Les Américains ont décidé de régler définitivement le conflit du sahara d’ici la fin de l’année 2008
Washington veut liquider le Polisario
“Vous verrez, le dossier du Sahara sera réglé en 2008”, confiait un diplomate occidental. Selon celui-ci, les Américains sont décidés à régler ce conflit de façon rapide et définitive. Le Président George W. Bush serait convaincu par cette perspective ardemment défendue par le département d’État et le Pentagone. Les grandes puissances occidentales, sous l’impulsion de la France et de l’Espagne, appuient l’initiative américaine en vue d’une solution ferme au conflit du Sahara. Solution qui pourrait voir la disparition du Polisario dans le cadre d’une large autonomie. Pronostic à l'emporte-pièce ou évaluation conséquente de ce qui se passe? Cette approche est en effet de plus en plus privilégiée dans les chancelleries. Il faut dire que les éléments allant dans ce sens ne manquent point.
Premier constat: le Maroc ne sacrifiera en aucune façon ses provinces sahariennes, récupérées en 1975. Il s'agit là d'une donnée majeure, inaliénable et imprescriptible, parce que l'on a affaire à ce que l'on appellera les fondamentaux: l'unité nationale, l'intégrité territoriale et la souveraineté du Royaume. Même James Baker, peu suspect de complaisance à l'égard de Rabat, avait fini par se rallier à ce credo: Le Sahara est et restera marocain. Et d'invoquer à cet égard de nombreux éléments décisifs: la maîtrise militaire du terrain, le nouveau peuplement opéré depuis plus de trois décennies, la difficulté à pousser à l'érection d'un Etat-croupion, les exigences de la stabilité et de la sécurité dans la région.
Aujourd'hui, compte tenu de ces nombreuses données, les facteurs d'évolution ne manquent pas. Ainsi, le Maroc ne pouvait s'en tenir à la simple réaffirmation de ses titres historiques et de ses droits juridiques à propos de l'ancien Sahara occidental. Il lui fallait aussi donner forme et contenu à la libre expression des populations dans le cadre de l'Etat unitaire. D'où la mise en avant du projet d'autonomie interne, présenté au mois d'avril 2007 au Conseil de Sécurité, et qui a été jugé sérieux et crédible par cette haute instance onusienne et même pratiquement par l'ensemble de la communauté internationale, hormis le petit carré d'Alger et de ses clients africains ou relevant de latitudes exotiques. N'est-ce pas là une forme avancée de démocratie? En tout cas, les populations concernées auront de larges prérogatives pour gérer leurs propres affaires locales dans tous les domaines, les fonctions régaliennes de souveraineté -en particulier la défense, la politique étrangère et la monnaie- demeurant de la compétence de l'État central. Les premiers contacts à New-York, les 18-19 juin 2007, entre le Maroc et le front Polisario, parrainés par l'ONU et avec l'entremise active de Washington, surtout, et de Paris ont porté les premiers fruits qui en étaient attendus: il y a eu peut-être, pour commencer, un double monologue mais dans un cadre de travail de nature négociatoire éligible, lui, à une posture de dialogue. Dans ce type de négociations internationales, n'est-ce pas la loi du genre? Et personne ne s'attendait à un accord sorti du chapeau lors de cette première publique et officielle. Un deuxième round a été décidé pour la mi-août 2007. Ne serait-ce que cet accord-là sur ce calendrier constitue un précieux acquis dans un processus qui sera long, heurté aussi, mais qui finira par aboutir.
Pourquoi un tel pronostic? Parce que les parties concernées ou intéressées n'ont pas beaucoup de marge de manœuvre.
En premier lieu, Rabat a toujours pratiqué la politique de la main tendue, hier comme aujourd'hui -et les ralliements de nombreux dirigeants du front Polisario et de centaines de militants de base témoignent de cette disposition. De plus, le Maroc est soucieux de clore ce dossier posé depuis plus de trente ans devant les instances internationales, mais sur des bases qui ne porteraient aucunement atteinte au bloc constitutif de la Nation. En seconde lieu, le front Polisario se trouve depuis longtemps dans une impasse qu'il n'est guère arrivé à surmonter. Depuis 1975, il n'a pu offrir aux populations des camps de Tindouf aucune perspective sinon l'exclusion et le cantonnement. Pas davantage, il ne peut espérer un rapport de force diplomatique favorable de nature à imposer quelque solution avantageuse pour lui. Bien au contraire, il a perdu, ces dernières années, des dizaines de reconnaissances de la “RASD”, ce qui atteste bien de son recul à l'international. Par ailleurs, il menace de recourir aux armes, de manière récurrente, sans que la communauté internationale ne s'émeuve de ces gesticulations rhétoriques sans lendemain ni suites concrètes. C'est dire que la voie reste étroite et qu'il ne lui reste d'autre option que la recherche d'un compromis.
Enfin, l'Algérie -qui n'est plus vraiment partie intéressée mais, bien au contraire, concernée au premier chef - ne peut plus longtemps évacuer les nouvelles données de la question du Sahara. Elle sait que le Maroc ne renoncera jamais à la souveraineté sur ses provinces sahariennes. Elle mesure aussi, malgré un renforcement de son arsenal militaire, qu'elle ne pourra pousser à une montée des périls qui conduirait à un affrontement militaire avec le Maroc. Pourquoi? Parce que la communauté internationale condamnerait cet acte et que les Etats-Unis s'y opposeraient par tous les moyens, de manière brutale même, sans s'embarrasser de considérations diplomatiques. Un front algéro-marocain générant un foyer majeur de tension dans notre région n'est donc pas recevable, ni acceptable, pour Washington, qui a déjà fort à faire en Irak, en Afghanistan, en Palestine et ailleurs.
D'où vient cette plus forte implication américaine dans cet espace régional? D'une autre manière, à quoi doit-on la valorisation stratégique que paraît connaître le Maghreb ces dernières années ? A long terme, toutes les prévisions d'ici 2030 convergent sur ce point; la plus forte dépendance énergétique des États-Unis quant à leur approvisionnement énergétique. Et, d'ici 2020, près du quart du pétrole des Etats-Unis proviendra d'Afrique, soit le double de la quantité actuelle. Une donnée de base qui explique les deux axes de la stratégie de Washington: un accès illimité aux marchés producteurs -dont l'Afrique; et la sécurisation militaire des voies de communication pour garantir le transport des matières premières.
C'est dire qu'à part le Maroc et le Mali -des pays non producteurs- le fil d'Ariane et la clé du nouveau positionnement américain en Afrique et au Maghreb reste le statut pétrolier ou gazier des pays (Tchad, Angola, Nigeria, Soudan, Algérie, Libye, Mauritanie,…).
Si les États-Unis entendent bien combler le vide sécuritaire dans la région et dans le continent, c'est donc surtout pour des préoccupations stratégiques touchant l'approvisionnement énergétique par de nouveaux marchés autres que ceux du Moyen-Orient, du Venezuela ou d'ailleurs. Cette politique prend en charge au premier plan la lutte contre le terrorisme lequel, depuis le 11 septembre 2001, a donné la mesure de ses menaces et de ses nuisances. Lors de la dernière décennie, c'est à un autre niveau que se situait la démarche américaine: celui du business. C'est dans ce sens qu'avait été lancée en juin 1999, à Tunis, l'initiative Eizenstat, qui appelait à la formation d'une zone de trading block (zone commerciale) et à la levée des barrières intra-maghrébines freinant les flux d'affaires et les opportunités d'investissement. Aujourd'hui, ce n'est plus le bilatéral de Washington avec chacun des pays maghrébins qui est seul pris en compte, mais de plus en plus le Maghreb en tant que région. Surtout que l'impératif de sécurité de l'Europe occidentale et du flanc sud de l'OTAN est encore plus prégnant que par le passé. A telle enseigne qu'aujourd'hui la consolidation et la promotion d'une étroite coopération sécuritaire et militaire conforte, quand elle ne le surclasse pas, le partenariat économique.
D'où les mesures prises à la fin 2002, dans le cadre de l'initiative Pan-Sahel (PSI) qui a donné, en février 2007, la conférence de Dakar, à l'origine d'un commandement spécial pour l'Afrique, associant neuf pays sous la houlette de Washington. On comprend mieux, sous ces bases-là, que le dossier du Sahara ne puisse plus traîner encore des années dans les cartons diplomatiques. A marche forcée, les pressions de toutes sortes aidant, une solution acceptable paraît devoir s'imposer à terme. Ni l'Union du Maghreb arabe, ni la Ligue arabe, ni d'autres instances n'ont pu y arriver. Même l'ONU est en butte à ce dossier depuis plus de trente ans. Il aura fallu que l'Oncle Sam s'y attelle pour que la realpolitik déploie ses moyens d'action et fasse entendre raison à tous les protagonistes.
Washington veut liquider le Polisario
“Vous verrez, le dossier du Sahara sera réglé en 2008”, confiait un diplomate occidental. Selon celui-ci, les Américains sont décidés à régler ce conflit de façon rapide et définitive. Le Président George W. Bush serait convaincu par cette perspective ardemment défendue par le département d’État et le Pentagone. Les grandes puissances occidentales, sous l’impulsion de la France et de l’Espagne, appuient l’initiative américaine en vue d’une solution ferme au conflit du Sahara. Solution qui pourrait voir la disparition du Polisario dans le cadre d’une large autonomie. Pronostic à l'emporte-pièce ou évaluation conséquente de ce qui se passe? Cette approche est en effet de plus en plus privilégiée dans les chancelleries. Il faut dire que les éléments allant dans ce sens ne manquent point.
Premier constat: le Maroc ne sacrifiera en aucune façon ses provinces sahariennes, récupérées en 1975. Il s'agit là d'une donnée majeure, inaliénable et imprescriptible, parce que l'on a affaire à ce que l'on appellera les fondamentaux: l'unité nationale, l'intégrité territoriale et la souveraineté du Royaume. Même James Baker, peu suspect de complaisance à l'égard de Rabat, avait fini par se rallier à ce credo: Le Sahara est et restera marocain. Et d'invoquer à cet égard de nombreux éléments décisifs: la maîtrise militaire du terrain, le nouveau peuplement opéré depuis plus de trois décennies, la difficulté à pousser à l'érection d'un Etat-croupion, les exigences de la stabilité et de la sécurité dans la région.
Aujourd'hui, compte tenu de ces nombreuses données, les facteurs d'évolution ne manquent pas. Ainsi, le Maroc ne pouvait s'en tenir à la simple réaffirmation de ses titres historiques et de ses droits juridiques à propos de l'ancien Sahara occidental. Il lui fallait aussi donner forme et contenu à la libre expression des populations dans le cadre de l'Etat unitaire. D'où la mise en avant du projet d'autonomie interne, présenté au mois d'avril 2007 au Conseil de Sécurité, et qui a été jugé sérieux et crédible par cette haute instance onusienne et même pratiquement par l'ensemble de la communauté internationale, hormis le petit carré d'Alger et de ses clients africains ou relevant de latitudes exotiques. N'est-ce pas là une forme avancée de démocratie? En tout cas, les populations concernées auront de larges prérogatives pour gérer leurs propres affaires locales dans tous les domaines, les fonctions régaliennes de souveraineté -en particulier la défense, la politique étrangère et la monnaie- demeurant de la compétence de l'État central. Les premiers contacts à New-York, les 18-19 juin 2007, entre le Maroc et le front Polisario, parrainés par l'ONU et avec l'entremise active de Washington, surtout, et de Paris ont porté les premiers fruits qui en étaient attendus: il y a eu peut-être, pour commencer, un double monologue mais dans un cadre de travail de nature négociatoire éligible, lui, à une posture de dialogue. Dans ce type de négociations internationales, n'est-ce pas la loi du genre? Et personne ne s'attendait à un accord sorti du chapeau lors de cette première publique et officielle. Un deuxième round a été décidé pour la mi-août 2007. Ne serait-ce que cet accord-là sur ce calendrier constitue un précieux acquis dans un processus qui sera long, heurté aussi, mais qui finira par aboutir.
Pourquoi un tel pronostic? Parce que les parties concernées ou intéressées n'ont pas beaucoup de marge de manœuvre.
En premier lieu, Rabat a toujours pratiqué la politique de la main tendue, hier comme aujourd'hui -et les ralliements de nombreux dirigeants du front Polisario et de centaines de militants de base témoignent de cette disposition. De plus, le Maroc est soucieux de clore ce dossier posé depuis plus de trente ans devant les instances internationales, mais sur des bases qui ne porteraient aucunement atteinte au bloc constitutif de la Nation. En seconde lieu, le front Polisario se trouve depuis longtemps dans une impasse qu'il n'est guère arrivé à surmonter. Depuis 1975, il n'a pu offrir aux populations des camps de Tindouf aucune perspective sinon l'exclusion et le cantonnement. Pas davantage, il ne peut espérer un rapport de force diplomatique favorable de nature à imposer quelque solution avantageuse pour lui. Bien au contraire, il a perdu, ces dernières années, des dizaines de reconnaissances de la “RASD”, ce qui atteste bien de son recul à l'international. Par ailleurs, il menace de recourir aux armes, de manière récurrente, sans que la communauté internationale ne s'émeuve de ces gesticulations rhétoriques sans lendemain ni suites concrètes. C'est dire que la voie reste étroite et qu'il ne lui reste d'autre option que la recherche d'un compromis.
Enfin, l'Algérie -qui n'est plus vraiment partie intéressée mais, bien au contraire, concernée au premier chef - ne peut plus longtemps évacuer les nouvelles données de la question du Sahara. Elle sait que le Maroc ne renoncera jamais à la souveraineté sur ses provinces sahariennes. Elle mesure aussi, malgré un renforcement de son arsenal militaire, qu'elle ne pourra pousser à une montée des périls qui conduirait à un affrontement militaire avec le Maroc. Pourquoi? Parce que la communauté internationale condamnerait cet acte et que les Etats-Unis s'y opposeraient par tous les moyens, de manière brutale même, sans s'embarrasser de considérations diplomatiques. Un front algéro-marocain générant un foyer majeur de tension dans notre région n'est donc pas recevable, ni acceptable, pour Washington, qui a déjà fort à faire en Irak, en Afghanistan, en Palestine et ailleurs.
D'où vient cette plus forte implication américaine dans cet espace régional? D'une autre manière, à quoi doit-on la valorisation stratégique que paraît connaître le Maghreb ces dernières années ? A long terme, toutes les prévisions d'ici 2030 convergent sur ce point; la plus forte dépendance énergétique des États-Unis quant à leur approvisionnement énergétique. Et, d'ici 2020, près du quart du pétrole des Etats-Unis proviendra d'Afrique, soit le double de la quantité actuelle. Une donnée de base qui explique les deux axes de la stratégie de Washington: un accès illimité aux marchés producteurs -dont l'Afrique; et la sécurisation militaire des voies de communication pour garantir le transport des matières premières.
C'est dire qu'à part le Maroc et le Mali -des pays non producteurs- le fil d'Ariane et la clé du nouveau positionnement américain en Afrique et au Maghreb reste le statut pétrolier ou gazier des pays (Tchad, Angola, Nigeria, Soudan, Algérie, Libye, Mauritanie,…).
Si les États-Unis entendent bien combler le vide sécuritaire dans la région et dans le continent, c'est donc surtout pour des préoccupations stratégiques touchant l'approvisionnement énergétique par de nouveaux marchés autres que ceux du Moyen-Orient, du Venezuela ou d'ailleurs. Cette politique prend en charge au premier plan la lutte contre le terrorisme lequel, depuis le 11 septembre 2001, a donné la mesure de ses menaces et de ses nuisances. Lors de la dernière décennie, c'est à un autre niveau que se situait la démarche américaine: celui du business. C'est dans ce sens qu'avait été lancée en juin 1999, à Tunis, l'initiative Eizenstat, qui appelait à la formation d'une zone de trading block (zone commerciale) et à la levée des barrières intra-maghrébines freinant les flux d'affaires et les opportunités d'investissement. Aujourd'hui, ce n'est plus le bilatéral de Washington avec chacun des pays maghrébins qui est seul pris en compte, mais de plus en plus le Maghreb en tant que région. Surtout que l'impératif de sécurité de l'Europe occidentale et du flanc sud de l'OTAN est encore plus prégnant que par le passé. A telle enseigne qu'aujourd'hui la consolidation et la promotion d'une étroite coopération sécuritaire et militaire conforte, quand elle ne le surclasse pas, le partenariat économique.
D'où les mesures prises à la fin 2002, dans le cadre de l'initiative Pan-Sahel (PSI) qui a donné, en février 2007, la conférence de Dakar, à l'origine d'un commandement spécial pour l'Afrique, associant neuf pays sous la houlette de Washington. On comprend mieux, sous ces bases-là, que le dossier du Sahara ne puisse plus traîner encore des années dans les cartons diplomatiques. A marche forcée, les pressions de toutes sortes aidant, une solution acceptable paraît devoir s'imposer à terme. Ni l'Union du Maghreb arabe, ni la Ligue arabe, ni d'autres instances n'ont pu y arriver. Même l'ONU est en butte à ce dossier depuis plus de trente ans. Il aura fallu que l'Oncle Sam s'y attelle pour que la realpolitik déploie ses moyens d'action et fasse entendre raison à tous les protagonistes.
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