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Escalade des tensions entre la Chine et les Etats-Unis

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  • Escalade des tensions entre la Chine et les Etats-Unis

    en mer de Chine méridionale
    Verbatim :: Mardi, 19 août 2008 . 17:53 t.u. :: Jean-Marie Holtzinger

    Les velléités d’actions chinoises à l’encontre de Taiwan sont tempérées par un manque crucial de moyens adaptés à la conduite d’opérations de guerre contre l’île mais également à une absence d’intérêt pour la Chine de provoquer une crise dans une région où transitent la majeure partie de ses importations et ses exportations. La Chine n’a pas l’intention à court terme de s’engager militairement sur l’île même si, paradoxalement, elle s’y prépare. A l’échelle internationale, les Etats-Unis considèrent avec attention les mouvements de troupes des deux côtés du détroit de Taiwan. La Chine dissuade Taiwan de proclamer son indépendance, Taiwan et les Etats-Unis dissuadent la Chine d’employer la force ou la puissance politique pour réaliser une unification selon ses termes (1). Selon l’amiral Mathey de la Fondation pour la recherche stratégique, la Chine et les Etats-Unis n’entreront pas en conflit au sujet de Taiwan, chaque pays cherchant à bluffer la partie adverse (2). Dans ce contexte les gesticulations militaires américaine en mer de Chine méridionale sont très mal perçues par la Chine, elles sont renforcées par des actions politico-diplomatiques considérées comme hostiles par la RPC. Des avions américains équipés de senseurs, de radars, d’appareils de prises de vues et de moyens d’écoute patrouillent le long des côtes chinoises, dans l’espace aérien international, avec des missions de surveillance d’objectifs situés en Chine. Ces vols de reconnaissance sont routiniers. Le 1er avril 2001, en mer de Chine au large de l’île de Hainan, un avion d’écoute électronique américain et un chasseur chinois entrent en collision. Le pilote chinois décède, l’appareil et les onze hommes d’équipage américain sont saisis. La nouvelle agressivité de l’aviation chinoise et les demandes d’excuses formulées après l’incident au plus haut niveau placent « la barre à un niveau très élevé. Il s’agit, ni plus ni moins, d’entériner une nouvelle zone de non intrusion américaine dans l’espace limitrophe de la Chine, alors que celle-ci n’a pas fixé clairement les limites de son propre territoire » (3). Conséquemment à l’affaire de l’avion espion s’ensuit une longue série d’offenses et de provocations. En juillet 2001, les ministres Rumsfeld et Powell, ainsi que l’amiral Dennis Blair se rendent en Australie. Ils y concluent, avec l’Australie, la Corée du Sud et le Japon, un «pacte de défense» dirigé contre la Chine. En mars 2002, le Pentagone publie le document «Nuclear Posture Review», dans lequel il est dit que la Chine constitue une cible potentielle pour une attaque nucléaire. Le 20 mai 2004, la Maison-Blanche fait état de toute son estime pour le discours de Chen Shuibian, le «président» de Taiwan. Celui-ci avait déclaré vouloir faire approuver, en 2008, une constitution dans laquelle serait reprise l’indépendance de Taiwan. Les propos de la Maison-Blanche constituent une ingérence dans les affaires intérieures chinoises. En avril 2004, les Etats-Unis vendent à Taiwan un système radar de 1,8 milliard de dollars. Un mois plus tard, huit sous-marins pour une valeur de 8,9 milliards de dollars. Les deux marchés constituent une ingérence dans les affaires intérieures. Ils sont également en contradiction avec le Communiqué du 17 août 1982 qui, avec deux autres communiqués communs, forment la base officielle des relations sino-américaines. Dans le Communiqué de 1982, il est écrit que «les Etats-Unis sont prêts à restreindre progressivement leurs ventes d’armes à Taiwan». En avril 2004 toujours, les Américains décident de financer ouvertement le mouvement séparatiste dans la province de Xianyang. L’Uyghur American Association reçoit 75.000 dollars. Le 20 mai 2004 paraît un rapport du Pentagone déclarant que la Chine «est une superpuissance économique en devenir qui menace notre sécurité». Le 2 juin 2004, le ministère tchèque de l’Industrie et du Commerce interdit la vente de six radars à la Chine, pour une valeur de 57 millions de dollars. La vente de ces armes avait été conclue quatre mois plus tôt. Les Etats-Unis ont soumis la Tchéquie à de fortes pressions et, en compensation, ont acheté eux-mêmes les six radars, bien qu’ils n’en avaient nullement besoin. En juin 2004, une commission du Congrès publie un rapport traitant la Chine de «dictature communiste». De la fin juin à la fin août 2004, les Etats-Unis organisent les plus grandes manœuvres militaires navales au monde depuis 1945. Le 30 juin, juste avant le début des manœuvres, le Strait Times de Hongkong faisait savoir que les sept groupes d’assaut allaient opérer leur jonction dans les parties méridionale et orientale de la mer de Chine ainsi que dans le détroit de Taiwan. Fait unique dans l’histoire militaire, sept des douze groupes d’assaut navals américains ont participé à cette exercice baptisé « Summer Pulse 2004 ». Un groupe d’assaut comprend un porte-avions (de 80 à 90 appareils de combat), un croiseur, deux frégates, deux destroyers, deux sous-marins et un navire ravitailleur. Le porte-avions, les croiseurs et les sous-marins emportent des missiles nucléaires tactiques. Le groupe dispose en outre d’une impressionnante puissance de feu classique, tels les missiles Cruise et Tomahawk. Un seul groupe peut, sans grande difficulté, venir à bout de l’armée entière de la plupart des pays du monde. Dans des situations de guerre comme la première guerre du Golfe en 1991, les Etats-Unis mobilisent deux voire trois de ces groupes d’assaut. Leur objectif principal n’est autre que la Chine. Cette énorme concentration de puissance de frappe a suscité la colère en Asie. Des protestations sont venues de Chine, bien sûr, mais également de personnalités australiennes, indonésiennes, japonaises. Les Chinois ont déclaré que l’exercice était de l’intimidation pure. Plus récemment, en 2007, le porte-avions (4) américain Kitty Hawk aurait rencontré un sous-marin d’attaque et un destroyer chinois dans le détroit de Taiwan. Le porte-avion s’est arrêté et a pris ses dispositions de combat à l’instar des navires chinois. La confrontation a duré 28 heures. La Chine a fait savoir aux Etats-Unis sa vive inquiétude au sujet du transit de ce porte-avions américain par le détroit de Taiwan, tout en déclarant que Taiwan appartient au territoire chinois. L’amiral Timothy Keating, commandant les forces américaines dans le Pacifique a déclaré : « Nous n’avons pas besoin de la permission de la Chine pour traverser le détroit de Taiwan. Nous exercerons notre libre droit de passage quand nous le voudrons et où nous le voudrons ». Peu de temps auparavant le Kitty Hawk s’était vu refuser l’entrée dans le port de Hong Kong.

    L’escalade des tensions entre les Etats-Unis et la Chine reste palpable notamment en mer de Chine méridionale. Dans cette région la Chine entend s’assurer une suprématie militaire pour d’une part asseoir ses revendications territoriales et d’autre part, dans le détroit de Formose, dissuader Taiwan d’autoproclamer son indépendance. Outre ces objectifs régionaux, la Chine compte aussi s’imposer sur les mers comme une grande puissance et faire contrepoids à la forte présence américaine en Asie (5). C’est pourquoi la Chine donne priorité à la marine de guerre dans le cadre de la modernisation de l’Armée populaire de libération.

    1 - M. Duchâtel, « Escalade sous contrôle dans le détroit de Taiwan », Les cahiers de mars, n°183, 1er trimestre 2005, p 67.
    2 - Entretien avec l’amiral Mathey via Internet en date du 04 février 2008.
    3 - F.Godement, Chine Etats-Unis : entre méfiance et pragmatisme, La documentation française, Institut Français des Relations Internationales, n°5132,Paris, mai 2001, p.18.
    4 - M. Hickley, « Un sous-marin chinois au milieu des manœuvres de l’US Navy », Daily Mail, 12 novembre 2007, www.eldib.**************.
    5 - E.Franco, « La Chine renfloue sa marine pour asseoir ses ambitions régionales », Armées d’aujourd’hui, n°320, mai 2007, p 12
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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