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Coup d’arrêt aux réformes économiques en Algérie?

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  • Coup d’arrêt aux réformes économiques en Algérie?

    Une analyse économique très intéressante ...
    ____________________________________
    Coup d’arrêt aux réformes ?
    Economie : l’encadrement, mais pas de main basse


    Liberté Economie
    27/08/2008
    Docteur Abderrahmane MEBTOUL


    1- Suite aux publications alarmantes des principaux quotidiens et hebdomadaires financiers internationaux récemment dont l’influent Financial Times, sur le risque du retour à une économie étatisée en Algérie (et la marginalisation du secteur privé tant national qu’international, et donc du non-respect des accords qui lient l’Algérie à l’Europe pour une zone de libre-échange), il y a urgence de la part du gouvernement algérien d’un éclaircissement de l’orientation de la politique économique et sociale algérienne.

    Car faute de visibilité et de cohérence, le pays risque d’être de plus en plus isolé des relations économiques internationales, son adhésion à l’OMC n’étant pas pour demain, s’enfermant dans une logique d’une économie purement rentière suicidaire pour le pays. Ce serait une lourde erreur de politique économique de vouloir retourner à l’économie administrée, contrairement aux fondateurs du communisme, pays émergents dont la Chine et la Russie qui s’ouvrent de plus en plus, le Brésil et l’Inde étant dominés par le secteur privé, car le blocage essentiel de l’investissement porteur de valeur ajoutée et de création d’emplois durables réside en Algérie actuellement en une panne de la réforme globale due justement à la régulation administrative.

    2- En effet, les deux piliers du développement du XXIe siècle étant la bonne gouvernance et la valorisation du savoir sans oublier la protection de notre environnement, en Algérie, et selon l’avis unanime des investisseurs, ces deux conditions peinent à être remplies. En effet, le frein principal à l’investissement hors hydrocarbures est l’omniprésence de la bureaucratie et de la corruption qui lui est liée qui freinent la mise en œuvre d’affaires (des efforts ont été faits mais un texte juridique n’est pas suffisant), l’extension de la sphère informelle qui contrôle plus de 40% de la masse monétaire en circulation étant elle-même le produit de la bureaucratie qu’il s’agit d’intégrer d’une manière intelligente loin des mesures administratives autoritaires qui produisent l’effet inverse car composée de jeunes entrepreneurs dynamiques acquis à l’esprit de l’économie de marché.

    On peut avancer l’hypothèse réaliste que ce terrorisme bureaucratique étouffant participe pour plus de 40% de frein à l’investissement. Cela implique à l’avenir une amélioration de la gouvernance, une plus grande visibilité et cohérence dans la démarche de la politique socioéconomique. Car, l’Algérie est dans cette interminable transition depuis 1986 avec la dominance de la rente (ni économie de marché, ni économie administrée, expliquant les difficultés de la régulation tant politique, économique que sociale).

    Donc, une plus grande volonté politique de libéralisation et de privatisation si l’Algérie veut adhérer à l’Organisation mondiale du commerce dont le dossier est toujours depuis plus de 20 ans en gestation et dont les dernières négociations à Genève en juillet 2008 ont achoppé. Deuxièmement, la léthargie du système financier public, lieu de la redistribution de la rente, responsable pour une bonne proportion (25%) des raisons du blocage - plusieurs mois pour un virement d’un chèque d’une région à une autre, et surtout les mentalités administrées appliquées dans la gestion -, les banques publiques accaparant plus de 90% des crédits octroyées, et malgré leur nombre, avec une marginalisation du secteur bancaire privé.

    Les banques publiques sont malades de leurs clients, les entreprises publiques dont l’assainissement a coûté au Trésor public algérien plus de 40 milliards de dollars US entre 1991/2007 entraînant des recapitalisations répétées. Après plus de 4 milliards de dollars entre 2000/2003, encore 40 milliards de dinars (près de 3 milliards de dollars US), c’est le montant de l'enveloppe que les pouvoirs publics en Algérie ont décidé de consacrer à la recapitalisation des banques publiques et ce, dans le cadre de la loi des finances complémentaire pour 2008.

    Or, de par le monde, tout investisseur véritable veut évoluer dans un environnement concurrentiel où les règles de jeu sont saines et stables. L’organisation des capitaux marchands de l’Etat en Algérie, régissant le partenariat et la privatisation, a subi en de 2000 à 2008 quatre modifications sans résultats probants, créant une instabilité juridique qui décourage l’investisseur, qui outre les régimes fiscaux, est attentif, également à la rapidité du transfert de ses capitaux qui doit s’effectuer en temps réel. Et ce d’autant plus, du fait des engagements internationaux de l’Algérie, notamment de l’accord avec l’Europe pour une zone de libre-échange depuis le 1er septembre 2005, il est stipulé que la libre circulation et transferts des capitaux sont des conditions fondamentales qui régissent cet accord.

    Troisièmement, l’absence d’un marché foncier libre et une inadaptation du marché du travail à la demande, bien qu’existent des compétences, cependant marginalisées, on assiste à un exode de cerveaux massif du fait de la dévalorisation du savoir au profit des emplois rentes. Cela peut représenter 20% de pertes.

    Il reste pour l’aspect sécuritaire 15%. Ce taux est encore important car sans la paix, il ne peut y avoir d’investissement durable, il faut être réaliste. Et les attentats terroristes visent justement à freiner le développement pour accroître les tensions sociales.
    Dernière modification par shadok, 27 août 2008, 05h33.
    Le bon sens est la chose la mieux partagée du monde... La connerie aussi - Proverbe shadokien

  • #2
    Suite ...

    3- C’est que les dépenses du programme de soutien à la relance économique (après un pré-plan de plus de 7 milliards de dollars entre 2000/2003) évaluées par la loi de finances complémentaire 2008 à 200 milliards de dollars alors que les estimations n’étaient que de à 100 milliards de dollars moyenne 2005/2006, 140 en 2007, les résultats ne sont pas proportionnels aux dépenses.

    Cela a été démontré clairement dans un rapport de la Banque mondiale remis aux autorités algériennes en septembre 2007 sur le bilan des dépenses publiques, à savoir que malgré des dépenses colossales essentiellement publiques, ces dernières n’ont pas réussi à inverser la logique rentière de l’économie avec des gaspillages financiers croissants, certains projets étant réévalués jusqu’à 300% de leur coût initial. Dès lors, suite logique, l’on est en présence d’un faible taux de croissance du produit intérieur brut (PIB) (2006/2008) contre 4/5% entre 2001/2005, avec exactement 1,8% en 2006, 2,5% en 2007 et certainement un taux ne dépassant pas 3% en 2008 du fait de la chute de la production agricole en 2008, avec des prévisions d’importations en 2008 d’un montant de 2 milliards de dollars uniquement pour le blé.

    Les normes de qualité des indices de développement humain (on mise surtout sur la quantité) dont la santé et de l’éducation (sans compter le faible taux de participation de la femme à la gestion de la cité, signe évident d’une plus grande citoyenneté) se détériorent malgré des moyens importants.

    Depuis fin 2006, nous assistons au retour à l’inflation pour des raisons externes mais également internes (dépenses improductives, mauvaise gestion), dépassant les 5% entre 2007/2008 contre 2% pour les années 2002/2005, le ménage moyen consacrant près de 80% de son revenu aux biens essentiels moyenne 2007/2008, sans compter l’endettement croissant par des prêts divers (voitures, logements, électroménagers, estimation du montant par le ministère des Finances algérien supérieur à 3 milliards de dollars US courant 2007) qui amenuisera son pouvoir d’achat à terme, avec un smig algérien actuellement de 120 euros. Parallèlement, nous assistons à l’accroissement du chômage réel, selon les données officielles de l’Office algérien des statistiques (ONS) 13,8% pour le chômage en 2007, contre 11,8% pour 2006 que l’on essaie de gonfler par des emplois rentes. Il existe une demande additionnelle annuelle de 500 000 unités, en minimisant la demande féminine qui s’ajoute au taux de chômage actuel. Ce sont les données officielles du gouvernement algérien. Pour les organismes internationaux, le taux d’inflation serait de 12% et le taux de chômage de 20% en Algérie pour 2007.

    Cette situation de faible croissance, d’inflation et de chômage connue sous le nom de stagflation, malgré l’aisance financière et les dépenses publiques comme nous avons eu à le relater dans la presse algérienne depuis plus de trois années, ayant attiré l’attention des autorités algériennes sur les effets pervers de cette politique, est corroborée par le niveau des exportations hors hydrocarbures, qui représentent moins de 2% du total dont la moitié en déchets métalliques (2006/2007 et 2008). La valeur ajoutée hors hydrocarbures de 6% dans le produit global environ 50% en 2007 et prévisions 2008 proviennent pour 80% des effets des dépenses publiques via les hydrocarbures dont le bâtiment, travaux publics, hydraulique, avec des surcoûts et des qualités d’ouvrages souvent ne répondant pas aux normes internationales. Il ne reste donc aux entreprises seules créatrices de richesses à moyen et long terme que 1,2% dans la participation du taux de croissance. Ce constat de l’échec relatif (car il y a eu des réalisations, il ne faut pas avoir une vue strictement de sinistrose) de l’actuelle politique socioéconomique a été rappelé le président de la République le 26 juillet 2008 dans son discours devant les collectivités locales, insistant sur l’urgence de revoir toute l’orientation de la politique économique et sociale. Car cette stagflation a des incidences sur la sphère économique et peut engendrer effectivement des tensions sociales de plus en plus importantes qui peuvent alimenter le terrorisme.

    4- En résumé, pour éviter une crise majeure tant politique que socioéconomique, en Algérie, il faudra entre 2010/2012 avoir un doublement du produit intérieur brut de dollars US, soit 260 milliards de dollars US, avec une diminution des sections rentes et la dynamisation, du secteur privé national et international, tout en ouvrant le capital des entreprises publiques. Le PIB 2006/2007 fluctue entre 120/130 milliards de dollars à des prix courants et, paradoxe, avec le même niveau que les réserves de change estimées fin juillet 2008 à environ 130 milliards de dollars US dues à des facteurs essentiellement extérieurs. Car, contraste en Algérie : un Etat de plus en plus riche, mais une population de plus en plus pauvre avec une concentration excessive du revenu au profit d’une minorité de couches rentières. Plus globalement, l’Algérie doit davantage concilier une libéralisation maîtrisée en s’adaptant, à cette économie mondialisée en perpétuel mouvement où toute nation qui n’avance pas recule, tenir compte des transformations du monde, se fondant sur les grands espaces régionaux d’où l’importance de l’intégration maghrébine au sein de l’espace euroméditerranéen.

    Il s’agit de redonner l’espoir à une population afin d’éviter le divorce Etat/citoyens, comme cela a été démontré par la très forte démobilisation populaire aux dernières élections, (taux d’abstention de plus de 65% y compris les bulletins nuls) impliquant un Etat de droit et donc concrétiser les objectifs stratégiques à savoir le respect des libertés économiques, sociales, culturelles et politiques, des droits de l’Homme et de la promotion de la condition féminine.

    Parallèlement, il s’agit pour l’Etat algérien de passer de l’Etat propriétaire à l’Etat régulateur fondamental en économie de marché, par la mise en place des mécanismes concurrentiels, et ce grâce à une bonne gouvernance et non favoriser comme actuellement les monopoles publics, voire privés, pour encadrer l’économie et faire en sorte que le surplus interne créé soit alors supérieur à 130 milliards de dollars par an à un prix constant 2008, donc supérieur aux sorties de capitaux qui sont la sommation des importations évaluées à plus de 30 milliards de dollars par la loi de fiances complémentaire algérienne.Il s’agit dans le cadre du respect du droit international, de favoriser les entreprises qui créent de la valeur à moyen et long terme supposant la levée des contraintes d’environnement et un climat de confiance dans les affaires et non avoir cette solution de faciliter de bloquer les entrepreneurs privés qu’ils soient internationaux ou nationaux, créateur de richesses. Il y a donc urgence de transcrire dans lesactes une nette volonté politique de libéralisation maîtrisée, tout en assurant la cohésion sociale (les 10 milliards de dollars 2007 de transferts sociaux étant mal gérés et mal ciblés) et de démocratisation en accélérant la réforme globale en panne.
    Dernière modification par shadok, 27 août 2008, 00h01.
    Le bon sens est la chose la mieux partagée du monde... La connerie aussi - Proverbe shadokien

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