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Oum Kalthoum, l’astre qui ne s’éteint jamais

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  • Oum Kalthoum, l’astre qui ne s’éteint jamais

    Une exposition originale à l’IMA


    La diva de l’Orient, qui a influencé moult chanteuses du monde arabe, ne cesse de fasciner les foules. La cantatrice du tarab, qui ne manquait pas de grâce, n’avait rien à envier aux Montserrat Caballé ou Maria Callas. Pourtant, Oum Kalthoum possède un timbre tout simplement unique. Elle fait l’objet d’une exposition qui a débuté le 17 juin pour se terminer le 2 novembre prochain. Au programme, des présentations thématiques, des objets cultes en hommage et quelques gouttes de café bien serré pour écouter tranquillement les notes magiques de la fée, que les admirateurs avaient surnommée tout simplement «l’astre de l’Orient».

    La «Dame», la «voix des Arabes», l’«astre de l’Orient», autant de vocables qui s’attachent à la personne d’Oum Kalthoum, dont le chant a rayonné sur le monde arabe et au-delà, tout au long du XXe siècle. Trente-trois ans après sa disparition et, en matière de célébration, quelque cent ans après une naissance dont la date demeure incertaine (on ne pourrait définir exactement si c’est en 1898 ou en 1904), l’Institut du monde arabe lui rend hommage dans une exposition-spectacle installée dans la Médina, du 17 juin au 2 novembre prochain.

    On découvrira ainsi les différentes facettes de ce personnage devenu icône, de cette diva d’Orient qui se présentait avant tout comme «une femme, une paysanne, une Egyptienne». On montrera aussi, dans la mise en scène de l’agence NC, combien son souvenir est encore vivace de nos jours. L’artiste n’a chanté qu’une seule fois en dehors du monde arabe : c’était à Paris, à l’Olympia, en 1967. Quelque quarante années plus tard, l’IMA est fier de célébrer sa mémoire et, une nouvelle fois à Paris, de donner envie à une autre génération de la rencontrer. Annexé à l’exposition, un «café Oum Kalthoum», inspiré de ceux qui ont fleuri en Egypte et ailleurs dans le monde arabe, est un lieu de détente dans lequel le visiteur peut s’abandonner, bercé par la voix de l’artiste dont la vie tumultueuse a commencé de manière insolite. C’est très jeune que la petite fille montre des talents de chanteuse exceptionnels, révélés, paradoxalement, par des psalmodies parfaites du Coran, au point qu’à l’âge de 10 ans, son père l’a fait entrer – déguisée en garçon – dans la petite troupe de cheikhs qu’il dirigeait.

    L’art et la manière

    Quelques années plus tard, elle est remarquée par un chanteur alors très célèbre, cheikh Abou El-Ala Mohamed, et par un joueur de luth, Zakaria Ahmed. Tous deux l’invitent à les accompagner au Caire. Elle se produit alors dans des petits théâtres déguisée en garçon. Très vite, deux rencontres déterminent sa vie. Celle d’Ahmed Rami tout d’abord, un poète qui lui écrit 137 chansons et l’initie à la littérature française, et Mohamed El-Qasabji, un virtuose du luth qui la présente au palais du Théâtre arabe, une occasion pour aller directement vers de grands succès comme l’Amoureux est trahi par ses yeux. En 1932, sa notoriété est telle qu’elle entame sa première tournée orientale en chantant à Damas, Bagdad, Beyrouth et Tripoli.

    Cette célébrité lui permet également, à partir de 1948, de rencontrer Gamal Abdel Nasser, qui ne cache rien de son admiration et qui officialise en quelque sorte l’amour de l’Egypte pour la chanteuse, un amour réciproque puisque Oum Kalthoum donnera de nombreuses preuves de son patriotisme. Parallèlement à sa carrière de chanteuse, elle s’essaie au cinéma (Weddad, 1936 ; le Chant de l’espoir, 1937 ; Dananir, 1940 ; Aïda, 1942 ; Sallama, 1945 et Fatma, 1947), mais délaisse assez vite le septième art, le face-à-face émotif avec le public lui faisant cruellement défaut. En 1953, elle épouse un homme qu’elle respecte et admire, son médecin depuis de nombreuses années, Hassen El- Hafnaoui, en prenant soin d’inclure tout de même la clause du pouvoir à la dame el’isma qui lui permettrait de prendre elle-même la décision du divorce le cas échéant.

    L’Europe une fois Multipliant les concerts internationaux, elle vient en France à l’Olympia (Paris) en novembre 1967, et le président Charles de Gaulle lui envoie un télégramme de félicitations, mais celle que l’on surnomme El-Sett (la dame) commence à souffrir de graves crises néphrétiques. On raconte que Maria Callas aurait dit qu’Oum Kalthoum avait une voix incomparable.

    Elle allait à 14 000 vibrations/seconde alors que la moyenne est de 70 000 vibrations/s. En 1972, elle donne son dernier concert au palais du Nil, et les examens qu’elle pratique à Londres montrent qu’elle est inopérable. Aux Etats-Unis d’Amérique, où son mari la conduit, elle bénéficie un temps des avancées pharmaceutiques, mais en 1975, rentrée au pays, une crise très importante la contraint à l’hospitalisation. La population de son petit village natal du delta psalmodie toute la journée le Coran. Oum Kalthoum s’éteint à l’hôpital le 3 février 1975 à l’aube. Ses funérailles furent grandioses : plus de 5 millions de personnes l’ont accompagnée au cimetière, auprès de ses parents et de son frère, au Caire.

    L’Institut du monde arabe retrace d’une manière bien imagée ce parcours fantastique dans plusieurs parties thématiques, avec quelques incursions dans des notes contemporaines à consommer sans modération.

    - Le jeune Independant
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