Bonjour,
Je viens de tomber sur cette analyse parlant des sources de blocage en Algerie, je ne sais pas qui c'est l'auteur mais elle merite d'etre lu.
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L'Algérie : aux sources des blocages
L’Algérie est un théâtre dans lequel se regroupent tous les ingrédients de la complexité. C’est une zone de tensions et instabilités permanentes qui a été fréquemment exposée à de multiples influences.
Dès le début du VIIIème siècle, l’Algérie, comme l’ensemble du Maghreb, est devenue une province placée sous l’autorité de la dynastie des Omeyades. Après 740, tandis que se multiplient les guerres de succession pour le califat, les Berbères se soulèvent contre l’autorité califale et beaucoup rallient les kharijites, dissidents de l’Islam. Ces guerres de succession et de lutte pour le pouvoir continueront avec l’arrivée des Fatimides, des Almoravides, des Almohades puis de l’empire ottoman. Ibn Khaldun, en fin observateur, a parfaitement décrit cette dynamique en expliquant que ces Etats-dynasties étaient typiquement fondés par des guerriers nomades motivés par la promesse du butin et de la gloire. Les guerriers dominaient, unissaient et organisaient des populations sédentaires puis s’établissaient eux-mêmes. Leurs descendants, élevés dans le calme et le confort, ne possédaient ni les instincts de prédateurs ni le dynamisme qui avaient conduit à la création de leur Etat. Se contentant de préserver leurs gains, ils rendaient leurs Etats vulnérables à la conquête par une nouvelle bande de nomades ambitieuse, prête à travailler pour un ordre socio-économique plus avancé. L’histoire des coalitions de cette région obéissait à la séquence : Conquérants => héréditaires => imitateurs => destructeurs.
Ces siècles de guerres de successions et de domination de différentes dynasties musulmanes du moyen âge et de l’empire Ottoman ont fini par appauvrir et radicaliser considérablement l’atmosphère intellectuelle dans cette région et par dégrader sa situation politique et économique. L’édifice institutionnel se fragilise durant environ neuf siècles d’inculture et de lutte pour le pouvoir, expliquant le déclin de cette civilisation, déclin qui va l’exposer aux envahisseurs extérieurs.
L’Algérie, pièce centrale de l’Afrique du nord, est ainsi colonisée et proclamée territoire français en 1848. Elle accède, après une épuisante et cruelle guerre, à l’indépendance en 1962 en héritant (1) certes, d'une infrastructure urbaine et des équipements publics modernes (2) mais aussi d’un Etat avec des frontières dans une région qui les méconnaissait et qui était fondée sur l’empire et la Oumma (la communauté des musulmans) ; (3) d’un édifice institutionnel et un mode d’organisation complètement nouveaux (puisque le précaire processus d’évolution des institutions précoloniales a été complètement laminé par plus d’un siècle de colonisation) ; (4) de conflits territoriaux (principalement avec le voisin (ou rival) marocain). Le tout dans un climat de guerre civile et d’intenses luttes pour le pouvoir.
Le Prix Nobel de science économique en 1993 et historien Douglass North (2005, p. 174) explique qu’après la grande vague de décolonisation des années 60 et « faute d’un héritage d’auto-administration coloniale et de droits de propriété clairs, l’indépendance a tourné aux conflits violents entre groupes concurrents pour le contrôle du régime politique et de l’économie. Partout, le régime politique a été confisqué et utilisé comme véhicule d’échanges personnels […] il a fallu un demi-siècle pour que l’un de ces groupes concurrents s’impose. Etablir l’ordre est devenu un but en soi, ce qui a abouti à la création et à la perpétuation de régimes autoritaires. »
Dès leur indépendance, les algériens ont été déchirés entre ceux qui voulaient garder l’héritage francophone et la laïcité, et ceux qui souhaitaient un ancrage profond au sein du monde arabe. Le 19 juin 1965 sonnera le début d’une longue série de coups d’Etat. Le premier président algérien élu Ahmed Ben Bella est destitué par le Conseil de la révolution que préside le colonel Houari Boumediene, lequel lui reproche ses méthodes de gouvernement autoritaires !
La suite -> unmondelibre.org/node/298
Je viens de tomber sur cette analyse parlant des sources de blocage en Algerie, je ne sais pas qui c'est l'auteur mais elle merite d'etre lu.
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L'Algérie : aux sources des blocages
L’Algérie est un théâtre dans lequel se regroupent tous les ingrédients de la complexité. C’est une zone de tensions et instabilités permanentes qui a été fréquemment exposée à de multiples influences.
Dès le début du VIIIème siècle, l’Algérie, comme l’ensemble du Maghreb, est devenue une province placée sous l’autorité de la dynastie des Omeyades. Après 740, tandis que se multiplient les guerres de succession pour le califat, les Berbères se soulèvent contre l’autorité califale et beaucoup rallient les kharijites, dissidents de l’Islam. Ces guerres de succession et de lutte pour le pouvoir continueront avec l’arrivée des Fatimides, des Almoravides, des Almohades puis de l’empire ottoman. Ibn Khaldun, en fin observateur, a parfaitement décrit cette dynamique en expliquant que ces Etats-dynasties étaient typiquement fondés par des guerriers nomades motivés par la promesse du butin et de la gloire. Les guerriers dominaient, unissaient et organisaient des populations sédentaires puis s’établissaient eux-mêmes. Leurs descendants, élevés dans le calme et le confort, ne possédaient ni les instincts de prédateurs ni le dynamisme qui avaient conduit à la création de leur Etat. Se contentant de préserver leurs gains, ils rendaient leurs Etats vulnérables à la conquête par une nouvelle bande de nomades ambitieuse, prête à travailler pour un ordre socio-économique plus avancé. L’histoire des coalitions de cette région obéissait à la séquence : Conquérants => héréditaires => imitateurs => destructeurs.
Ces siècles de guerres de successions et de domination de différentes dynasties musulmanes du moyen âge et de l’empire Ottoman ont fini par appauvrir et radicaliser considérablement l’atmosphère intellectuelle dans cette région et par dégrader sa situation politique et économique. L’édifice institutionnel se fragilise durant environ neuf siècles d’inculture et de lutte pour le pouvoir, expliquant le déclin de cette civilisation, déclin qui va l’exposer aux envahisseurs extérieurs.
L’Algérie, pièce centrale de l’Afrique du nord, est ainsi colonisée et proclamée territoire français en 1848. Elle accède, après une épuisante et cruelle guerre, à l’indépendance en 1962 en héritant (1) certes, d'une infrastructure urbaine et des équipements publics modernes (2) mais aussi d’un Etat avec des frontières dans une région qui les méconnaissait et qui était fondée sur l’empire et la Oumma (la communauté des musulmans) ; (3) d’un édifice institutionnel et un mode d’organisation complètement nouveaux (puisque le précaire processus d’évolution des institutions précoloniales a été complètement laminé par plus d’un siècle de colonisation) ; (4) de conflits territoriaux (principalement avec le voisin (ou rival) marocain). Le tout dans un climat de guerre civile et d’intenses luttes pour le pouvoir.
Le Prix Nobel de science économique en 1993 et historien Douglass North (2005, p. 174) explique qu’après la grande vague de décolonisation des années 60 et « faute d’un héritage d’auto-administration coloniale et de droits de propriété clairs, l’indépendance a tourné aux conflits violents entre groupes concurrents pour le contrôle du régime politique et de l’économie. Partout, le régime politique a été confisqué et utilisé comme véhicule d’échanges personnels […] il a fallu un demi-siècle pour que l’un de ces groupes concurrents s’impose. Etablir l’ordre est devenu un but en soi, ce qui a abouti à la création et à la perpétuation de régimes autoritaires. »
Dès leur indépendance, les algériens ont été déchirés entre ceux qui voulaient garder l’héritage francophone et la laïcité, et ceux qui souhaitaient un ancrage profond au sein du monde arabe. Le 19 juin 1965 sonnera le début d’une longue série de coups d’Etat. Le premier président algérien élu Ahmed Ben Bella est destitué par le Conseil de la révolution que préside le colonel Houari Boumediene, lequel lui reproche ses méthodes de gouvernement autoritaires !
La suite -> unmondelibre.org/node/298
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