1. Liens avec le Royaume du Maroc
1. Considérations préliminaires
Pour ce qui est des liens du Sahara occidental avec le Maroc, les données
connues amènent à penser que le Maroc avait des raisons, et même avait
raison, de considérer que le Sahara (Mauritanie incluse) était un territoire qui
s'ouvrait à l'expansion naturelle de son empire. Tout semblait prédestiner le
pays à l'occupation marocaine. Le Maroc était un peuple organisé en Etat, le
Sahara était habité par des tribus tenues pour « féroces » par les Marocains et
le Maroc était le seil Etat voisin ayant lamême foi musulmane. A noter aussi
les relations évidentes que les deux pays ont entretenues pendant toute
l'histoire.
Il faut remarquer une particularité de ces relations: c'est que seules celles du
sud au nord ont eu des effets permanents. Les Sahariens qui pénétraient au
Maroc s'y établissaient, oubliant le territoire pauvre et difficile du Sahara. Les
expéditions marocaines au Sahara, qu'elles fussent guerrières ou commerciales,
étaient au contraire sans prolongement; la vie au Sahara était trop dure
pour les Marocains. Au moment de la colonisation des territoires africains, le
Maroc n'a eu ni la force ni même l'intérêt de faire concurrence aux Puissances
européennes ou de s'opposer a la colonisation. On peut en dire autant en ce
qui concerne tout le territoire du Sahara, de la Mauritanie et du Sahara
occidental.
(Il existait des liens entre le Sahara et le Maroc, mais de nature transitoire
et sans signification juridique ou politique. Dans sa préface au livre de
M. Rachid Lazrak, M. Paul Reuter se réfère à ces liens, dont il dit que ce
sont des
((liens peut-être fragiles et intermittents, mais qui étaient les seuls par
lesquels ces territoires étaient en union avec un monde qui leur apportait
la culture islamique et les éléments d'une vie politique » (Le contentieux
territorial entre le Maroc et l'Espagne, Casablanca, 1974, p. 9).
M. Rachid Lazrak indique la raison qu'oppose le ministre du Sultan à
l'occupation de Mackenzie: «Tout le Sahara peuplé de Musulmans appartenait,
en vertu du chraa, au Sultan du Maroc » (p. 142).
Dans les pages qui suivent, je ne prétends pas entrer dans l'examen des
faits controversés par les parties concernées; je me limiterai à indiquerquelques-unes des raisons qui m'ont amené aux conclusions que je
formule.
2. Liens religieux
L'appartenance au Dar el Islam est un lien puissant. Le monde des
croyants musulmans s'oppose à celui des infidèles (Dar el Harb), opposition
qui justifie l'appel à l'entraide dans les cas de guerre sainte (jihad). Il ne faut
pas confondre ce lien avec les liens juridiques ou politiques '.
«A l'avènement des Abbassides ... le régime de la Communauté
[musulmane] s'estompa devant l'apparition de l'esprit provincial: on vit
en effet l'Espagne Omeyyade et le Maroc Idrisside se séparer du reste de
l'Empire Musulman; d'autres défections eurent lieu en Orient même; les
populations de ces pays estimaient alors qu'elles constituaient des
ensembles bien autonomes. » (Hajji, « L'idée de nation au Maroc et
quelques-uns de ses aspects aux XVIe et XVIIe siècles », Hespéris
Tamuda, Rabat, 1968, p. 1 10; voir aussi p. 1 14-1 15.)
«Au cours des siècles, la majeure partie des populations marocaines se
montrera aussi fidèle à sa foi qu'attachée à son indépendance » (Terrasse,
Histoire du Maroc, II, p. 424) 2. L'Islam, qui n'a pu être le ciment de l'unité
marocaine, n'a pas profondément relié le Maroc au monde extérieur:
« L'Islam n'a guère fait que donner une forme légale à la xénophobie foncière
des populations marocaines » (ibid., p. 431) 3.
=== MODERATION ==
Evitez de spammer le forum. Soyez constructif et respectez la charte.
1. Considérations préliminaires
Pour ce qui est des liens du Sahara occidental avec le Maroc, les données
connues amènent à penser que le Maroc avait des raisons, et même avait
raison, de considérer que le Sahara (Mauritanie incluse) était un territoire qui
s'ouvrait à l'expansion naturelle de son empire. Tout semblait prédestiner le
pays à l'occupation marocaine. Le Maroc était un peuple organisé en Etat, le
Sahara était habité par des tribus tenues pour « féroces » par les Marocains et
le Maroc était le seil Etat voisin ayant lamême foi musulmane. A noter aussi
les relations évidentes que les deux pays ont entretenues pendant toute
l'histoire.
Il faut remarquer une particularité de ces relations: c'est que seules celles du
sud au nord ont eu des effets permanents. Les Sahariens qui pénétraient au
Maroc s'y établissaient, oubliant le territoire pauvre et difficile du Sahara. Les
expéditions marocaines au Sahara, qu'elles fussent guerrières ou commerciales,
étaient au contraire sans prolongement; la vie au Sahara était trop dure
pour les Marocains. Au moment de la colonisation des territoires africains, le
Maroc n'a eu ni la force ni même l'intérêt de faire concurrence aux Puissances
européennes ou de s'opposer a la colonisation. On peut en dire autant en ce
qui concerne tout le territoire du Sahara, de la Mauritanie et du Sahara
occidental.
(Il existait des liens entre le Sahara et le Maroc, mais de nature transitoire
et sans signification juridique ou politique. Dans sa préface au livre de
M. Rachid Lazrak, M. Paul Reuter se réfère à ces liens, dont il dit que ce
sont des
((liens peut-être fragiles et intermittents, mais qui étaient les seuls par
lesquels ces territoires étaient en union avec un monde qui leur apportait
la culture islamique et les éléments d'une vie politique » (Le contentieux
territorial entre le Maroc et l'Espagne, Casablanca, 1974, p. 9).
M. Rachid Lazrak indique la raison qu'oppose le ministre du Sultan à
l'occupation de Mackenzie: «Tout le Sahara peuplé de Musulmans appartenait,
en vertu du chraa, au Sultan du Maroc » (p. 142).
Dans les pages qui suivent, je ne prétends pas entrer dans l'examen des
faits controversés par les parties concernées; je me limiterai à indiquerquelques-unes des raisons qui m'ont amené aux conclusions que je
formule.
2. Liens religieux
L'appartenance au Dar el Islam est un lien puissant. Le monde des
croyants musulmans s'oppose à celui des infidèles (Dar el Harb), opposition
qui justifie l'appel à l'entraide dans les cas de guerre sainte (jihad). Il ne faut
pas confondre ce lien avec les liens juridiques ou politiques '.
«A l'avènement des Abbassides ... le régime de la Communauté
[musulmane] s'estompa devant l'apparition de l'esprit provincial: on vit
en effet l'Espagne Omeyyade et le Maroc Idrisside se séparer du reste de
l'Empire Musulman; d'autres défections eurent lieu en Orient même; les
populations de ces pays estimaient alors qu'elles constituaient des
ensembles bien autonomes. » (Hajji, « L'idée de nation au Maroc et
quelques-uns de ses aspects aux XVIe et XVIIe siècles », Hespéris
Tamuda, Rabat, 1968, p. 1 10; voir aussi p. 1 14-1 15.)
«Au cours des siècles, la majeure partie des populations marocaines se
montrera aussi fidèle à sa foi qu'attachée à son indépendance » (Terrasse,
Histoire du Maroc, II, p. 424) 2. L'Islam, qui n'a pu être le ciment de l'unité
marocaine, n'a pas profondément relié le Maroc au monde extérieur:
« L'Islam n'a guère fait que donner une forme légale à la xénophobie foncière
des populations marocaines » (ibid., p. 431) 3.
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