L'image de «l'émigré» de retour au bled en vacances au volant de son véhicule chargé jusqu'au toit n'est plus d'actualité. C'est plutôt le contraire qui a de plus en plus cours ces derniers temps. D'aucuns peuvent faire le constat de ces interminables files de voitures, débordant d'objets et de paquets ficelés, roulant sur la route du port d'Oran pour embarquement, ou de ces innombrables dames déambulant à M'dina Jdida pour se procurer toutes sortes d'objets qu'on a du mal à imaginer pouvoir intéresser une clientèle d'un nouveau genre.
Sans répit et comme toujours, le quartier de M'dina Jdida, en cette matinée de fin de mois d'août lourde et caniculaire, continue d'attirer dans ses étroites ruelles un flot incessant de visiteurs. Parmi ces derniers, l'on peut à loisir reconnaître nos émigrés qui viennent surtout faire des emplettes avant de regagner l'Hexagone, avant la rentrée scolaire pour la plupart
Et il n' y a pas que les bijoux traditionnels ou les cadeaux souvenirs locaux qui ont la cote auprès de ces concitoyens, mais bien plus que cela: les salons marocains, les matelas, les ustensiles de cuisine, surtout ceux fabriqués en aluminium. «Il y a même ceux qui embarquent avec eux des canapés avec matelas, des sofas en mousse synthétique recouverts de tissus en velours», affirme un vendeur de boiserie. Il ajoutera que d'après certains témoignages, les autorités portuaires françaises suivent depuis peu avec une grande attention ce genre de pratiques nouvelles chez l'émigré qui avait l'habitude de faire le contraire de ce qu'il fait actuellement. «La boiserie en effet coûte cher en France et les canapés sculptés sont très prisés par nos compatriotes qui veulent surtout tapisser leur intérieur à l'algérienne, explique toujours ce vendeur.
Autre curiosité : les affaires scolaires sont appréciées par nos émigrés qui en achètent de grandes quantités, comme le fait ce couple d'émigrés rencontré au centre-ville chez un libraire. Difficile de les questionner sur cet achat, sachant à l'avance la réponse liée forcément au coût. Un jeune Français d'origine algérienne, en vacances à Oran, explique cela par la question du pouvoir d'achat qui s'amenuise de plus en plus en France. Et celui-ci de reconnaître que des objets tels que les espadrilles (baskets et survêtements) sont très demandés par cette clientèle. Même s'ils sont de moindre qualité, car pour la plupart contrefaits, ils coûtent énormément moins cher qu'en France où la chasse à la contrefaçon est sans répit. Donc, le choix est tout simple entre une espadrille de marque à 250 euros et une issue de la contrefaçon à 6.000 dinars, voire moins, achetée localement.
Les CD audio et matériels de jeux vidéo ont également la cote auprès de cette clientèle qui a su se faire fortement apprécier par les vendeurs en tous genres, y compris par les vendeurs à la sauvette qui savent d'emblée avec quoi attirer l'attention de ces nouveaux clients en proposant, par exemple, tout qui va avec le rituel du bain maure (kassat, messouak et saboune baldi). Les habits traditionnels (âabaya, arraguia, babouches également) ne sont pas négligés par nos émigrés.
Sur un autre registre, l'on peut observer que nos émigrés, profitant de leurs vacances, n'hésitent pas à aller chez le dentiste ou l'opticien, comme l'a fait Hadj Lakhdar, un vieux retraité établi en France depuis les années 60, qui dira qu'il est devenu «très avantageux de profiter des opportunités, à l'exemple du dentier qu'il vient de placer pour 20.000 dinars au lieu de 2.000 euros s'il l'avait fait en France». «Même pour le Français de souche, ajoute-t-il, les soins dentaires reviennent énormément cher, à tel point qu'il est obligé d'aller jusqu'en Hongrie ou dans d'autres pays de l'Est pour se faire soigner à moindre coût». Les dentistes, en effet, durant la saison estivale, font le plein avec ce genre de clientèle qui, quand même, débourse un peu plus cher que les nationaux pour subir des soins dentaires ou carrément acquérir des dentiers de meilleure qualité, affirme un prothésiste dentaire installé au quartier du Plateau d'Oran. Ajoutez à cela le fait que «nos dentistes, mieux outillés en appareillage importé, utilisent de plus en plus des techniques poussées comme le plantage des dents et autres méthodes de soins qui n'ont rien à voir avec les anciennes pratiques approximatives.
Le même phénomène est observé chez les opticiens et autres boutiques de vente de lunetterie. Des paires de lunettes entre 2.500 et 5.000 dinars reviennent moins cher en comparaison avec ce qui se fait de l'autre côté de la Méditerranée, même si ce genre de dépense est remboursable par la sécurité sociale en France. M'dina Jdida, le temple du commerce pendant l'été, vit intensément la venue de ces émigrés qui n'oublient jamais de s'approvisionner en tous ces ingrédients nécessaires à la cuisine du mois de Ramadhan. L'ouverture des frontières aux marchandises et leur standardisation font que l'Algérie exporte, sans le savoir peut-être, des produits locaux ou étrangers, au grand bénéfice des uns et des autres.
Le Quotidien d'Oran
Sans répit et comme toujours, le quartier de M'dina Jdida, en cette matinée de fin de mois d'août lourde et caniculaire, continue d'attirer dans ses étroites ruelles un flot incessant de visiteurs. Parmi ces derniers, l'on peut à loisir reconnaître nos émigrés qui viennent surtout faire des emplettes avant de regagner l'Hexagone, avant la rentrée scolaire pour la plupart
Et il n' y a pas que les bijoux traditionnels ou les cadeaux souvenirs locaux qui ont la cote auprès de ces concitoyens, mais bien plus que cela: les salons marocains, les matelas, les ustensiles de cuisine, surtout ceux fabriqués en aluminium. «Il y a même ceux qui embarquent avec eux des canapés avec matelas, des sofas en mousse synthétique recouverts de tissus en velours», affirme un vendeur de boiserie. Il ajoutera que d'après certains témoignages, les autorités portuaires françaises suivent depuis peu avec une grande attention ce genre de pratiques nouvelles chez l'émigré qui avait l'habitude de faire le contraire de ce qu'il fait actuellement. «La boiserie en effet coûte cher en France et les canapés sculptés sont très prisés par nos compatriotes qui veulent surtout tapisser leur intérieur à l'algérienne, explique toujours ce vendeur.
Autre curiosité : les affaires scolaires sont appréciées par nos émigrés qui en achètent de grandes quantités, comme le fait ce couple d'émigrés rencontré au centre-ville chez un libraire. Difficile de les questionner sur cet achat, sachant à l'avance la réponse liée forcément au coût. Un jeune Français d'origine algérienne, en vacances à Oran, explique cela par la question du pouvoir d'achat qui s'amenuise de plus en plus en France. Et celui-ci de reconnaître que des objets tels que les espadrilles (baskets et survêtements) sont très demandés par cette clientèle. Même s'ils sont de moindre qualité, car pour la plupart contrefaits, ils coûtent énormément moins cher qu'en France où la chasse à la contrefaçon est sans répit. Donc, le choix est tout simple entre une espadrille de marque à 250 euros et une issue de la contrefaçon à 6.000 dinars, voire moins, achetée localement.
Les CD audio et matériels de jeux vidéo ont également la cote auprès de cette clientèle qui a su se faire fortement apprécier par les vendeurs en tous genres, y compris par les vendeurs à la sauvette qui savent d'emblée avec quoi attirer l'attention de ces nouveaux clients en proposant, par exemple, tout qui va avec le rituel du bain maure (kassat, messouak et saboune baldi). Les habits traditionnels (âabaya, arraguia, babouches également) ne sont pas négligés par nos émigrés.
Sur un autre registre, l'on peut observer que nos émigrés, profitant de leurs vacances, n'hésitent pas à aller chez le dentiste ou l'opticien, comme l'a fait Hadj Lakhdar, un vieux retraité établi en France depuis les années 60, qui dira qu'il est devenu «très avantageux de profiter des opportunités, à l'exemple du dentier qu'il vient de placer pour 20.000 dinars au lieu de 2.000 euros s'il l'avait fait en France». «Même pour le Français de souche, ajoute-t-il, les soins dentaires reviennent énormément cher, à tel point qu'il est obligé d'aller jusqu'en Hongrie ou dans d'autres pays de l'Est pour se faire soigner à moindre coût». Les dentistes, en effet, durant la saison estivale, font le plein avec ce genre de clientèle qui, quand même, débourse un peu plus cher que les nationaux pour subir des soins dentaires ou carrément acquérir des dentiers de meilleure qualité, affirme un prothésiste dentaire installé au quartier du Plateau d'Oran. Ajoutez à cela le fait que «nos dentistes, mieux outillés en appareillage importé, utilisent de plus en plus des techniques poussées comme le plantage des dents et autres méthodes de soins qui n'ont rien à voir avec les anciennes pratiques approximatives.
Le même phénomène est observé chez les opticiens et autres boutiques de vente de lunetterie. Des paires de lunettes entre 2.500 et 5.000 dinars reviennent moins cher en comparaison avec ce qui se fait de l'autre côté de la Méditerranée, même si ce genre de dépense est remboursable par la sécurité sociale en France. M'dina Jdida, le temple du commerce pendant l'été, vit intensément la venue de ces émigrés qui n'oublient jamais de s'approvisionner en tous ces ingrédients nécessaires à la cuisine du mois de Ramadhan. L'ouverture des frontières aux marchandises et leur standardisation font que l'Algérie exporte, sans le savoir peut-être, des produits locaux ou étrangers, au grand bénéfice des uns et des autres.
Le Quotidien d'Oran
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