Toxicomanes et alcooliques, prostituées et homosexuels a Bejaiia
La pudique Béjaïa envahie par les marginaux
Béjaïa, une région connue pour son puritanisme, se révèle depuis quelques années comme le lieu de prédilection où fleurissent les maux sociaux les plus pernicieux tels que la prostitution, la toxicomanie et l’alcoolisme, avec plus récemment, un déferlement sur la ville d’homosexuels et de travestis venus de partout. La société semble impuissante devant ces phénomènes ravageurs. Quant aux statistiques portant sur ces fléaux, il est difficile de les cerner tant ces comportements pervers baignent dans la clandestinité.
Notre virée sur la côte nous a donné un aperçu sur la situation dramatique que vit la région de Béjaïa, particulièrement durant la saison estivale.
Nous quittons le pont de la Soummam vers 20h00 et la circulation est dense. Nous n’atteignons la petite station balnéaire de Tichy que vers 20h30.
Notre première halte, un cabaret. La salle est déjà pleine et enfumée, mais bien climatisée. Notre attention est attirée par la présence d’une jeune fille adossée au comptoir, très belle et ne laissant transparaître aucun signe de vulgarité, contrairement à celles que l’on rencontre habituellement dans ces endroits. Nous sympathisons avec elle et déclinons notre identité. Elle n’a que 27 ans.
En l’écoutant parler, nous nous rendons compte tout de suite de son statut particulier dans ce lieu où tout le monde la salue et lui sourit : c’est la préférée du patron et des clients. Dans ce cabaret, elle est devenue la coqueluche et exerce son métier d’entraîneuse avec professionnalisme.
Elle sait accueillir, animer, mettre les clients à l’aise, mais surtout leur soutirer de l’argent, réussissant à remplir à elle seule les trois tiers du tableau de chasse du patron. Tous sont ravis de la côtoyer, elle qui a fait ses débuts ici en 2003. Elle dit baigner comme un poisson dans l’eau ici à Béjaïa, contrairement à Relizane, sa ville natale.
Son travail commence toujours en début de soirée pour prendre fin au petit matin vers 4 ou 5 heures. Le jour, soit elle dort, soit elle sort faire du shopping ou prendre l’air tout simplement. Elle vit bien selon elle, s’habille luxueusement et ne se soucie jamais du lendemain. Elle est hébergée et nourrie aux frais du cabaret et payée suivant la cagnotte de la soirée. Son seul regret reste celui de sa famille qu’elle ne voit que rarement ou presque pas.
C’est toujours vers 21 heures que le travail de ces centaines de filles commence dans les cabarets et autres dancings de plus en plus nombreux.
Mais ils diffèrent les uns des autres par leur standing.
Les clients habituels sont souvent de grands marchands ou des maquignons de la région et d’ailleurs, ainsi que, à un degré moindre, des fonctionnaires, des célibataires ou des hommes mariés.
Lors de ces soirées, les montants en dinars des rechqate progressent d’heure en heure, pouvant atteindre jusqu’à 15 millions de centimes. Les hommes dépensent sans compter, engloutis dans cette spirale infernale et toujours envahis par une seule obsession, celle de revenir le lendemain.
Nous quittons les lieux pour un autre établissement, moins huppé. Un videur posté à l’entrée nous cède le passage. Des fûts d’où débordent quelques sachets d’ordures dégageant des odeurs nauséabondes, mêlées à celles des urines qui s’échappent des toilettes situées dans une petite cour.
La salle est pleine, la clientèle peu opulente et il y a beaucoup de jeunes. Le barman nous dévisage lorsque nous demandons à boire des jus. Une fille nous sert et se propose de nous tenir compagnie. Quand nous l’avons informée de notre identité, elle semblait un peu méfiante. Mais au fil de la discussion, tout rentra dans l’ordre.
Originaire du sud de l’Oranie, elle a 35 ans. Mariée par son père à deux reprises, elle divorce la première fois d’un époux infidèle, et quitte son second mari qui souffrait de troubles psychiques et la battait souvent pendant ses crises de démence. Elle s’enfuit du domicile conjugal grâce à la complicité d’un amant.
A Oran, les amis de son amoureux la lancent dans la prostitution pour le compte de cette bande sans scrupules, l’intégrant ainsi dans le réseau, un groupe de huit filles déjà en place à leur service. Ses yeux de plus en plus humides ne quittent pas notre dictaphone. Elle enchaîne : «Je n’ai dû mon salut qu’à un client qui a été sensible à ma détresse ; c’est lui qui me conduisit en voiture à la gare routière d’Oran ; alors que mes proxénètes me prenaient tout, lui me tendit 3 000 DA. J’aimerais tant le revoir et pouvoir lui rembourser ma dette.»
Aujourd’hui, elle se situe dans cette catégorie de filles que l’on ne considère pas comme trop exigeantes ; avec l’âge, elle sait que cela ne durera pas longtemps. De plus en plus de jeunes filles sont sur le «marché» et la concurrence fait rage ; chacune essaie de mettre le grappin sur le meilleur parti : les clients riches et stables dans leur profession.
Entre deux bars réguliers, il y a un bar clandestin et entre deux cabarets, deux hôtels dont les prix vous feront dresser les cheveux. Les clients et les filles, pour leurs ébats occasionnels, se rabattent sur les «fourgons aménagés» se trouvant à proximité, à des tarifs réduits.
En effet, beaucoup de jeunes possédant des fourgons de marchandises ont trouvé l’astuce : dans la journée ils sont livreurs, le soir ils aménagent leur véhicule (un ou deux vieux matelas et des rideaux suffisent) et le louent entre 200 et 300 DA. A croire que Béjaïa, cité des sciences lorsque l’Europe du Moyen-Age croulait sous l’ignorance, à l’époque où les Vénitiens débarquaient dans la capitale des Hammadides pour acquérir le savoir, offre une seule et unique image : dépravation tous azimuts
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La pudique Béjaïa envahie par les marginaux
Béjaïa, une région connue pour son puritanisme, se révèle depuis quelques années comme le lieu de prédilection où fleurissent les maux sociaux les plus pernicieux tels que la prostitution, la toxicomanie et l’alcoolisme, avec plus récemment, un déferlement sur la ville d’homosexuels et de travestis venus de partout. La société semble impuissante devant ces phénomènes ravageurs. Quant aux statistiques portant sur ces fléaux, il est difficile de les cerner tant ces comportements pervers baignent dans la clandestinité.
Notre virée sur la côte nous a donné un aperçu sur la situation dramatique que vit la région de Béjaïa, particulièrement durant la saison estivale.
Nous quittons le pont de la Soummam vers 20h00 et la circulation est dense. Nous n’atteignons la petite station balnéaire de Tichy que vers 20h30.
Notre première halte, un cabaret. La salle est déjà pleine et enfumée, mais bien climatisée. Notre attention est attirée par la présence d’une jeune fille adossée au comptoir, très belle et ne laissant transparaître aucun signe de vulgarité, contrairement à celles que l’on rencontre habituellement dans ces endroits. Nous sympathisons avec elle et déclinons notre identité. Elle n’a que 27 ans.
En l’écoutant parler, nous nous rendons compte tout de suite de son statut particulier dans ce lieu où tout le monde la salue et lui sourit : c’est la préférée du patron et des clients. Dans ce cabaret, elle est devenue la coqueluche et exerce son métier d’entraîneuse avec professionnalisme.
Elle sait accueillir, animer, mettre les clients à l’aise, mais surtout leur soutirer de l’argent, réussissant à remplir à elle seule les trois tiers du tableau de chasse du patron. Tous sont ravis de la côtoyer, elle qui a fait ses débuts ici en 2003. Elle dit baigner comme un poisson dans l’eau ici à Béjaïa, contrairement à Relizane, sa ville natale.
Son travail commence toujours en début de soirée pour prendre fin au petit matin vers 4 ou 5 heures. Le jour, soit elle dort, soit elle sort faire du shopping ou prendre l’air tout simplement. Elle vit bien selon elle, s’habille luxueusement et ne se soucie jamais du lendemain. Elle est hébergée et nourrie aux frais du cabaret et payée suivant la cagnotte de la soirée. Son seul regret reste celui de sa famille qu’elle ne voit que rarement ou presque pas.
C’est toujours vers 21 heures que le travail de ces centaines de filles commence dans les cabarets et autres dancings de plus en plus nombreux.
Mais ils diffèrent les uns des autres par leur standing.
Les clients habituels sont souvent de grands marchands ou des maquignons de la région et d’ailleurs, ainsi que, à un degré moindre, des fonctionnaires, des célibataires ou des hommes mariés.
Lors de ces soirées, les montants en dinars des rechqate progressent d’heure en heure, pouvant atteindre jusqu’à 15 millions de centimes. Les hommes dépensent sans compter, engloutis dans cette spirale infernale et toujours envahis par une seule obsession, celle de revenir le lendemain.
Nous quittons les lieux pour un autre établissement, moins huppé. Un videur posté à l’entrée nous cède le passage. Des fûts d’où débordent quelques sachets d’ordures dégageant des odeurs nauséabondes, mêlées à celles des urines qui s’échappent des toilettes situées dans une petite cour.
La salle est pleine, la clientèle peu opulente et il y a beaucoup de jeunes. Le barman nous dévisage lorsque nous demandons à boire des jus. Une fille nous sert et se propose de nous tenir compagnie. Quand nous l’avons informée de notre identité, elle semblait un peu méfiante. Mais au fil de la discussion, tout rentra dans l’ordre.
Originaire du sud de l’Oranie, elle a 35 ans. Mariée par son père à deux reprises, elle divorce la première fois d’un époux infidèle, et quitte son second mari qui souffrait de troubles psychiques et la battait souvent pendant ses crises de démence. Elle s’enfuit du domicile conjugal grâce à la complicité d’un amant.
A Oran, les amis de son amoureux la lancent dans la prostitution pour le compte de cette bande sans scrupules, l’intégrant ainsi dans le réseau, un groupe de huit filles déjà en place à leur service. Ses yeux de plus en plus humides ne quittent pas notre dictaphone. Elle enchaîne : «Je n’ai dû mon salut qu’à un client qui a été sensible à ma détresse ; c’est lui qui me conduisit en voiture à la gare routière d’Oran ; alors que mes proxénètes me prenaient tout, lui me tendit 3 000 DA. J’aimerais tant le revoir et pouvoir lui rembourser ma dette.»
Aujourd’hui, elle se situe dans cette catégorie de filles que l’on ne considère pas comme trop exigeantes ; avec l’âge, elle sait que cela ne durera pas longtemps. De plus en plus de jeunes filles sont sur le «marché» et la concurrence fait rage ; chacune essaie de mettre le grappin sur le meilleur parti : les clients riches et stables dans leur profession.
Entre deux bars réguliers, il y a un bar clandestin et entre deux cabarets, deux hôtels dont les prix vous feront dresser les cheveux. Les clients et les filles, pour leurs ébats occasionnels, se rabattent sur les «fourgons aménagés» se trouvant à proximité, à des tarifs réduits.
En effet, beaucoup de jeunes possédant des fourgons de marchandises ont trouvé l’astuce : dans la journée ils sont livreurs, le soir ils aménagent leur véhicule (un ou deux vieux matelas et des rideaux suffisent) et le louent entre 200 et 300 DA. A croire que Béjaïa, cité des sciences lorsque l’Europe du Moyen-Age croulait sous l’ignorance, à l’époque où les Vénitiens débarquaient dans la capitale des Hammadides pour acquérir le savoir, offre une seule et unique image : dépravation tous azimuts
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