Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Irrigation des terres agricoles avec des eaux usées

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Irrigation des terres agricoles avec des eaux usées

    La première étude mondiale révèle que dans les villes du Sud, dans 80 % des cas, les eaux usées non traitées sont utilisées à des fins agricoles.

    Dans la majorité des pays du Sud, les eaux usées les égouts pour parler sans détour sont largement utilisées pour irriguer les champs et les jardins qui bordent les mégalopoles et les villes. Souvent contaminées chimiquement et biologiquement, ces eaux non traitées ou partiellement traitées constituent la principale ressource pour les agriculteurs et les jardiniers qui approvisionnent les citadins avec leurs produits. Elles présentent à la fois une ressource et un risque sanitaire et environnemental. La première étude consacrée à cette question, portant sur 53 grandes villes d'Amérique latine, du Moyen-Orient, d'Asie et d'Afrique révèle que dans 80 % des cas, les eaux usées non traitées sont utilisées à des fins agricoles.

    L'étude a été rendue publique lundi à l'occasion de la première journée de la Semaine mondiale de l'eau qui se tient à Stockholm (Suède) et réunit près de 2 500 experts venus du monde entier. L'édition 2008 est consacrée à l'assainissement et à l'hygiène, deux questions majeures quand on sait que plus du tiers de l'humanité est privé d'installations sanitaires.

    «L'utilisation des eaux usées pour l'irrigation des cultures périurbaines est un sujet qui a toujours été négligé. C'est pourtant une pratique courante» , reconnaît Liqa Raschid-Sally, chercheuse à l'Institut international de gestion des ressources en eau (IWMI) et auteur de l'étude. Cet organisme à but non lucratif basé à Colombo (Sri Lanka) veut favoriser les recherches sur l'utilisation durable des ressources en eau et en terre pour l'agriculture des pays en développement.

    Même si l'irrigation avec des eaux usées est interdite dans plusieurs pays concernés par l'étude, explique Liqa Raschid-Sally, c'est seulement sur le papier car les contrôles ne sont jamais effectués. En effet, les pays craignent de voir leurs produits agricoles interdits à l'exportation si la problématique se trouvait exposée au grand jour.

    Un enjeu de santé publique


    Selon l'étude de l'IWMI, 20 millions d'hectares de terres urbaines et périurbaines sont amendés et irriguées par les rejets urbains. Principales régions du monde concernées : les pays d'Asie comme la Chine, l'Inde et le Vietnam, mais aussi toutes les zones situées à proximité de chaque ville d'Afrique subsaharienne ainsi que dans de nombreuses villes d'Amérique latine. À Accra, la capitale du Ghana (2 millions d'habitants), 200 000 personnes achètent chaque jour des légumes produits sur 100 hectares seulement de terres agricoles urbaines irriguées avec des eaux usées, selon le rapport de l'IWMI.

    Évidemment, ces produits doivent être soigneusement lavés quand ils sont consommés crus. «Ce n'est pas seulement le bien-être des consommateurs fortunés de légumes exotiques qui est en jeu», affirme la chercheuse. «Les consommateurs pauvres des aliments bon marché de la rue sont aussi tributaires de l'agriculture urbaine.»

    L'étude commanditée par l'IWMI veut avant tout dresser un constat et ne vise pas à stigmatiser les agriculteurs. Liqa Raschid-Sally est la première à reconnaître que les eaux usées sont très riches en nutriments indispensables à l'agriculture et que ce sont souvent les seules ressources disponibles pour l'irrigation. Sans ces eaux usées, l'offre en nourriture serait considérablement amoindrie, beaucoup de ces villes n'ayant pas la possibilité d'irriguer les cultures des zones urbaines avec de l'eau propre.

    Ce que préconise l'IWMI, ce n'est pas le modèle occidental. Il est trop coûteux. Pour que les eaux usées soient profitables et utilisables par l'agriculture, il n'est pas nécessaire de les traiter pour les rendre potables, comme on le fait dans les pays riches. Il faut au contraire tirer profit des eaux usées. L'organisme appelle à réduire les risques sanitaires par des interventions peu coûteuses, comme le lavage des légumes frais, un traitement primaire des eaux usées par stockage en surface et une irrigation parcimonieuse.

    Quoi qu'on puisse penser des préconisations de l'IWMI, le recyclage des eaux usées urbaines est un enjeu important. La population urbaine étant en constante augmentation, la demande alimentaire va augmenter et les flux de matières minérales et organiques vers les villes ne vont cesser de s'intensifier. «Il faudra bien trouver des solutions nouvelles pour les recycler. Cela va nécessiter de la connaissance et des investissements», résume Michel Griffon, agronome et économiste, directeur adjoint de l'ANR (Agence nationale de la recherche).

    Par le Figaro
Chargement...
X