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La BCE face à ses responsabilités

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    le figaro
    S'il fallait encore un signe pour convaincre les derniers sceptiques de la détérioration accélérée de l'économie française, l'annonce d'une baisse spectaculaire de la production industrielle au deuxième trimestre parle d'elle-même. Ce que l'on craignait depuis plusieurs mois est effectivement sur le point de se concrétiser : la France, mais aussi l'Europe tout entière, se trouve désormais au bord de la récession. En germe depuis l'effondrement du marché immobilier aux États-Unis - le fameux subprime - voilà tout juste un an, la crise économique prend comme attendu le relais de la crise financière. Le scénario est écrit depuis des mois ; le voici en passe de se réaliser : mis à genoux par l'explosion de la bulle immobilière, les Américains ont exporté leurs maux vers les autres économies, que l'incroyable flambée des matières premières, énergie en tête, avait déjà commencé à miner.

    Incontestablement, ce terrible engrenage constitue la première et principale cause de l'orage qui éclate dans le ciel économique européen. Mais, à l'heure où l'industrie française fait ses comptes, il est difficile de passer sous silence les effets pervers de l'euro fort, dont elle subit les conséquences depuis longtemps. Combien de fois les chefs d'entreprise - français mais aussi européens - ont-ils tiré la sonnette d'alarme pour s'inquiéter d'une situation devenue intenable pour eux ? Dans une compétition internationale chaque jour plus vigoureuse, vendre partout dans le monde des biens produits avec des coûts en euros est devenu une gageure. Inutile, dans ces conditions, de s'étonner que les usines ferment et que les entreprises installent leur production sous des cieux plus cléments. La perte de vitesse du secteur automobile dans notre production industrielle symbolise plus que tout cette tendance inéluctable à la délocalisation, qu'un groupe comme Airbus revendique désormais sans complexe comme l'un des éléments centraux de sa stratégie. Un comble pour le plus européen de nos groupes industriels !

    La semaine dernière, le président de la BCE, Jean-Claude Trichet, s'est enfin inquiété publiquement des risques qui pèsent actuellement sur la croissance européenne. Les marchés financiers ont cru y déceler une inflexion dans son discours, jusqu'ici exclusivement centré sur l'inflation. Certains en ont conclu que l'on pouvait espérer un arrêt du cycle de hausse des taux d'intérêt européens, encore relevés au début du mois de juillet. Les plus téméraires se prennent même à rêver d'une baisse. Ce qui, à l'évidence, apporterait une bouffée d'oxygène bienvenue. Il n'en a pas fallu davantage pour faire fléchir l'euro, revenu en quelques jours de 1,60 à 1,50 contre le dollar. Ce qui, au passage, a fait baisser le prix du baril de pétrole, libellé en devises américaines. Contrairement à ce que l'on prétend ici ou là, le marché des changes n'est donc pas un bateau ivre abandonné aux seules forces de la grande finance internationale. Sa direction dépend aussi des politiques monétaires mises en œuvre par les banques centrales et de leurs discours. À l'heure où l'euro reste à un niveau difficilement supportable pour l'industrie européenne et où la croissance disparaît, la BCE se trouve placée face à ses responsabilités.
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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