Malgré une instruction du ministère des Affaires religieuses faisant obligation aux imams de ne prononcer la fatiha que pour les unions déjà officialisées par un acte administratif dûment établi et présenté par les deux époux lors de la cérémonie, le phénomène persiste.
Le phénomène du mariage par la seule fatiha, sans autre forme de légalisation de l’union auprès des administrations civiles officielles, prend de l’ampleur ces dernières années à Oran, comme sans doute partout ailleurs dans le pays, avec les conséquences pas toujours heureuses que l’on devine.
Pour sceller leur union, certains candidats au mariage se contentent aujourd’hui, en effet, d’une lecture de la fatiha par un taleb en présence de quelques témoins, au lieu de s’adresser aussi aux institutions de l’Etat pour officialiser leur mariage.
Si par le passé, cette pratique, conforme aux préceptes de l’Islam, était assumée et acceptée par l’ensemble de la société, aujourd’hui les temps ont changé et les risques sont bien plus réels. «La société connaît de grandes mutations aussi bien sur les plans économique et social que sur celui des mentalités, devenues, par les temps qui courent, malsaines dans beaucoup de situations, rendant ainsi nécessaire la transcription du mariage auprès des institutions officielles», résume une avocate installée à Oran.
Le mariage, un acte de consentement mutuel pour fonder un foyer basé sur l’amour et le respect, est régi par les articles 4 et 18 du Code de la famille qui stipulent la nécessité de sceller cette union sacrée entre deux êtres majeurs et consentants devant un notaire ou un officier de l’état civil. Cette disposition légale n’a pas empêché beaucoup de jeunes Oranais de se limiter au minimum requis: un couscous comme «offrande» aux invités-témoins du mariage, des youyous pour annoncer l’union et la fatiha lue par le taleb pour la rendre licite conformément aux préceptes de l’Islam.
En guise de mise en garde contre les risques encourus, la présidente d’une association féminine d’Oran ne mâche pas ses mots: «Cette pratique en vogue ne préserve par les droits de la femme. Elle est assimilable à un vulgaire concubinage!» Et d’expliquer simplement: «Un homme qui s’unit à une femme par la fatiha peut se séparer d’elle, dans le meilleur des cas grâce à la même fatiha, avec la tranquille conviction de ne rien risquer. Pire, il peut facilement s’en aller et laisser son épouse livrée à son sort car le taleb qui a scellé cette union n’a ni les moyens ni les attributions légales pour veiller à sa pérennité. En plus, cela rend la tâche de la femme à faire reconnaître ce mariage, très ardue».
Des milliers d’affaires devant les tribunaux
Des statistiques recueillies auprès du tribunal d’Oran révèlent, d’ailleurs, que le nombre d’affaires liées à la légalisation de mariages par la fatiha a atteint au cours du 1er semestre de l’année en cours, 451 affaires (tranchées) sur les 2339 affaires liées à la famille, traitées durant la même période.
Le mariage est prouvé par un extrait des registres de l’état civil. S’il n’est pas transcrit, il peut être prouvé par une ordonnance du parquet conformément à l’article 22 du Code de la famille.
Le service de l’état civil de la commune d’Oran, qui accueille chaque semaine des dizaines de victimes dans ce cas, a enregistré près de 200 demandes de reconnaissance de mariage au cours du premier semestre 2008, tandis que les tribunaux relevant de la cour d’Oran continuent d’enrôler des affaires liées à la reconnaissance de mariages par la fatiha.
Une femme rencontrée dans un tribunal affirmera qu’après une dizaine d’années de mariage (par la fatiha), elle et son mari ont décidé d’un commun accord de légaliser leur union en recourant à la justice. Plusieurs autres femmes dans son cas peinent, par contre, à faire reconnaître leur union par la faute de l’entêtement du mari où à cause du parjure de témoins.
Même si certaines raisons sociales, religieuses, psychologiques ou matérielles empêchent des nouveaux mariés d’officialiser leur union auprès des institutions publiques, l’apparition aujourd’hui de maladies comme le sida «impose la sensibilisation des candidats au mariage sur la nécessité de se rapprocher des services de l’état civil», note un avocat.
Ces derniers «exigent, pour l’établissement de l’acte de mariage, un certificat médical daté de moins de trois mois prouvant la bonne santé des époux et l’absence de tout facteur organique ou physiologique pouvant rendre incompatible l’union projetée», fait savoir un gynécologue d’Oran.
«Les réticences de certains époux à transcrire leur union auprès des institutions concernées s’expliquent aussi par la crainte des longues procédures administratives», estime M.Medjahedi Mustapha, un chercheur en anthropologie sociale et culturelle.
Les affaires liées à la reconnaissance des mariages contractés par la fatiha sont traitées dans un délai n’excédant pas les trois mois, assure pourtant le président du tribunal d’Oran. «Parmi les raisons qui poussent de nombreux couples unis par la fatiha à entamer une procédure de reconnaissance de mariage, figurent la naissance d’enfants de cette union ou pour régler une affaire de succession ou d’héritage», relève ce magistrat qui insistera sur l’officialisation du mariage pour préserver les droits de l’épouse en cas de divorce ou de décès du conjoint.
Un chercheur du Centre algérien de recherche en anthropologie sociale et culturelle (Cracs) d’Oran, M.Lahcen Redouane, pense, lui, que les chiffres disponibles sur le refus de certains hommes d’officialiser leur mariage sont en deçà de la réalité. «Il existe, soutient-il, des centaines et des centaines d’hommes ayant contracté un mariage par la fatiha et qui refusent toujours de le faire enregistrer auprès des juridictions concernées, et cela pour plusieurs raisons comme le refus pur et simple de reconnaître la réalité de cette union, ou encore le refus d’assumer la paternité des enfants nés de ce mariage pour fuir le versement de la pension alimentaire à la mère en cas de divorce.»
Le phénomène du mariage par la seule fatiha, sans autre forme de légalisation de l’union auprès des administrations civiles officielles, prend de l’ampleur ces dernières années à Oran, comme sans doute partout ailleurs dans le pays, avec les conséquences pas toujours heureuses que l’on devine.
Pour sceller leur union, certains candidats au mariage se contentent aujourd’hui, en effet, d’une lecture de la fatiha par un taleb en présence de quelques témoins, au lieu de s’adresser aussi aux institutions de l’Etat pour officialiser leur mariage.
Si par le passé, cette pratique, conforme aux préceptes de l’Islam, était assumée et acceptée par l’ensemble de la société, aujourd’hui les temps ont changé et les risques sont bien plus réels. «La société connaît de grandes mutations aussi bien sur les plans économique et social que sur celui des mentalités, devenues, par les temps qui courent, malsaines dans beaucoup de situations, rendant ainsi nécessaire la transcription du mariage auprès des institutions officielles», résume une avocate installée à Oran.
Le mariage, un acte de consentement mutuel pour fonder un foyer basé sur l’amour et le respect, est régi par les articles 4 et 18 du Code de la famille qui stipulent la nécessité de sceller cette union sacrée entre deux êtres majeurs et consentants devant un notaire ou un officier de l’état civil. Cette disposition légale n’a pas empêché beaucoup de jeunes Oranais de se limiter au minimum requis: un couscous comme «offrande» aux invités-témoins du mariage, des youyous pour annoncer l’union et la fatiha lue par le taleb pour la rendre licite conformément aux préceptes de l’Islam.
En guise de mise en garde contre les risques encourus, la présidente d’une association féminine d’Oran ne mâche pas ses mots: «Cette pratique en vogue ne préserve par les droits de la femme. Elle est assimilable à un vulgaire concubinage!» Et d’expliquer simplement: «Un homme qui s’unit à une femme par la fatiha peut se séparer d’elle, dans le meilleur des cas grâce à la même fatiha, avec la tranquille conviction de ne rien risquer. Pire, il peut facilement s’en aller et laisser son épouse livrée à son sort car le taleb qui a scellé cette union n’a ni les moyens ni les attributions légales pour veiller à sa pérennité. En plus, cela rend la tâche de la femme à faire reconnaître ce mariage, très ardue».
Des milliers d’affaires devant les tribunaux
Des statistiques recueillies auprès du tribunal d’Oran révèlent, d’ailleurs, que le nombre d’affaires liées à la légalisation de mariages par la fatiha a atteint au cours du 1er semestre de l’année en cours, 451 affaires (tranchées) sur les 2339 affaires liées à la famille, traitées durant la même période.
Le mariage est prouvé par un extrait des registres de l’état civil. S’il n’est pas transcrit, il peut être prouvé par une ordonnance du parquet conformément à l’article 22 du Code de la famille.
Le service de l’état civil de la commune d’Oran, qui accueille chaque semaine des dizaines de victimes dans ce cas, a enregistré près de 200 demandes de reconnaissance de mariage au cours du premier semestre 2008, tandis que les tribunaux relevant de la cour d’Oran continuent d’enrôler des affaires liées à la reconnaissance de mariages par la fatiha.
Une femme rencontrée dans un tribunal affirmera qu’après une dizaine d’années de mariage (par la fatiha), elle et son mari ont décidé d’un commun accord de légaliser leur union en recourant à la justice. Plusieurs autres femmes dans son cas peinent, par contre, à faire reconnaître leur union par la faute de l’entêtement du mari où à cause du parjure de témoins.
Même si certaines raisons sociales, religieuses, psychologiques ou matérielles empêchent des nouveaux mariés d’officialiser leur union auprès des institutions publiques, l’apparition aujourd’hui de maladies comme le sida «impose la sensibilisation des candidats au mariage sur la nécessité de se rapprocher des services de l’état civil», note un avocat.
Ces derniers «exigent, pour l’établissement de l’acte de mariage, un certificat médical daté de moins de trois mois prouvant la bonne santé des époux et l’absence de tout facteur organique ou physiologique pouvant rendre incompatible l’union projetée», fait savoir un gynécologue d’Oran.
«Les réticences de certains époux à transcrire leur union auprès des institutions concernées s’expliquent aussi par la crainte des longues procédures administratives», estime M.Medjahedi Mustapha, un chercheur en anthropologie sociale et culturelle.
Les affaires liées à la reconnaissance des mariages contractés par la fatiha sont traitées dans un délai n’excédant pas les trois mois, assure pourtant le président du tribunal d’Oran. «Parmi les raisons qui poussent de nombreux couples unis par la fatiha à entamer une procédure de reconnaissance de mariage, figurent la naissance d’enfants de cette union ou pour régler une affaire de succession ou d’héritage», relève ce magistrat qui insistera sur l’officialisation du mariage pour préserver les droits de l’épouse en cas de divorce ou de décès du conjoint.
Un chercheur du Centre algérien de recherche en anthropologie sociale et culturelle (Cracs) d’Oran, M.Lahcen Redouane, pense, lui, que les chiffres disponibles sur le refus de certains hommes d’officialiser leur mariage sont en deçà de la réalité. «Il existe, soutient-il, des centaines et des centaines d’hommes ayant contracté un mariage par la fatiha et qui refusent toujours de le faire enregistrer auprès des juridictions concernées, et cela pour plusieurs raisons comme le refus pur et simple de reconnaître la réalité de cette union, ou encore le refus d’assumer la paternité des enfants nés de ce mariage pour fuir le versement de la pension alimentaire à la mère en cas de divorce.»
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