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La criminalité coloniale :quelles voies d’actions contre l’impunité ?

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  • La criminalité coloniale :quelles voies d’actions contre l’impunité ?

    Tous les colloques et études relatifs à la date emblématique du 8-mai-1945 pourraient être ainsi sous-titrés.

    Quand on balaie le panoramique de la succession des faits ayant abouti aux Accords du 18 mars 1962, la continuité du duel résistance/répression surlignée de phases cycliques aiguës, n’a pas connu de répit, depuis 1830. Les théoriciens des armées et administrations d’occupation, qui n’étaient tout de même pas des débiles profonds, parlaient de guerre ininterrompue qui dura donc plus de cent ans.

    Le 8-mai-1945, dont les sources sont nationales et internationales, sonne le glas ‘’des intérêts de la France sur ce territoire ’’. Le 1er-novembre-1954 n’en étant que la suite logique, en fait il donne le la de l’agonie de l’Algérie française. D’ailleurs, cette appellation est tardive dans le vocabulaire coutumier colonial qui lui préférait colonie française.

    Il semble opportun, aujourd’hui, d’explorer des axes de recherche dans le but principal de judiciariser des faits que des auteurs, politiques, universitaires ou romanciers s’entêtent à évoquer pudiquement sous les termes massacres ou évènements.

    Auparavant, quelques traits rapides vont utilement rappeler la vocation militariste et hégémoniste de la doctrine coloniale, post et pré 8-mai-1945.

    Dans l’algérie sous occupation coloniale, il n’y eut jamais de pouvoir civil

    La République proclamée à la chute du 2nd Empire à Sedan, en septembre 1870, va affecter, par une loi de juillet 1873, un corps d’armée commun à l’Algérie et la Tunisie. Ce sera le 19e qui sévira jusqu’à la débâcle de l’armée sur la Meuse, en juin 1940. D’ailleurs, sur ce front se trouvaient de nombreux gradés qui tenteront de prendre une revanche en Indochine d’abord, puis en Algérie.

    La IIIe République, installée en 1875, va dépêcher des corps expéditionnaires sur plusieurs continents au nom de la mission civilisatrice et de sa fallacieuse devise qui vous a été rappelée récemment : le Ier Empire avait tenté de franciser l’Europe, elle, va franciser l’Algérie.

    En août 1898, un décret investit le gouverneur général des attributions militaires : il lui donne autorité sur les commandants en chef du 19e corps et de la marine. En temps de paix, comme en temps de guerre, il est le seul responsable des mesures pour la défense et la sécurité de la colonie.

    Suivirent les lois de 1906, 1922, puis de 1934 qui lui adjuge le commandement aérien ‘’couvrant l’Afrique du Nord, concernant la participation des forces aériennes aux opérations de police, de sécurité intérieure, de pacification et de pénétration saharienne entreprise sur le territoire de l’Algérie’’. (Décret JO. 18 avril 1934).

    Côté justice, l’armée exerce un contrôle sur les tribunaux indigènes et les conseils de guerre constituent le régime pénal, autrement dit, ils sont les ancêtres des TPFA. Les cours criminelles séparées restent en vigueur jusqu’en 1940, et sont justifiées par ‘’les nécessités de l’occupation et la sécurité de l’occupant’’.

    A remarquer que les festivités du Centenaire avaient un peu présumé de la qualité française de l’Algérie ; mais aussi, une décennie plus tard, ironie de l’Histoire ou justice immanente, la République à soldats va expirer dans les bras d’un maréchal vaincu. Le Président du Conseil P. Reynaud, en larmes sur les ondes, rassurait alors ses compatriotes fuyant devant l’avancée des troupes allemandes en leur précisant que ‘’les Allemands ne sont tout de même pas des Sarazins’’.

    Alger va devenir le théâtre de furieux et troubles enjeux : le 19e Corps d’armée va collaborer avec Vichy, cependant création du Comité français pour la libération nationale.

    Puis se succédèrent quelques assassinats surprenants (Giraud, J. Moulin, J. Zay, G. Mendel), ce qui laissera place nette à de Gaulle, à la tête du gouvernement provisoire de la république française, en juin 1944, après qu’il ait marqué un point de plus en exécutant P. Pucheu, ministre de l’Intérieur de Pétain, pourtant rallié à Alger. D’autres collaborateurs notoires auront plus de chance, comme R. Léonard, par exemple, futur gouverneur général, qui n’a quitté l’administration de Vichy qu’en juin 1944.

    Il semble évident que la sanglante et massive répression dans le Constantinois a été planifiée à cette date : Y. Chataigneau a été rappelé de Kaboul, le poste avancé pour l’observation de l’URSS, pour être nommé gouverneur général, avant le départ pour Paris du gouvernement provisoire, en septembre 1944. E. Naegelen qui prit sa suite, en 1948, écrit avoir trouvé sur son bureau des instructions de son prédécesseur concernant les exécutions sommaires.

    De Gaulle, méprisé lors des entrevues des Conférence de l’Atlantique et de Téhéran entre Roosevelt et Staline, tente de prouver que la France, humiliée par sa défaite éclair dans un conflit régulier, peut se prévaloir d’une position prépondérante en Méditerranée : il va pouvoir se pousser du col sur un siège de membre permanent au Conseil de sécurité des Nations Unies.

    Le statut de l’Algérie de 1947, en créant la fameuse Assemblée algérienne pour prendre la place des délégations financières, va être en réalité l’habillage civil de la 10e Région militaire.

    A son état-major vont se retrouver tous ceux qui ont signé l’ordre de bataille du 8 mai 1945. Un secrétariat permanent de la défense nationale est crée pour assister le gouverneur général. Le cabinet civil n’a plus qu’une compétence résiduelle sur des dossiers auxquels le cabinet militaire ne trouve pas d’intérêt. On verra par exemple dans les dossiers de recours en grâce des condamnés à mort que c’est le cabinet militaire qui rend la décision. Les autres avis sont de pure forme.

    Un maillage plus serré par la mise en place de divisions et subdivisions va parcourir l’étendue du territoire, embryons destinés à coiffer le théâtre d’opérations en Afrique française du nord si un conflit venait à éclater en Europe, venant de l’Est. La France se préparait à s’installer dans la guerre contre l’URSS… et les Algériens.

    Les Algériens, le deuil amorti, commencent le tissage des réseaux de la clandestinité, avec l’innovation de la guerre subversive qui revisite les classiques de la guérilla ancestrale.

    Un décret de 1953 réorganise la justice militaire en multipliant les sièges des TPFA. Les barreaux d’Alger, d’Oran, de Constantine voient l’arrivée de la génération d’avocats algériens qui constitueront les collectifs de défense.

    Entre 1947 et 1954 la vie va s’écouler d’un trait pour la population. Les braises couvaient sous la cendre, les regards étaient lourds, brûlants, tout se communiquait d’un simple clin d’oeil. Les voyages vers des destinations extérieures se multipliaient : vers la métropole, les autres pays du Maghreb et du Machrek. Les enfants, dans leurs jeux se chuchotaient entre eux : ‘’nous allons sortir les vainqueurs’’ (nissara). Les orphelins qui avaient dix ans en 1945, approchaient la vingtaine.
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

  • #2
    A Guelma, la nouvelle de Dien Bien Phû s’est répandue comme une traînée de poudre dans les cours intérieures des maisons, le matin du 8 mai 1954.

    Les exécutifs successifs de la IVe République, après le 8-mai-1945, croyaient-ils vraiment à un iota de chance du maintien de l’Algérie sous occupation ?

    Les pièces et documents établis par les états-majors, accessibles aujourd’hui, administrent la preuve irréfragable que les Algériens n’ont cessé de lutter pour la libération de leur patrie.

    Le 8-mai-1945 n’est pas un épiphénomène isolé au bout d’un siècle d’occupation

    Il s’inscrit dans la pratique coutumière de la pression par l’effusion de sang pour obtenir une rémission des mouvements de revendications : ‘’nous visions l’Algérie à sa jeunesse pour couper les chances au conflit de redémarrer dans les dix ans’’. (Pierre Nora)

    Son retentissement et son ampleur tiennent à sa date et au contexte international. Auparavant, le corps expéditionnaire avait perpétré de tels faits, de façon récurrente, au niveau d’un ou d’un groupe de douars, qui n’avaient pas connu une telle résonance, les moyens de communications étant autres.

    Le gouvernement provisoire, avec de Gaulle et des ministres communistes, annonçait sans équivoque l’option choisie face à toute tentative de revendications.

    La IVe, née sur ce carnage, va voter tout un chapelet de lois d’exception accordant toute licence à l’armée qui va investir la gestion du civil, de l’administratif, faire la police, rendre la justice, ce qui revient à l’abrogation de fait du principe de la séparation des pouvoirs, hérité de la Révolution de 1789 : le ministre Debré proclamera ‘’la collaboration des pouvoirs’’.

    Le 13 mai 1958, à Alger, elle subira le dernier outrage sous les assauts d’un quarteron de généraux qui n’étaient pas encore à la retraite : pour garder l’Algérie sous occupation militaire, la seule solution consisterait à placer également les organes institutionnels de métropole sous tutelle militaire. Et de Gaulle avait été rappelé à cette fin, peut-être en souvenir de son palmarès constantinois. La suite est connue.

    Si les faits du 8-mai ont été l’objet d’innombrables études et exégèses, la question reste posée sur leur qualification : curieusement les auteurs se limitent à l’appellation massacres.

    Notre action doit avoir pour premier objectif la correction de cette étiquette qui dissimule à l’évidence le souci de minimiser les faits, voire de les dénaturer.

    Au lendemain de la défaite allemande, en août 1945, les alliés ont édicté le statut du tribunal militaire international de Nuremberg, annexé à l’Accord de Londres, pour connaître des crimes commis pendant la guerre par les vaincus.

    La Cour de cassation française va l’inclure dans l’ordre juridique interne et s’y référer pour juger les crimes commis dans la France sous occupation, en visant son article 6 qui définit la notion de plan concerté.

    Elle vise également la Convention des Nations Unies de 1948, pour la prévention et la répression du génocide, qui, en son article 2, le définit.

    Elle va élaborer une jurisprudence dans une cinquantaine d’arrêts, rendus de 1948 à 1998 environ, sur des faits qui se sont déroulés sous le régime de Vichy, soit pendant 4 ans et donc antérieurement au 8-mai-1945.

    L’Assemblée nationale française adoptera le nouveau code pénal, en vigueur depuis 1993, qui inclut cette construction jurisprudentielle et qualifie le génocide et les autres crimes contre l’humanité.

    De l’examen de quelques arrêts, ils ressort que la Chambre criminelle qualifie de crime les actes perpétrés au nom d’une ‘’politique d’hégémonie idéologique’’, y compris lorsqu’ils sont commis ‘’contre les adversaires de cette politique, quelle que soit la forme de leur opposition’’. Elle consacre donc le droit de combattre le système ou l’Etat qui pratique une telle politique.

    Question subséquente : la doctrine coloniale, imposée et maintenue en Algérie à l’aide de faits et d’actes notoires et surabondants et pour des mobiles évidents jusqu’à 1962, remplissait-elle les critères retenus par les magistrats pour qualifier ‘’la politique d’hégémonie idéologique’’.

    Ceux qui s’en tiennent aux euphémismes massacres ou évènements devraient nous dire quel serait, selon eux, le critère manquant aux éléments constitutifs des crimes de génocide et contre l’humanité dans le cas d’espèce 8-mai-1945. A moins que ce critère manquant ne soit induit par la qualité ou plutôt le défaut rédhibitoire des victimes d’être seulement indigènes, et circonstances aggravantes, de race arabe et de religion musulmane. Défaut qui les dépossèderait de toute qualité à agir, voire de l’exercice de leur droit à la mémoire.

    Pour clore cette incursion juridique, signalons que le Statut de Rome de juillet 1998, créant la CPI (Cour pénale internationale) a adopté le principe de non rétroactivité. Normal. Elle est une créature des 5 membres permanents du Conseil dit de sécurité, au 4/5ème Euro-Atlantique. La France ne l’a ratifiée qu’en s’assurant qu’elle ne pourrait avoir d’effet rétroactif.

    En réalité, il aurait été plus judicieux et utile de créer un organe pour juger les crimes d’agression à l’actif justement du P5 omnipotent, club nucléaire, actionnaire du FMI et de la Banque mondiale, etc. …

    Quant aux Tribunaux ad hoc des Nations Unies, ils ne semblent avoir de compétence que pour juger des Africains.

    Personnellement, j’ai débattu à maintes occasions du 8-mai et ai entendu, entre autres, que ce n’était pas un génocide, puisque ‘’c’était seulement pour faire peur aux Algériens’’. Et, également que l’extermination n’était pas le but poursuivi par la France. Peut-être, certains devraient-ils penser à présenter des excuses d’en avoir réchappé.

    Par les organes de presse et la voix de la Fondation, acte est pris des récentes déclarations de la diplomatie française et dans l’ensemble, il se dégage une espèce d’appel a minima.

    En 2005, année de la fameuse loi sur le rôle positif de la colonisation, quelques parlementaires se sont dits surpris par l’allocution prononcée à l’occasion de la commémoration du 8-mai par le Président de la République Abdelaziz Bouteflika.

    Lors des péripéties ayant escorté la visite d’Etat, plusieurs journalistes ou hommes politiques sont revenus sur l’allocution de Son Excellence Mohamed Chérif Abbas prononcée à Guelma, pour la commémoration du 8-Mai, en 2006.

    En France, les commémorations des faits qui se sont déroulés sous occupation pendant quatre années sont quotidiennes. Curieusement, l’exercice du droit à la mémoire des Algériens est interprété comme une déclaration d’hostilité.

    Les timides avances diplomatiques devraient être assorties de gestes convaincants

    L’invitation est aussi valable pour les responsables des partis amis de l’Algérie. Aucun d’eux n’a joint de geste à ses paroles, alors que leurs dirigeants avaient été acteurs et responsables.

    Attraire le sujet sur le registre affectif édulcoré est inapproprié. Comme chacun sait, les Français sont des cartésiens. Cela donne l’impression de réentendre quelques notes du thème favori de l’ancien gouverneur M. Violette qui se disait assuré de ‘’l’amour des non citoyens pour la mère patrie’’, lors du débat sur l’amnistie de 1946.

    L’Algérie devrait donc s’astreindre à faire une partie du chemin, dans un geste de conciliation. Devrait-elle admettre comme torts que des bataillons de jeunes, à peine sortis de l’adolescence, se soient résolus à offrir leur vie pour arracher la libération de leur patrie ?

    Seule une confrontation d’opinions pluralistes et d’arguments réellement contradictoires, qui n’a jamais eu lieu à ce jour en France, peut concourir à la manifestation de la vérité et mettre un terme salutaire à l’orthodoxie de la vision unilatérale et aux discours pro domo.
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

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    • #3
      On reste frappé par les réminiscences chez les réputés spécialistes, pléthoriques, des postulats énoncés jadis par les 5èmes Bureaux qui étaient chargés de gagner la guerre par l’action psychologique.

      L’organe institutionnel qui devrait être interpellé, en priorité, est le Parlement. Il n’a passé qu’un demi aveu, dans sa loi de 1999, en reprenant ses faux alibis sur la négation de l’état de guerre en Algérie. La France s’affranchissait ainsi du respect des Conventions de Genève de 1949, pourtant ratifiées par elle.

      De ce fait, les djounoud pris aux combats ou blessés étaient privés du traitement réservé aux prisonniers de guerre et la population se voyait exclue du bénéfice de la protection des civils prescrite par la 4e Convention.

      Il faut savoir que le GPRA répétait que l’Algérie s’y conformerait par réciprocité et surtout que le professeur de la faculté de Droit de Paris, Roger Pinto, exhortait chaque exécutif qui accédait au gouvernement à les appliquer, en rappelant que le respect de ces Conventions n’induit nullement la mutation de la qualité des parties belligérantes, puisque la France s’acharnait à dénier la qualité d’Etat à l’Algérie.

      Les lois régissant la communication des archives sont de la fin des années 1970. Or, depuis l’an 2000, les versements des diverses administrations se multipliant, l’on assiste à une nette évolution de l’état d’esprit de quelques femmes et hommes politiques ou scientifiques favorables à une plus large accessibilité.

      Une solution consisterait à saisir le parlement d’un projet de loi pour la levée de l’interdiction de communication qui frappe des côtes essentielles relatives à l’Algérie, par exemple les archives présidentielles.

      La majorité actuelle, qui légifère activement, peut la faire voter en moins d’un semestre. Les parlementaires amis de l’Algérie inscrits à d’autres partis pourraient aussi acter dans ce sens.

      Nous découvrirons, à coup sûr, les motifs réels de la nomination de Chataigneau à Alger et la concertation, plus que probable, du plan pour le Constantinois sur l’ initiative de de Gaulle, avant son départ pour la métropole.

      Il faut interpeller le Parlement sur sa responsabilité en tant que maître d’oeuvre de la législation d’exception. Un millier de voix, des deux Chambres, censées être l’expression de la volonté populaire votaient et reconduisaient ces lois, au mépris de l’opinion de la majorité de leurs électeurs.

      Ils débattaient, innombrables comptes rendus de séance à l’appui, véritables pièces à conviction, du sort à réserver aux Algériens comme des maquignons, à cette différence près que les maquignons n’ont jamais envoyé à l’abattoir que du bétail : des condamnations à mort furent prononcées pour de simples dégâts matériels qui d’ordinaire étaient sanctionnés de 2 mois de prison.

      Il n’est pas inutile, non plus, de rappeler que pendant ce temps, plus d’un millier de cercueils de jeunes Français attendaient, en quasi-permanence, d’être retirés par leurs familles qui recevaient une somme dérisoire comme contribution aux frais des funérailles. L’administration de la vérité est également due au peuple français.

      Enfin, le Conseil d’Etat dans sa séance du 5 avril 2002, statuant au contentieux, engage la ‘’responsabilité de l’Etat’’ dans ce qu’il qualifie de faute de service d’un fonctionnaire agissant sous l’administration de Vichy. Ce qui traduit un véritable revirement de jurisprudence.

      Décision qui fut suivie par un jugement du Tribunal administratif de Paris du 27 juin 2002, qui énonce : ‘’qu’en raison du principe de la continuité de l’Etat, la nature de son régime institutionnel et de ses fluctuations au cours de l’histoire ne saurait interrompre sa permanence ou sa pérennité ; que l’Etat républicain instauré par la Constitution du 4 octobre 1958 doit assumer la totalité de l’héritage de ses prédécesseurs’’.

      Par analogie, les Algériens ne peuvent légitimement moins attendre qu’une reconnaissance par la 5ème République de sa propre responsabilité et de celle de la longue succession des régimes antérieurs.

      Le 8-mai-1945 fut bel et bien annonciateur de ce que sera l’acte final 1954-1962

      La tentation illusoire d’écraser la résistance par la pression de l’effusion de sang a jalonné les huit années de combat, avec aggravation dans la phase négociations : les assassinats de masse d’août 1955 à octobre 1961, la frénésie des exécutions extrajudiciaires comme judiciaires.

      Le général Challe, la face adipeuse, l’enjambée courte s’était donné pour mission d’assainir, de stériliser l’Oranie, ‘’de sortir les hommes de leur lit’’.

      Puis du lance-flamme, à la généralisation du napalm sur le Djurdjura, les Aurès et l’Ouarsenis, jusqu’à la ‘’pollinisation’’ au plutonium des massifs du Tassili et du Hoggar.

      Mais le 8-mai-1945 eut pour corollaire de structurer la personnalité, de forger la détermination de la génération qui va se mettre une obligation de résultat et combattre jusqu’à la libération : ‘’ Les rebelles acculés au combat font très souvent preuve d’un acharnement qui conduit à leur extermination.’’ (Note de service signée R. Salan).

      Dans la décennie, il procréa, le légendaire groupe ‘’des 22’’ visités par le génie de la Révolution. Ils décrétèrent que les Algériens ne feront plus seulement ce qu’ils peuvent mais, désormais, feront ce qu’ils veulent. Le peuple algérien entame sa courageuse et douloureuse marche irrépressible pour sa libération.

      En décembre 1957, lors de sa comparution devant le TPFA à Paris, Mohamed Ben Sadok, en dépit de son jeune âge, va subjuguer le prétoire, magistrats, journalistes et témoins compris en maîtrisant, de bout en bout, les débats.

      Il avait tiré une seule balle de pistolet à travers la poche de sa veste sur Chekkal, vice-président de l’Assemblée algérienne, entouré de son service d’ordre, à la sortie d’un match de football. Il se laissa arrêter.

      A la barre défilèrent tous les piliers de l’Algérie coloniale, venus encenser la victime, dont des anciens gouverneurs généraux, sur lesquels il posait un regard calme et distant.

      Les débats, selon les comptes rendus de tous les quotidiens français, se seraient déroulés avec l’harmonie d’une partition musicale où parfois l’on percevait un échange d’un simple regard, entre l’accusé et son défenseur Me. P. Stibbe ; jusqu’au large sourire de ce dernier à la réponse affirmative aux circonstances atténuantes.

      Aux questions du commissaire du gouvernement et du président du tribunal, Mohamed Ben Sadok, précisa sobrement, devant un auditoire de personnalités dont J. P. Sartre, que pour lui, tout a été arrêté en 1945, à Annaba où il est né. Il avait quatorze ans.

      Paris, Bejaïa, Kherrata
      Le 7/ 8 mai 2008

      Pour la Fondation du 8-mai-1945
      [email protected]

      Notes et sources :

      - L’ordre de bataille du 8 mai 1945 est répertorié au SHAT sous la cote 1 H 4533-1, non communicable. Le commandement était assuré par le général de corps d’armée Henry Martin, le général de brigade Pierre André, le général de division Charles Magrin-Verneray dit Monclar.

      - Code pénal français / Livre II - Titre Ier : des crimes contre l’humanité
      Chap. Ier - Du génocide, art.. 211-1
      Constitue un génocide le fait, en exécution d’un plan concerté tendant à la destruction totale ou partielle d’un groupe national, ethnique, racial, religieux, ou d’un groupe déterminé à partir de tout autre critère arbitraire, de commettre ou de faire commettre, à l’encontre de membres de ce groupe, l’un des actes suivants :
      - atteinte volontaire à la vie ;
      - atteinte grave à l’intégrité physique ou psychique ;
      - soumission à des conditions d’existence de nature à entraîner la destruction totale pu partielle du groupe ;
      - mesures visant à entraver les naissances ;
      - transfert force d’enfants.
      Chap. II – Des autres crimes contre l’humanité, art. 212-1
      La déportation, la réduction en esclavage ou la pratique massive et systématique d’exécutions sommaires, d’enlèvements de personnes suivis de leur disparition, de la torture ou d’actes inhumains, inspirées par des motifs politiques, philosophiques, raciaux ou religieux et organisées en exécution d’un plan concerté à l’encontre d’un groupe de population civile sont punies…

      - La guerre psychologique, d’après l’abondante littérature du général P. Ely, devait enlever aux Algériens l’envie de résister et ‘’faire des femmes des agents de pacification’’. SHAT 1 H 2461 D 1 : Action sur les milieux féminins en Algérie, non communicable.

      - Loi n° 99 – 882 du 18 octobre 1999 relative à la substitution, à l’expression ‘’aux opérations effectuées en Afrique du Nord’’, de l’expression ‘’guerre d’Algérie’’.

      - Les débats parlementaires sont sur microfiches, d’accès et de reproduction libre et immédiat au siège du Jo. et à l’Espace Libraire Documentation Sénat..

      - Conseil d’Etat n° 238689 – Séance du 5 avril, contentieux, Papon
      - Tribunal administratif de Paris – Audience du 27 juin 2002, Fédération nationale des déportés et internés.

      - SHAT 1 H 1820 D 2 (communicable) :
      - autorisation officielle de l’utilisation généralisée du napalm, dénommé ‘’bidons spéciaux’’. Mai 1957.
      - Note technique pour le montage et le fonctionnement des lance-flammes. mars 1957

      - Note de service signée Salan, 19 mars 1958, 10e Région militaire, Etat-Major – 6e Bureau

      - Article procès Ben Sadok : TPFA Paris décembre 1957

      - Rafles à Paris, août 1958 : ‘’Dans le Vel’ d’Hiv’, près de 3.000 Algériens ont été contrôlés’’.

      PS. Concernant la nouvelle loi sur les archives en instance au Parlement, attente des comptes rendus in extenso des débats.
      The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

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      • #4
        La criminalité coloniale :quelles voies d’actions contre l’impunité ?

        c est impresionnant mais sa n impressionnent pas le peuple algerien

        avant de parler de la criminalite coloniale par ds français parlons d abord de ses algerien enrole dans l armee française et de ses harkas qui ont ete parfois bien plus brutale que les français eux que apres tout defendent leur pays parlons de ses algerien apres voir massacre leur peuple desertent de l armee française et debarque en tunisie juste avant l independance et la fin de la guerre meme pas foutu faire ne serais un jour de guerre contre les français au aures ou la kabylie ou les grande villes
        parlos de ses deserteur tortinnaire de l armee française qui s enrolent dans l armee algerienne d apres l idependance et tiennent les renes du pays
        le massacre et limpunite et silence oh combien complice et criminel des historien et journaliste continue
        meme le patron du sdec en cette epoque a avouer ses crimes pour soulager sa conscience alors ......

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        • #5
          Le Président du Conseil P. Reynaud, en larmes sur les ondes, rassurait alors ses compatriotes fuyant devant l’avancée des troupes allemandes en leur précisant que ‘’les Allemands ne sont tout de même pas des Sarazins’’.
          Les Français stopant la marche triomphante des Musulmans en Europe fait partie des mythes fondateurs de la grandeur française; en 732, la France n'existait pas, en outre ce qui est représentée comme une défaite des troupes d' Abderahmane contre Charles Martel à Poitiers n'est en fait qu'une bataille comme il y'en avait beaucoup à cette époque car au meme moment Abderhmane etait le protecteur des Lyonnais contre ce meme Charles Martel.Les Arabes peu nombreux se contentaient de la presqu'ile ibérique et du sud de l'actuelle France; il y'a toujours une toponymie arabe comme par exemple le massif des Maures ,les tours sarrasines, Ramatuelle (Rahmat Allah) qui etait un lieu de villégiature pour les officiers arabes, etc.

          Je publie ci-dessous un article de René Naba sur Oumma où il déconstruit ce mythe:

          Déconstruction des mythes fondateurs de la grandeur française/Une lecture fractale de l’Histoire de France

          Réponse à Bruno Gollnisch, Philippe Val, Philippe Douste Blazy et Nicolas Sarkozy

          PREMIÈRE PARTIE
          La scène se passait en juin 1998, il n’y a pas si longtemps, huit ans environ à peine, un mois avant la grande communion multicolore du Mondial, la première victoire de la France bariolée dans le championnat du Monde de Football : Bruno Gollnisch, le successeur potentiel du dirigeant du Front National Jean Marie Le Pen, exhibait, au terme d’une conférence de presse, un attaché-case, dont il révélait le code secret de verrouillage comme un trophée de guerre (1).
          Le code secret par définition doit demeurer secret. Il se conserve comme une sainte relique. Pour M.Gollnisch, cela n’est évidemment pas le cas : le secret est public surtout lorsqu’il s’agit de stigmatiser, surtout lorsqu’il s’agit de glaner un succès à bon compte. Chacun a les satisfactions intellectuelles de son niveau d’éducation.
          Ménageant ses effets, il déclame en public sa combinaison magique de trois chiffres qu’il déclame en public l’égrenant lentement 7-3-2 dans un mouvement jouissif libérateur. 732. l’effet est assuré. 732, Poitiers. La victoire controversée de Charles Martel sur les troupes arabes d’Abdel Rahman.
          Cela se passait donc en 1998 et Gollnisch prenait pour référence un événement datant de 1266 ans. 1266 ans de rumination historique. Sans doute la marque manifeste du zèle d’un néophyte. 1266 ans de rumination pour ce Français de la troisième génération, comme l’on désigne en France les petits fils d’immigrés, en l’occurrence un petit fils d’immigrés allemands.
          Correspondant de guerre sur les théâtres d’opérations extérieurs du territoire métropolitain, l’exhibition impudique de Bruno Gollnisch, la passivité des journalistes présents devant sa vaine et vaniteuse démonstration ont opéré comme un déclic en moi me propulsant dans une navigation sidérante dans le tréfonds de la conscience française, dont je souhaite vous livrer les conclusions sans appétence polémique particulière, dans le droit fil de la thématique de ce colloque « D’une rive à l’autre, Ecrire l’Histoire, Décoloniser les Esprits ».
          L’exercice ne relève ni de la démagogie, ni d’un populisme de bon aloi, de bonne guerre il est vrai, dans ce genre de démonstration. Il vise à apporter une contribution à la clarification sémantique et psychologique du débat post-colonial par le pistage des non-dits de la conscience nationale à travers un voyage dans les méandres de l’imaginaire français.
          Ni populisme, ni démagogie, ni dénigrement non plus. Mais l’application de l’analyse de contenu à de constats qui s’ils sont lapidaires ne sont nullement sommaires ni rudimentaires.
          Une thérapie par électrochocs en somme. Un voyage révélateur des présupposés d’un peuple, des ressorts psychologiques d’une nation et de la complexion mentale de ses dirigeants.
          Embarquons nous donc pour ce voyage de déconstruction des mythes fondateurs de la grandeur française avec un grand merci pour Bruno Gollnisch d’en avoir été, involontairement, l’élément déclencheur.
          Dernière modification par DZone, 29 juillet 2008, 14h19.

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          • #6
            I) Le Panache français ou le mythe de la grandeur

            Le propos n’est pas anodin. Il correspond à une réalité indéniable : la dernière grande victoire militaire française remonte à deux siècles. Oui deux siècles exactement. Austerlitz. Certes il y eut Valmy et le Pont d’Arcole. Puis Austerlitz. Le panache français en somme. Puis. Plus rien….drôle de panache. Ce fut ensuite Waterloo (1815), face aux Anglais, Sedan (1870), face aux Allemands, Fachoda (1898), qui brisa net l’accès de la France aux sources du Nil, au Soudan. Soit près d‘un siècle de désastres militaires ininterrompus, compensés, il est vrai, par les conquêtes coloniales notamment l’Algérie. A croire que les expéditions coloniales sont d’utiles palliatifs aux désastres nationaux et par transposition au débat contemporain, les immigrés d’indispensables dérivatifs aux difficultés internes.
            VERDUN 1916 et Rethondes I (l’armistice du 11 novembre 1918), cent ans après Waterloo refermeront la parenthèse néfaste. Mais là, les Français ne sont pas seuls. Ils ne peuvent plus revendiquer la victoire à leur bénéfice exclusif. C’est une « victoire alliée » qu’ils devront partager avec leurs alliés britanniques et américains mais aussi avec les nouveaux venus de la scène internationale : les Basanés. 550.449 soldats de l’Outre mer dont 173.000 Algériens, soit 20 pour cent des effectifs et 10 pour cent de la population du pays participeront à l’effort de guerre de la France. 78.116 ultramarins tomberont sur le champ d’honneur, soit l’équivalent de la totalité de la population de Vitrolles et d’Orange prises ensemble, les deux fiefs de l‘extrême droite française contemporaine.
            La pensée peut paraître sacrilège mais elle correspond, là aussi, à la réalité : Verdun est à ce titre autant une victoire française qu’une victoire arabe et africaine. Certes la « chair à canon » était présentée comme étant de peu de valeur face à la qualité des stratèges du Haut commandement. Mais le fait est là aussi démontré : Après Verdun beaucoup avaient cru naïvement que la France s’était réconciliée avec la victoire. Et bien non. 1940 et Rethondes Bis (la capitulation de Montoire du 21 juin 1940) apporteront la preuve du contraire. Monte Cassino (1944) lavera l’honneur français mais la plus grande victoire française de la Deuxième Guerre mondiale est une victoire mixte : Cent mille (100.000) soldats alliés, contre 60.000 Allemands, ainsi que 4000 ressortissants du Maghreb auront payé de leur vie cette victoire. 4.000 originaires du Maghreb sur 6.300 tués dans les rangs français, soit les 2/3 des effectifs. Monte Cassino est donc tout autant une victoire alliée, qu’une victoire française, arabe et africaine.
            Le schéma est identique en ce qui concerne le domaine naval. Le dernier fait d’armes français –controversé tout de même- remonte à Aboukir (1799). Puis ce fut au tour de Trafalgar (1805), Toulon (1942), le Charles de Gaulle et son hélice manquante durant la guerre d’Afghanistan (2001), la première guerre du XXI me siècle, enfin les pérégrinations de l’ancien joyau de la flotte française, le Clemenceau, en 2005. On aurait rêvé meilleur traitement à De Gaulle et à Clemenceau, tout de même deux personnages considérables de l’Histoire de France.
            Victorieuse avec ses anciens colonisés, la France retrouvera le chemin de la défaite lorsqu’elle se dressera contre eux. Carbonisée à Dien Bien Phu (1954) contre le Vietnam, première victoire d’un pays du tiers monde sur un pays occidental, ainsi qu’en Algérie (1954-1962).

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            • #7
              II) Le mythe fondateur de l’exception française.

              A. La liberté : la Colonisation est la négation de la Liberté. La Colonisation n’est pas, loin s’en faut, « la mise en valeur des richesses d’un pays transformé en colonie » selon la plus récente définition du dictionnaire « Le Petit Robert » Edition -2007
              La liberté et La colonisation sont proprement antinomiques. Car la colonisation est l’exploitation d’un pays, la spoliation de ses richesses, l’asservissement de sa population au bénéfice d’une Métropole dont elle est, en fait, un marché captif, le réservoir de ses matières premières et le déversoir de son surplus démographique, de sa main d’œuvre et de sa surpopulation, le volant régulateur du chômage et de l’inflation dans les sociétés occidentales.
              Contraire aux idéaux de Liberté, d’Egalité et de fraternité, les principes fondateurs de la Révolution Française, la colonisation est le fossoyeur de l’idéal républicain. Elle l’aura été quand bien même d’illustres figures françaises, telles Léon Blum, la conscience morale du socialisme, auront voulu – déjà- en célébrer les bienfaits comme un devoir de faire accéder à la civilisation les peuples primitifs (2).
              Par transposition au débat contemporain, la rhétorique de Léon Blum est comparable à celle de la nouvelle conscience de la nouvelle gauche française, le philosophe André Glucksman, présentant l’invasion américaine de l’Irak en 2003 comme une contribution occidentale à l’instauration de la démocratie en terre arabe et non comme la mainmise américaine sur les gisements pétroliers de ce pays. « Le fardeau de l’homme blanc », théorisé par l’anglais Kipling, est un alibi commode, le thème récurrent à toutes les équipées prédatrices du monde occidental.
              B) L’Egalité : L’exception française est une singularité : Premier pays à avoir institutionnalisé la terreur comme mode de gouvernement, avec Maximilien de Robespierre, sous la Révolution française (1794), la France sera aussi le premier pays à inaugurer la piraterie aérienne, en 1955, avec le déroutement de l’avion des chefs historiques du mouvement indépendantiste algérien Ahmad Ben Bella, Mohamad Khider, Mohamad Boudiaf et Krim Belkacem), donnant ainsi l’exemple aux militants du tiers-monde en lutte pour leur indépendance.
              La récidive dans la singularité est aussi un trait de l’exception française : En effet, ce pays jacobin, égalisateur et égalitaire se singularisera, aussi, en étant le seul pays au monde à avoir officialisé le « gobino-darwinisme juridique », à avoir codifié en Droit « la théorie de l’inégalité des races », une codification opérée sans discernement, pour promouvoir non l’égalité, mais la ségrégation.
              La « Patrie des Droits de L’Homme » et des compilations juridiques modernes –le code civil et le code pénal- est aussi le pays de la codification discriminatoire, le pays de la codification de l’abomination : le pays du« Code Noir » de l’esclavage, sous la Monarchie, du « Code de l’indigénat » en Algérie, sous la République, qu’il mettra en pratique avec les « expositions ethnologiques », ces « zoos humains » (3) dressés pour ancrer dans l’imaginaire collectif des peuples du tiers monde l’idée d’une infériorité durable des « peuples de couleur », et, par contrecoup, la supériorité de la race blanche comme si le blanc n’était pas une couleur, même si elle est immaculée, ce qui est loin d’être le cas.
              Un chiffre suffit à démontrer l’inanité de ce principe d’égalité : Trois membres du dernier gouvernement de l’ère chiraquienne présidé par Dominique De Villepin (2005) ont été affectés à la mise en œuvre de ce principe dans ses diverses déclinaisons : la cohésion sociale (Jean Louis Borloo), la promotion de l’égalité des chances entre Français de souche et Français naturalisés (Azouz Begag) enfin la parité Hommes-femmes (Catherine Vautrin).
              Ce principe d’égalité est pourtant l’un des principes fondateurs de la République, entériné comme bien commun de la nation depuis deux siècles. Que n’a-t-on songé à le mettre en œuvre auparavant ? A croire que la laïcité ce concept unique au monde ne s’est forgé que pour servir de cache-misère à un chauvinisme récurrent de la société française.
              Les hochets offerts épisodiquement non aux plus méritants mais aux plus dociles, en guise de lot de consolation, loin d’atténuer cette politique discriminatoire, en soulignent la parfaite contradiction avec le message universaliste de la France. Ils l’exposent à de douloureux retours de bâtons.
              C. Fraternité : Le Bougnoule, la marque de stigmatisation absolue, le symbole de l’ingratitude absolue.
              La fraternisation sur les champs de bataille a bien eu lieu mais la fraternité jamais. Jamais pays au monde n’a autant été redevable de sa liberté aux peuples basanés et pourtant jamais pays au monde n’a autant compulsivement réprimé ses alliés coloniaux, dont il a été lourdement redevable de sa survie en tant que grande nation. De Fraternité point, mais en guise de substitut, la stigmatisation, la discrimination et la répression à profusion.
              Par deux fois en un même siècle, phénomène rarissime dans l’histoire, ces soldats de l’avant, les avant-gardes de la mort et de la victoire auront été embrigadés dans des conflits qui leur étaient, étymologiquement, totalement étrangers, dans une « querelle de blancs », avant d’être rejetés, dans une sorte de catharsis, dans les ténèbres de l’infériorité, renvoyés à leur condition subalterne, sérieusement réprimés aussitôt leur devoir accompli, comme ce fut le cas d’une manière suffisamment répétitive pour ne pas être un hasard, à Sétif (Algérie), en 1945, cruellement le jour de la victoire alliée de la seconde Guerre Mondiale, au camp de Thiaroye (Sénégal) en 1946, et, à Madagascar, en 1947, sans doute à titre de rétribution pour leur concours à l’effort de guerre français.
              ((A noter qu’en Grande Bretagne, contrairement à la France, la contribution ultramarine à l’effort de guerre anglais a été de nature paritaire, le groupe des pays anglo-saxons relevant de la population Wasp (White Anglo Saxon Protestant), -Canada, Australie, Nouvelle Zélande-, a fourni des effectifs sensiblement égaux aux peuples basanés de l’empire britannique (indiens, pakistanais etc.). Il s’en est suivi la proclamation de l’Indépendance de l’Inde et du Pakistan en 1948, au sortir de la guerre, contrairement, là aussi, à la France qui s’engagera dans dix ans de ruineuses guerres coloniales (Indochine, Algérie).
              « Bougnoule » tire ainsi son origine de l’expression argotique de cette supplique ante-mortem.
              La revendication ultime préludant au sacrifice suprême -« Aboul Gnoul, apporte l’alcool »- le breuvage galvanisateur de l’assaut des lignes ennemies, finira par constituer, par un dévoiement de la pensée, la marque d’une stigmatisation absolue de ceux qui auront massivement contribué, à deux reprises, au péril de leur vie, à vaincre, paradoxalement, les oppresseurs de leurs propres oppresseurs.
              Dans les ouvrages français, le calvaire de leur dépersonnalisation et leur combat pour la restauration de leur identité et de leur dignité se résumeront à cette définition laconique : « Le bougnoule, nom masculin apparu en 1890, signifie noir en langue Wolof (dialecte du Sénégal). Donné familièrement par des blancs du Sénégal aux noirs autochtones, ce nom deviendra au XXme siècle une appellation injurieuse donnée par les Européens d’Afrique du Nord aux Nord-Africains. Synonyme de bicot et de raton » (4). Un glissement sémantique du terme bougnoule s’opérera au fil du temps pour englober, bien au delà de l’Afrique du Nord, l’ensemble de la France, tous les « mélanodermes », arabo-berbères et négro-africains, pour finir par s’ancrer dans le tréfonds de la conscience comme la marque indélébile d’un dédain absolu, alors que parallèlement, par extension du terme raton qui lui est synonyme, le langage courant désignait par « ratonnade » une technique de répression policière sanctionnant le délit de faciès.
              Bougnoule finira par confondre dans la même infamie tous les métèques de l’Empire, piétaille de la République, promus au rang de défenseurs occasionnels de la Patrie, qui étaient en fait les défenseurs essentiels d’une patrie qui s’est toujours voulue distincte dans le concert des nations, qui se distinguera souvent d’une façon lumineuse, d’une façon hideuse parfois, traînant tel un boulet, Vichy, l’Algérie, la collaboration, la délation, la déportation et la torture, les pages honteuses de son histoire, peinant des décennies durant à expurger son passé, et, pour avoir tardé à purger son passif, en paiera le prix en termes de magistère moral…….Une revanche posthume du bougnoule, en quelque sorte.

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              • #8
                La France du triptyque républicain : une vision ethniciste face au phénomène exogène

                L’affirmation peut paraître péremptoire, n’y voyons aucune malice, mais correspond néanmoins à la réalité historique : Le clivage communautaire a préexisté en France dans l’esprit des autorités et des citoyens du pays d’accueil bien avant qu’il ne prenne corps dans l’esprit des migrants.
                Par transposition du schéma colonial à l’espace métropolitain, l’immigré en France a longtemps été perçu comme un indigène, ce qui faisait paradoxalement de l’immigré, l’indigène de celui qui est étymologiquement l’indigène (5), une main-d’oeuvre relevant de la domesticité de convenance, dont l’expatriation assurait sa subsistance et l’obligeait par voie de conséquence à un devoir de gratitude envers le pays hôte.
                .
                D’extraction modeste, affecté à des taches subalternes et pénibles de surcroît non valorisantes, l’immigré, parqué en marge des villes, était par définition et par destination un être en marge de la société, un élément marginal et non une composante de la société française. Il n’avait de ce fait ni droit de cité, ni droit de regard, ni a fortiori droit de parole.
                L’immigré a été d’autant plus occulté qu’il deviendra durant les années 1950-1970 responsable de tous les maux diplomatiques et économiques français : du désastre de Dien Bien Phu, en 1954, à la Guerre d’Algérie, à l’expédition franco-britannique de Suez contre le symbole du nationalisme arabe Nasser, en 1956, à l’affrontement de Bizerte et la décolonisation de l’Afrique, en 1960, à la 3ème guerre israélo-arabe de juin 1967, à la première crise pétrolière, en 1973, autant d’événements qui ont fini par diaboliser l’immigré notamment "arabo-musulman" dans le regard du français.
                Dans le domaine de l’imaginaire et le champ de la production intellectuelle, l’arabe représentait alors par compensation "le mal absolu" identifié dans le langage courant par cette rodomontade musculatoire : "le bougnoule à qui l’on doit faire suer le burnous ». Par un faux effet d’optique, la France se donnera l’illusion de venger ses avatars d’Algérie et, par un philosémitisme actif, l’illusion de sa rédemption, substituant une arabophobie à une judéophobie, en somme une injustice à une autre injustice, feignant par là même d’ignorer que l’injustice ne se combat pas par une autre injustice.
                Symptomatique de cet état de fait, le harki, celui-là même qui dans le schéma mental français devait représenter le bon arabe ou le bon immigré puisqu’il s’était rangé de son côté, c’est à dire du bon côté, sera gommé de la conscience nationale et dissimulé dans les recoins arides du pays, dans une démarche symbolique destinée à refouler ce « déchet du colonialisme » dans le tréfonds de la conscience.
                La crispation identitaire française remonte, en fait, sur le plan national, aux premières vagues d’immigration de l’ensemble arabo-musulman, principalement du Maghreb, le ponant du monde arabe, plus précisément à la Première Guerre Mondiale (1914-1918). Avec 1,4 millions de morts, 900 000 invalides, la France déplorera la perte de 11 pour cent de sa population active du fait du premier conflit mondial, à laquelle il conviendrait d’ajouter les dégâts économiques : 4,2 millions d’hectares ravagés, 295 000 maisons détruites, 500 000 endommagés, 4.800 km de voies ferrées et 58.000 km de routes à restaurer et 22 900 usines à reconstruire et 330 millions de m3 de tranchées à combler.
                Les premiers travailleurs immigrés, des Kabyles, arriveront en France dès 1904 par petits groupes, mais la Première Guerre Mondiale provoquera un effet d’accélérateur entraînant un recours massif aux « travailleurs coloniaux » auxquels se superposeront les renforts des champs de bataille comptabilisés sous une autre rubrique.
                L’indigène lointain cède la place à l’immigré de proximité. De curiosité exotique que l’on exhibe dans les zoos humains pour glorifier l’action coloniale française, le mélanoderme deviendra progressivement une donnée permanente du paysage humain de la vie quotidienne métropolitaine, sa présence vécue comme une contrainte, exacerbée par la différenciation des modes de vie entre immigrés et métropolitains, les fluctuations économiques et les incertitudes politiques du pays d’accueil
                Paradoxalement, dans la période de l’entre-deux guerres (1918-1938), la France va favoriser la mise en place d’une « République Xénophobe » (6), matrice de l’idéologie vichyste et de la « préférence nationale », alors que son besoin en main d’oeuvre est criant. Bien que contribuant à sortir la France de son champ de ruine, les travailleurs immigrés seront tenus en suspicion, pistés au sein d’un grand « fichier central ».
                Soumis pour l’obtention de la carte de séjour à une taxation équivalant parfois à un demi mois de salaire, source de revenus complémentaire pour l’Etat français, ils seront de surcroît perçus comme porteurs d’un triple péril : péril économique pour leurs concurrents français, péril sanitaire pour la population française dans la mesure où l’étranger particulièrement les Asiatiques, les Africains et les Maghrébins étaient présumés porteurs de maladies, péril sécuritaire pour l’Etat français.
                Près de deux cent mille « travailleurs coloniaux » (200 000) seront ainsi importés d’Afrique du Nord et du continent noir par de véritables corporations négrières, telle la « Société générale de l’immigration » (SGI), afin de pallier la main d’oeuvre française principalement dans le bâtiment et l’industrie textile en remplacement des soldats français partis au front. Dans la cohorte de travailleurs immigrés, venus d’abord principalement d’Italie et de Pologne, les Maghrébins feront l’objet d’une attention spéciale de la part des pouvoirs publics.
                Un « Bureau de surveillance et de protection des indigènes nord-africains chargé de la répression des crimes et des délits » est constitué le 31 mars 1925. Un bureau spécial rien que pour les Maghrébins, précurseur du « service des questions juives » que le pouvoir vichyste mettra en place en 1940 pour la surveillance des nationaux français de « race ou de confession juive » durant la Seconde Guerre mondiale.
                ((NDLR Citation de l’article de la juriste Danièle Lochak « La race, une catégorie juridique ? » (http://www.anti-rev.org/textes/Lochak92a/ ) :
                « la loi du 3 octobre 1940 portant statut des Juifs dispose : "Est regardé comme juif pour l’application de la présente loi toute personne issue de trois grands parents de race juive ou de deux grands parents de la même race, si son conjoint lui-même est juif". Cette définition, qui laisse en suspens la question de savoir comment sera déterminée l’appartenance des grands-parents à la race juive, sera remplacée, dans la loi du 2 juin 1941, par une définition plus explicite : "Est regardé comme juif : 1° celui ou celle appartenant ou non à une confession quelconque, qui est issu d’au moins trois grands-parents de race juive, ou de deux seulement si son conjoint est lui-même issu de deux grands-parents de race juive. Est regardé comme étant de race juive le grand-parent ayant appartenu à la religion juive ; 2° celui ou celle qui appartient à la religion juive et qui est issu de deux grands-parents de race juive". »
                L’intitulé de l’office en dit long quant à l’opinion du gouvernement français et de ses intention à l’égard des « indigènes » d’Afrique du Nord. Le phénomène ira en s’amplifiant avec la Deuxième Guerre Mondiale et les trente glorieuses années de l’après-guerre (1945-1975) qui suivirent la reconstruction de l’Europe, où le besoin de « chairs à canon » et d’une main d’oeuvre abondante à bas prix provoqueront un nouveau flux migratoire égal en importance au précédent.
                Luxe de raffinement, le recrutement s’opérait selon des critères d’affinités géographiques au point de constituer de véritables couples migratoires en particulier entre Renault et l’embauche kabyle, charbonnages de France et les travailleurs du sud marocain, de même qu’en Allemagne, Wolkswagen et les immigrés turcs.
                A l’instar d’une cotation boursière sur un marché de bétail, les travailleurs coloniaux faisaient même l’objet d’une notation en fonction de leur nationalité et de leur race (7) avec de subtiles distinctions selon leur lieu de provenance notamment au sein des Algériens où les Kabyles bénéficiaient d’un préjugé plus favorable que les autres composantes de la population algérienne. Le Kabyle était invariablement noté 5/20, l’arabe 4/20 et l’Indochinois 3/20. Ho Chi Minh témoin de cette humiliante notation ethnique lors de son séjour parisien, se vengera trente ans plus tard en infligeant à son ancien maître l’une des plus humiliantes défaites militaires du monde occidental, la défaite de Dien Bien Phu en 1954.

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                • #9
                  Muettes, les blessures de l’histoire ne cicatrisent jamais.

                  La France s’affiche volontiers révolutionnaire mais se révèle, en fait, profondément conservatrice. La France du triptyque républicain a eu un comportement liberticide avec la colonisation, ethniciste dans sa politique migratoire, un comportement sociocide dans sa structuration socio-culturelle et démographique.
                  Références :
                  1) Contribution de l’auteur au colloque de SEPTEMES-LES-VALLONS 6- 7 OCTOBRE 2006, organisé par Festival TransMediterranée ([email protected]) sur le thème « D’UNE RIVE A L’AUTRE, ECRIRE L’HISTOIRE, DECOLONISER LES MEMOIRES »
                  2-Léon Blum invoquera son « trop d’amour » pour son pays « pour désavouer l’expansion de la pensée et de la civilisation française ». « Nous admettons le droit et même le devoir des races supérieures d’attirer à elles celles qui ne sont pas parvenues au même degré de culture », écrira-t-il dans le journal « Le Populaire » en date du 17 juillet 1925) cf « Quand Tocqueville légitimait les boucheries » par Olivier le Cour Grandmaison et « une histoire coloniale refoulée » par Pascal Blanchard, Sandrine Lemaire et Nicolas Bancel- Dossier général sous le thème « Les impasses du débat sur la torture en Algérie »-Le Monde Diplomatique juin 2001. Alexis de Tocqueville légitimera les boucheries considérant « le fait de s’emparer des hommes sans armes, des femmes et des enfants, comme des nécessités fâcheuses auxquelles tout peuple qui voudra faire la guerre aux Arabes sera obligé de se soumettre ». De son côté, Jules Ferry soutiendra dans un discours au Palais Bourbon le 29 juillet 1895 qu’ « il y a pour les races supérieures un droit par ce qu’il y a un devoir pour elle. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures ».
                  3)-« Zoos humains, de la Vénus Hottentote aux Reality Show » Ed. La Découverte Mars 2002, ouvrage réalisé sous la direction d’un collectif d’historiens et d’anthropologues membres de l’Association connaissance de l’Afrique contemporaine (Achac-Paris),Nicolas Bancel (historien, Université Paris XI), Pascal Blanchard (historien, chercheur CNRS), Gilles Boetsch (anthropologue, Directeur de recherche au CNRS), Eric Deroo (cinéaste, chercheur associé au CNRS) et Sandrine Lemaire (historienne, Institut européen de Florence). De 1877 à 1912, trente spectacles ethnologiques seront donnés au jardin d’acclimatation à Paris, puis aux expositions universelles de Paris de 1878 et de 1889 dont le clou pour celle de 1889 étaient aussi bien l’inauguration de la Tour Eiffel que la visite d’un « village nègre ». Suivront les expositions de Lyon (1894), les deux expositions coloniales de Marseille (1906 et 1922), enfin les grandes expositions de Paris de 1900 (diorama sur Madagascar, 50 millions de spectateurs) et de 1931 dont le commissaire général n’était autre que le Maréchal Lyautey. cf. « Le spectacle ordinaire des zoos humains » et « 1931. Tous à l’Expo » par Pascal Blanchard, Nicolas Bancel et Sandrine Lemaire, Manière de voir N°58 Juillet Août 2001, op cité.
                  4-Dictionnaire Le Petit Robert 1996.
                  5-« Du Bougnoule au sauvageon, voyage dans l’imaginaire français » René Naba–Editons l’Harmattan-2002
                  6-« La République Xénophobe, 1917-1939 de la machine d’Etat au « crime de bureau », les révélations des archives » de Jean Pierre Deschodt et François Huguenin Editions JC Lattès septembre 2001.
                  7-« Une théorie raciale des valeurs ? Démobilisation des travailleurs immigrés et mobilisation des stéréotypes en France à la fin de la grande guerre » par Mary Lewis, enseignante à la New York University, in « L’invention des populations », ouvrage collectif sous la direction d’Hervé Le Bras (Editions Odile Jacob).

                  *René Naba

                  Ancien responsable du monde arabo-musulman au service diplomatique de l’Agence France Presse, ancien conseiller du Directeur Général de RMC/Moyen orient, chargé de l’information.

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                  • #10
                    APPELER ....... APPELER: Ca coute chér!

                    A la fierté du francais!
                    Et rédigez moi un discourt á partir de ces trois mot: Fraternité, egalité et Liberté!

                    Wecherak khoya, wecheraki kheti?
                    Nemechi me3ak redjel, redjel yak nerouhou kif kif?
                    Tu etouffes ma liberté, laisse moi respirer!

                    Allez arrêtez!
                    Réfléchis....
                    Il faut que tu réfléchisses
                    Mes pensées sont loins
                    !
                    [ Yacia Nabila ]

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