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Mohamed Djefel Premier président de l’Etoile Nord-Africaine

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  • Mohamed Djefel Premier président de l’Etoile Nord-Africaine

    L ‘édition du lundi 28 avril de La Dépêche de Kabylie avait publié un article intitulé : "Djeffal Mohamed : Premier président de l’Etoile Nord-Africaine (1924-1926)" et signé D.Djerdi. Durant le printemps écoulé, nous nous sommes rendus dans son village natal, Ath-Hague dans la commune d’Irdjen, daïra de Larbâa Nath-Irathen, à la recherche de ses proches.

    A l’entrée du village, au premier café, nous sommes tombés sur son propre fils entouré de l’un de ses fils et de ses neveux, qui nous ont accueillis très chaleureusement. Pour nous, il s’agissait de savoir pourquoi un tel homme a été "ignoré" par l’Histoire du Mouvement national algérien. Commençons par relater un bref historique du parcours de cette figure emblématique : D’après l’extrait de naissance que nous ont remis ses proches, Mohammed DJEFEL (orthographe correcte) était âgé de six ans lorsqu’il a été porté sur le registre de l’état civil d’Irdjen en 1891. Il n’avait pas connu son père et ce sont ses quatre frères qui l’ont élevé. Doué d’une intelligence extraordinaire, Mohammed Djefel s’est cultivé d’une manière autodidacte, car il a eu une scolarité très courte, avant de se rendre en France où l’un de ses frères l’accueillit durant la première guerre mondiale. C’est ainsi qu’il fût parmi les premiers Algériens à posséder un restaurant au 18ème arrondissement de Paris, et cela, dès les années 20. Ce restaurant, qu’il avait vendu avant de rentrer au pays, existe toujours et on l’appelait le restaurant de Hadj Mohand Ouahmed Djefel. Il est situé au quartier parisien "La Goutte d’or" dans la rue Chartre.

    Ce restaurant était le lieu de rendez-vous de tous les Kabyles. C’est ainsi que, le plus naturellement du monde, alors que la conscience nationale commençait à prendre de l’ampleur, ce restaurant devint l’endroit favori de rassemblement des militants de l’Etoile Nord-Africaine qui avait été créée par l’Emir Khaled après avoir, dans un premier temps, propagé cette idée dans la région "Les Bouches- du -Rhône" avant sa fondation en… 1924. L’Histoire officielle du Mouvement national algérien nous a toujours appris que l’ENA a été fondée en 1926 et que le père du nationalisme était Messali Hadj. Or, il s’avèrerait que, non seulement, le premier président de l’Etoile Nord-Africaine était Mohammed Djefel, mais, déjà en 1924, ce dernier était en conflit avec Messali Hadj. La divergence qui séparait les deux hommes était relative à la stratégie à adopter : Dès le départ, Mohammed Djefel prônait la lutte armée alors que Messali défendait la thèse de la démarche politique.

    Ce qui est vraiment étonnant, c’est que peu d’historiens ont cité Mohammed Djefel et même son nom ne figure pas dans les P.V. de la CCC du PCF et même de la police française, comme membre du comité central de l’ENA : Pourquoi ? Parmi ceux qui l’ont cité, Benjamin Stora, Belghoul, Bedjaoui, Mahfoud Kaddache et Ferhat Abbas. Nous avons pu retrouver un livre de ce dernier intitulé "Révolution en Algérie, nuit coloniale" édité par Julliard à Paris en 1962. C’est dans le Tome 1 que Ferhat Abbas cite Mohammed Djefel.

    Quoi qu’il en soit, Mohammed Djefel démissionne donc en 1926 pour des raisons de santé et est remplacé en décembre de la même année par Messali Hadj. Tout en soignant son cancer de la gorge, il se consacrera aux actes de bienfaisance et de bravoure, avant de rentrer en Algérie en 1937. Au pays, il ouvrira un restaurant avec des cousins et son fils au 16, rue de la marine à Alger. Ahcène Djefel, qui deviendra un militant du PPA, prend le restaurant. Durant toute cette période, Mohammed Djefel s’est consacré donc à la bienfaisance et aux actes de bravoure. A Ath-Hague, on nous rapportera une anecdote relative à un acte de bravoure lorsqu’il arrêtera des bandits qui voulaient ruiner un propriétaire de restaurant dans la région en refusant de payer quotidiennement.

    On nous dira même que Mohammed Djefel aurait été décoré une douzaine fois par des médailles pour ses actes. Ces médailles, nous dira-t-on, auraient été récupérés par des maquisards après reconnaissance. Sa maladie a fini par avoir raison de lui à l’âge de 71 ans le 24 février 1956. Mohammed Djefel repose dans son village natal, Ath-Hague, mais, à ce jour, il demeure méconnu des Algériens.

    Combien d’hommes et de femmes ont connu ce sort ingrat de notre histoire ? Peut-être qu’il appartient d’abord, aux citoyens de son village et à sa famille de commencer à le faire ne serait-qu’en créant créer une association qui portera son nom afin de le faire connaître avant… sa réhabilitation.

    Tarik Amiroucheno, La Dépêche de Kabylie
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