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Fonds souverain:Les investissements internes restent prioritaires

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  • Fonds souverain:Les investissements internes restent prioritaires

    Après avoir annoncé que l’Algérie pourrait se doter d’un fonds souverains, dans cinq années, le ministre de l’Energie et des Mines a annoncé, en gros, quelques semaines après, que le projet n’est plus d’actualité. L’on s’est interrogé alors si c’est la baisse, continue, des cours de l’or noir qui a alimenté l’idée d’abandonner la création d’un fonds souverains. Cette hypothèse aurait été demise si le ministre n’avait pas expliqué que la déclaration première n’était qu’une réponse spontanée à une question d’un journaliste. Il a expliqué en plus que même si le baril se stabilisait à 140 dollars sur les dix prochaines années, le pays mobilisera toutes les ressources financières, y compris les subsides de la hausse du pétrole. En tout cas, les pétrodollars ne seront pas injectés dans un fonds et les spécialistes algériens des finances peuvent dormir sur leurs deux oreilles, en raison de leur riposte au Forum d’El Moudjahid, arguant que l’Algérie n’a pas les instruments et l’expérience suffisants pour se lancer dans une telle aventure. Le ministre avait annoncé que l’Algérie avait besoin d’investissements intérieurs et devait recourir aux partenariats et aux investissements étrangers pour couvrir son déficit dans les dix prochaines années. A présent, l’on se demande si le projet d’un fonds souverain sera remis sur table si, toutefois, une nouvelle fièvre haussière du prix du baril se manifestait-elle. Ce qui est sûr, le sujet ayant été ouvert, a permis de sonder l’opinion des spécialistes, réagissant à l’annonce, et l’on sait à présent que les Algériens sont en veille, concernant tout placement des pétrodollars.
    Rappelons-le, le directeur général de la Bourse d'Alger, Ferfera Mustapha, a rappelé que les fonds souverains existent depuis le début des années 50. Le recours à ce genre de fonds s'est accentué ces dernières années, avec la flambée des prix du pétrole. Les plus en vue parmi les pays qui investissent le surplus de leurs recettes pétrolières dans des actifs financiers internationaux sont: la Chine, la Norvège, Singapour et les pays du Golfe. Ces fonds souverains (FS), explique le DG de la Bourse, «sont gérés par les Etats ou par les Banques centrales». Selon lui, la tendance actuelle des FS, c'est la «prise de risque» en souscrivant à des actifs d'entreprises cotées en Bourse, ce qui est le danger inhérent à ce genre de placements financiers. M. Ferfera a rappelé les pertes enregistrées par certains FS des pays du Golfe qui ont été touchés par la crise des subprimes aux Etats-Unis.

    A l’origine de la contestation

    Les FS représentent actuellement 1,3% des actifs financiers en circulation dans le monde. Ce taux est appelé à grimper à 15% dans les prochaines années, étant donné l'engouement pour ces fonds. Toutefois, a-t-il rappelé, «des voix dans le monde se sont élevées pour dénoncer l'opacité dans la gestion de ces fonds». Certains ont même tenu à limiter ou refuser certains investissements entrant dans le cadre des FS. Les fonds souverains gèrent, selon certaines estimations, jusqu'à 3.000 milliards de dollars d'actifs (2.000 milliards d'euros environ), et comptent mettre en place des règles éthiques. Le groupe de travail du Fonds monétaire international (FMI) consacré aux fonds souverains s’est réunit récemment à Singapour pour tracer les grandes lignes d'un code de conduite qui doit, selon la volonté affichée par le FMI, être finalisé en octobre. Entourés de mystères et faisant l'objet de vives préoccupations touchant parfois au protectionnisme, les fonds souverains se sont illustrés cette année par leur appétit pour les actifs occidentaux, déversant sur les marchés une manne financière tirée des pétrodollars. Certains d'entre eux ont participé aux augmentations de capital lancées par des mastodontes financiers tels que Citigroup ou UBS dans la foulée de la crise des «subprimes». Mais l'activisme de ces fonds provoque une certaine défiance dans la mesure où certains acteurs occidentaux s’interrogent sur la montée en puissance de l'influence étrangère sur des actifs nationaux. «Il est primordial d'établir une ligne de conduite. Cela droit permettre d'éviter une réaction de rejet mais également d'établir un climat de confiance entre les investisseurs et les groupes dans lesquels ils s'implantent», estimait Chua Hak Bien, stratège pour l'Asie chez la Deutsche Bank Private Wealth Management. Les analystes ne s'attendent pas pour autant à ce que la réunion organisée par le FMI débouche sur des avancées fondamentales. Le secrétaire adjoint au Trésor américain Robert Kemmit a déclaré cette année que les fonds souverains étaient une force positive mais que la rapidité de leur croissance exigeait une vigilance constante de la part des autorités pour qu'ils conservent «une influence positive.» La semaine dernière, Canberra a annoncé un examen attentif des offres chinoises sur les compagnies minières australiennes, tandis que l'Allemagne faisait part de ses réticences à l'idée que des gouvernements étrangers puissent accéder à la technologie allemande. Berlin pousse d'ailleurs les autorités européennes à légiférer sur les fonds souverains.
    Une des principales questions qui se posent en matière de fonds souverains réside dans la grande variété des normes de déclaration des actifs détenus. Si le fonds de pension norvégien publie chaque année le détail de son portefeuille, d'autres, à l'image de celui d'Abu Dhabi ou celui de Singapour, refusent de mentionner le moindre des actifs qu'ils gèrent. «Ils ne veulent sans doute pas que leur performance soit évaluée,» commente Sherman Chan, économistes de Moody's. Selon lui, les fonds souverains n'ont aucun objectif politique, d'autant qu'ils ne sont, la plupart du temps que minoritaires. Toutes fondées qu'elles puissent être, les inquiétudes affichées sont parfois injustes, soulignent certains analystes qui remarquent que l'on exige pas la même transparence de la part des fonds d'investissements privés classiques qui gèrent des sommes tout à fait comparables. «Si l'on aborde la question de la publicité, le comportement sur les marchés ou l'approche en matière d'investissement, les fonds souverains sont bien plus enclins à se comporter correctement que ne l'insinuent les discours politiques», ont récemment écrit David Fernandez et Bernhard Eschweiler, économistes chez JPMorgan. Nouvel arrivant, China Investment Corp (CIC) a prévenu qu'il délaisserait peut-être les pays qui présenteraient des velléités de contrôles trop poussés. «Si la pression politique est trop forte et qu'elle n'est pas suffisamment prévisible, allez-vous en», a déclaré le président de CIC lors d'une conférence consacrée aux fusions-acquisitions. «Heureusement, il y a plus de 200 pays dans le monde. Heureusement, il y a beaucoup de pays qui sont ravis de notre présence.» CIC a été fondé en septembre dernier. En mai, il avait déjà acquis une participation de trois milliards de dollars dans le fonds de capital-investissement Blackstone.

    Remise en question

    En Asie, des articles de presse sont venus remettre en question la bonne gestion des fonds souverains accusés d'avoir trop investi dans le secteur financier occidental, qui subit toujours les remous nés de la crise du marché du crédit. À titre d'exemple, l'action Merrill Lynch est tombée à 30 dollars comparé aux 48 dollars payés par le fonds souverain de Singapour Temasek lorsqu'il a injecté cinq milliards de dollars. Manu Bhaskaran, consultant chez Centennial Asia Advisors, pense que les codes de conduite «devront prendre en considération l'intérêt légitime des citoyens des pays d'où proviennent les fonds souverains, les marchés sur lesquels ils interviennent et les autres actionnaires.» «Il ne faut absolument pas que le fiasco de Dubaï Port se répète, lorsqu'une hystérie politique orchestrée de toute part a fait capoter un accord commercial censé», dit-il. En 2005, Dubaï Port avait racheté le britannique P&O, ce qui lui accordait la gestion d'une vingtaine de ports américains. Dans le contexte post-11-Septembre, la perspective de voir une puissance du Golfe contrôler des infrastructures américaines sensibles avait déclenché une levée de boucliers et le Congrès avait contraint Dubaï à céder ses intérêts au sein des ports américains.

    Le Financier
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