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Les bears aux commandes du brut. Et s'ils se trompaient...

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  • Les bears aux commandes du brut. Et s'ils se trompaient...

    Isabelle Mouilleseaux
    Le pétrole nous fait tourner la tête. En chute de près de 35 $ depuis son pic à 147 $, il a rebondi la semaine dernière à 122 $ avant de revenir à 113 $... et au moment où je vous écris, il cote 119 $. La chute va-t-elle se poursuivre ? Essayons d'y voir plus clair...
    Les bears sont ressortis de leur tanière
    Ils saisissent au vol le repli économique programmé ainsi que la baisse de la demande de brut des pays développés pour nous convaincre de l'écroulement à venir des cours du brut. Pas de doute leur raisonnement se tient et il est cohérent.
    La Deutsche Bank fait partie des bears
    Effectivement, on constate un recul de la demande américaine de 800 000 barils/jour sur le premier semestre 2008 par rapport à la même période en 2007. Le plus gros recul enregistré en 27 ans. Quand on sait que les Américains consomment 21 millions de barils jours, 800 000 barils, c'est très significatif... Car n'oubliez pas qu'il faut raisonner "à la marge" : il suffit d'une baisse de la demande marginale d'un million de barils pour changer l'équilibre instable et passer d'un marché excédentaire à un marché déficitaire.
    La Deutsche Bank fait parti des bears. A en croire ses analyses, le brut va revenir entre 60 $ et 80 $.
    Soyons critiques
    D'accord, on constate un net repli de la demande américaine. Mais il faut savoir prendre du recul et globaliser sa vision. La demande chinoise s'est accrue en 2007 de quelque 325 000 barils/jour et la demande des pays hors OCDE a augmenté de quelque 1,38 million de barils/jour. Ce qui veut dire que la baisse de 800 000 barils/jour de la consommation américaine neutralise à peine plus de la moitié de la hausse de la demande des pays émergents. Donc je veux bien parler d'une décélération de la hausse de la demande de brut, mais pas d'un recul.
    Autre point : le repli de la consommation de brut américaine est en nette décélération. La consommation américaine de produits pétroliers a baissé jusqu'à 900 000 barils/jour durant le premier semestre 2008 (par rapport à N-1). Sur juin/juillet, le repli n'atteint plus que 400 000 barils/jour. Le repli de la demande a probablement atteint un point bas et, dorénavant, la consommation devrait plutôt avoir tendance à se stabiliser.
    Dernière point : l'Agence internationale de l'énergie (l'AIE) a récemment relevé ses anticipations de demande globale de brut pour 2009.
    Voilà pour contrer les arguments des bears côté demande de brut...
    Et comment les bears anticipent-ils la tendance de l'offre ?
    Vous l'avez deviné, les Bears s'attendent à une hausse de la production de brut dans les deux ans à venir avec la mise en route de gisements au Brésil, dans le golfe américain et au sein de l'OPEP.
    J'en déduis donc que cela va accroître la capacité marginale* de production sur le marché du pétrole, qui atteint actuellement environ 1,3 million de barils/jours. Une telle flexibilité permet d'éviter les tensions sur le marché.
    Ont-ils raison ?
    Je n'en sais rien. Tout ce que je peux vous dire, c'est que je reste toujours très réservée quand on me parle de hausse potentielle de la production. Disons que les anticipations de hausse de production nous ont souvent déçues...
    Prenons un exemple. En juillet 2007, l'AIE anticipait une hausse de la production de brut pour 2008 de l'ordre d'un million de barils/jour pour les pays hors OPEP. Ce chiffre a été sans cesse revu à la baisse depuis. Nous en sommes actuellement à 420 000 barils jour !
    Les producteurs ont pris goût aux marges élevées
    Cela ne vous aura pas échappé : l'OPEP parle actuellement de réduire ses quotas de production ! Une baisse trop importante des cours du brut ne leur conviendra pas. Ils se sont habitués au prix fort et aux marges élevées ! Et une fois qu'on a pris des habitudes...
    Même chose côté russe d'ailleurs. Pas question de lâcher la manne pétrolière, quitte à réduire la production pour maintenir les prix. Sur ce point là, OPEP et Poutine, même combat !
    Donc soyons prudents quand on nous dit que la production globale va croître. Les pressions pour contenir le mouvement seront fortes.
    Mon avis ?
    Le cours du brut est lesté, étouffé par une chape de plomb qui s'est abattue sur lui en juillet dernier. A tel point que ni les tensions en Géorgie, ni la baisse des stocks américains de brut et de produits distillés ces dernières semaines n'ont eu de réel impact sur le cours du brut.
    Cette situation pourrait durer quelques temps, et je ne serais pas étonnée de voir le cours du brut rester coincer dans un trading range limité (110 $-125 $).
    Et après ?
    On peut élargir les limites bornes. En cas de crise économique mondiale forte (avec un découplage insatisfaisant des BRIC), le brut pourrait plonger sous les 100 $. Mais en cas d'ouragan Katrina bis, il pourrait revenir vers ses plus-hauts.
    Deux certitudes :- l'amplitude des variations/jour du cours du brut restera élevée ;
    - à long terme, le prix moyen annuel du baril de brut ne connaîtra qu'une seule direction : la hausse. Mais ça, c'est une longue histoire...
    Si vous voulez investir sur les valeurs du secteur, retenez ceci :
    Si le cours du brut devait baisser, préférez aux producteurs de pétrole les entreprises qui offrent des services ou des équipements à ces producteurs. Les sociétés en amont de la chaîne sont moins soumises aux variations des cours du brut.
    * La capacité marginale de production est la production qui peut être mise en route dans le mois pour répondre à un surplus de demande imprévu, et pour une durée de 90 jours au moins.
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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