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La biologie à la conquête de l'amour

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  • La biologie à la conquête de l'amour

    « Julien se tourna vivement et frappé du regard si rempli de grâce de Mme de Rénal, il oublia une partie de sa timidité, il oublia tout même ce qu'il venait de faire ». Stendhal, ce spécialiste de la passion amoureuse1, avait bien compris que des phénomènes très particuliers peuvent se produire lors de la rencontre entre deux entités biologiques et psychiques. À l'image des flèches décochées par Cupidon, des stimuli sensoriels sont envoyés et perçus par chacun des protagonistes traversent leur cerveau, ravivent des images et déclenchent ici et là une cascade de réactions hormonales et neuronales.
    ...
    Les biologistes tentent de nous en convaincre aujourd'hui : l'amour ne se résume pas à un acte mental. Derrière le comportement amoureux, les chercheurs traquent le fonctionnement de certains états biologiques comme l'émotion, le désir, le plaisir et l'attachement. Des processus qui, associés à la cognition et aux messages sensoriels, dessineraient les contours du sentiment amoureux.
    ...
    En amour, Jean-Didier Vincent, neurobiologiste, note que « l'état affectif du sujet ou l'émoi précède l'acte ». Ce dernier se construit sur les émotions dites positives comme la joie ou le bien-être, qui préparent par exemple à accueillir chaleureusement l'être aimé. Semir Zeki, chercheur à l'University College de Londres, a remarqué d'ailleurs un excès de sudation quand une personne amoureuse voit une photo de son partenaire, ce qui reflète son émotion. Mais si l'émotion prépare à l'amour, on ne peut toutefois le réduire à une réaction inconsciente et stéréotypée.
    ...Dans le contexte de la passion, certains psychologues considèrent que l'amour est vécu5 comme un état permanent des émotions, un envahissement de la pensée par un unique objet avec son lot de réactions physiologiques caractéristiques. « Mais attention, prévient alors Jean-Pol Tassin, neurobiologiste au Collège de France, un état émotionnel trop fort et permanent, peut empêcher l'action ou provoquer un comportement irrationnel, comme la panique. » C'est ainsi qu'un simple coup de sonnette à la porte ou un coup de fil peuvent entraîner des émotions si fortes, qu'on se trouve dans l'incapacité de répondre. Mais, c'est généralement le cœur battant que nous ouvrons la porte, tandis que notre cerveau tente d'analyser désespérément la situation afin d'accueillir la personne avec contenance. Là, s'élève un autre sentiment : le désir, l'attente de l'être aimé et l'anticipation de la satisfaction qu'il va nous donner. Mais attention à la déception, si ce n'est pas la bonne personne. « Ah ce n'est que toi ! »

    « chaque vertébré, dans la perception du monde qui lui est propre, va inlassablement rechercher les éléments valorisants et plaisants pour lui. Chanter pour un oiseau, faire la cour pour un poisson ou pour l'homme, en sont des exemples.

    Dans le cerveau, un des moteurs du désir est la dopamine, à la fois hormone et neurotransmetteur7 que le cerveau sécrète pour anticiper le plaisir de boire, de manger, de se reproduire… Le chercheur explique qu'une grande quantité de ce neurotransmetteur est produite dans la partie moyenne du cerveau, le mésencéphale (voir schéma p. 20). « Ces neurones se projettent dans le striatum ventral, l'amygdale et dans les régions pré-frontales du cortex où les représentations du monde extérieur sont associées au contexte émotionnel, et régissent nos comportements conscients », précise-t-il. C'est ainsi ce qu'a décrit, pour la première fois, Wolfram Schultz, chercheur suisse, lorsqu'à la suite d'un apprentissage, les neurones dopaminergiques se sont activés à l'occasion du signal annonçant la récompense, et non pas lors de son obtention. Bien plus, le neurotransmetteur est activé systématiquement lorsqu'on présente une chose nouvelle à un animal, surtout si elle est agréable, mais également si elle ne l'est pas. L'anticipation du plaisir, rôle central de la dopamine, est ainsi un facteur essentiel de l'apprentissage des comportements. Et la sensation du plaisir en lui-même est également transmise par la dopamine, mais en provenance cette fois de l'hypothalamus latéral (voir schéma p. 20). D'autres expériences ont également montré qu'un rat pouvait « s'administrer du plaisir », en activant une électrode connectée à son cerveau, à l'endroit précis où transitent les neurones dopaminergiques, et cela sans jamais se lasser. Un phénomène qui se manifeste dans certaines conduites de « dépendances ». Notamment chez les toxicomanes, chez qui la souffrance devient une condition du plaisir, ou chez ceux qui sont toujours en quête de sensations fortes et nouvelles (sportifs de l'extrême, joueurs, sadomasochistes…). Luc Mallet, psychiatre et chercheur au Laboratoire « Vulnérabilité, adaptation et psychopathologie » à Paris, évoque8 ici de troublantes similitudes entre des personnes atteintes de troubles obsessionnels compulsifs (TOC) et d'autres qui sont esclaves de leur amour ou de leur désir. Des variations analogues du taux de sérotonine dans le sang ont été notamment constatées par des biologistes italiens9 chez des sujets très amoureux et d'autres souffrant de TOC. « Quand on sait que la sérotonine est une hormone de l'humeur qui régule des fonctions biologiques comme le sommeil, l'appétit ou la sexualité, et qu'elle agit en plus sur le comportement des individus vis-à-vis de leurs proches, on peut se demander si un dysfonctionnement du système sérotoninergique ne pourrait pas modifier la perception de l'être aimé et conduire à l'obsession ? » s'interroge-t-il.

    Si la recherche du plaisir dans les fonctions vitales s'avère être un point commun chez tous les vertébrés, l'attachement entre deux personnes, trait caractéristique du sentiment amoureux, paraît plus spécifiquement lié à l'espèce

    « Chez l'homme, le processus est le même et chez deux individus qui font l'amour, l'ocytocine est libérée dans leur hypothalamus où elle forme avec la dopamine le duo neurochimique du plaisir », note le chercheur. Alors l'ocytocine, hormone de l'attachement et donc de l'amour ? Pas si sûr… Chez les animaux, l'attachement dès la naissance à la mère a été bien étudié, et l'on sait que les premières expériences stimulo-sensorielles, olfactives chez les rongeurs, visuelles et auditives pour les oiseaux, s'impriment dans le cerveau de façon durable. Mais qu'est-ce qui fait l'exclusivité et la solidité de cette empreinte ? Est-ce la douceur de la mère qui active les systèmes désirants et qui fait d'elle un plaisir inoubliable ? Est-ce le rôle des hormones (encore l'ocytocine…) présentes chez les mammifères au niveau des mamelles et dans le système olfactif qui stabilisent le lien entre la mère et sa progéniture ?
    Chez l'homme, on pense qu'une combinaison des signaux sensoriels avec des mécanismes hormonaux intracérébraux suffirait à la reconnaissance et à créer un lien indéfectible. C'est la chimie du lien natal, la première histoire d'amour. Mais qu'en est-il pour l'amour entre adultes, ce lien entre deux êtres sans aucune parenté ? Pour Jean-Pol Tassin, il ne faut voir dans nos histoires d'amour qu'un prolongement du lien maternel. « Dès la naissance, un rapport à la mère basé sur la recherche de plaisirs sensoriels se crée, explique-t-il. Avec ce premier rapport hédoniste, l'enfant au cours de son développement se bâtit ce que l'on peut appeler un “bassin attracteur” : il intègre petit à petit ses satisfactions premières et va passer sa vie à rechercher chez les autres des stimuli analogues. » Jean-Pol Tassin prend quelque peu le contre-pied des partisans du tout hormonal. Pour lui, l'amour apparaît à la naissance, se maintient pendant l'enfance et explose à l'adolescence avec l'afflux d'hormones. Mais contrairement à l'animal, chez l'homme, la sexualité est liée à l'attachement pour des raisons essentiellement psychologiques. Cette distinction nette que Jean-Pol Tassin fait entre l'homme et les animaux vient de ce qu'il appelle la « révolution humaine » : à partir de 18 mois, l'homme est capable de créer des liens de perception entre deux événements qui ont lieu non pas de façon simultanée mais de façon différée. Les acteurs de cette révolution : un cortex préfrontal important et ouvert sur le reste du cerveau, et un trio de neuromodulateurs – dopamine, noradrénaline, sérotonine – pour animer le tout (voir schéma p. 20). Les éléments émotionnels qui nous assaillent se répercutent sur eux. Ils activent alors la mémoire de travail du cortex préfrontal qui permet de raisonner, de décider, de compter, de parler, d'aimer… Cette dernière va ainsi orchestrer des réponses comportementales en principe adaptées, parfois même raisonnées en fonction de ce qui vient d'être perçu et dans l'objectif d'obtenir toujours satisfaction. C'est donc sur ce processus cérébral que se bâtit l'attachement à l'autre. Une quête amoureuse commence par la transposition du lien initial et des premiers éléments de satisfaction sur la personne convoitée. De fait, la recherche ou le rejet11 du lien maternel seront toujours présents d'une façon ou d'une autre, dans cette quête. L'objet d'amour viendra s'aimanter ou non sur les référents du « bassin attracteur » que son prétendant lui apporte. Victoire du psychisme sur le biologique ? Dans le comportement amoureux, l'activité psychique particulière à l'homme, semble toujours se superposer sur l'attirail neurophysiologique, pour perturber le bon agencement des réponses corporelles aux injonctions biologiques. C'est en tout cas ce qui fait la réussite ou l'échec, la plénitude ou le chaos, et bien évidemment toute la spécificité de chaque histoire d'amour.

    Extrait du journal du CNRS (Fabrice Impériali)

  • #2
    Bonjour Bachi,

    Très intéressant, merci pour ce texte.

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    • #3
      bachi

      tant de détails pour décrire un seul mot qui reste toujours un énigme
      les émotions et attitudes y sont bien disséquées et je rejoins l'idée de
      " Jean-Pol Tassin, ...trop fort et permanent, peut empêcher l'action ou provoquer un comportement irrationnel, comme la panique. » C'est ainsi qu'un simple coup de sonnette à la porte ou un coup de fil peuvent entraîner des émotions si fortes, qu'on se trouve dans l'incapacité de répondre. ... Là, s'élève un autre sentiment : le désir, l'attente de l'être aimé et l'anticipation de la satisfaction qu'il va nous donner. Mais attention à la déception, si ce n'est pas la bonne personne. « Ah ce n'est que toi ! »

      il ya une déception mais aussi une réaction agressve voire l'individu boude à la personne

      quant au sourire, la sudation ..on ne peut pas les contrôler

      toutes ces descriptions faites, dan le premier chapitre, reflète les premiers instants :selon moi car je me demande si cela est provoqué à long terme (je parle quant l'individu est toujours amoureux) ou alors une longue séparation pourrait déclencher une nouvelle fois ces réactions

      quant au deuxième chapitre bou trop de mauvais souvenirs trops de cerveau je l'ai étudié mais ça avait un rapport avec la mémoire et le sommeil .. . fallait même étudier le schéma du cerveau et il parait si petit mais comme il a beaucoup de chose dedans et a le rôle principal
      je préfère l'analyse des neurologues du premier chapitre le reste trop compliqué mais certains exemples relèvent de la psychologie

      tu devrais ajouter le schéma du cerveau puisque tu l'as cité sur ton texte et permettre au lecteur de comprendre le fonctionnement du cerveau en détail
      " Le savoir que l'on ne complète pas chaque jour diminue tous les jours. "
      Proverbe Chinois

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      • #4
        héhéhé Zlabiya...

        Pas de ma faute!
        FA n'accepte pas les textes trop longs..
        J'ai dû couper et ne garder que l'essentiel.
        Ici, ce qui est interessant et nouveau, c'est le lien entre la dopamine et les sentiments.

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        • #5
          Tout d'abord, merci Bachi et Zlabya.
          Ensuite, j'avoue que ce domaine, n'est pas ma spécialité, mais ça ne m'empeche nullement d'etre curieux pour apprendre, et de contribuer à la discussion avec ce que je peux..., soit de ce que je sais, soit de ce que j'ai rencontré sur mon chemin. Si je suis égaré ne m'en voulez pas, c'est par ignorance, et vous prie de me corriger.

          Ceci dit, voilà ma contribution sur ce sujet:

          Des chercheurs de l'Université de NewCastle ont voulu connaître l'influence du visage dans le choix du partenaire amoureux chez l'humain. Des études précédentes avaient révélé que certains critères de choix, comme l'odeur, ont tendance à favoriser les couples très différents génétiquement, ce qui permet d'éviter la consanguinité. Mais dans le cas du visage, il semble que ce soit l'inverse.

          Les scientifiques ont analysé le complexe majeur d'histocompatibilité de 92 femmes et de 75 hommes. Ils ont ensuite demandé aux femmes de choisir les photographies des hommes qu'elles trouvaient les plus attractifs. Étonnement, ce sont les hommes les plus proches génétiquement qui ont été sélectionnés.

          Il y aurait donc deux mécanismes antagonistes, d'une part, l'odorat nous pousse à sélectionner un partenaire génétiquement différent, et d'autre part, la vue nous incite à choisir un partenaire similaire. Ce mécanisme permettrait d'éviter la consanguinité, tout en restant suffisamment proche pour éviter les incompatibilités génétiques.
          sources:
          L'amour, une lutte entre la vue et l'odorat?

          Site en Anglais qui est la source principale, tres bon.
          The royal Society

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          • #6
            Merci Bachi pour le texte, oui techniquement et biologiquement c'est trés interessant comme resultat de la recherche..toutefois il ya l'âme qui ne dépend pas d'experimentation de l'homme...si deux âmes s'aiment il en résulte
            cette merveilleuse biologie...cette biologie qui devient messagere d'un fait bien etabli
            Page blanche

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            • #7
              Salut Samirdavid,

              L'âme, on n'a jamais su bien la définir ou cerner le moindre iota de ses paramètres d'existence.
              Les scientifiques, pour ces raisons donc, se sont donnés le mot pour la boycotter.
              Mais oui, c'est une secte, la communauté des scientifiques, et donc terriblement bornés.
              J'en aurais bien à dire là=dessus mais ce n'est pas le sujet du topic.

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