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Extrait des Contes du Maghreb

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  • Extrait des Contes du Maghreb

    Par :Mustapha Hammouche
    liberte

    C’est une histoire maghrébine. Le Maghreb est une région composée de pays A, B, C, D et E et qui n’est ni l’Europe, ni l’Afrique, ni le Moyen-Orient ; elle n’est même pas, en tout cas, encore le Maghreb. Mais elle prétend être tout cela à la fois. La Suisse, pays à la neutralité légendaire, se trouve empêtrée dans cette histoire maghrébine.
    Un jeune couple, ressortissant du pays A et dont le mari est fils de caïd national, guide national, comme il se fait lui-même appeler, maltraite deux domestiques en territoire neutre, au propre et au figuré. L’un des serviteurs est sujet du pays B et l’autre est habitant du pays C.
    Mais voilà, neutralité ne veut pas dire passivité, comme le prétendent ceux qui ont inventé le “Qui tue qui ?”, puis la “réconciliation” pour pouvoir tirer leur épingle du jeu sans avoir à affronter ni le système ni l’intégrisme. Non, on peut être neutre et être aussi pour le droit et la justice. Donc la Suisse pour être un État neutre n’en est pas moins un État de droit ! Et ses habitants sont des citoyens qui ne tolèrent pas l’injustice. Ils ont donc dénoncé l’infant du pays A et son épouse à qui de droit.
    Déchu de son statut de super-citoyen, le temps réglementaire d’un interrogatoire, il paraît que le prince est sous le choc et que la nation entière est en émoi. Le coureur de palaces est aussi symbole de la souveraineté, n’est-ce pas ? Et le peuple “guidé” s’est soulevé contre… la Suisse !
    Aux dernières nouvelles, les nations B et C ne sont pas indignées que leurs deux ressortissants, déjà réduits au moyenâgeux métier de vassal, soient maltraités par un juvénile dignitaire d’un pays frère ! C’est le mektoub qui fait les maîtres et les esclaves. Et un peu le pétrole. Ils se contentent donc d’être… neutres. C’est l’occasion qui fait le larron, n’est-ce pas ? Inversant les rôles, ils laissent la Suisse seule dans sa position de… belligérant, dans cette crise. “Fais-moi mal, mon frère !”, pour paraphraser Boris Vian.
    Crise ? Vous avez dit crise ? Justement, le pays D a fait de la résolution des crises sa “compétence distinctive”, comme on dit en théorie du management. Faire l’intermédiaire, c’est plus qu’une vocation chez lui, c’est un sacerdoce. Il a fait ses preuves. Entre l’Iran et les États-Unis, entre l’Irak et l’Iran, même si cela n’a pas tenu longtemps, entre l’Éthiopie et l’Érythrée, même si c’est toujours précaire, entre le Mali et ses Touareg, même si c’est invariablement à refaire… Il a même tenté l’intermédiation entre lui et ses agresseurs islamistes, inventant les “extrémistes des deux bords” pour s’extraire de son statut de protagoniste et s’investir dans le seul rôle d’arbitre.
    Justement, il vient de conclure une de ses salutaires médiations et se trouve en stand-by. Nous ne parlerons pas du pays E. Car, sans prétention, il se consacre actuellement à éradiquer officiellement l’esclavage de son territoire et mène courageusement, et malgré les fraternels ricanements, une respectable tentative démocratique.
    Si l’inventeur de ce conte l’a fait débuter dans une suite d’hôtel suisse, il n’en reste pas moins que c’est un de ces contes bien de chez nous. On les reconnaît à l’abomination de ceux qui y jouent aux mages, aux princes et aux fées.
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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