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Juncker, président de l'Eurogroupe ne croit pas à une récession

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  • Juncker, président de l'Eurogroupe ne croit pas à une récession

    Alors que l'Europe est frappée par le ralentissement, la présidence française de l'Union plaide pour une réponse coordonnée. Ce sera l'objet du conseil informel des ministres des finances les 11 et 12 septembre.

    Jean-Claude Juncker, le président de l'Eurogroupe, réagit.

    L'Europe est-elle menacée par la récession ?

    Je ne le pense pas. Je crois plutôt à un ralentissement assez substantiel de la croissance qui nécessitera une coordination des politiques économiques.

    L'Espagne a opté pour un plan de relance ; la France augmente l'impôt sur les revenus du capital pour financer le revenu de solidarité active (RSA). Quelle est la cohérence de ces réponses ?


    Dire que la coordination serait au stade zéro n'est pas exact. Nous nous sommes déjà mis d'accord sur quelques éléments de base pour répondre à la hausse de l'inflation, ou à la montée spectaculaire des prix pétroliers. Nous disposons aussi du pacte réformé de stabilité et de croissance sur le plan budgétaire, qui doit rester la ligne de conduite.

    Vous excluez toute idée de relance budgétaire ?

    Oui. Le premier ministre français avec qui je me suis entretenu au téléphone voici deux semaines l'exclut lui aussi. Je n'ai pas eu à insister pour qu'il le fasse, c'était entendu entre nous. Après l'adoption du plan de relance américain, en janvier, nous avons décidé de ne pas répondre à la crise financière par un programme de ce type en Europe. Les expériences historiques ont, sur ce plan, démontré leurs limites : ces politiques peuvent conduire à une petite amélioration à court terme, mais à moyen terme elles se soldent par la nécessité de corriger les déséquilibres qui en résultent.

    Les pays en excédent budgétaire disposent pourtant de marges de manoeuvre.

    Si l'Espagne, qui a dégagé des excédents budgétaires, laisse jouer les stabilisateurs automatiques, je le comprends. La politique qu'elle mène ne ressemble pas aux plans allemands des années 1970, puisqu'elle n'est pas financée par l'endettement. Les pays vertueux qui ont dégagé des marges budgétaires sont autorisés à agir alors que les pays moins vertueux ne pourront pas le faire.

    Mais les pays moins vertueux, comme la France et l'Italie, veulent aussi éviter une récession...

    Ce que font les uns n'est pas sans effet sur les autres. Nous pouvons profiter de l'utilisation que les pays plus vertueux font de leurs marges budgétaires. C'est ce que j'appelle la vraie coordination.

    En France, François Fillon a revu la croissance à la baisse. Le déficit va-t-il dépasser le seuil de 3 % du PIB ?


    D'après les chiffres à ma disposition, je ne le crois pas. La ferme intention du gouvernement français est de le contenir.

    Et en 2009 ?

    Il me semble prématuré de spéculer sur le profil de la croissance, étant entendu qu'en la matière les règles du pacte doivent être respectées.

    La Banque européenne d'investissement peut-elle contribuer à atténuer les effets de la crise ?

    Je partage l'avis de Mme Lagarde, qui a suggéré à la banque de développer un programme de soutien aux PME. Si la Banque, dont les gouverneurs ne sont autres que les ministres des finances de l'Union, est favorable à cette démarche, j'applaudirai des deux mains. Mobiliser davantage l'épargne existante, en faire bénéficier les PME qui sont plus résistantes en matière de licenciements et plus innovantes, est tout à fait adéquat.

    Partagez-vous l'appel de Mme Lagarde à rénover le dialogue avec la Banque centrale européenne (BCE) ?

    Ce dialogue est nourri. Le président de la BCE nous explique chaque mois ses choix et moi, je présente les observations des ministres des finances lors des réunions du conseil des gouverneurs de la BCE à Francfort. On peut toujours améliorer les choses, mais je ne ressens aucune nécessité de thématiser ce sujet. Quant au renforcement de l'Eurogroupe, je n'ai jamais cru à l'idée selon laquelle les travaux de dix fonctionnaires de haut niveau seraient nécessairement meilleurs que ceux fournis par la Commission et par le Comité économique et financier qui est présidé par le directeur du Trésor français. Ce dont l'Eurogroupe aurait le plus besoin, c'est d'avoir des réunions plus régulières avec les partenaires sociaux.

    Votre reconduction à la tête de l'Eurogroupe est imminente alors que vous souhaitiez passer la main. Etes-vous disponible ?


    J'ai dit que je n'étais pas demandeur. Si toutefois la proposition m'était faite, je ne dirais pas non. Selon un protocole en date de septembre 2004, le mandat du président de l'Eurogroupe est de deux ans, reconductible une fois. Il faut donc l'amender. Tout dépendra de Mme Lagarde qui préside l'Ecofin, et de mes collègues. Ce sera à eux aussi de fixer la durée du mandat.

    Propos recueillis par Philippe Ricard, Le Monde

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