Pourrissement !
par Moncef Wafi
Au-delà de l'aspect purement humanitaire qui devait, en principe, régir l'attitude de Benbouzid face à la situation critique des enseignants grévistes, c'est toute la problématique des rapports entre administrations et administrés qui se pose avec acuité. Le dossier des vacataires éclaire un peu plus sur la nature des relations qu'entretiennent les différents ministères avec les fonctionnaires.
Pour ceux qui ne le savent pas, un enseignant vacataire ou contractuel possède le même diplôme, les mêmes compétences et quelquefois la même longévité qu'un titulaire. Il partage avec ce dernier le même créneau horaire, les avantages en moins. En termes de discrimination, la différence ne s'arrête pas là puisqu'il est payé 50%, voire plus, de moins que l'enseignant permanent. Ce mouvement est donc plus que compréhensible car il appelle à un rétablissement des droits les plus élémentaires pour cette catégorie de salariés.
Seulement, l'intransigeance du ministre de tutelle d'apposer une fin de non-recevoir à ces revendications risque de conduire à mort d'hommes puisque les grévistes sont décidés à mener à terme leur combat. Ce bras de fer renseigne également sur le choix adopté par le gouvernement face aux multiples débrayages qu'a connus le monde du travail et qui s'affiche ouvertement à chaque amorce de crise sociale.
La violence institutionnelle s'est en effet imposée en guise de langage prôné par les préposés à la République en réponse aux besoins de la rue. Tout un arsenal juridico-sécuritaire au service des institutions pour se targuer de la légitimité du droit face aux « dérapages » de la classe ouvrière, qui ne trouve un début de salut que dans les grèves improvisées ou des sit-in au-devant des frontons de la République.
Cette volonté affichée et assumée de répondre par la violence ou le mépris aux attentes du peuple soulève des interrogations qu'il serait légitime de poser. Ainsi, l'on est en droit de se demander à quel dessein répond l'attitude de l'inamovible Benbouzid. Pourquoi le silence d'Ouyahia et du reste de la classe politique, si elle existe encore en dehors des salons américains et anglais. Même si l'on soupçonne, quelque part, le souci du gouvernement de ne pas créer d'antécédents qui pourraient faire boule de neige, il n'en demeure pas moins que la politique adoptée par les pouvoirs publics pousse vers le pourrissement. Cette approche « négationniste » des conflits sociaux n'est pas la meilleure des réponses à donner aux dossiers en suspens et il serait malheureux de croire que tourner le dos aux cris des citoyens et envoyer les matraques aux victimes des décrets pourrait solutionner quoi que ce soit.
Cependant, le constat à faire, c'est que la situation ne risque pas de changer pour autant et que le gouvernement, version Ouyahia, ne dialoguera avec aucun contestataire, même si au bout de la grève se dresse le spectre d'un linceul.
Quotidien d'Oran
par Moncef Wafi
Au-delà de l'aspect purement humanitaire qui devait, en principe, régir l'attitude de Benbouzid face à la situation critique des enseignants grévistes, c'est toute la problématique des rapports entre administrations et administrés qui se pose avec acuité. Le dossier des vacataires éclaire un peu plus sur la nature des relations qu'entretiennent les différents ministères avec les fonctionnaires.
Pour ceux qui ne le savent pas, un enseignant vacataire ou contractuel possède le même diplôme, les mêmes compétences et quelquefois la même longévité qu'un titulaire. Il partage avec ce dernier le même créneau horaire, les avantages en moins. En termes de discrimination, la différence ne s'arrête pas là puisqu'il est payé 50%, voire plus, de moins que l'enseignant permanent. Ce mouvement est donc plus que compréhensible car il appelle à un rétablissement des droits les plus élémentaires pour cette catégorie de salariés.
Seulement, l'intransigeance du ministre de tutelle d'apposer une fin de non-recevoir à ces revendications risque de conduire à mort d'hommes puisque les grévistes sont décidés à mener à terme leur combat. Ce bras de fer renseigne également sur le choix adopté par le gouvernement face aux multiples débrayages qu'a connus le monde du travail et qui s'affiche ouvertement à chaque amorce de crise sociale.
La violence institutionnelle s'est en effet imposée en guise de langage prôné par les préposés à la République en réponse aux besoins de la rue. Tout un arsenal juridico-sécuritaire au service des institutions pour se targuer de la légitimité du droit face aux « dérapages » de la classe ouvrière, qui ne trouve un début de salut que dans les grèves improvisées ou des sit-in au-devant des frontons de la République.
Cette volonté affichée et assumée de répondre par la violence ou le mépris aux attentes du peuple soulève des interrogations qu'il serait légitime de poser. Ainsi, l'on est en droit de se demander à quel dessein répond l'attitude de l'inamovible Benbouzid. Pourquoi le silence d'Ouyahia et du reste de la classe politique, si elle existe encore en dehors des salons américains et anglais. Même si l'on soupçonne, quelque part, le souci du gouvernement de ne pas créer d'antécédents qui pourraient faire boule de neige, il n'en demeure pas moins que la politique adoptée par les pouvoirs publics pousse vers le pourrissement. Cette approche « négationniste » des conflits sociaux n'est pas la meilleure des réponses à donner aux dossiers en suspens et il serait malheureux de croire que tourner le dos aux cris des citoyens et envoyer les matraques aux victimes des décrets pourrait solutionner quoi que ce soit.
Cependant, le constat à faire, c'est que la situation ne risque pas de changer pour autant et que le gouvernement, version Ouyahia, ne dialoguera avec aucun contestataire, même si au bout de la grève se dresse le spectre d'un linceul.
Quotidien d'Oran
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