Incidents entre femmes musulmanes voilées et femmes coptes ou laïques, non voilées, lecture du Coran à voix haute, prédicateurs ambulants : le métro du Caire est devenu un lieu d’affrontements religieux.
Vingt ans après le creusement du métro dans les entrailles du Caire, un univers à part s’y est développé, imprégné de la nouvelle religiosité [de la société égyptienne], de ses excès et de ses outrances, avec images et son. Par les mots qui y fusent et les scènes qui y éclatent, il reflète l’antagonisme grandissant entre les religions copte et musulmane. L’islam se manifeste à travers des affiches géantes qui incitent au port du voile, des invocations religieuses incessantes et des lectures du Coran à voix plus haute que d’ordinaire. Les coptes font face en lisant la Bible dans des éditions qui ressemblent à celles du Coran – mais en sourdine, évidemment.
Cela aboutit à de véritables affrontements dans le wagon réservé aux femmes, où le voile est le signe qui distingue les musulmanes des coptes. Leur face-à-face silencieux peut à tout instant déraper en violentes insultes, par exemple contre une copte qui ose déranger sa voisine en parlant sur son téléphone portable – alors qu’un peu plus loin une femme voilée débite des leçons de religion sans que quiconque lui dise de baisser la voix. Ce genre d’incidents se termine la plupart du temps par des manifestations de désapprobation vis-à-vis de la chrétienne ; et les femmes musulmanes vont parfois jusqu’à la chasser du wagon après l’avoir copieusement engueulée La même chose peut arriver à une musulmane non voilée, exposée à de rudes injonctions de se couvrir. Bref, le wagon des femmes est un espace conquis par les femmes voilées, leurs prêches et leur vindicte.
Dans les autres wagons, vous n’échappez pas aux prédicateurs ambulants. Ils perturbent votre tranquillité et interrompent vos conversations par des sourates, des hadith et des prêches sur les feux de l’enfer, débités à la façon d’un commis voyageur qui a appris par coeur sans connaître grand-chose au produit qu’il vend. Ils montent, récitent leur leçon, demandent à Dieu de pardonner vos péchés, puis descendent à la station suivante.
Source : Extraits de An-Nahara (Beyrouth)
Traduction : Courrier International
Vingt ans après le creusement du métro dans les entrailles du Caire, un univers à part s’y est développé, imprégné de la nouvelle religiosité [de la société égyptienne], de ses excès et de ses outrances, avec images et son. Par les mots qui y fusent et les scènes qui y éclatent, il reflète l’antagonisme grandissant entre les religions copte et musulmane. L’islam se manifeste à travers des affiches géantes qui incitent au port du voile, des invocations religieuses incessantes et des lectures du Coran à voix plus haute que d’ordinaire. Les coptes font face en lisant la Bible dans des éditions qui ressemblent à celles du Coran – mais en sourdine, évidemment.
Cela aboutit à de véritables affrontements dans le wagon réservé aux femmes, où le voile est le signe qui distingue les musulmanes des coptes. Leur face-à-face silencieux peut à tout instant déraper en violentes insultes, par exemple contre une copte qui ose déranger sa voisine en parlant sur son téléphone portable – alors qu’un peu plus loin une femme voilée débite des leçons de religion sans que quiconque lui dise de baisser la voix. Ce genre d’incidents se termine la plupart du temps par des manifestations de désapprobation vis-à-vis de la chrétienne ; et les femmes musulmanes vont parfois jusqu’à la chasser du wagon après l’avoir copieusement engueulée La même chose peut arriver à une musulmane non voilée, exposée à de rudes injonctions de se couvrir. Bref, le wagon des femmes est un espace conquis par les femmes voilées, leurs prêches et leur vindicte.
Dans les autres wagons, vous n’échappez pas aux prédicateurs ambulants. Ils perturbent votre tranquillité et interrompent vos conversations par des sourates, des hadith et des prêches sur les feux de l’enfer, débités à la façon d’un commis voyageur qui a appris par coeur sans connaître grand-chose au produit qu’il vend. Ils montent, récitent leur leçon, demandent à Dieu de pardonner vos péchés, puis descendent à la station suivante.
Source : Extraits de An-Nahara (Beyrouth)
Traduction : Courrier International
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