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L'Allemagne a longtemps traîné les pieds pour proposer des cours d'islam à l'école publique. Plusieurs régions d'Allemagne initient le mouvement à cette rentrée, pour les élèves de CM1-CM2.
Berlin.- Correspondance DNA
Le manuel est prêt pour la rentrée des classes. Demain, il sera distribué à 11 000 élèves de Rhénanie du Nord-Westphalie (NRW), de Bavière, et de Basse-Saxe dont les parents ont choisi l'option cours d'islam.
A la table des matières de ce livre scolaire de 200 pages, on trouve des chapitres sur la calligraphie arabe, sur l'histoire de la religion et sa géographie. Sur la couverture, le titre Saphir, ce qui signifie « message » en arabe. Mais ce n'est pas le message du Coran qui sera délivré aux élèves. Il ne s'agira pas pour les 141 professeurs de donner un cours de religion, au sens confessionnel du terme, mais d'éclairer les élèves sur l'islam d'aujourd'hui. « Aux élèves d'apporter leur propre savoir depuis leur foyer, explique l'enseignante Lamya Kaddor. A nous de le mettre en perspective. »
« Le cours d'Islam va renseigner les élèves sur eux-mêmes, mais également s'assurer qu'ils s'identifient avec l'Allemagne d'aujourd'hui », complète l'islamologue Bülent Ucar. D'ailleurs, l'intitulé officiel de la discipline le mentionne expressément : « Cours d'islam en langue allemande ».
Ainsi, la religion musulmane rejoint la caste des religions enseignées à l'école publique, comme la chrétienté, le bouddhisme ou le judaïsme. Mais le « cahier des charges » impose spécifiquement aux enseignants de la discipline un respect de la constitution, comme l'égalité des hommes et des femmes face à la loi.
Longtemps restée voeu pieu, l'introduction de la religion de Mahomet au programme scolaire sera ainsi désormais au programme des écoles publiques. Les questions scolaires sont de la compétence des Länder en Allemagne. Précurseur de ce mouvement : la Rhénanie qui propose depuis vingt ans une sensibilisation à la religion musulmane, mais sans que celle-ci ne s'inscrive réellement au programme scolaire.
« Concurrencer
les prédicateurs de la haine »
Un projet-pilote guidé par la volonté de résoudre la question cruciale de l'intégration, dans ce Land où vivent un million de musulmans. En moyenne, en Allemagne, seulement un jeune d'origine étrangère sur douze a son bac, contre un jeune Allemand « de souche » sur trois. Avec cette initiative, l'objectif est de diviser par deux le nombre de jeunes immigrés quittant le système scolaire sans aucune qualification.
L'autre ressort tient de la volonté des autorités de ne pas laisser l'enseignement de la discipline aux mains du clergé musulman, professé par des imams quasi-exclusivement formés à l'étranger. Ce qui a donné lieu dans le passé, au sein des écoles privées, à des dérives menant à l'islamisme.
L'intérêt de l'introduction d'un islam ouvert et sécularisé dans les classes de CM1-CM2 avait été souligné par les participants à la grande conférence sur l'islam en mars dernier. La réunion, présidée par le ministre de l'intérieur avait mis en exergue le rôle de « concurrent des prédicateurs de la haine » que doivent exercer ces cours, comme l'avait déclaré Wolfgang Schäuble.
Ce mouvement, les représentants de la communauté musulmane l'appellent de leurs voeux depuis trente ans. Reste le problème de la formation des enseignants : seules trois universités allemandes proposent la discipline dans leur cursus.
Hélène Kohl
http://www.dna.fr/monde/20080827_DNA005680.html
http://www.sueddeutsche.de/jobkarrie...8/text/?page=4
Berlin.- Correspondance DNA
Le manuel est prêt pour la rentrée des classes. Demain, il sera distribué à 11 000 élèves de Rhénanie du Nord-Westphalie (NRW), de Bavière, et de Basse-Saxe dont les parents ont choisi l'option cours d'islam.
A la table des matières de ce livre scolaire de 200 pages, on trouve des chapitres sur la calligraphie arabe, sur l'histoire de la religion et sa géographie. Sur la couverture, le titre Saphir, ce qui signifie « message » en arabe. Mais ce n'est pas le message du Coran qui sera délivré aux élèves. Il ne s'agira pas pour les 141 professeurs de donner un cours de religion, au sens confessionnel du terme, mais d'éclairer les élèves sur l'islam d'aujourd'hui. « Aux élèves d'apporter leur propre savoir depuis leur foyer, explique l'enseignante Lamya Kaddor. A nous de le mettre en perspective. »
« Le cours d'Islam va renseigner les élèves sur eux-mêmes, mais également s'assurer qu'ils s'identifient avec l'Allemagne d'aujourd'hui », complète l'islamologue Bülent Ucar. D'ailleurs, l'intitulé officiel de la discipline le mentionne expressément : « Cours d'islam en langue allemande ».
Ainsi, la religion musulmane rejoint la caste des religions enseignées à l'école publique, comme la chrétienté, le bouddhisme ou le judaïsme. Mais le « cahier des charges » impose spécifiquement aux enseignants de la discipline un respect de la constitution, comme l'égalité des hommes et des femmes face à la loi.
Longtemps restée voeu pieu, l'introduction de la religion de Mahomet au programme scolaire sera ainsi désormais au programme des écoles publiques. Les questions scolaires sont de la compétence des Länder en Allemagne. Précurseur de ce mouvement : la Rhénanie qui propose depuis vingt ans une sensibilisation à la religion musulmane, mais sans que celle-ci ne s'inscrive réellement au programme scolaire.
« Concurrencer
les prédicateurs de la haine »
Un projet-pilote guidé par la volonté de résoudre la question cruciale de l'intégration, dans ce Land où vivent un million de musulmans. En moyenne, en Allemagne, seulement un jeune d'origine étrangère sur douze a son bac, contre un jeune Allemand « de souche » sur trois. Avec cette initiative, l'objectif est de diviser par deux le nombre de jeunes immigrés quittant le système scolaire sans aucune qualification.
L'autre ressort tient de la volonté des autorités de ne pas laisser l'enseignement de la discipline aux mains du clergé musulman, professé par des imams quasi-exclusivement formés à l'étranger. Ce qui a donné lieu dans le passé, au sein des écoles privées, à des dérives menant à l'islamisme.
L'intérêt de l'introduction d'un islam ouvert et sécularisé dans les classes de CM1-CM2 avait été souligné par les participants à la grande conférence sur l'islam en mars dernier. La réunion, présidée par le ministre de l'intérieur avait mis en exergue le rôle de « concurrent des prédicateurs de la haine » que doivent exercer ces cours, comme l'avait déclaré Wolfgang Schäuble.
Ce mouvement, les représentants de la communauté musulmane l'appellent de leurs voeux depuis trente ans. Reste le problème de la formation des enseignants : seules trois universités allemandes proposent la discipline dans leur cursus.
Hélène Kohl
http://www.dna.fr/monde/20080827_DNA005680.html
http://www.sueddeutsche.de/jobkarrie...8/text/?page=4