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Le pizzaiolo marocain à l’aide du maire lombard.

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  • Le pizzaiolo marocain à l’aide du maire lombard.

    Dans le sillage d’autres élus du parti régionaliste et xénophobe de la Ligue du Nord, il avait exclu les immigrés de sa commune de certaines aides sociales. Maire depuis plus de quinze ans de la commune de Brignano Gera d’Adda, dans la province de Bergame, Giuseppe Ferri avait par exemple, il y a quelques mois, réservé les subventions municipales pour le logement et pour les cantines scolaires à ses 5 600 concitoyens italiens.

    Au nom de la solidarité entre administrés de même origine, il s’attendait, en retour, à une forte mobilisation pour les sinistrés de la ville, à la suite du violent orage qui, en mai, a gonflé les eaux du torrent de Morletta et provoqué pour plus 2 millions d’euros de dommages dans la commune. Immédiatement, l’Etat a promis d’intervenir, de même que la province et le conseil régional.

    Mais un mois après la catastrophe, Giuseppe Ferri n’avait toujours rien vu venir de l’administration centrale. «Nous sommes des fervents Lombards et nous savons bien comment les choses fonctionnent à Rome. Il faut que nous nous arrangions nous-mêmes», aurait réagi le maire, selon le journal populaire de droite Libero.

    «Modèle». Giuseppe Ferri a ouvert un fonds de solidarité pour les victimes des inondations. En vain. A part le maire et ses adjoints, aucun habitant de Brignano Gera d’Adda n’a mis la main au portefeuille. A l’exception notable du pizzaiolo local, qui a donné 350 euros. Né près de Casablanca, âgé de 31 ans, Jalal Allaou a en effet sacrifié le quart de son salaire mensuel. Arrivé dans la péninsule il y a dix-huit ans, lorsqu’il était adolescent, il a acquis il y a trois ans seulement la nationalité italienne. «En septembre, je ferai un autre versement», a-t-il promis.

    Le maire n’a pas caché sa stupéfaction en découvrant la liste des donateurs. Et loué Jalal Allaou comme un modèle pour tous. «Cela ne m’intéresse pas de savoir d’où vient une personne. Si elle respecte nos règles et se retrousse les manches, elle est la bienvenue. Le geste d’Allaou a été important dans un moment aussi difficile pour la commune», assure aujourd’hui Giuseppe Ferri qui, lors de sa première élection, en 1991, avait, comme première mesure, interdit tout campement de Roms dans sa ville. Il est plutôt déçu de l’attitude de ses administrés. «J’ai personnellement sollicité les entrepreneurs locaux pour qu’ils apportent leur aide, constate le maire. Pour les autres habitants, je ne sais quoi penser. J’espère que le motif de leur désintérêt s’explique par le manque d’information.»

    Optimiste. Jalal Allaou veut, quant à lui, éviter les polémiques et il reconnaît au maire le mérite d’avoir trouvé du travail et des logements pour plusieurs étrangers vivant dans la commune. «L’important, c’est de démontrer que l’on est honnête et de bonne volonté», explique le pizzaiolo qui se veut optimiste pour l’avenir. A-t-il raison d’y croire ? Le quotidien piémontais La Stampa qui a sondé les habitants de ce fief de la Ligue du Nord n’en est pas si sûr. A Brignano Gera d’Adda, certains habitants ironisaient : «Un Marocain a versé 350 euros ? Ça veut dire que lui, il les avait.»


    De notre correspondant à Rome ÉRIC JOZSEF
    QUOTIDIEN : lundi 4 août 2008

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