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Sport à haute dose:attention danger!

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  • Sport à haute dose:attention danger!

    Bonjour


    Si l’activité physique régulière demeure source de nombreux bienfaits, le surentraînement met notre santé en péril. Les champions en savent quelque chose, mais le sportif amateur n'est pas à l'abri. Les conseils de spécialistes.
    Rangé au rayon des souvenirs, le ballon de l’Eurofoot. Place aux athlètes qui dans quelques semaines rivaliseront d’adresse et de puissance aux Jeux olympiques de Pékin. Des millions de téléspectateurs s’émerveilleront à nouveau devant leurs exploits. De quoi certainement décupler les efforts de milliers de sportifs amateurs, dopés par les performances de leurs idoles.

    Une pratique régulière mais sans excès
    Et là, attention, danger. Nul ne contestera les bienfaits d’une pratique sportive régulière. Mais à vouloir trop en faire l’on risque de péjorer sa santé au lieu de l’entretenir. Tout le monde se souvient des «ippons» victorieux de David Douillet aux JO de Sydney. Peu se rappellent, en revanche, le colosse blessé jetant l’éponge après trop de blessures à un coude, à un poignet et au dos. Il y a quelques années, le tennisman Arnaud Boetsch faisait le compte de ses traumatismes. Trois pubalgies, une hernie, une entorse chronique d’une cheville, une tendinite répétitive à une épaule, un pied cassé, une déchirure musculaire d’une jambe. A y regarder de plus près, beaucoup de biographies prestigieuses recèlent les stigmates d’une gloire plus ou moins éphémère. Sans même parler des nombreux corps trop tôt brisés à force d’ignorer les signaux d’alerte, à l’image d’Elodie Lussac. En 1994, l’espoir de la gymnastique tricolore – quatre fois auréolée d’or aux championnats d’Europe junior – arrive épuisée aux championnats du monde de Dortmund. Et se fracture une vertèbre lombaire, blessure qui marquera l’arrêt définitif de sa jeune carrière.

    Un pavé dans la mare
    Le lot des stars? Pas seulement. Dans un livre choc paru il y a quelques années*, Stéphane Cascua, médecin du sport à l’hôpital parisien de La Pitié-Salpêtrière, l’affirmait haut et fort: «C’est une hérésie de penser que faire du sport est excellent pour le corps.» Non qu’il faille illico jeter son short et sa paire de baskets à la poubelle. Le sédentaire finira peut-être par souffrir du dos par manque de muscles. En cas de surpoids, il court deux fois plus de risques d’avoir une crise cardiaque ou un infarctus. La femme fuyant les salles de gym court vers l’ostéoporose, cette maladie affectant les os après la ménopause. Et les recherches d’un médecin américain ont démontré que le cancer du côlon menaçait deux fois plus le casanier.

    Bouger et éliminer restent facteurs d’épanouissement, de bien-être physique et mental. On se sent bien dans son corps et dans sa tête. L’organisme profite d’une activité physique modérée, environ trente minutes trois ou quatre fois par semaine. Voilà qui n’est pas nouveau. En revanche, médecins et chercheurs n’hésitent désormais plus à mettre en garde contre l’excès de sport. En Amérique du Nord, par exemple, une étude de l’Université Purdue (Indiana) a révélé que si une pratique mesurée du vélo ou de la course à pied pendant l’hiver protégeait du rhume ou de la grippe, de trop grandes distances avaient plutôt tendance à diminuer les défenses du système immunitaire.

    Connaître les limites de son cœur
    Le sport à haute dose peut donc nous mettre en danger. A commencer par le cœur, le risque d’infarctus étant statistiquement multiplié par sept au cours d’un effort intense. «L’amateur doit tendre à une activité physique raisonnable qui ne dépasse pas 75% des aptitudes cardiaques», explique Vincent Chollet, médecin du sport à la clinique Bois-Cerf, à Lausanne. Si l’on ne connaît pas l’état de son palpitant, les chercheurs évoquent comme baromètre un effort qui permette de parler mais pas de chanter. Premier risque: la mort subite du sportif, qui concernerait 1000 à 1500 décès par an en France. Premiers concernés: les fumeurs dans la quarantaine. D’abord parce que les menaces d’infarctus augmentent sensiblement autour de cet âge. Ensuite parce que les chercheurs estiment que les personnes dans la force de l’âge cherchent moins à se prouver quelque chose. Et donc à se dépasser, ou à se surpasser, à tout prix.

    Le squelette n’est pas non plus à la fête. Hernies discales, lombalgies, entorses, écrasement des cartilages ou usure précoce des articulations guettent. Une autre menace potentielle est l’installation d’une dépendance qui transforme un bien en mal, avec tous les facteurs de l’addiction: faire passer son sport avant tout le reste, s’entraîner coûte que coûte, y compris au prix de prise de médicaments, d’injection de cortisone et autres substances annihilant la douleur, par exemple. On parle alors de surentraînement avec son lot d’entorses, de luxations et traumatismes à répétition qui constituent notamment un excellent terrain pour l’apparition de l’arthrose.

    Autre danger typiquement féminin, des troubles du comportement alimentaire dans le but de perdre toujours davantage de poids. Cette diminution anormale des tissus adipeux peut alors provoquer une aménorrhée ou absence de cycle menstruel. La moitié des marathoniennes en seraient atteintes, ainsi que beaucoup de gymnastes. «Or les problèmes du taux d’hormones à l’origine de la disparition des règles ont une incidence directe sur la minéralisation des os», rappelle Vincent Chollet. Et si le pic de masse osseuse attendu entre 20 et 30 ans n’est pas atteint, la déminéralisation osseuse s’accélérera au moment de la ménopause.

    Pour éviter ces risques, il convient de diminuer la fréquence et l’intensité des entraînements sans tout arrêter brutalement. On peut aussi varier les activités en se rappelant que les sports d’endurance comme la natation, le vélo ou la course à pied sont à privilégier. Sans oublier l’indispensable échauffement préalable. Pareille diversité permet de travailler l’ensemble des muscles sans trop risquer de surmener certaines parties du corps. Enfin, pour ceux qui s’y remettent après une longue inactivité, l’effort progressif reste le maître mot, surtout à partir de 40 ans.

    Pierre Lederuy
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