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Le Discours de Dakar:le scribe de Sarkozy persiste et signe !

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  • Le Discours de Dakar:le scribe de Sarkozy persiste et signe !

    Un an après la belle messe de Dakar au cours de laquelle le président Sarkozy a risqué un monologue " historique " sur l'Afrique et, partant, sur ses hôtes sénégalais, l'auteur du fameux discours, Henri Guaino, reprend la plume pour justifier l'opportunité des mots qu'il a prêtés à son président. Dans une tribune publiée dans le quotidien français Le Monde et intitulée " l'homme africain et le monde ", le scribe de l'Elysée tente de " recadrer " le texte de son maître en le déclinant en quatre points :

    Il commence, dès l'abord, à présenter la colonisation comme l'une des pages les plus sombres de l'histoire européenne en Afrique. Ici, le consensus de la condamnation est plus que manifeste. Les exactions commises contre les populations, la mise au fer des résistants, l'exploitation des sous-sols, la négation des cultures locales, sont, dit-il, autant de crimes perpétrés contre les Africains.

    Mais, nuance-t-il aussitôt, parmi les envahisseurs, il y avait des gentlemans, des " hommes de bonne volonté qui ont construit des ponts, des routes, des hôpitaux, des dispensaires, des écoles ", bref, de gentils toutous dont l'humanisme n'avait d'égal que les compétences désintéressées. Et d'opposer, le Guaino, ceux qui l'accusent de racisme, ceux qui assimilent ses propos aux réflexions de Hegel expliquées et prolongées par Levi-Strauss sur la hiérarchisation des races, à sa démarche somme toute responsable de rupture avec les discours convenus. " Faut-il avoir une couleur de peau particulière, s'indigne-t-il, pour avoir le droit de parler des problèmes de l'Afrique sans être accusé de racisme ? "

    Le scribe de L'Elysée s'en prend alors aux élites intellectuelles qui entretiennent l'art de l'amalgame alors que le discours de Dakar était essentiellement destiné à la jeunesse. De fait, il met en relief la phrase sujette à polémique et par laquelle les intellectuels du continent ont réduit sa rhétorique : " l'homme africain n'est pas assez entré dans l'histoire ".
    De quelle histoire parle-t-on ? L'histoire telle que perçue par l'Occident judéo-chrétien et périodisée par les instances scientifiques ? L'histoire telle que conçue par les Arabes dans leurs différents rapports à l'Islam ? Ou l'histoire telle que subie par les Aborigènes d'Australie ou par les Indiens d'Amérique ?

    Surprenantes confessions : " Nulle part, avance Henri Guaino, il n'est dit que les Africains n'ont pas d'histoire. Tout le monde en a une. Mais le rapport à l'histoire n'est pas le même d'une époque à une autre, d'une civilisation à l'autre ". Pour étayer sa thèse, l'érudit de l'Elysée puise ses arguments aussi bien dans ce qu'il appelle " l'idéologie du progrès " générée par le siècle des lumières, que dans la dialectique développée par Emmanuel Mounier en 1947. L'anthropologue français, du retour de son séjour sur le continent noir, faisait remarquer que le rapport de l'Africain au temps est d'une conception singulière. " Il semble que le temps inférieur de l'Africain soit accordé à un monde sans but, à une durée sans hâte, que son bonheur soit de se laisser couler au fil des jours et non pas de brûler les espaces et les minutes ". En fait, c'est la thèse du "bon sauvage", indolent et paresseux et surtout, peu soucieux du temps qui passe.

    De sa démonstration, l'auteur du discours de Dakar veut qu'on tire la conclusion suivante " l'homme africain est entré dans l'histoire et dans le monde, mais pas assez ". Et d'appeler la jeunesse à plus de témérité, à plus d'inventivité, elle qui reste l'héritière des traditions modernes et anciennes afin de féconder le monde.

    Voilà donc ce que le scribe du président Sarkozy a voulu qu'on comprenne du discours de Dakar. Voilà pourquoi un an après, il se croit obligé de revenir se justifier, d'expliquer mot pour mot le sens des termes utilisés, la dialectique de rupture dans laquelle il voudrait qu'on inscrive la démarche de son chef.
    Cela dit, Henri Guaino n'a fait qu'approfondir le malaise. Son souci qu'il a voulu sans doute pédagogique, a le mérite de rendre les choses désormais plus claires : renforcer chez les intellectuels africains les premières impressions de départ, à savoir que ce texte reste et demeure le fruit d'un travail résolument européocentriste qui se nourrit essentiellement de la vieille anthropologie (celle, précisément du XVIII ème, du XIX ème et même du début du XXème siècles) tout en ignorant les études des scientifiques africains sur le sujet. Aucune citation de travaux de recherches provenant des penseurs du continent, à part un article dakarois allant dans le sens de sa thèse et dont il a juste évoqué le titre.

    Autre remarque qui sonne comme un repenti : la tentative de l'érudit de l'Elysée d'édulcorer la gravité du passage violemment polémiqué. A " l'homme africain n'est pas assez entré dans l'histoire ", il substitue désormais une phrase moins provocatrice, mais toute aussi vicieuse: " l'homme africain est entré dans l'histoire et dans le monde, mais pas assez ". C'est dire...

    (La Nouvelle Tribune (Bn) 04/08/2008)

  • #2
    France-Afrique : le discours de Dakar un an plus tard


    Il y a un an, le président français Nicolas Sarkozy prononçait, à Dakar, un discours sur l’Afrique qui a pour le moins choqué les historiens du continent. Cette année, un livre paru chez Karthala et rédigé par cinq historiens africains et français épluche le discours en question et analyse les relations entre la nouvelle présidence française et les pays africains.

    Jean-Pierre Chrétien, chercheur et écrivain français, spécialiste de l’Afrique, est l’un des co-auteurs "l'Afrique de Sarkozy - un déni d'histoire". « On a eu l’impression que ce discours n’était, en fait, que la reprise d’un schéma trop connu sur l’Afrique comme une planète ethnographique qui est hors de la communauté humaine – s’il l’on peut dire – sur le plan de sa dimension historique », relève-t-il. « Cette persistance de ce vieux discours nous a semblé poser des questions au-delà du discours du président », souligne M. Chrétien.

    Jean-Pierre Chrétien, chercheur et écrivain français -

    Ecoutez (MP3) http://www.voanews.com/french/2008-08-04-voa2.cfm

    (VOA News 05/08/2008)

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