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La greffe du visage va se banaliser

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  • La greffe du visage va se banaliser

    Le profane considère encore la greffe de visage comme de la science-fiction mais les experts, encouragés par les résultats positifs des dernières techniques mises en oeuvre, affirment que cette intervention chirurgicale pourrait devenir à moyen terme une opération de routine au même titre par exemple que la transplantation rénale.

    "Il n'y a pas de raison de penser que ces greffes de visage ne deviendront pas un jour aussi banales que celles de rein ou de foie", estime le docteur Laurent Lantiéri dans un article publié vendredi par la revue médicale britannique "The Lancet". Le chef de service de chirurgie plastique et reconstructrice à l'hôpital parisien Henri-Mondor de Créteil (Val-de-Marne), en banlieue parisienne, a participé en janvier 2007 à l'opération d'un homme défiguré par des tumeurs dues à une maladie génétique.

    Deux des trois équipes médicales ayant réalisé une transplantation de face dans le monde font le point sur leurs travaux dans "The Lancet". Le Dr Lantiéri et ses collègues affirment que l'homme de 29 ans sur lequel ils ont greffé des joues, un nez et une bouche, a pu sourire et cligner des yeux dans les six mois. Quant au patient chinois qui avait été mordu par un ours, il pouvait manger, boire et parler normalement, et est retourné dans sa province du Yunan, quelques mois après avoir reçu fin 2006 un nouveau nez, une lèvre supérieure et une joue.

    Dans les deux cas, les morceaux de visage greffés ont été rejetés plusieurs fois par le corps du receveur, jusqu'à ce que les médecins trouvent le bon traitement. Le patient français prend toujours trois cachets part jour pour éviter un rejet, "mais c'est moins que la plupart des diabétiques", souligne le Dr Lantiéri.

    Le Dr Bohdan Pohamac, chirurgien plasticien au Brigham and Women's Hospital de Boston, aux Etats-Unis, trouve "encourageant le fait que l'on ait pu réduire relativement rapidement le dosage du traitement". S'il possède lui-même l'autorisation de pratiquer des greffes du visage, il n'a pas participé aux opérations françaises et chinoise.

    La première greffe partielle de visage -nez-lèvres-menton- a été réalisée en 2005 à Amiens (Somme), sur une Française de 38 ans mordue par son chien.

    Le Dr Pohamac souligne que la crainte de risque accru de cancer lié à la prise d'immunodépresseurs à vie ne semble pas fondée. Le temps a répondu à d'autres soucis, comme celui de la fonctionnalité du greffon. Dans le cas du patient français, qui était paralysé de la face depuis plus de dix ans, le cerveau a rétabli des connections nerveuses oubliées depuis longtemps, permettant notamment le clignement des yeux.

    Mais tout le monde n'est pas convaincu du caractère révolutionnaire de l'opération. Le Dr Patrick Warnke, chirurgien plasticien à l'Université allemande de Kiel, y voit une "voie sans issue" et ne croit pas à la résolution à long terme du problème de rejet. Il privilégie la culture des tissus des patients à partir de cellules souches humaines, qui possèdent la faculté d'évoluer en n'importe quelle cellule spécialisée du corps.

    Les obstacles aux greffes de visage sont non seulement scientifiques mais aussi sociaux. "Quand on a commencé à greffer des reins, les gens hésitaient à donner pour des questions culturelles, sociales et religieuses. C'est exactement le même scénario aujourd'hui", affirme le Dr Pomahac. "Tout le monde se dit prêt à accepter une transplantation de la face s'il était défiguré, mais la vraie question c'est: seriez-vous donneur, ou permettriez-vous qu'un membre de votre famille donne son visage?", relève le Dr Lantiéri. "C'est cela la réponse que nous devons faire changer."

    Par AP
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