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Un calendrier astronomique et olympique de plus de deux mille ans

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  • Un calendrier astronomique et olympique de plus de deux mille ans

    A quelques jours de l'ouverture des Jeux olympiques de Pékin, une découverte archéologique invite à se repencher sur la dimension symbolique de ces joutes sportives. Dans la revue Nature du jeudi 31 juillet, une équipe anglo-américano-grecque de chercheurs décrit comment un mécanisme astronomique antique, vieux de plus de deux mille ans, reliait cette compétition humaine à la course des astres.

    L'histoire commence en 1900. Des pêcheurs d'éponges remontent, de l'épave d'un navire romain coulé près de l'île grecque d'Anticythère, 82 fragments de bronze corrodé recouverts d'une gangue de calcaire. Une vingtaine de roues dentées, portant des inscriptions astronomiques, font d'abord penser à un astrolabe, instrument servant à mesurer la hauteur des étoiles au-dessus de l'horizon et connu depuis le IIe siècle avant notre ère. La forme des caractères grecs permet d'ailleurs de dater ces vestiges de 150 à 100 avant J.-C.

    A partir de 2005, des investigations plus poussées sont conduites, à l'aide d'une machine à rayons X, par des scientifiques de plusieurs disciplines : astronomes, archéologues, physiciens, mathématiciens, paléographes, historiens... Elles font apparaître que le mécanisme d'Anticythère dépasse, en complexité, tous les instruments antiques connus.

    L'appareil, contenu dans un boîtier en bois haut de 33 cm, large de 18 cm et épais de 10 cm, était vraisemblablement actionné par une manivelle. A l'avant figuraient deux cadrans représentant le calendrier égyptien et le Zodiaque grec. A l'arrière étaient placés deux autres cadrans, correspondant au cycle métonique (période de dix-neuf ans, soit 235 lunaisons, au terme de laquelle les phases de la Lune reviennent aux mêmes jours de l'année) et au cycle de Saros (permettant de calculer le retour des éclipses lunaires et solaires).

    Au cadran métonique est associé un petit cadran subsidiaire, que les chercheurs croyaient lié au cycle callipique (période de 4 × 19 ans). Or de nouvelles analyses ont montré qu'il indiquait, en réalité, la séquence des olympiades grecques et leur correspondance avec les années civiles.

    Ce cadran présente quatre subdivisions, où l'on peut lire le nom des quatre grandes épreuves, dites "panhelléniques", dont les lauréats étaient couronnés de laurier : "Olympia" et "Pythia" pour les jeux - quadriennaux - d'Olympie et de Delphes ; "Nemea" et "Isthmia" pour ceux, biennaux, de Némée et de Corinthe. Un autre nom, "Naa", fait référence aux épreuves de moindre renom organisées à Dodone, tandis qu'un sixième nom reste indéchiffrable.

    On savait l'importance, politique et culturelle, que revêtaient, dans la Grèce antique, ces Jeux que les historiens font remonter à 776 avant notre ère, mais qui sont sans doute plus anciens encore. Associées à de grandes fêtes religieuses, favorisant les contacts entre les cités, ces rencontres servaient aussi de repères chronologiques.

    Le mécanisme d'Anticythère, en établissant "une corrélation entre cycles humains et cycles célestes", procède peut-être, écrivent les auteurs de l'article, d'une volonté d'"harmonisation de l'ordre humain et de l'ordre divin". De quoi redonner une part de sacré aux Jeux modernes.

    Par Le Monde
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