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Qu'est-ce que le Shi'isme (imamite) ?

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  • Qu'est-ce que le Shi'isme (imamite) ?

    Ce que l'on designe couramment par shi'isme (tachayyu') se rapporte essentiellement au Shi'isme duodeciman du nombre des imams veneres par les adeptes de cette doctrine, ou encore Shi'isme imamite (imamiya) par rapport a la theorie de l'imamat qui la carcetrise par rapport au Sunnisme traditionnel.

    Il y'a lieu de preciser ici que cette theorie de l'imamat -dans le Shi'isme actuel- n'est pas seulement une conception de l'autorite politique et religieuse qui se distingue de celle du Sunnisme, elle fait partie integrante de la theologoe shi'ite et comporte des implications esoteriques qui en compliquent beaucoup les repercussions et participent donc grandement a la separation entre les deux branches.

    Je vais essayer, dans deux ou trois postes, de compiler de maniere simple ce qu'il en est du Shi'isme (imamite), son dogme, son evolution et ce qui le distingue de l'orthodoxie sunnite en general afin que les choses soient un peu plus claires.
    "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

  • #2
    La formation du dogme shi'ite (I)

    On peut distniguer en gros quatre etapes dans l'histoire qui ont conduis au dogme shi'ite tel que nous le connaissons aujourd'hui :

    Etape I

    A la mort du Prophete (qlpssl) en 632, les partisans (politiques) d'Ali ibn Abi Talib (shi'atou 'Alyy) se regrouperent pour defendre son droit a la sucession et au commandement de la Communaute, de par sa parente et son merite. A ce stade, le mouvement est essentiellement politique et l'on s'accorde que ces "partisans" medinois et mecquois de la premiere heure ne professaient pas encore d'idees ou de doctrines (religieuses) specifiques.

    La chose politique voudra que Ali ne parvienne au pouvoir supreme qu'en 656, et dans les conditions dramatiques qui ont suivis l'assassinat d'Othman. Mais malgres son prestige intacte, Ali ne parvint pas a eliminer Mu'awiya ibn Abi Sufyane -qui reclamait la vengeance d'Othman et refusais de faire allegence- et dut ceder une grande partie d eson autorite legitime dans une sorte de statut quo, jusqu'a ce qu'il soit lui-meme tue en 661, par un kharridjite, membre d'un groupe d'anciens allies qui ont fait dissidence contre lui et contre son rival a la fois.

    Ses partisans se regrouperent alors autour de son fils aine et petit-fils du Prophete, al-Hassan, mais celui renonca a faire la guerre pour le pouvoir preferant conclur un accord de paix avec Mu'awiya qui devint ainsi officiellement Calife en sucession de Ali, et inaugurant la dynastie des Omeyades puisque il designra comme heritier son propre fils, Yazid.

    En 680, apres la mort de Mu'awiya, le second fils d'Ali, al-Hussein, va alors se manifester en refusant de faire allegence a Yazid (qui avais d'ailleurs une reputation excerable) et reclamant ses droits a la succession de son propre frere (mort dans sa retraite a Medine en 670). Ce dernier conflit va alors deboucher sur un veritable drame qui marquera une etape majeure dans l'evolution du Shi'isme.
    "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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    • #3
      La formation du dogme shi'ite (II)

      Etape II

      Rassemblant ses fideles et tout le clan Hachemite (famille du prophete), al-Hussein engagea un bras de fer avec Yazid ibn My'awiya, surtout qu'il aurait ete appelle par les gens des anciennes provinces de son pere (l'Irak) afin de prendre la tete de la Communaute au nom des droits d'Ali.

      C'est donc en chemin vers Kufa que l'accrochage eut lieu, a Karbala en 680 : une troupe du gouverneur lui barra la route a al-Hussein et ses accompagnateurs ; encercles, on leurs demanda de faire allegence a Yazid mais refusant cela l'irreparable arriva ; le petit-fils du Prophete ainsi que beaucoup d'autres hommes de sa famille (ahl al-bayt) furent tues au combat. Ce fut un 10 du mois de Muharram de l'an 61 de l'hegire, un jour de 'Achoura.

      Bien que les faits relates demurent encore du domaine strictement politique, et bien que la sympathie envers al-Hussein etait a l'epoque generale parmi les Musulmans (y compris cette majorite qui constituera plus tard le Sunnisme), ce drame constitua le veritable fondement du Shi'isme.

      Sur le plan pratique, "le parti" en butte a la repression du nouveau regime va en quelque sorte se fermer sur lui-meme et c'est a partir de la que la separation doctrinale avec l'orthodoixe sunnite va s'enclencher, se nourissant generation apres generation de cette victimisation de la cause et pondant theorie apres theorie sur le plan juridique mais aussi theologique.

      Mais pour l'heure, tout en affichant officielment d'etre rentres dans les rangs, les "partisans" actifs (ceux qui deviendront vraiment les shi'ites) considereront que la sucession legitime etait passee chez le petit 'Ali ibn al-Hussein (4e imam), un rescape de la tuerie de Karbala. L'Opposition aux Ommeyades, au fait de le leur puissance, devint aini un mouvement clandestin ; le Shi'isme venait de naitre.
      Dernière modification par Harrachi78, 02 août 2008, 21h17.
      "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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      • #4
        Ses partisans se regrouperent alors autour de son fils aine et petit-fils du Prophete, al-Hassan, mais celui renonca a faire la guerre pour le pouvoir preferant conclur un accord de paix avec Mu'awiya qui devint ainsi officiellement Calife en sucession de Ali, et inaugurant la dynastie des Omeyades puisque il designra comme heritier son propre fils, Yazid.
        Il faut signaler qu'il n'était pas dans le contrat entre Al'Hassan et Mu'awiya que ce dernier désigne son fils comme successeur ce qui a conduit Al Hussein à se révolter.
        Ainsi va le monde

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        • #5
          La formation du dogme shi'ite (III)

          La situation demeura ainsi durant toute l'epoque Ommeyade, soit un siecle de temps : la sympathie generale allait toujours a Ahl al-Bayt face a la puissance des Ommeyades, mais la majorite des Musulmans se resignant a accepter le fait, faisant passer l'interet de la Communaute et de l'Empire avant toute autre chose, contrairement aux partisans convaincus et actifs qui mainetnaient coute que coute les revendications de ceux qu'ils copnsideraient comme seuls et uniques imams legitimes de la Communautes.

          Ainsi, c'est au nom de Ahl al-Bayt que la revolution Abasside va s'allumer et faire tomber la dynastie des Ommeyades accusee de tyranie et d'impiete. Mais lorsque le nouveau regime sera instaure et que c'est les descendants d'al-Abbas (oncle du Prophete) qui prendront le pouvoir et non pas les ceux d'Ali et Fatima (fille du Prophete), beaucoup de partisans se montreront finalement decus et le mouvement clandestin reprit d eplus belle. Sauf qu'il commencera alors a prendre uen tournure resolument eschatologique et qu'il sera fortement marque par la pensee esoterique, nourri en cela par le secret et la clandestine ainsi que la nouvelle repression que lui imposeront les "freres" Abassides.

          Etape III

          Viendra alors le 6e imam de la lignee, Ja'far al-Sadiq, (m. 765), un homme de grand savoir qui etait tres respecte y compris chez les grads savants du Sunnisme. Il fut a la fois le dernier maillon reliant le Shi'isme a l'orthodoxie sunnite (Malik ibn Anas rapporte un tas de hadiths de lui ; Abu Hanifa fut un de ses etudiants) et le veritable ordonateur de la jurisprudence (fiqh) proprement shi'ite (justement dite ja'farite). Il fut notamment le theoricien d'une doctrine qui devindra fondamentale dans la pensee shi'ite, celle du nass : l'imam de la Commuanute est choisi par une designation formelle de son predecesseur et cette designantion releve de la volonte divine. La fracture avec le Sunnisme sur ce point est evidente.

          Mais, signe des temps, c'est aussi a l'epoque de Ja'far al-Sadiq que le fameux concepte de taqiyya autorisant le croyant a dissimuler sa veritable foi face au danger se developpe dans les cercles shi'ites actifs.

          Toutefois, comme jadis al-Hassan avec Mu'awiya, Ja'far al-Sadiq avait officiellement renonce a toute reclamation du pouvoir a ses cousins Abassides, se consacrant aux etudes, et sa position attentiste sera par la suite adoptee par ses sucesseurs, le shi'isme se developpant alors en parallele a l'Orthodoxie sunnite qui etait en pleine structuration autour des ses futures quatre ecoles traditionelles.

          Les choses demeuront ainsi durant six generations, jusqu'a l'epoque du 12e imam, soit le Xe siecle.
          "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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          • #6
            La formation du dogme shi'ite (IV)

            Etape IV

            En fait, c'est a la mort du 11e imam, Hassan al-Askari, en 875 que le probleme va surgir. Le jeune fils qui etait sense lui succeder, Muhammad al-Mehdi (theoriquement 12e imam), avait disparu ; mais comme la presence d'un imam designe par un nass de son predecesseur etait devenu primordial dans les croyances shi'ites on s'evertua a trouver une solution et on la trouva en decretant que l'imam etait volontairement entre en "occultation" (gahyba) et qu'il allait rester ainsi jusqu'au jour ou il reviendra sur terre pour y faire regner la justice !

            Cependant, le role de l'Imam chez les Shi'ites avait pris des dimensions quasi cosmiques depuis l'epoque de Ja'far al-Sadiq ; il etait seul intermediaire entre Dieu et les hommes et sa presence etait necessaire a la bonne marche de l'Univers. On declara donc qu'avant sa ghayba, le petit avait designe quatre ambassadeurs (wakil, safir) afin de le representer et de transmettre ses volontes. Ca marcha comme ca durant quelques decennies puis, un jour le 4e ambassadeur declara aux fideles que l'imam cache lui avait transmis un message lui ordonant de ne designer personne pour le remplacer.

            Ainsi, lorsque ce dernier ambassadeur mourut en 941, en decreta qu'etait venu le temps de la "Grande Occultation" (al-Ghayba al-Koubra), plus de message de l'imam jusqu'a son retour (raj'a, qiyam) attendu a la fin des temps.

            Les fondements theologiques du Shi'isme imamite etaient alors definitivement etablies, et la suite ne sera qu'un affinement et une precision de ces doctrines et de leurs ramifications.
            "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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            • #7
              Quelques specificites theologiques importantes

              + La croyance en l'absolu unicite divine (tawhid), en la prophetie (nubuwwa) et en la resurection (ma'adh) sont communs au Sunnisme comme au Shi'isme.

              - Sur la question des attributs divins les Shi'ites se sont alignes sur les positions Mu'tazilites alors que le Sunnisme s'appuie plutot sur l'Ash'arisme.

              - Pour eux le Coran est cree. D'ailleurs, apres avoir longtemps considere que le Livre saint avait ete altere, ils admirent et adopterent la rescension commune etablie sous 'Uthman.

              - Contrairement aux Sunnites, ils considerent que le croyant ne pourra jamais voire Dieu, ni en ce monde ni dans l'au-dela.

              - L'Imamat dans la pensee shi'ite est un fondement religieux essentiel et n'a rien avoir avec la notion de califat chez les Sunnites.
              "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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              • #8
                Et c'est ainsi que vint la Wilaya du faqih (la gouvernance du docte), certains chiites ont décidé de prendre leur destin en main et au lieu de la passivité d'attendre l'Imam caché, Un Ayatollah peut le substituer provisoirement en attendant son retour.
                Khomeiny avec le révolution islamique fut l'application sur terrain de cette théorie.
                Ainsi va le monde

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                • #9
                  Pour les différences

                  Au départ, certes, ce fut un conflit de pouvoir (selon le sunnisme bien sûr) qui s'est avec le temps traduit en une divergence d'ordre confessionnelle.
                  Mais la vrai différence, entre les chiites et les sunnite si on regarde bien c'est que les sunnites privilégie l'ordre même au détriment de la justice contrairement aux chiites pour qui la justice prime même sur l'ordre. Tu penses quoi Harrachi ?
                  Ainsi va le monde

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                  • #10
                    @Houmaiz

                    La encore ca reste relatif car le regne des Fatimides -par exemple- ne differa en rien de celui de n'importe quel autre calife, qu'il soit Ommeyade ou Abasside a bien regarder, a la difference que eux n'etaient pas ma'somine selon la doctrine sunnite.

                    La position sunnite previlegie toujours les principes de juste milieu et le moindre mal et si il s'avere que les imperatifs de justice menacent l'ordre et la securite de la nation la priorite est clairement etablie.

                    Sur ce chapitre, je pourrai meme rapeller la position d'Ali lui-meme lorsqu'il fut designe comme calife, refusant de livrer les assassins d'Uthmane pour des motifs de securite publique. N'est-ce pas ?
                    "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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                    • #11
                      Harrachi, c'est de toi ce résumé? Si oui, bravo, joli travail. Merci de nous éclairer sur des sujets aussi intéressants, sur lesquels on fait souvent l'impasse, ou on relègue au fin fond de notre mémoire morte
                      La guerre, c'est la guerre des hommes ; la paix, c'est la guerre des idées. V. Hugo

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                      • #12
                        Si je resume grossierement, on a mystifié les choses pour garder le pouvoir?

                        Ces imames avaient-ils un statut politique ou juridique à l'epoque? Ils se trouvaient en Iraq?

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                        • #13
                          @Geass

                          Merci, ca me permet aussi de rafraichir ma memoire etd e mettre a jour mes donees ; c'est tres utile parfois
                          "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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                          • #14
                            @Kareena

                            ... Si je resume grossierement, on a mystifié les choses pour garder le pouvoir ?

                            C'est-a-dire ?

                            ... Ces imames avaient-ils un statut politique ou juridique à l'epoque ?

                            Pour leur parti (firqa, shi'a) ils etaient les chefs legitime du monde musulman que les Ommeyades et les Abassides usurpateurs ont spolies de leur droits. Il s'agissait a ce niveau d'une opposition politique clandestine.

                            Mais plus que cela, et surtout a partir du 6e imam, l'imamat revetit un caractere religieux bien plus marque et on commenca a voire dans les imams bien plus que des souverains legitimes spolies, mais comme des sortes d'intermediaires entre Dieu et son peuple, qu'ils avcaient en quelque sorte un role cosmique essentiel dans l'univers.

                            ... Ils se trouvaient en Iraq ?

                            Pas forcement.
                            "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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                            • #15
                              La encore ca reste relatif car le regne des Fatimides -par exemple- ne differa en rien de celui de n'importe quel autre calife, qu'il soit Ommeyade ou Abasside a bien regarder,
                              Une chose est certaine, c'est que l'exercice du pouvoir n'est pas toujours conforme aux normes établies par les textes, cela se trouve chez le chiite comme chez le sunnite, sans parler des différences notables dans la désignations de l'imam entre fatimides et imamites.
                              a la difference que eux n'etaient pas ma'somine selon la doctrine sunnite.
                              Il faut préciser que le concept de Isma'a (infaillibilité) chez les imamites (ne parlons pas des extrémistes) est une conception purement humaine, c'est-à-dire que l'Imam contrairement aux prophètes dont l'infaillibilité est un don divin, celle de l'Imam est une sorte d'entrainement si tu veux, c'à-d que l'Imam est tellement pieux au point de ne commettre aucun péché même s'il peut le faire.
                              La position sunnite previlegie toujours les principes de juste milieu et le moindre mal et si il s'avere que les imperatifs de justice menacent l'ordre et la securite de la nation la priorite est clairement etablie.
                              Malheureusement les dégâts ont été énormes sous cette règle et elle continu de l'être, ça ne sert que les tyrans Harrachi.
                              Il est évident qu'un despote ne renonce jamais au pouvoir sans effusion de sang, sous peine de rompre l'ordre le monde musulman est condamné à vivre sous l'injustice.
                              Sur ce chapitre, je pourrai meme rapeller la position d'Ali lui-meme lorsqu'il fut designe comme calife, refusant de livrer les assassins d'Uthmane pour des motifs de securite publique. N'est-ce pas ?
                              Ah non
                              D'abord les livrer à qui ?
                              Deuxièmement, Ali attendait qu'il soit pleinement Calif si tu veux pour punir les assassins d'Ottmane.
                              D'une autre part si comme tu dis, Ali aurait pu se plier aux exigences de ses adversaires des deux camps Aicha, Zobeir et Talha d'une part et les ommyades de l'autre et éviter deux grandes guerres. Punir les assassins aurait été un jeu d'enfant si on le compare aux guerres qu'il a menées.
                              Dernière modification par houmaiz, 03 août 2008, 13h52.
                              Ainsi va le monde

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