un des habitués, Raso Vucinic, l’un des jeunes arrêtés par la police au cours de la toute première manifestation de soutien à Karadzic, lundi soir.
    Au café il venait toujours seul. Dans ses voyages pour les conférences il était le plus souvent accompagné de Mila, une accorte quinquagénaire qui, depuis, passe pour la mystérieuse maîtresse cachée du bon docteur. Mila Damjanov, ou Mila Cicak, dans une interview au tabloïd Kurir, nie catégoriquement avoir eu une relation intime avec le faux docteur, mais assure avoir partagé son «intérêt pour la bio énergie et son amour des enfants». «Il m’avait demandé de l’accompagner pour soigner un petit autiste de quatre ans, et l’enfant, qui vivait dans son monde, s’était mis peu à peu à me prendre dans ses bras», raconte la femme dans les colonnes du tabloïd.
    Les circonstances de l’arrestation du criminel de guerre restent en revanche beaucoup plus obscures. L’ancien dirigeant aurait reçu, dès le 17 juillet - jour de la nomination d’un nouveau chef du BIA, les services secrets serbes - l’information que cette agence cessait d’assurer sa protection. D’après son avocat, Karadzic a été arrêté le lendemain, alors qu’il se rendait à Batajnica, lieu de départ d’un autobus de vacanciers en partance pour la côte croate, la côte monténégrine, ou un monastère touristique de Voïvodine - les versions diffèrent. Mais d’après les communiqués officiels de la police, Karadzic a été arrêté lundi soir. Il portait sur lui un sac contenant des vêtements pour deux semaines de vacances, un ordinateur, deux téléphones portables, 600 euros, et un maillot de bain.
    LAURENT ROUY
    vendredi 25 juillet 2008
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