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Le Silence des murs, Mohamed Attaf

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  • Le Silence des murs, Mohamed Attaf

    Nouvelles de Mohamed Attaf Le Silence des murs

    Tout est poésie dans ce recueil de nouvelles, Le Silence des murs de Mohamed Attaf , aussi bien par le contenu que par le contenant tant le fil de la linéarité s’est fondu dans les méandres des sentiments d’un temps et devenus obsédants pour toujours.

    Le Silence des murs semble vouloir traduire ce désir perpétuel de retrouver ce qu’Henri Michaux désigne par «la vie dans les plis», pour la simple raison que tout a trait à l’intimité de celui qui parle. Il est naturel que quel que soit son itinéraire dans la vie, on arrive toujours à retrouver la chaleur d’un univers perdu en essayant de le reconstituer par les souvenirs comme s’il s’agissait d’un puzzle.

    S’agissant d’un recueil de nouvelles, une vingtaine au total, bien des lecteurs non avertis pouvaient exprimer le désir d’avoir une préface, un avant-propos à vocation pédagogique qui leur donneraient quelques indications utiles sur l’ensemble des nouvelles, voire même des orientations de lecture, comme cela se trouve dans tous les recueils édités conformément aux normes requises. Cela est d’autant utile qu’on arrive à recréer la motivation auprès des lecteurs, lorsque les textes sont chargés de mystères et donc difficiles à décrypter. Ces nouvelles s’adressent à tous les types de public.

    De l’enfance à l’âge adulte,que de souvenirs immortalisés !

    Il n’est pas donné à tout le monde d’évoquer son enfance ou ses années de jeunesse lorsque celles-ci sont faites de temps gâché ou de contrariétés qui marquent à vie. Rares sont les bons souvenirs qu’on revit avec délectations.
    On reste hanté à vie par la maison de son enfance. C’est là qu’on a vu le jour et qu’on a reçu sa première éducation. Elle a un nom spécifique «la maison des invités» appelée ainsi parce qu’elle semble avoir été prédestinée à recevoir beaucoup de monde. Ses murs renferment sept pierres ramenées comme des reliques de chez les marabouts vénérés de la région.

    On ne peut pas passer en revue les vingt nouvelles tant l’écriture est difficile à déchiffrer, les normes syntaxiques ayant été souvent transgressés. Nous constatons aussi une grande diversité de thèmes devant se suivre dans un tout autre ordre pour rendre la lecture plus agréable.

    La Maison des invités comme titre, évoque de prime abord ce qu’il y a de meilleur chez les humains comme l’esprit de générosité, la convivialité, le bonheur. C’est tout à fait à l’inverse de la Nuit de chômeur qui traduit l’envers du décor.

    Ecrire sur les chômeurs est un acte digne de louanges, ils représentent une catégorie sociale, aujourd’hui majoritaire, oubliée, méprisée, déconsidérée. Le chômeur lorsqu’il est de longue durée en arrive même à se détester tant le sentiment de son inutilité s’accentue au point de déboucher, pour les plus fragilisés, au suicide.

    «Est chômeur celui qui ressent dans ses viscères une multitude d’obsessions et d’angoisses qui le martyrisent dans ses instants sans pouvoir s’accommoder à une situation même prodigieuse à un lieu de rêveries ou à une compagnie des plus enviées. Donc, que peut-on faire si ce n’est se résigner à tout ? Ce présent hostile reste-t-il un marécage au point d’obstruer et de polluer toutes les eaux pures et vives de l’avenir».

    Nous avons jugé utile de reprendre ce passage qui montre bien la compassion de l’auteur pour les chômeurs qui souffrent.Son émotion fut telle qu’il a dû transcrire ces phrases dans l’ordre où elles lui sont venues à l’esprit.
    Selon lui, rien ne vaut le naturel.

    Que le lecteur trouve le temps de comprendre et de remettre de l’ordre dans les idées.

    La Demande est un titre ambigu, lu sous cette forme simple. Pourtant, il en dit long puisqu’il s’agit de demande en mariage. Et d’une pierre deux coups : les démarches entreprises pour arriver au domicile de la fille à demander nous font revivre des moments importants de notre vie traditionnelles… Il faut comprendre par là les rites et traditions d’un temps.

    Des tranches de vie dans un monde difficile

    Azerou Oumezoug au pouvoir magique est un rocher et un toponyme, celui d’une localité non précisée. La nouvelle a consisté à faire revivre la douleur d’une famille dont le chef a émigré au loin pour gagner de quoi vivre. Dans une deuxième étape, on assiste au retour de l’absent vécu comme un événement. Avec cette histoire, c’est le passé de nos aïeux qu’on nous passe en revue avec toute la joie et les émotions ressenties.

    L’Annonce est moins agréable à lire tant le contenu plonge le lecteur dans l’angoisse de ceux qui s’usent au jour le jour dans l’attente d’un rayon de soleil de la part du responsable communal de qui vient l’annonce de la fin d’un calvaire : l’obtention d’un logement qui libère la famille de l’exiguïté et du viol permanent de l’intimité de chacun. Aussi, c’est l’attente puis la ruée vers la maire, et chacun y va de tous ses arguments et de toutes ses forces.
    Le Guérisseur ce n’est pas le maire ici, mais le charlatan qui fait croire aux miracles. On s’empresse d’aller chez lui dans l’espoir d’avoir ce qu’on recherche, parce qu’on est dans une société qui croit à tout et qui n’a pas les moyens d’aller se faire soigner chez les vrais médecins.

    C’est toute la réalité algérienne qui défile dans ces vingt nouvelles données dans l’ordre où elles sont venues, à l’image des phrases difficiles à comprendre ; elles sont trop longues et la plupart sont à refaire.

    Le Silence des murs, Mohamed Attaf, Nouvelles, Ed Alpha, 2007


    Par Boumediene A., La Nouvelle République
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