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TIBET: Un nouvel eldorado pour les sociétés minières occidentales

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  • TIBET: Un nouvel eldorado pour les sociétés minières occidentales

    Gourmande en matières premières, la Chine a répertorié les richesses du sous-sol tibétain. Elle attire maintenant des sociétés occidentales désireuses de participer à l'exploitation de mines de métaux. Des compagnies britanniques sont déjà à pied d'œuvre.

    Autrefois sous-développé et indigent, le secteur minier chinois est en pleine mutation et pourrait bouleverser, d'ici à quelques années, l'ensemble des marchés mondiaux des matières premières. La Chine est, en effet, en passe de devenir autosuffisante et pourrait rejoindre le club des plus grands exportateurs mondiaux alors qu'on ne cesse d'y découvrir de vastes réserves de minerai.

    L'année dernière, la Chine a supplanté l'Afrique du Sud au rang de premier producteur d'or dans le monde. La société Leyshon Resources – cotée sur l'AIM [Alternative Investment Market, à Londres] et à la Bourse de Sydney (Australian Securities Exchange) – développe l'activité d'une mine d'or dans la province du Heilongjang, dans le nord-est de la Chine. "La Chine présentait le double avantage d'avoir un vaste potentiel d'exploration inexploité et de disposer des infrastructures nécessaires", explique Paul Atherley, directeur de l'entreprise. "C'est grâce à cela que la Chine est devenue le premier producteur mondial d'or en moins de dix ans."

    Ce sont les Britanniques qui ont ouvert la voie en Chine. En 1997, la Griffin Mining de Londres, cotée sur l'AIM, est la première compagnie étrangère à obtenir une licence d'exploration depuis la fondation de la République populaire, en 1949. A présent, les Britanniques sont bien implantés dans toute la Chine et la plupart s'intéressent de près au Tibet, la "nouvelle frontière" minière du pays. Entre 1999 et 2006, une étude géologique secrète menée par les Chinois a révélé la présence au Tibet de vastes réserves de cuivre, de fer, de plomb, de zinc et autres minerais. On estime que le Tibet renfermerait entre 30 et 40 millions de tonnes de cuivre et 40 millions de tonnes de plomb et de zinc.

    Insatiables, les industries automobiles et de construction chinoises ont importé 386 millions de tonnes de minerai de fer en 2007, soit 18 % de plus qu'en 2006, ce qui représente près de la moitié des importations mondiales de fer. Ce chiffre pourrait être substantiellement revu à la baisse avec la mise en exploitation des réserves de fer du Tibet. Les autorités de Pékin estiment qu'au total les ressources minérales du Tibet représentent plus de 80 milliards d'euros.

    En 2006, la Central China Goldfields (CCG), unique société britannique présente au Tibet, a cédé à la tentation malgré les menaces de manifestations de la part de groupes protibétains. Créée en 2004, après l'ouverture du secteur minier chinois aux sociétés étrangères en 2003, la CCG s'est d'abord concentrée sur des projets de mines d'or, avec notamment l'installation en Mongolie-Intérieure d'une mine dont la mise en exploitation est prévue pour mars 2009. L'année passée, la CCG a également exploré dans la région de Nimu, près de Lhassa, à la recherche de cuivre.

    Nimu se situe sur la ceinture de cuivre transhimalayenne qui va de l'Afghanistan à la province du Yunnan, dans le sud-ouest de la Chine. La CCG n'en est encore qu'à la phase d'exploration mais les sociétés chinoises ont déjà commencé à creuser des mines tout le long de la ceinture, notamment celle de Yulong, appelée à devenir la plus grande mine de cuivre de toute la Chine. La société Continental Minerals, basée à Vancouver, au Canada, devrait obtenir avant la fin de l'année la première licence d'exploitation accordée à une société étrangère au Tibet. "Il y a beaucoup de cuivre dans cette ceinture. Du point de vue géologique, cette région ressemble énormément aux Andes d'Amérique du Sud. Ce n'est qu'une question de temps avant qu'on se bouscule pour exploiter le cuivre ici", prophétise Jeff Malaihollo, directeur de la CCG.

    Comme toutes les sociétés minières étrangères, la CCG a dû former une co-entreprise avec un partenaire chinois – le Bureau of Metallurgy and Geological Exploration du Sichuan – pour s'implanter. Cette obligation faite aux étrangers de coopérer avec un acteur chinois pour s'installer a poussé de nombreux exilés tibétains et plusieurs groupes de pression – comme la campagne Free Tibet – à critiquer le comportement des sociétés qui se sont empressées de profiter de l'ouverture du secteur minier en Chine. Pour ces dernières néanmoins, la Chine semble devoir être un nouvel eldorado pour les années à venir.

    - Courrier International
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