« E la Nave va »
Voilà des gens confiants en la noblesse de leur geste, mais aussi partagés, entre l’espoir de réussir et la crainte des actes de sabotages de la puissance militaire israélienne.
Voilà des gens qui s’apprêtent à dénoncer, par une action concrète en mer, la cruelle politique de sanctions imposée aux Palestiniens par les grandes nations, et les conditions ignobles dans lesquelles sont contraints de vivre les 1,4 millions d’habitants de Gaza.
Voilà des gens qui ont le courage de lever la voile pour tenter de mettre fin à une des plus grandes catastrophes humaines organisée de notre temps.
Une catastrophe qui n’est pas due aux éléments naturels mais qui a été cyniquement planifiée par un Etat colonial, Israël ; ceci avec la complicité des gouvernements européens qui se sont associés à ses inhumaines punitions collectives ou ont laissé faire.
Une catastrophe dans laquelle, de manière délibérée, tout un peuple se voit privé de soins, réduit à boire une eau insalubre, interdit de toute vie normale.
Une catastrophe qui ressemble aux « premiers jours du ghetto de Varsovie » durant la Deuxième Guerre mondiale [1].
Voilà des gens, venus de tous horizons pour crier à nos gouvernants que les droits humains ne sont pas un slogan, que l’on peut afficher, comme ça, sélectivement, quand il s’agit d’épingler le Soudan ou la Chine, et mettre en sourdine, quand l’oppresseur est l’Etat d’Israël.
L’idée était simple. Il fallait y penser. Mais aussi persévérer ; alors que peu voulaient y croire. Et ensuite se donner les moyens de la réaliser. Équipés avec l’argent difficilement récolté, les bateaux « Free Gaza » et « Liberty » devraient atteindre Gaza par les eaux internationales, sans passer par Israël ou par l’Egypte.
Aucun groupe sollicité n’a soutenu ce projet inventif dans les pays francophones. C’est grâce à la ténacité de quelques californiens, britanniques, et autres nationalités dispersées, que le projet "Free Gaza » s’est transformé en un rassemblement de gens, reliés par internet, et qu’il voit enfin ces bateaux appareiller, élargir le mouvement.
Ce sont ainsi une cinquantaine de personnes, universitaires, journalistes, avocats, physiciens, enseignants, musiciens, âgé de 22 à 83 ans, venus de 17 pays, qui sont prêtes à aller défier les navires de guerre israéliens qui croisent, illégalement, dans les eaux palestiniennes. Leur objectif : contraindre ce qu’il est convenu d’appeler la « communauté internationale » à faire cesser l’étranglement de la population de Gaza.
Elles ont été rejointes ces jours-ci par d’autres personnes d’exception, aussi inattendues que variées : comme la charmante et fort respectée Lauren Booth, belle sœur de M. Tony Blair ; ou la journaliste britannique Yvonne Ridley, bien connue pour avoir été otage des Talibans et pour s’être convertie à l’Islam après sa libération.
Cela pourrait paraître un jeu, une aventure. Mais ce n’est rien de tout cela. C’est une action très bien étudiée, qui se prépare depuis deux ans, et qui a mobilisé le temps et les énergies d’une poignée de gens, avancés en âge pour la plupart.
Tout a été pensé. Y compris comment garder le secret, ruser pour échapper à la surveillance des agents de renseignements du Mossad, qui, on se l’imagine, avaient comme unique préoccupation d’infiltrer le groupe, et d’empêcher qui sait, par des actions de sabotage, ce projet d’arriver à bon port.
Divers médias ont montré d’emblée un réel enthousiasme pour ce projet original qui interpelle la diplomatie et les chancelleries.
Il faut bien comprendre que ce voyage n’a pas été conçu spécialement pour apporter une aide humanitaire, même si du matériel sera livré. Il s’agit avant tout d’un geste éminemment politique, destiné à faire comprendre au monde que les gens de Gaza ne souffrent pas à cause d’une catastrophe naturelle, mais à cause d’une politique programmée par Israël, à cause d’une politique de privations et de coercitions délibérée, qui a du reste obtenu le soutien des grandes puissances.
Israël va-t-il, comme à son habitude, répondre à ce message d’amour et d’humanité par l’intimidation et la violence ? Les organisateurs ont prévenu qu’ils n’accepteront pas qu’Israël intervienne dans des eaux où il n’a aucune souveraineté ; qu’ils n’accepteront pas d’être soumis à ses ordres.
Selon la loi internationale, Israël n’a aucun droit d’empêcher ce voyage en mer palestinienne. Mais, dans la mentalité arrogante de cet Etat, tout acte, aussi légitime soit-il, est tout de suite qualifié de « terrorisme ». La marine israélienne considère les eaux territoriales de Gaza comme une « zone de sécurité spéciale », « interdite à tous les bateaux ».
Nous nous sommes entretenue, le 5 août, avec trois participantes à cette expédition :
Greta Berlin [2], 67 ans, californienne, l’organisatrice et brillante porte parole de ces modernes « boat people » qui, sous ses airs fragiles, s’est montrée capable d’une grande force et ténacité face aux obstacles rencontrés, ne se résignant jamais au sort qui est fait aux Palestiniens et qui leur a consacré deux ans d’efforts gigantesques pour concrétiser ce projet ;
la souriante et douce Hedy Epstein [3], 83 ans, qui, malgré son grand âge, ne rechigne pas à se plier aux difficiles exigences de ce genre d’expédition ;
Lauren Booth [4], 41 ans, journaliste, la demi-sœur de Cherie Booth, épouse de l’ancien premier ministre britannique Tony Blair.
Voilà des gens confiants en la noblesse de leur geste, mais aussi partagés, entre l’espoir de réussir et la crainte des actes de sabotages de la puissance militaire israélienne.
Voilà des gens qui s’apprêtent à dénoncer, par une action concrète en mer, la cruelle politique de sanctions imposée aux Palestiniens par les grandes nations, et les conditions ignobles dans lesquelles sont contraints de vivre les 1,4 millions d’habitants de Gaza.
Voilà des gens qui ont le courage de lever la voile pour tenter de mettre fin à une des plus grandes catastrophes humaines organisée de notre temps.
Une catastrophe qui n’est pas due aux éléments naturels mais qui a été cyniquement planifiée par un Etat colonial, Israël ; ceci avec la complicité des gouvernements européens qui se sont associés à ses inhumaines punitions collectives ou ont laissé faire.
Une catastrophe dans laquelle, de manière délibérée, tout un peuple se voit privé de soins, réduit à boire une eau insalubre, interdit de toute vie normale.
Une catastrophe qui ressemble aux « premiers jours du ghetto de Varsovie » durant la Deuxième Guerre mondiale [1].
Voilà des gens, venus de tous horizons pour crier à nos gouvernants que les droits humains ne sont pas un slogan, que l’on peut afficher, comme ça, sélectivement, quand il s’agit d’épingler le Soudan ou la Chine, et mettre en sourdine, quand l’oppresseur est l’Etat d’Israël.
L’idée était simple. Il fallait y penser. Mais aussi persévérer ; alors que peu voulaient y croire. Et ensuite se donner les moyens de la réaliser. Équipés avec l’argent difficilement récolté, les bateaux « Free Gaza » et « Liberty » devraient atteindre Gaza par les eaux internationales, sans passer par Israël ou par l’Egypte.
Aucun groupe sollicité n’a soutenu ce projet inventif dans les pays francophones. C’est grâce à la ténacité de quelques californiens, britanniques, et autres nationalités dispersées, que le projet "Free Gaza » s’est transformé en un rassemblement de gens, reliés par internet, et qu’il voit enfin ces bateaux appareiller, élargir le mouvement.
Ce sont ainsi une cinquantaine de personnes, universitaires, journalistes, avocats, physiciens, enseignants, musiciens, âgé de 22 à 83 ans, venus de 17 pays, qui sont prêtes à aller défier les navires de guerre israéliens qui croisent, illégalement, dans les eaux palestiniennes. Leur objectif : contraindre ce qu’il est convenu d’appeler la « communauté internationale » à faire cesser l’étranglement de la population de Gaza.
Elles ont été rejointes ces jours-ci par d’autres personnes d’exception, aussi inattendues que variées : comme la charmante et fort respectée Lauren Booth, belle sœur de M. Tony Blair ; ou la journaliste britannique Yvonne Ridley, bien connue pour avoir été otage des Talibans et pour s’être convertie à l’Islam après sa libération.
Cela pourrait paraître un jeu, une aventure. Mais ce n’est rien de tout cela. C’est une action très bien étudiée, qui se prépare depuis deux ans, et qui a mobilisé le temps et les énergies d’une poignée de gens, avancés en âge pour la plupart.
Tout a été pensé. Y compris comment garder le secret, ruser pour échapper à la surveillance des agents de renseignements du Mossad, qui, on se l’imagine, avaient comme unique préoccupation d’infiltrer le groupe, et d’empêcher qui sait, par des actions de sabotage, ce projet d’arriver à bon port.
Divers médias ont montré d’emblée un réel enthousiasme pour ce projet original qui interpelle la diplomatie et les chancelleries.
Il faut bien comprendre que ce voyage n’a pas été conçu spécialement pour apporter une aide humanitaire, même si du matériel sera livré. Il s’agit avant tout d’un geste éminemment politique, destiné à faire comprendre au monde que les gens de Gaza ne souffrent pas à cause d’une catastrophe naturelle, mais à cause d’une politique programmée par Israël, à cause d’une politique de privations et de coercitions délibérée, qui a du reste obtenu le soutien des grandes puissances.
Israël va-t-il, comme à son habitude, répondre à ce message d’amour et d’humanité par l’intimidation et la violence ? Les organisateurs ont prévenu qu’ils n’accepteront pas qu’Israël intervienne dans des eaux où il n’a aucune souveraineté ; qu’ils n’accepteront pas d’être soumis à ses ordres.
Selon la loi internationale, Israël n’a aucun droit d’empêcher ce voyage en mer palestinienne. Mais, dans la mentalité arrogante de cet Etat, tout acte, aussi légitime soit-il, est tout de suite qualifié de « terrorisme ». La marine israélienne considère les eaux territoriales de Gaza comme une « zone de sécurité spéciale », « interdite à tous les bateaux ».
Nous nous sommes entretenue, le 5 août, avec trois participantes à cette expédition :
Greta Berlin [2], 67 ans, californienne, l’organisatrice et brillante porte parole de ces modernes « boat people » qui, sous ses airs fragiles, s’est montrée capable d’une grande force et ténacité face aux obstacles rencontrés, ne se résignant jamais au sort qui est fait aux Palestiniens et qui leur a consacré deux ans d’efforts gigantesques pour concrétiser ce projet ;
la souriante et douce Hedy Epstein [3], 83 ans, qui, malgré son grand âge, ne rechigne pas à se plier aux difficiles exigences de ce genre d’expédition ;
Lauren Booth [4], 41 ans, journaliste, la demi-sœur de Cherie Booth, épouse de l’ancien premier ministre britannique Tony Blair.
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