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Turquie-Iran: un rapprochement et des interrogations

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  • Turquie-Iran: un rapprochement et des interrogations

    La visite du président iranien Mahmoud Ahmadinejad le 14 août 2008 revêt une importance particulière écrit Nuray Mert dans un éditorial de Radikal intitulé "une amitié difficile". En effet, l'Iran n'est pas un voisin ordinaire. Il s'agit d'un pays qui est aujourd'hui sous les feux de l'actualité mondiale. "Ce n'est pas la nature théocratique du régime en tant que tel, mais plutôt la puissance qu'il incarne désormais qui pose problème aux Etats-Unis. Depuis l'invasion de l'Irak, la puissance qu'incarne l'Iran est devenue une source de tracas pour les Occidentaux et les Etats-Unis en particulier. Les projets nucléaires iraniens ont ainsi débouché sur des scénarios d'attaque militaire contre l'Iran. Face à un régime devenu très populaire dans le monde musulman, y compris non chiite, la perspective d'une attaque directe contre l'Iran semble difficile. L'idée actuellement serait plutôt d'étouffer l'Iran par un large éventail de sanctions. C'est dans ce contexte que la Turquie est soumise à d'énormes pressions afin qu'elle prenne part sans discuter à cette politique de sanctions contre l'Iran. Ankara essaie tant bien que mal de résister à ces pressions. Il serait à ce propos injuste de penser que l'attitude turque ne s'explique que par les intérêts communs des deux parties concernant la question kurde [Ankara et Téhéran coopèrent de plus en plus étroitement sur le dossier des séparatistes kurdes]. En tant que puissance régionale moyenne, la Turquie serait forcément affectée par l'affaiblissement de ce voisin direct. Outre les liens historiques et la proximité culturelle, c'est donc cette perspective d'affaiblissement et ses conséquences qui expliquent les réserves de la Turquie dans ce dossier. Plus la crise entre l'Iran et l'Occident s'accentue et plus les relations turco-iraniennes se transforment en une amitié difficile. Espérons que cette amitié ne devienne pas impossible."

    Mehmet Y. Yilmaz dans Hürriyet critique très sévèrement le gouvernement AKP [islamo-conservateur] qui, "en accueillant Ahmadinejad, apporte un soutien indirect à l'attitude intransigeante du président iranien sur le dossier nucléaire. L'AKP semble ne pas avoir compris que les deux pays qui ont tout à perdre d'une nucléarisation de l'Iran sont Israël et la Turquie. Les responsables du parti au pouvoir affirment vouloir que la Turquie devienne un acteur politique régional majeur et prétendent que cette visite va y contribuer. Ils ne se rendent pas compte qu'à côté d'un Iran doté d'une force de frappe nucléaire, la Turquie n'aura plus grand-chose à dire dans la région."

    A la suite des critiques de Mümtaz Soysal, éditorialiste du très kémaliste quotidien Cumhuriyet, qui fustigeait le fait qu'Ahmadinejad ne visite pas le mausolée d'Atatürk à Ankara, traditionnellement visité par les chefs d'Etats étrangers, et que cela soit qualifié de "détail" par le ministre des Affaires étrangères turc, Ali Babacan, Taha Akyol réagit dans Milliyet par une leçon de realpolitik en écrivant que cette polémique ne doit pas masquer l'essentiel. "C'est parce qu'Ankara et Téhéran ont développé leurs relations qu'il existe aujourd'hui une collaboration très étroite entre la Turquie et l'Iran dans la lutte contre le terrorisme, sur le dossier irakien ainsi qu'en matière d'énergie [les ministres de l'Energie des deux pays ont signé récemment un accord sur le transfert du gaz naturel iranien à travers le territoire turc et autorisant des compagnies turques à développer trois champs de gaz naturel dans le sud de l'Iran]. Il ne sortira certainement rien de concret de la rencontre entre Gül et Ahmadinejad. Mais montrer à la communauté internationale que la Turquie est "dans le coup" sur ce dossier, voilà qui, à long terme, est une attitude intelligente."

    Par Pierre Vanrie, Courrier International
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