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Les producteurs de pétrole encaisseront plus de 1500 milliards de dollars en 2008

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  • Les producteurs de pétrole encaisseront plus de 1500 milliards de dollars en 2008

    MATIERES PREMIERES. La somme payée par les pays consommateurs aux producteurs est le plus colossal transfert de toute l'histoire. Les précédents récents, portant sur des sommes moindres, laissent sceptiques sur ses effets.


    Jean-Claude Péclet
    Mardi 12 août 2008



    En six mois, le prix élevé du baril a rapporté 645 milliards de dollars aux huit membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, soit presque autant que pour tout l'an 2007.

    Les recettes des exportations d'or noir atteindront, fin 2008, 1250 milliards de dollars pour l'OPEP, auxquels s'ajoutent 300 milliards de dollars pour la Russie (non-membre) et les revenus d'autres pays d'Asie centrale. Au total, le transfert des consommateurs vers les producteurs dépassera 1500 milliards de dollars cette année, un montant inégalé dans l'histoire de l'humanité. Même avec un prix du baril volatil, les ordres de grandeur devraient peu varier d'ici à 2010, estime le Gulf Cooperation Council (GCC), chapeautant le Bahreïn, le Koweït, Oman, le Qatar, l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis. Selon son récent rapport, le produit intérieur brut du GCC dépassera pour la première fois mille milliards de dollars en 2008, le double d'il y a quatre ans.

    Cadeau empoisonné

    Cette manne soulève des questions délicates. Une des plus urgentes pour la zone GCC est une inflation à deux chiffres (sauf à Bahreïn), alors que l'accrochage des monnaies locales au dollar empêche de relever les taux d'intérêt pour calmer la surchauffe.

    Le défi macroéconomique plus large est que les pays exportateurs tendent à économiser davantage que les pays importateurs. Le colossal transfert vers les producteurs de pétrole risque d'entraîner une baisse de la demande globale, amplifiant les risques de récession et les déséquilibres.

    Les deux précédentes situations similaires - avec des montants plus faibles - n'incitent pas à l'optimisme. Dans les années 70, les pétrodollars ont alimenté la crise de la dette sud-américaine; au début des années 2000, celle des «subprime».

    Certes, les producteurs de pétrole ne manquent pas de projets d'infrastructures. Doté de 170 milliards de dollars, le fonds de stabilisation russe servira à financer les gros besoins, de transports notamment, identifiés par le gouvernement (plus de 500 milliards d'ici à 2015). De leur côté, les pays du GCC investiront 300 milliards de fonds publics en 2008.

    Entre ces ambitions et leur concrétisation subsistent néanmoins des goulets d'étranglement - dont le manque de personnel qualifié. Et les besoins sont loin d'être couverts. La FAO relevait en mars que l'aide de l'OPEP à l'agriculture a baissé depuis 1995, alors que 13 pays sont en situation d'urgence alimentaire et que, avec 2% des ressources d'eau potable et 11% de la population mondiale, la région va vers de sérieux problèmes.

    Par ailleurs, la manne pétrolière creuse les inégalités. Le Proche-Orient compte plus de 200000 millionnaires, leur nombre explose au Nigeria tandis que, dans ce dernier pays, 90% des 140 millions d'habitants vivent avec moins de 2 dollars par jour.
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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