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Hammam Melouane, ou la station thermale aux mille et une merveilles

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  • Hammam Melouane, ou la station thermale aux mille et une merveilles

    Hammam Melouane, à y pénétrer pour la première fois, l’on est frappé, d’emblée, par la caducité des lieux qui nous renvoient, au vu des bâtisses ancestrales, à ces années lointaines où la vie gardait encore intacts ses plaisirs mondains, ses jouissances de l’esprit et ses allégresses ingénues.

    Ainsi pourrait-on décrire la station thermale qui porte le nom de ses anciens habitants, les Ath Melouanes, d’où son appellation de Hammam Melouane. A équidistance d’Alger et de Blida, puisque se trouvant à moins de 40 kilomètres au sud-est entre deux flancs de l’Atlas blidéen, la station, réputée pour ses eaux curatives, accueille journellement des visiteurs. Des gens toutes catégories confondues s’y rendent à la recherche de repos ou de cures thermales. D’autres y viennent tout simplement pour bronzer au bord des eaux de l’oued qui ne tarit jamais. Des paillotes rudimentaires mais très efficaces pour les besoins d’une villégiature sont dressées les unes collées aux autres tout le long de la berge de la rivière. A 200 dinars la journée, on y passe, à l’opposée des chambres feutrées et fastueuses de l’hôtel, des moments sobres voire agrestes, à l’abri des rayons du soleil mais surtout des regards indiscrets.

    Pour atteindre Hammam Melouane, il faut passer par la commune de Bougara, ex- Rovigo, comme il plaît encore à certains à l’appeler. Dès qu’on dépasse l’ancienne église du centre ville, on aperçoit une plaque indiquant la distance : «Hammam Melouane 7 kilomètres. ». Un peu plus loin, une autre plaque renseigne sur le reste du trajet. Mais là, on est frappé par un surprenant non-sens. «Hammam Melouane 8 kilomètres», lit-on en blanc sur le fond bleu de la deuxième plaque. Qu’importe, l’essentiel pour les visiteurs est de se rapprocher des lieux. Avant d’y arriver, on emprunte un chemin étriqué, jonché de ralentisseurs. Heureusement que des figuiers et autres oliviers bordent agréablement la route et font oublier ces rébarbatifs dos-d’âne. Une autre image gâte le paysage : une carrière d’exploitation de gravas implantée en plein oued contrarie l’environnement. En s’approchant du site, notre regard va droit sur un enfant assis sur la bordure en pierre du ravin. Celui-ci nous fait signe de nous arrêter. En réalité, c’est lui qui, loin d’y penser, régule allègrement la circulation à l’entrée d’un détroit où ne peut passer qu’une seule voiture. On appelle cet emplacement le «Rocher-des-Pigeons». C’est comme une gigantesque porte sculptée à même la montagne qui s’ouvre par enchantement sur Hammam Melouane, la vallée aux mille et une merveilles. L’entrée d’un avenant village longeant divinement l’oued qui déverse ses eaux, au loin, sur El-Harrach, apparaît. C’est pour cette eau dont les mérites sont ostensiblement vantés par les curistes que les gens viennent.

    D’aucuns disent même que les sources d’eau chaude surgissant des fins fonds de Hammam Melouane remontent au roi Salomon (Sidi Slimane). Celui-ci, rapporte la croyance, ayant décidé de sillonner le monde, avait délégué des djinns pour prospecter des bains naturels pour les besoins de délassement avec sa suite après les longs voyages. Ainsi, les eaux de Hammam Melounane auraient été découvertes, insiste la croyance. Une autre légende raconte que le dey Hussein, dont la fille souffrant gravement d’une maladie de la peau, a été conseillé par l’un de ses vizirs connaissant bien les lieux d’emmener sa file à cet endroit pour un bain. Son enfant miraculeusement guérie, le dey promit, en guise de récompense, de construire une route et d’ériger un mausolée à l’endroit du marabout Sidi Slimane, ou roi Salomon. Mais dans la réalité, à peine entrés au village, des fillettes accourent vers nous pour nous proposer, avec insistance, des œufs cuits. D’autres exhibent des galettes maison. «Achetez-en monsieur, c’est du pain traditionnel tout chaud», s’écrit la petite fille sur un ton bon enfant.

    Hammam El-Baraka, un lieu d’énigme et de miracle

    Alors que nous peinions à trouver une place de stationnement, un jeune homme nous fait signe de la main d’avancer vers lui. Il nous a réservé un espace juste en face d’un ancien hammam. Ici, on l’appelle Hammam El-Baraka. Avec son bassin traditionnel, c’est toute la splendeur des lieux. C’est un véritable établissement d’hydrothérapie emprunt d’énigme d’autant que le minaret qui le jouxte lui ajoute un sceau religieux. Les femmes sont tenues d’y entrer avec déférence et vénération, nous dira une vieille femme qui semble être une habituée des lieux. «Le rituel veut que l’on déverse du henné dans un coin du site et d’allumer une bougie en hommage à Sidi Slimane, le saint tutélaire de Hammam Melouane», ajoutera khalti Hourya, qui croit dur comme fer que toute femme stérile peut enfanter après avoir pris un bain à Hammam El-Baraka et respecté le cérémonial. Nous n’avions pas encore terminé notre discussion avec khalti Hourya que des youyous fusaient de l’intérieur du Hammam. «Tu vois mon fils, c’est certainement une femme qui n’a pu avoir d’enfants, qu’on a ramenée pour une guérison», affirmera, orgueilleusement, khalti Hourya. On entendra même la fameuse rengaine qu’on fredonnait quand nous étions enfants, celle de ya Sidi Slimane chebaâna djidjane ouâtina essaha toul ezmane (ô Sidi Slimane rassasie-nous de poulets et fournis-nous la santé, la vie durant). Jadis, on égorgeait des poules et des coqs au plumage coloré au seuil du hammam à l’intension du saint marabout. Ce sacrifice, appelé ennechra, faisait profiter les gens de la région, car celui qui sacrifie le coq ne doit pas en manger d’où la fameuse chanson, nous explique-t-on. Les gens viennent aussi à ce hammam pour guérir leurs rhumatismes et autres maladies des os et des articulations. Tout comme il est conseillé pour les pathologies du foie, du pancréas et des reins. Le mystère de ce lieu réside, peut-être, dans la composition de ses eaux à forte teneur d’azote et de magnésium. Mais en cette saison, l’on recherche plus la fraîcheur, et le bon sens pousse à la baignade. A quelques encablures plus haut, sur la route menant vers Magtaâ-Lazrag, les eaux quelque peu frisquettes de l’oued attirent comme des sirènes les estivants en quête de température agréable. Si vous arrivez à trouver une place pour garer, vous en aurez à satiété car en été il est très difficile de dénicher un lieu de stationnement, même si les droits de gardiennage sont à 50 dinars et plus. Par un passage naturel de quelques mètres en descente hasardeuse, on s’enfonce droit dans des eaux où barbotent frénétiquement des enfants heureux, tout en savourant un liquide n’ayant pas la salinité de la mer et que les quelques galets disposés dans une sorte de gabion en font une retenue pour le plaisir des bambins et même des adultes qui tirent avantage des précieux flots qui proviennent des hautes altitudes de Chréa.

  • #2
    Des poissons d’eau douce à profusion

    Ce qui rend les enfants encore plus heureux, c’est la facilité avec laquelle on attrape des poissons. Ce sont des barbeaux ou chabout en dialecte, nous fera savoir M. Bouazza Mohamed, inspecteur des forêts. Selon ce dernier, dans cet oued vivent aussi des carpes et des anguilles. Les pêcheurs en herbe utilisent avec ruse un grand foulard qu’ils immergent au fond de l’eau avant de la laisser échapper à travers les mailles. Résultats : des petits poissons atteignant des fois jusqu’à 12 centimètres sautillent sur le tissu que les petits enfants, toujours joyeux, mettent habilement dans une bouteille en plastique remplie d’eau pour les maintenir en vie. L’opération est répétée autant de fois, tant la prise porte ses fruits. Avant de partir, ces enfants remettent soigneusement les poissons dans leur milieu naturel. Ce n’est, hélas, pas le cas de quelques jeunes qui pêchaient à l’aide de cannes et moulinets, croyant qu’ils étaient en mer. Dans leurs prises, souvent des poissons femelles aux ventres remplis d’œufs qu’ils abandonnent sur le récif. «Ces jeunes portent gravement atteinte au développement naturel des espèces vivant dans l’oued», tonnera l’inspecteur des forêts.

    Aouinet El-Baraka, ou la source miraculeuse

    Pas très loin de l’oued, sur le flanc d’un chemin creux, nous sommes attirés par une succession de personnes qui semblaient faire la queue devant une baraque de fortune dont l’entrée n’avait pas de porte mais un simple voilage assurant l’intimité intérieure. Renseignements pris, il s’agit, comme à Hammam El-Baraka, d’une source d’eau tiède appelée localement Aouinet El- Baraka. Elle coule à flots et est recommandée pour les maladies dermatologiques telles que les dermatoses chroniques comme le psoriasis ou les eczémas, la teigne inflammatoire et les prurits, nous dit-on. Pour ceux qui en prennent une douche, le séchage naturel sans l’utilisation de serviettes est préférable. Et tout le secret est là, nous dit avec une simplicité naïve le préposé à cette cabane à qui il faut donner melh el yed — littéralement le sel de la main — une somme symbolique d’argent pour que le miracle soit, insiste encore ce dernier. La croyance est de mise à Hammam Melouane, où chaque endroit et chaque recoin a une histoire et une symbolique emplie de faits extraordinaires à connotation liturgique. Et c’est, peut-être, le concept philosophique de cette croyance qui attire le plus de monde en quête de guérison miraculeuse. «Il suffit d’y croire pour guérir», s’obstinent à répéter les habitants de Hammam Melouane. Est-ce une propagande pour aguicher le plus de visiteurs ou s’agit-il d’effets naturels que les eaux de ces sources ont sur les malades ?

    Une faune riche en rapaces et en mammifères


    En tout état de cause, à Aouinet El-Baraka, on y croit, quand bien même l’on ne devrait pas faire d’offrandes à Sidi-Slimane ou à «moul el oued» (le propriétaire symbolique de la rivière). En dehors des bains, les amoureux de la nature trouvent aussi leur compte à Hammam Melouane. Sur les flans fortement boisés de la montagne vivent une multitude d’espèces d’oiseaux dont l’aigle botté ou «el âgab», comme appelé localement. Il y a également l’aigle de Bonnellie, l’aigle royal ainsi que le faucon pèlerin et le faucon crécerelle qui rappelle une chanson de El Hadj M’hamed El-Anka, El Baz ghabli fi syada ( J’ai perdu mon faucon à la chasse) du poète Mohamed Benslimane. Dans le texte original, on lit «Tarchoun ghabli fi syada» et Tarchoun n’est autre que la traduction de l’espagnol de torzéilo, un faucon. Bref, on y trouve aussi des oiseaux migrateurs et des buses féroces, nous informe M. Bouazza Mohamed. Ils sont très protégés même si quelques amateurs les chassent pour des exhibitions pour attirer la clientèle à leurs boutiques de poterie et autres objets destinés aux touristes. Rachid, qui a apprivoisé un faucon pèlerin, le met gratuitement à la disposition des gens désireux prendre des photos de souvenir. «Mon faucon, je l’ai pris du nid de ses parents alors qu’il était un tout petit oisillon. J’ai failli être blessé car sa mère n’a pas cessé de me pourchasser», nous confiera fièrement Rachid dont le faucon «n’a que deux mois et est encore jeune pour chasser». A cause de mon appareil photo en bandoulière, des parents avec leurs enfants, m’ayant pris pour un photographe de la région, m’ont demandé de prendre en photo leur progéniture en compagnie du faucon de Rachid. Chose que je n’ai pas hésité un instant à faire, même si je ne savais comment faire parvenir les photos.

    Grandeur et décadence

    La population locale, constituée principalement de tribus berbères dont les Ath Melouanes, les Beni Misra, les Beni Qinaâ, les Beni Khelil, les Beni Salah et les Ghelay, lesquelles peuplaient la région avant l’avènement des Turcs, vit dans un dénuement total, en dépit du nombre toujours croissant des visiteurs. Ayant déjà connu l’hostilité avec la venue des Ottomans qui n’ont pu pénétrer la région qu’à la faveur de la complicité d’un certain Benazouz de Boufarik, lequel était parvenu à scinder en deux les tribus des Beni Misra et des Beni Khelil et les déplacer ailleurs, nous dira le président de l’APC de Hammam Melouane, M. Sehli Ali, les habitants actuels connaissent une autre forme d’hostilité : la marginalisation. Estimés aujourd’hui à 6 200 âmes alors qu’en 1817, ils étaient 4 500 habitants, les gens de Hammam Melouane se débrouillent comme ils peuvent pour gagner leur vie. «Les rentrées d’argent à l’APC sont nulles», nous dira le maire qui projette de rendre la région encore plus touristique avec la construction d’un bain et huit douches individuelles avecterrasse et cafétéria. «Cela nous permettra de renflouer nos caisses et de créer de l’emploi», expliquera ce dernier. Le projet est estimé à un milliard de centimes seulement, mais il est à même de contribuer à la relance de l’économie locale où seul un hôtel privé accueille les visiteurs. Pour le jeune maire de Hammam Melouane, rendre sa commune non dépendante du budget de la wilaya demeure son seul objectif.

    Par Mohamed Belarbi, Par le Soir

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    • #3
      Merci Morjane pour la découverte ! ça a l'air d'un coin vraiment frais et sympa à découvrir pendant ses vacances, au calme, pas si loin de la foule de la capitale.

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      • #4
        C'est un endroit ou il y a encore qques années c'était pas mal .
        mais malheureusement +les années passent et+les lieues deviennent delabrées.
        Il fut un temps ou j'emmenais toute ma famille pour la journée ça faisait beaucoup de bien à mon père (allah ya rhmou) et moi j'allais un peu plus haut à coté du pont ou je me baignait dans la rivère "c"est super) maintenant quand j'y vais c'est pour un bain thermal l'eau est trés chaude et salée contrairement a celle de hammam righa ou l'eau est beaucoup plus chaude mais l'eau elle est douce.
        Malheureusement ce sont des endroits magnifique mais les responsables savent encaisser (100 dn par personne) mais dépuis le départ des colons que ce soit les hotels ou les bains sont dans le mème états que les français les ont laisser (je vous laisse imaginer dans quel état ils se trouvent).......

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