mon père...
sur de vieilles cartes postales algériennes
il y a des petits garçons étais-tu l'un d'eux, en guenille?
celui-ci qui fabrique des paniers, me fait penser à ce que tu disais, tu en vendais au marché de boghni à 8 ans
à peine, c'est ça quand on a plus de papa me disais-tu...
tu as tenu ta promesse à ma gida quand tu lui as promis de lui offrir un âne pour qu'elle ne porte plus l'eau jusqu'à la jarre qui était dans la cour...
le sacrifice de tes soeurs pour que le seul garçon puisse subsister, elles t'ont donné ce petit morceau de viande... j'entends encore dans ta voix tant d'émotions...
une autre carte postale où l'on voit des jeunes de 14 ans labourer les terres, je me souviens mon père quand tu m'as raconté sous un soleil plombé tu travaillais sans relache...
par contre sur cette carte où l'on voit de jeunes filles kabyles, tu avais refusé d'épouser ta ficelle comme tu disais en riant, car elle avait préféré donner le panier de provisions à ton cousin, qui entre autres ont eu 14 enfants!
quelle courage as-tu eu mon père quitté ta maman et tes soeurs pour la france, pays inconnu et lointain, si jeune mon père à peine 17 ans...
combien de fouilles tu as subi, les caches dans la cave par cet aubergiste auvergnat...
pas facile de vendre des citrons quand on parle pas un mot français et qu'on sait ni l'écrire...
ta rencontre avec maman au cinéma m'avait bouleversé...
souviens-toi mon père ta colère quand tu as su que j'étais une fille! une fille! une fille...
qui porte le prénom de ma gida et de ta soeur préféré...
pourtant nous avons tant partagé de choses ensemble, nos fous rires, tes colères aussi quand je ne t'écoutais...
et puis voilà un 26 août, dans la matinée, ton coeur s'est arrêté de battre à 10h30... pourquoi tu n'as pas tenu jusqu'à 10h45, l'heure de mon arrivée à l'hopital...
je tenais à t'écrire ce petit mot pour te dire combien je regrette d'être passer à côté de toi sans comprendre mon père... mais comme tous les kabyles, tu étais silencieux...
dis si tu savais combien je t'ai adoré papa...
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