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Le fond du problème entre AKP et kémalistes n’est pas tranché

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  • Le fond du problème entre AKP et kémalistes n’est pas tranché

    Dorothée Schmid, directrice de recherche à l’Institut français des relations internationales (IFRI), analyse la situation en Turquie après la décision mercredi de la Cour constitutionnelle de ne pas dissoudre le Parti de la justice et du développement (AKP, au pouvoir depuis 2002) accusé d’activités anti-laïques. La formation du premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, a cependant écopé de sanctions financières. Un avertissement qui risque d’influer sur la vie politique du pays.

    Le Temps: A quels genres de compromis sera poussé l’AKP après la décision de la Cour constitutionnelle?

    Dorothée Schmid: Le président de la Cour constitutionnelle a. souligné que l’objectif des juges était d’envoyer un message clair à l’AKP, qu’il espérait que les acteurs politiques en tiendraient compte et régleraient à l’avenir leurs problèmes entre eux. Les kémalistes sont d’assez mauvaise foi en affirmant que la crise politique n’est ainsi pas résolue mais confirmée. Ce genre de déclaration montre qu’ils ne sont pas prêts au compromis. La question aujourd’hui est donc: «Qui doit donner du mou?» L’AKP a certes provoqué la crise en autorisant le foulard islamique à l’université, mais ce sont les autres qui l’ont nourrie. La décision des juges implique cependant pour le parti au pouvoir d’aller plus doucement sur les sujets liés à la laïcité. Personne ne dispose d’éléments précis concernant un agenda islamiste de l’AKP, mais ce qui est sûr, c’est que le gouvernement ne doit pas revenir en fanfare avec la question du voile.

    - Laïcité et paix sociale sont-elles préservées pour un moment?

    - C’est difficile à dire. La crise a polarisé la société, entre ceux qui soutiennent l’AKP et les autres. La réponse de la Cour constitutionnelle n’est pas motivée, mais seulement destinée à calmer le jeu. Six juges sur 11 se sont prononcés pour la dissolution, mais 10 étaient pour des sanctions. Tout cela n’est pas très clair. Le fond du problème, dès lors, n’est pas tranché.

    - On a l’impression d’un débat pris en otage entre ceux qui se veulent garants de la Constitution, et donc de la laïcité, et les religieux de l’AKP. Qu’en est-il de la population?

    - Les derniers sondages affirment que, en cas d’élections anticipées, plus de 40% des votants se prononceraient pour l’AKP. Cela dit, c’est aussi parce qu’il n’y a pas d’opposition crédible pour l’instant.

    - L’autorisation du foulard islamique à l’université avait été l’une des causes de la crise. Quelle est la ligne rouge à ne pas franchir?

    - Le voile est une ligne symbolique très importante. L’AKP devra y aller prudemment sur ce sujet. Les autres lignes rouges sont plutôt liées aux exigences européennes. La Turquie doit faire des efforts concernant la liberté d’expression et les «atteintes à l’intérêt national». Chypre est également une question sensible. D’une manière générale, le pays est plutôt mieux au niveau diplomatique; il y a la médiation Syrie-Israël, les efforts avec l’Arménie, le positionnement face à l’Iran. Tout semble en meilleure voie, sauf les dossiers sur lesquels l’armée conserve la main, comme l’Irak.

    - Le kémalisme est-il vraiment menacé à court terme?

    - Juste après la décision de la Cour, Recep Tayyip Erdogan a affirmé que l’AKP suivait la voie de la modernisation d’Atatürk et que cette voie menait à l’Europe. Il a compris que le moment n’était pas à déboulonner les symboles, et essaie plutôt de ne pas laisser ce patrimoine aux seules mains des kémalistes

    Source : Caroline Stevan pour Le Temps
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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